Michel Picard (écrivain)

Michel Picard est un professeur, écrivain et critique littéraire né à Nancy en 1931.

Biographie

Michel Picard a été professeur à l'université de Reims où il a dirigé le département de littérature. Il s'est fait connaître comme critique littéraire et, à ce titre, dirige les journées littéraires de Reims qui publient à chaque occasion sous sa direction un ouvrage de synthèse sur les travaux et contributions de ces journées.

Il a aussi publié des ouvrages de critique littéraire assez renommés comme La lecture comme jeu (1986), Lire le temps (1989), Comment la littérature agit-elle ? (1992).

Il a écrit une thèse sur l'écrivain Roger Vailland intitulée Libertinage et tragique dans l'œuvre de Vailland reprise ensuite dans un essai biographique éponyme publié en 1972 chez Hachettte et publié plusieurs articles sur son œuvre, en particulier dans le cadre de l'un des colloques de Reims consacré à Roger Vailland qui a passé la majeure partie de sa jeunesse dans cette ville où il a rencontré ses collègues du Grand Jeu, René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte.

Le bonheur selon Vailland par Michel Picard

Dans ce texte, Michel Picard essaie de définir ce que représente la notion de bonheur pour Roger Vailland. Il y voit d'abord chez cet homme duel, une vision du bonheur comme l'inverse du malheur, qu'on trouve dans le personnage d'Eugène-Marie Favard dans le roman Un jeune homme seul séparé des jeunes filles qui sortent de l'usine, qui marchent dans la rue, par une barrière invisible qu'il a dressée. Pour s'en libérer, il va utiliser la virilité et le militantisme.

Le premier moyen est à double tranchant et Vailland pour y faire face va utiliser une 'arme défensive' écrit Michel Picard : le libertinage. On rencontre peu de libertin dans ses romans, ni Milan, ni Marat, ni Eugène-Marie Favard, ni Philippe Letourneur (dans Beau Masque) ne sont des libertins. Lucidité, volonté ou rigueur ne mènent guère au bonheur même si Vailland a écrit « Écrivain, inapte au malheur. » Le second moyen, devenir militant, permet d'être plus concret et d'allier présent et avenir.

Pour le militant, « le malheur de l'individu se dissout dans une immense et générale recherche du bonheur. » Vailland se lance alors dans l'épopée communiste, militant de base, colleur d'affiche à l'occasion^[1], sillonnant le département de l'Ain avec son ami le député communiste Henri Bourbon^[2]. Même s'il écrit à cette époque Expérience du drame, « l'épique est le contraire du tragique. » On retrouve alors dans son œuvre une référence constante à cette idée de bonheur, espérance de 'L'Homme nouveau'^[3]. Il clot Un jeune homme seul ou le scénario de quatre-vingt-treize avec le nom 'bonheur', dernier mot également de Masan allant à la mort et disant « il faut croire au bonheur »^[4], mot qui revient souvent dan son texte Batailles pour l'Humanité. Les articles du journaliste Vailland font eux-aussi écho à la plénitude qu'il ressent alors, « être progressiste, c'est croire au bonheur, » écrivait-il dans un article du journal Action en septembre 1947 ou l'année suivante, ce fameux article écrit avec son ami Claude Roy, intitulé La recherche du bonheur est le moteur des révolutions^[5].

Sa rencontre avec Élisabeth Naldi sa future femme, est déterminante : à la fois 'licorne', duchesse et complice, elle lui apporte cette forme de complémentarité qu'il traduira par bonheur^[6]. Il va parvenir à un équilibre que Michel Picard appelle 'son système de jeu'. Mais quand le jeu rejoint la réalité, il n'est plus possible de composer : la politique devient à nouveau dérisoire, le monde opaque et absurde. Le jeu, englué dans la réalité, ne peut plus jouer son rôle : La Loi règne et les désoccupés continueront d'attendre dans la torpeur de Porto Manacore. Vailland « tente de remplacer le bonheur par le plaisir. Casanova supplante Don Juan. » Mais La Fête est sans grande illusion dans cette société de l'argent roi que décrit La Truite, il ne reste qu'à tricher comme Matteo Brigante dans La Loi, comme Frédérique qui profite de ses conquêtes, à la fois « truand et sauvage. » Il va disparaître en se disant « que l'être humain se définit contre la pesanteur, qu'il faut au moins avoir de la tenue. Il meurt debout, conclut Michel Picard. »

Bibliographie

comme romancier

• Matantemma, éditions Buchet/Chastel,
• La cata, Éditions Buchet/Chastel, 256 pages, février 2009, (ISBN 9782283023761)
• Nodier: La Fée Aux Miettes : Loup y es-tu , éditions des Presses Universitaires de France, janvier 1992, 126 pages, (ISBN 213044699X)

Sur Roger Vailland

• Libertinage et tragique dans l'œuvre de Vailland, thèse soutenue par Michel Picard en 1971, parue aux éditions Hachette en 1972
• Lecture De Roger Vailland, Colloque De Reims, sous la direction de Michel Picard, novembre 1987, publié aux éditions Klincksieck en janvier 1990, 233 pages, (ISBN 0225227061)
• Vailland, l'homme et l'œuvre, Michel Picard, revue Europe, 1988
• Le bonheur selon Roger Vailland, article de Michel Picard, Entretiens, Roger Vailland, 1970 (voir article ci-dessus)
• article de Michel Picard sur Roger Vailland, Le Magazine littéraire, février 1973
• La littérature française sous l'occupation, article de Michel Picard : Un objet littéraire: le mythe de la résistance chez Roger Vailland, Éditeur ÉPURE (Éditions et Presses universitaires de Reims), 389 pages, janvier 1989, (ISBN 2-904835-15-6)
• Roger Vailland et le Grand Jeu, revue d'histoire littéraire de la France, 1979

Sur la littérature 

• Les études littéraires aujourd'hui, interview de Michel Picard, revue La Grive, 1972
• La Lecture Comme Jeu: essai sur La littérature, Éditions de Minuit, janvier 1986, 319 pages, (ISBN 2707310824), Présentation
• La Lecture Littéraire, Actes Du Colloque de Reims, juin 1984, éditions Clancier-Guénaud, janvier 1987, 328 pages, (ISBN 2862151165)
• Lire le temps, éditions de Minuit, 1989, Présentation
• Comment La Littérature agit-elle ?, Colloque De Reims, mai 1992, publié aux éditions Klincksieck en janvier 1994, 238 pages, (ISBN 2252029765)
• La littérature et la mort, éditions des Presses Universitaires de France, janvier 1995, 193 pages, (ISBN 2130473296)
• La Tentation, essai sur l'art comme jeu, éditions Jacqueline Chambon, 2002

Notes et références

1. ↑ cf une photographie où l'on voit Roger Vailland en compagnie de sa femme Élisabeth en train de coller une affiche électorale
2. ↑ cf une autre photographie où l'on voit Roger Vailland 'tenir meeting' à la sortie d'une usine avec Henri Bourbon juché sur un tonneau
3. ↑ Voir L'Homme nouveau
4. ↑ Dans sa pièce Le Colonel Foster plaidera coupable
5. ↑ Cet article a été reproduit dans Le Magazine Littéraire consacré à Roger Vailland en 1991
6. ↑ C'est ainsi qu'ils qualifieront les années passées aux Allymes à Ambérieu-en-Bugey

Liens externes

• Michel Picard La lecture comme jeu
• Michel Picard La Cata
• Michel Picard Martentema