Nathan Weinstock

Nathan Weinstock
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Weinstock.

Nathan Weinstock, né à Anvers en 1939, est un avocat et enseignant belge. Il est connu pour ses études du mouvement ouvrier juif et en tant que passeur de la culture yiddish ainsi que pour ses engagements antisionistes qu'il a reniés après l'échec des Accords d'Oslo.

Sommaire

Biographie

Dans dans les années 1960-80, il milite dans les courants trotskistes belges et publie chez l'éditeur d'extrême-gauche François Maspéro.

Après avoir étudié le droit et la criminologie à l'Université Libre de Bruxelles, il enseigne la criminologie de 1964 à 1975 à l'Université de Gand en tant qu'assistant du Prof. Willy Calewaert. En 1962, il s'inscrit au barreau d'Anvers avant de rejoindre le barreau de Bruxelles. Il prend sa retraite en 2004.

Membre du Conseil scientifique et du Conseil d'administration de l'Institut d'Études juives (Institut Martin Buber) auprès de l'Université Libre de Bruxelles ainsi que du Conseil pour les relations pluralistes institué au sein du Consistoire Central Israélite de Belgique, ses centres d'intérêt l'amènent à effectuer, parallèlement à ses activités professionnelles, des recherches dans six domaines spécifiques : la sociologie, la criminologie, l'étude des diaristes de la Shoah, la culture de langue yiddish et du conflit israélo-palestinien.

Thèmes d'étude

La sociologie

En 1969, il rédige, avec la collaboration de Thérèse Hanocq, Jacques Bude et André Vogel, une étude sur Les cours par correspondance du secteur privé en Belgique (Préface de Léon-Eli Troclet Ed. du Centre Nat. de Sociologie du Droit social, Bruxelles).

La criminologie

Dans ce domaine, on note, outre divers articles de revue, un essai intitulé Production et reproduction du criminel, paru en en 1978 au Ed. du Fonds Léon Lesoil (Bruxelles) avec une préface de Jean-Marie Vincent. Si la partie historique de cette étude n'est pas dépourvue d'intérêt, l'auteur récuse aujourd'hui «l'optique marxiste étriquée qui l'inspire et, surtout sa cécité éthique qui l'entraînait à valoriser de façon irresponsable le délinquant en tant qu'exclu, sans avoir égard à la réalité du comportement antisocial.»

Le mouvement ouvrier juif

Le Pain de Misère. Histoire du mouvement ouvrier juif en Europe est l'un des premiers ouvrages étudiant le mouvement révolutionnaire juif en Europe - et particulièrement dans l'Est de l'Europe. Il y met en valeur l'action du Bund.

Avec Terres Promises. Avatars du mouvement ouvrier juif au-delà des mers autour de 1900, Nathan Weinstock « sort de l'oubli une épopée méconnue inspirée par les rêves et les espoirs de toute une population et de toute une époque, parachevant la fresque qu'il avait entamée ave l'étude du mouvement ouvrier juif en Europe »

Une synthèse relative au mouvement ouvrier juif au Nouveau Monde et en Palestine – initialement destinée à trouver place dans le Pain de Misère – vient compléter ultérieurement cette recherche dans Terres Promises. Avatars du mouvement ouvrier juif au-delà des mers autour de 1900.

Rétrospectivement, il écrit à propos du Pain de Misère : « Ce travail est malheureusement entaché d'un sectarisme regrettable reflétant les convictions trotskistes de l'auteur à l'époque de sa rédaction ».

La Shoah

En 1990, Nathan Weinstock collabore à Pourquoi le Carmel d'Auschwitz ? écrit par son épouse, Micheline Weinstock[1]. C'est le début d'un travail sur la Shoah.

Avec son épouse, il traduit de l'hébreu et du yiddish, le Journal du ghetto de Varsovie de Hillel Seidman, archiviste de la communauté juive de Varsovie - que le couple avait pu rencontrer avant son décès [ce dernier est décédé le 28 août 1995]. Ce travail est l'occasion de la réalisation d'un dossier documentaire établi en collaboration avec Georges Bensoussan et Micheline Weinstock[2].

Il réalise ensuite un volume de témoignages annotés sur la Shoah, traduits du yiddish, dont plusieurs documents extraits des archives Ringelblum : Chroniques du Désastre[3]).

Sur le conflit israélo-palestinien

Nathan Weinstock est notoire pour son engagement antisioniste et pour le revirement qui suivit.

Issu de la gauche israélienne, formé à l'Hashomer Hatzair et membre du Matzpen, il écrit en 1969 Le sionisme contre Israël et en 1970 Le Mouvement révolutionnaire arabe qui deviendront des classiques antisionistes. Il vit un revirement idéologique fin des années nonante dans le contexte des attentats kamikazes et des « Accords manqués de Camp David » et qui de son point de vue sont dus au « double jeu » de Yasser Arafat et à l'impossibilité pour les Palestiniens de renoncer à la violence. Il estime que « [p]our sortir de l'ornière, il ne suffit pas qu'Israël se montre prêt à des concessions douloureuses, dont en premier lieu l'évacuation des territoires conquis en 1967 [mais également] que les Palestiniens aient le courage d'opter concrètement et sans retour pour la coexistence avec leurs voisins »[4].

Aujourd'hui, il analyse ses écrits initiaux comme « bourrés de conclusions simplistes et abusives » et explique ses postures de l'époque par le fait qu'il était « subjugué (...) par le trotskysme » et « en parfait doctrinaire », qu'il appliquait « non pas à analyser mais à (...) canaliser mentalement en fonction de (...) schémas prémâchés et réducteurs. »

En plus des événements de 2001, la prise de conscience de l'histoire des réfugiés juifs des pays arabes est pour lui une autre révélation. En 2004, il publie un ouvrage intitulé Histoire de chiens : la dhimmitude dans le conflit israélo-palestinien. Ce titre fait référence à l'expression « Les Juifs sont nos chiens » proférées lors des émeutes de Jérusalem de 1920, rappel de l'admonestation méprisante "Juif (ou chrétien), tiens-toi à ma gauche !" que l'on entendait encore couramment au milieu du XIXe siècle en Palestine - ce qui démontre que ces émeutes que l'on qualifie de nationalistes arabes palestiniennes étaient manifestement imprégnées du mépris et de la haine autrefois voués par les musulmans de Palestine aux dhimmis juifs en raison du statut humiliant auquel ils étaient astreints.

En 2011, il publie Terre promise, trop promise. Génèse du conflit israélo-palestinien (1882-1948)[4].

Bibliographie

  • Le Sionisme contre Israël, Cahiers libres Maspero, Paris, 1969.
  • Le mouvement révolutionnaire arabe, François Maspero, Paris, 1970.
  • Chroniques du Désastre. Témoignages sur la Shoah dans les ghettos polonais, préface de Georges Bensoussan, Ed. Metropolis, Genève 1999. (ISBN 2883400954)
  • Couleur espérance. La mémoire ouvrière juive autour de 1900, (souvenirs de militants socialistes juifs présentés et traduits du yiddish), Éd. Metropolis, Genève, 2000. (ISBN 2883401055)
  • Le Pain de Misère. Histoire du mouvement ouvrier juif en Europe, 3 vol.,François Maspero, Paris, 1982-1984; rééd. en deux volumes, Ed. La Découverte, Paris, 2002. (ISBN 270713810X) ; (ISBN 2707138118)
  • Terres Promises. Avatars du mouvement ouvrier juif au-delà des mers autour de 1900, Ed. Metropolis, Genève, 2001. (ISBN 2883401179)
  • Histoire de chiens : La dhimmitude dans le conflit israélo-palestinien, Coll. 1001 nuits Essais, Fayard, Paris, 2004. (ISBN 2842058437)
  • Le Yiddish tel qu'on l'oublie : Regards sur une culture engloutie, Ed. Métropolis, Genève, 2004. (ISBN 2883401446)
  • Une si longue présence : Comment le monde arabe a perdu ses juifs, 1947-1967, Plon, Paris, 2008. (ISBN 2259204937)
  • Micheline & Nathan Weinstock, Israël a 60 ans. 60 documents pour comprendre, Editions de l'institut sépharade européen, Bruxelles, 2008.
  • Terre promise, trop promise - genèse du conflit israélo-palestinien, 1882-1948, éditions Odile Jacob, Paris, 2011. (ISBN 2738126847)
  • La Beauté du Diable, Belles Lettres, 2011 (traduction annotée et commentée d'un roman hébreu du XIIe siècle).

Notes et références

  1. N°s 3-4 1990 de la « Revue de l'Université de Bruxelles, Ed. de l'Université de Bruxelles.
  2. Hillel Seidman, Du Fond de l'Abîme, Collection « Terre Humaine » dirigée par Jean Malaurie, Ed. Plon, Paris 1998, rééd. 2002. (ISBN 2266121685)
  3. Nathan Weinstock, Chroniques du Désastre. Témoignages sur la Shoah dans les ghettos polonais, préface de Georges Bensoussan, Ed. Metropolis, Genève 1999. (ISBN 2883400954)
  4. a et b . Nathan Weinstock, Terre promise, trop promise. Genèse du conflit israélo-palestinien, Odile Jacob, 2011, pp. ii-iii.

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Nathan Weinstock de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Weinstock — est un nom de famille porté notamment par : Bob Weinstock (1928 2006), producteur de jazz américain. Daniel Marc Weinstock, philosophe québécois. Nathan Weinstock (né en 1939), avocat, enseignant, historien et traducteur belge. Catégorie :… …   Wikipédia en Français

  • Francisco Gil-White — is an anthropologist who was Assistant Professor of Psychology at the University of Pennsylvania and lecturer at the Solomon Asch Centre for Study of Ethnopolitical Conflict. He was born in Chicago and raised in Mexico City. His father is… …   Wikipedia

  • Eike Geisel — (* 1945; † 6. August 1997 in Berlin) war ein deutscher Journalist und Essayist, in Deutschland und Israel. Inhaltsverzeichnis 1 Kontroverse Essays und kulturhistorische Arbeiten und Übersetzungen 2 Stil und Veröffentlichungen …   Deutsch Wikipedia

  • Anti-sionisme — Antisionisme L’antisionisme (ou anti sionisme) désigne l opposition au sionisme et, par extension, l hostilité à la création, puis au maintien de l État d Israël en tant qu État juif pour diverses raisons, tant idéologiques que politiques,… …   Wikipédia en Français

  • Anti-sioniste — Antisionisme L’antisionisme (ou anti sionisme) désigne l opposition au sionisme et, par extension, l hostilité à la création, puis au maintien de l État d Israël en tant qu État juif pour diverses raisons, tant idéologiques que politiques,… …   Wikipédia en Français

  • Antisionisme — L antisionisme (ou anti sionisme) désigne de manière globale l opposition au sionisme. Dans un contexte historique, l antisionisme désigne l opposition politique au mouvement sioniste et à l établissement d un « foyer national juif » en …   Wikipédia en Français

  • Antisioniste — Antisionisme L’antisionisme (ou anti sionisme) désigne l opposition au sionisme et, par extension, l hostilité à la création, puis au maintien de l État d Israël en tant qu État juif pour diverses raisons, tant idéologiques que politiques,… …   Wikipédia en Français

  • Antisionistes — Antisionisme L’antisionisme (ou anti sionisme) désigne l opposition au sionisme et, par extension, l hostilité à la création, puis au maintien de l État d Israël en tant qu État juif pour diverses raisons, tant idéologiques que politiques,… …   Wikipédia en Français

  • Antisionnisme — Antisionisme L’antisionisme (ou anti sionisme) désigne l opposition au sionisme et, par extension, l hostilité à la création, puis au maintien de l État d Israël en tant qu État juif pour diverses raisons, tant idéologiques que politiques,… …   Wikipédia en Français

  • Antisionnistes — Antisionisme L’antisionisme (ou anti sionisme) désigne l opposition au sionisme et, par extension, l hostilité à la création, puis au maintien de l État d Israël en tant qu État juif pour diverses raisons, tant idéologiques que politiques,… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”