Louise Bourgeois (plasticienne)

Louise Bourgeois (plasticienne)
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Louise Bourgeois
Maman, sculpture de Louise Bourgeois, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Maman, sculpture de Louise Bourgeois,
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Nom de naissance Louise Joséphine Bourgeois
Activité Artiste plasticienne
Naissance 25 décembre 1911
Paris, Drapeau de France France
Décès 31 mai 2010 (à 98 ans)
New York, Drapeau des États-Unis États-Unis

Louise Joséphine Bourgeois, née à Paris le 25 décembre 1911 et morte à New York le 31 mai 2010[1], est une sculptrice et plasticienne française, naturalisée américaine[2].

Louise Bourgeois est née en France et y a grandi, mais l'essentiel de sa carrière artistique s'est déroulé à New York, où elle s'est installée en 1938 après avoir épousé l'historien d'art américain Robert Goldwater (1907-1973).

La reconnaissance de son travail artistique s'est amplifié les dernières années de sa vie, où elle s'est affirmée au point d'être reconnue ou considérée comme particulièrement influente sur les générations d'artistes d'après, surtout féminines.

Sommaire

Biographie

Sa famille habitait et travaillait à Choisy-le-Roi, dans la banlieue parisienne. Son père se nomme Louis Bourgeois et sa mère Joséphine. Elle a une sœur, Henriette, et un frère, Pierre.

Ses parents étaient restaurateurs de tapisseries anciennes, ce qui n'a pas été, selon elle, déterminant dans sa carrière d'artiste. Cependant dès l'âge de dix ans, elle commença à aider ses parents pour les dessins des tapisseries et à faire les pieds manquants ainsi que d'autres motifs lorsque le dessinateur M. Richard Guino était absent. Ce travail de dessin est son premier contact avec l'art : « Quand mes parents m'ont demandé de remplacer M. Richard Guino, cela a donné de la dignité à mon art. C'est tout ce que je demandais. » Louise avait le sentiment d'être utile. Enfant, elle est turbulente et remarque que sa jeune nounou anglaise est la maîtresse de son père et que sa mère ferme les yeux sur cette relation. Cette découverte va marquer profondément l'enfant. Affirmant que son père ne cessait de l'humilier et de la dévaloriser, elle dira avoir été une "Eugénie Grandet", situation qui confortera plus tard son engagement féministe.

Après avoir obtenu son baccalauréat en 1932 au lycée Fénelon[3], elle étudie les mathématiques supérieures à la Sorbonne en géométrie, espérant trouver ainsi un ordre et une logique dans sa vie. Bourgeois s'écarta des mathématiques, trop théoriques à son goût : « Pour exprimer des tensions familiales insupportables, il fallait que mon anxiété s'exerce sur des formes que je pouvais changer, détruire et reconstruire. » Elle commence des études d'art à Paris, d'abord à l'École des beaux-arts, puis dans de nombreuses académies, dont l'Académie Ranson ainsi qu'à l'École du Louvre. Elle a comme professeurs des artistes comme Paul Colin, Cassandre ou bien encore Fernand Léger.

En 1937, elle rencontre l'historien d'art américain Robert Goldwater. Elle l'épouse et s'installe avec lui à New York dès l'année suivante. C'est là qu'elle entre en relation avec le milieu des surréalistes, dont la plupart ont quitté la France pour les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale et présente sa première exposition personnelle en 1945.

Elle a eu trois fils : Michel (qu'elle a adopté à 4 ans), Jean-Louis et Alain.

Elle vivait à New York dans le quartier de Chelsea.

Elle meurt le 31 mai 2010, à l'âge de 98 ans.

Œuvre

Mue par une acuité psychologique hors du commun, Louise Bourgeois n'eut de cesse de décortiquer les thèmes universels, les relations entre les êtres, l'amour et la frustration entre des amants ou les membres d'une même famille, l'érotisme...le tout avec une malice, colère ou tendresse. L'art, "garantie de santé mentale", lui permettant de transformer ses démons en alliés.

Depuis ses premiers dessins, peintures et gravures, son œuvre tourne autour de la procréation, de la naissance et de la maternité sous la forme des femmes-maisons, mêlant le corps à l'architecture, l'organique au géométrique : buste en brique, maison à colonnes sur les épaules, cage thoracique en forme d'escaliers et de portes. Mais le fil rouge de son œuvre est le phallus (le père), qu'elle baptise « fillette » et l'araignée (la mère). Selon Louise Bourgeois, l'araignée représente la mère, « parce que ma meilleure amie était ma mère, et qu'elle était aussi intelligente, patiente, propre et utile, raisonnable, indispensable qu'une araignée ». L'araignée est pour elle le symbole des tapisseries que réparait sa mère (toile de l'araignée) et de tout ce qui s'y rapporte : aiguilles, fils.

Dans les années 1950, ses sculptures ont l'aspect de totems sinueux et lisses, d'inspiration surréaliste. À cette époque, Louise Bourgeois souffre du mal du pays, disant « être en deuil de la France » et ressentir un « chaos total ». Sa famille et ses amis lui manquent et elle se met à créer des personnages sous forme de totems en bois ; le totem, forme américaine, est une invitation à attirer leur présence magique, une véritable thérapie.

Travaillant à l'écart de la scène artistique, elle présente peu d'expositions personnelles jusqu'à ce qu'un vif intérêt se manifeste pour son travail dans les années 1970. Le développement de son œuvre prend alors un tour entièrement nouveau. Non seulement des thèmes jusqu'alors latents — la féminité, la sexualité, la famille, l'adolescence, la solitude — deviennent omniprésents, mais la manière de les traiter est entièrement renouvelée, avec des sculptures-installations réalisées avec des matériaux et des objets très variés, parfois personnels. En 1982-1983, le MoMA lui consacre une première exposition rétrospective.

Elle imprègne ses œuvres, notamment sculpturales, de cette veine psychique, issue de ses traumas personnels. Pleinement consciente de cette dimension de son œuvre, elle est toutefois très éloignée des représentations littérales qui caractérisaient, en particulier, le surréalisme dans leur rapport à l'inconscient, et a ouvert en ce sens une voie très avant-gardiste de l'art contemporain. Ses sculptures monumentales d'araignées, constructions oniriques, en sont un des exemples les plus connus.

Le Centre Pompidou a organisé, du 5 mars au 2 juin 2008, en collaboration avec la Tate Modern de Londres, une exposition de plus de 200 œuvres (peintures, sculptures, dessins, gravures, objets), rétrospective de l'œuvre de Louise Bourgeois[4],[5].

La rencontre avec Tracey Emin peu avant sa mort s'assura l'achèvement des 16 œuvres inachevées. Les résultat de ses travaux se présentent actuellement à la Hauser & Wirth Gallery de Londres[6].

  • He Disappeared into Complete Silence (1947, rééd. 2008), Paris[7]
  • 1964 : The Red Room
  • 1969 : Cumul I.
  • 1974 : La Destruction du père, qui marque une rupture dans sa vie et son œuvre.
  • années 1990 : série Red Rooms.
  • 1992 : Precious Liquid, Centre Pompidou, espace cylindrique obscur reconstituant un ancien réservoir de toit.
  • 1997 : Spider.
  • 1998 : Sans Titre, encre rouge et crayon sur papier, à la Kunsthalle de Bielefeld.
  • 2005 : Maman, série de sculptures géantes d'araignées que l'on peut trouver à Ottawa, Bilbao, Tokyo, Séoul, Saint-Pétersbourg, Paris et La Havane[8].
  • 1993 : L'Arc de l'hystérie, sculpture en bronze avec patine au nitrate d'argent, au Centre Pompidou, à Paris.

Distinctions

  • En 1999, Louise Bourgeois reçoit le Lion d'or de la Biennale de Venise pour l'ensemble de son œuvre.
  • Le 21 septembre 2008, le Président de la République française, N.S., lui remet la Légion d'honneur à New York.
  • En 2009, elle est honorée par le National Women's Hall of Fame ainsi que neuf citoyennes américaines, pour avoir marqué l'histoire des États-Unis.
  • Depuis 2010, une rue d'Antony, ville où elle a vécu, porte son nom.

Bibliographie

De Louise Bourgeois
  • Louise Bourgeois, Marie-Laure Bernadac, Hans Ulrich Obrist : Destruction du père, reconstruction du père. Écrits et entretiens 1923-2000, éd. Daniel Lelong.
  • Louise Bourgeois : He Disappeared into Complete Silence, éd. Dilecta, 2008.
  • Louise Bourgeois : Moi, Eugénie Grandet, « Cabinet des Lettrés », éd. Gallimard, 2010
Sur Louise Bourgeois
  • Peter Lodermeyer, Karlyn De Jongh & Sarah Gold, Personal Structures: Time Space Existence, DuMont Verlag, Cologne, Germany, 2009.
  • Marie-Laure Bernadac : Louise Bourgeois, éd. Flammarion.
  • Mâkhi Xenakis : Louise Bourgeois, l'aveugle guidant l'aveugle, éd. Actes Sud - Galerie Lelong.
  • Marie-Jo Bonnet, Les femmes artistes dans les avant-gardes, Ed. Odile jacob, Louise Bourgeois et la destruction du père.

Autre média

  • Louise Bourgeois[9], film de Camille Guichard avec la participation de Jerry Gorovoy et Bernard Marcadé, 52 min, 1993, produit par Terra Luna Films et le Centre Georges Pompidou, édité en DVD par arte video.
  • Louise Bourgeois - Otte CD 2 titres, Mélodie, texte et voix : Louise Bourgeois. 1995, Brigitte Cornand / Les films du Siamois - UN prod. Delabel. Diffusé de manière confidentielle, notamment sur Radio Nova

Notes et références

Voir aussi

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Article connexe

Liens externes


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