Bernard Clavel

Bernard Clavel
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Bernard Clavel
Activités Écrivain
Naissance 29 mai 1923
Lons-le-Saunier
Décès 5 octobre 2010 (à 87 ans)
La Motte-Servolex (Savoie)
Langue d'écriture Français
Genres romans, sagas,
livres pour la jeunesse
Distinctions Prix Goncourt en 1968
Œuvres principales
Compléments

Bernard Clavel, né le 29 mai 1923 à Lons-le-Saunier et mort le 5 octobre 2010 à La Motte-Servolex[1],[2], est un écrivain français principalement connu pour ses romans, mais qui s'est aussi adonné à l'écriture d'essais, de poèmes et de nombreux contes pour la jeunesse.

Né dans une famille modeste, il devient apprenti pâtissier à 14 ans et se forme en autodidacte en exerçant différents métiers avant de devenir journaliste dans les années 1950.

Son premier roman L'Ouvrier de la nuit, publié en 1956, marque le début d'une production importante de près d'une centaine de titres avec des œuvres pour la jeunesse et de très nombreux romans, parfois constitués en sagas qui ont rencontré un vaste public comme La Grande Patience (4 volumes – 1962/1968), Les Colonnes du ciel (5 volumes - 1976/1981) et Le Royaume du Nord (6 volumes 1983/1989)[3].

Associant l'enracinement régional (la Franche-Comté, Lyon et le Rhône, le Québec...) et l'évocation historique (conquête de la Franche-Comté au XVIIe siècle, la vie des canuts et des mariniers du Rhône au XIXe siècle, la guerre de 1914-1918, l'implantation française au Canada…), Bernard Clavel montre une constante attention aux humbles et défend des valeurs humanistes en contant des destins individuels et collectifs, souvent confrontés au malheur. Son sens de la nature et de l'humain, sa mise en question de la violence et de la guerre et son souci de réalisme ont fait de lui un écrivain récompensé par de nombreux prix dont le prix Goncourt pour Les Fruits de l'hiver en 1968.

Sommaire

Biographie

Pour plus de détails, voir la biographie de Michel Ragon : Bernard Clavel (biographie Ragon).
Lons-le-Saunier

Bernard Clavel est né le 29 mai 1923 à Lons-le-Saunier, au fond d’un grand jardin où peinaient son père ancien boulanger et sa mère fleuriste. Enfant rêveur et peu studieux, il quitte l'école à quatorze ans pour entrer en apprentissage chez un pâtissier de Dole. Les deux années qu'il passera sous la coupe d'un patron injuste et brutal feront de lui un éternel révolté. Du fournil à l'usine de lunettes, du vignoble à la forêt, de la baraque de lutte à l'atelier de reliure, de la sécurité sociale à la presse écrite et parlée, il connaîtra bien des métiers qui constituent ses « universités » un peu comme London qui l'a tant fait rêver, ou Gorki à qui Maurois devait le comparer dès ses premiers livres. Bernard Clavel a déménagé une quarantaine de fois entre Dole (Jura), Vernaison, Lyon, Chelles, Brunoy, Château-Chalon, Villeneuve-sur-Yonne, le Québec, Paris, le Portugal, Saint-Rémy-de-Provence, l'Irlande, le Bordelais, la Suisse, Tours et La Courbatière, dans le département de l'Ain. Il a aussi voyagé en Tchécoslovaquie, Union soviétique, en Inde et au Bangladesh. Il a fini sa vie en Savoie.

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En 1968, il obtient le prix Goncourt pour Les Fruits de l'hiver. Il est élu membre de l'Académie Goncourt en 1971, puis démissionne en 1977.

Parmi les autres prix qui lui ont été décernés, on peut citer :

  • le grand prix de la ville de Paris en 1968 pour l'ensemble de son œuvre, le grand prix de la ville de Bordeaux,
  • le prix des Maisons de la Presse, le prix Jean Macé pour Victoire au Mans où il relate l'ambiance de la course mythique vue à l'époque des duels Porsche/Alpine, le Prix Eugène-Le-Roy pour L'Espagnol en 1960,
  • le grand prix du roman populiste pour La maison des autres en 1967,
  • le prix des Petits-Pères pour Qui m’emporte en 1958

Parmi les autres récompenses, on peut noter : le prix des lecteurs de Résonances pour sa nouvelle La Cane en 1956, le prix rhodanien des lettres pour L'Ouvrier de la nuit en 1956, le prix Paris-Lyon pour Vorgines (Pirates du Rhône) en 1957, le Prix Albert Ollivier, le prix Fénéon pour Le Soldat Ramillot en 1959, le prix Bella Nordines pour Malataverne en 1960...

Militant inlassable de la paix et défenseur des droits de l'homme, il accompagne Claude Mossé au Bengale dont il reviendra écœuré, écrivant la préface du livre Mourir pour Dacca et défend activement Jean-Marie Deveaux victime d'une erreur judiciaire. Il va aussi lutter pour l'objection de conscience avec son ami Louis Lecoin[4], fustigeant constamment la guerre et la violence qu'il a souvent dénoncées dans ses romans, il a fait l'objet d'un longue polémique à la sortie de son roman Le Silence des armes en 1974, des attaques qui ont suivi auxquelles il a répondu dans son livre Lettre à un képi blanc.

Il a longtemps travaillé avec l'association Terre des Hommes, expérience dont il s'est servi pour écrire son livre Le massacre des innocents. Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.

Il soutient, depuis sa création en 2001, le fonds associatif Non-Violence XXI.

Il meurt le 5 octobre 2010 dans une clinique proche de Chambéry. Il repose à Frontenay dans le Jura.

Son œuvre

Bernard Clavel, s'il est surtout connu comme romancier, a aussi écrit des Contes et nouvelles pour la jeunesse ainsi que de nombreux articles, préfaces et témoignages. Il passe aussi pour être un représentant de ce qu'on appelle le roman du terroir et tire son inspiration de sa vie et d'une observation aiguë du monde qui l'entoure. Il aime décrire les existences rudes et ses personnages évoluent souvent dans des milieux ruraux ou sauvages.

La Grande Patience est une fresque autobiographique dans laquelle il retrace son apprentissage sous la houlette d’un patron tyrannique et injuste. La Seconde Guerre mondiale bouleversera son existence. Dans le dernier ouvrage de cette série, il évoque de manière poignante la mort de ses parents.

La fresque Le Royaume du Nord est née d’une double passion : sa seconde femme (Josette Pratte, écrivaine québécoise) et le Québec, dont le climat et la géographie tourmentée servent à merveille son besoin de décors rudes et grandioses. Cette série relate la vie de pionniers canadiens qui peu à peu, tentent de s’approprier la terre du grand Nord canadien. Les Colonnes du ciel est une série dans laquelle il raconte la Franche-Comté aux prises avec la peste et la guerre. C'est un écrivain prolifique qui a écrit plus d’une centaine d’ouvrages (pas tous disponibles malheureusement). Si ces grandes fresques ont marqué les esprits, il est aussi connu pour des romans tels que : L’Espagnol, Malataverne... ou des œuvres plus récentes comme Brutus ou La Retraite aux flambeaux.

Bernard Clavel est l'homme des émotions : celles qui réveillent les images de Dole, la dure réalité de l'apprenti-pâtissier, puis ses pérégrinations à travers la France pendant la guerre qu'il retrace dans La Grande Patience ; celles qui l'assaillent à Salins-les-Bains quand il prend conscience des horreurs de la guerre de Dix Ans dans son pays de Franche-Comté dont il raconte l'histoire dans Les Colonnes du ciel ; puis celles du Canada dans Le Royaume du Nord et ses pionniers aventureux dont il écrira dans la préface d'Harricana : « Empruntant pour la première fois la route du nord au cours de l'hiver 1977-78, j'étais loin d'imaginer la place que ces terres allaient occuper en moi. » Celles aussi que suscite sa rencontre avec l'homme de Terre des hommes qui lui fit si forte impression qu'il apparaît dans Les Colonnes du ciel à trois reprises sous les traits du père Boissy, d'Alexandre Blondel, le « sauveur des enfants », et du père Delorimière. Il ressemble aussi à son personnage de L'Homme du Labrador qui vit ses rêves jusqu'à les faire partager par les autres et nous livre ainsi quelques clés sur la création romanesque.

Il s'inscrit dans les terroirs qui l'ont marqué, le Québec[5] bien sûr et sa région natale de Franche-Comté[6] mais aussi les pays du Rhône[7] où il résida longtemps et écrivit ses premiers romans et y revint plus tard autour des années 2000 avec des romans comme La Table du roi ou Les Grands Malheurs.

Ses éléments, il le dit lui-même, ce sont la terre et l'eau : « Je suis un homme de la terre, mais peut-être encore davantage un homme de l'eau. Le Saint-Laurent, l'Harricana après le Doubs, l'Ain et la Vallière m'ont marqué[8]. » À cette géographie sentimentale correspond une histoire sentimentale, d'abord l'histoire épique et romantique de la guerre racontée par les Anciens qui « ont laissé en moi une trace profonde » puis il eut « cette chance de rencontrer d'autres hommes (qui lui) ont ouvert les yeux, car, écrit-il, nous avons besoin de bonté autant que de beauté. » À ceux qui lui reprochaient de trop écrire, il répondait par cette citation de François Mauriac : « Notre vie vaut ce qu’elle nous a coûté d’efforts. »

Le fonds d'archives personnelles de Bernard Clavel et Josette Pratte est déposé et conservé auprès de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (BCU), en Suisse.

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Bernard Clavel, qui êtes-vous ?

Il y a une résonance, une connivence entre ces deux ouvrages où Bernard Clavel égrène ses souvenirs et nous livre une partie de lui-même dans Les Petits Bonheurs et Bernard Clavel, qui êtes-vous, qui font l'objet de cette présentation. Évoquant des souvenirs, Bernard Clavel nous confie que « ce sont des choses que l'on croit avoir oubliées, mais qui sommeillent en vous et ressortent quand quelqu'un s'avise de les aiguillonner. »

Sa vocation d'écrivain transparaît, se dévoile quelque peu avec cette citation de Jean Guéhenno : « Les impressions d'enfance marquent la couleur de l'âme, » et son passé entre une mère conteuse-née et un père ressassant des souvenirs comme Henri Gueldry dans son roman Quand j’étais capitaine qu'on retrouve dans les tranchées creusées avec ses copains près du hangar. C'est lors d'un voyage à Lyon qu'il découvre le Rhône, qui va tant compter pour lui, « certain que dès ce jour-là, le Rhône est entré en lui. » Au cours de ses tournées, son père lui enseignait ce que Bernard Clavel nommera plus tard « sa géographie sentimentale ».

Son enfance est un pays de rêves, il plane en haut de l'arbre du jardin, suit avec passion les préparatifs de départ d'un voisin, Paul-Émile Victor, faisant « des tours du monde imaginaires. »

Vue de Dole

Mais le rêve de l'enfance s'éloigne brusquement avec La Maison des autres, roman largement autobiographique sur son apprentissage de pâtissier, dur apprentissage de la vie aussi pour cet adolescent pour qui la ville de Dole avait été liée au bonheur des repas de famille. Vision contrastée de cette ville qu'il décrira dans Le Tambour du bief avec le canal Charles-Quint et ses écluses. À travers une question sur le message que peut véhiculer un roman, c’est l’ouvrier de la nuit qui répond, celui qui déplore que les intellectuels ne soient pas considérés comme des travailleurs.

Après La Maison des autres, c’est le début de la guerre, chapitre qui commence par cette histoire de Voltaire : « Le soldat tire à genoux, sans doute pour demander pardon de son crime ». La guerre, vieille compagne « qui le hante » dira-t-il en 2005, avec qui il a des comptes à régler : toujours la conviction que la guerre est dans le cœur de l’homme et qu’il faut opérer pour l’éradiquer, en passant comme il l’a fait, par une prise de conscience longue et douloureuse. De l’occupation, il retiendra surtout un grand amour malheureux et, dit-il, « j’ai passé l’essentiel de mon temps à poursuivre des chimères. C’est je crois, ce qui a rendu la vie si difficile à mes proches. »

Il travaille d’arrache-pied et, comme un artisan têtu, remet constamment l’ouvrage sur son chevalet. Ainsi a-t-il traversé le temps de la guerre celui qui voulait voir la mer, part loin de chez lui, loin de ses parents, à la découverte de la France puis c’est à Castres que le cœur de vivants va vivre un grand amour. À l’héroïsme du soldat, il préfère le courage, celui qui « consiste à savoir dire non au pouvoir lorsque ce pouvoir nous oblige à des actes condamnables. » Credo pacifiste de celui qui a écrit Lettre à un képi blanc. Ses 'affinités électives' vont vers des pacifismes Romain Rolland, Jean Giono, Jean Guéhenno et Gilbert Cesbron, « un frère pour moi. » Puis ce fut Les Fruits de l’hiver, la disparition de ses parents, lui qui a été « le déchirement de leurs dernières années. »

Après la guerre, il se marie, vit le long du Rhône à Vernaison au sud de Lyon et peint plus qu’il écrit. Il côtoie les gens simples qui lui inspirent plusieurs romans comme Pirates du Rhône, ou La Guinguette et le Rhône, ce fleuve qui est aussi pour lui un 'personnage' qui peut être calme ou traitre, mais qui pique aussi de terribles colères comme dans La Révolte à deux sous ou Le Seigneur du fleuve. Peu à peu, il a délaissé la toile pour les mots.

Vernaison, la vie de famille, la société de sauvetage, son travail de salarié, la charge est énorme : le piège pour un écrivain. Bernard Clavel se qualifie lui-même de « menteur-né », ne sachant vraiment plus la part de biographie dans son œuvre et cite Albert Camus : « Les œuvres d’un homme retracent souvent l’histoire de ses nostalgies ou de ses tentations, presque jamais sa propre histoire. »

Quand on lui parle du Rhône, le défenseur de la nature s’insurge contre « les massacreurs de la nature qui, prédit-il, seront à long terme vaincus.» Bernard Clavel connaissait bien 'le prix du temps', écrivant « une pièce radiophonique par semaine, un roman par an, des émissions sur les disques et les livres, des articles pour des revues comme Résonances… » Telles sont ses 'années lyonnaises' de 1957 à 1964, quai Romain Rolland puis cours de la Liberté. Sa culture s’est forgée pendant ces années : « Tout est dans le tempérament mais tout vient aussi des rencontres, de ce que la pratique des métiers et le côtoiement des êtres vous apportent. » « Être romancier, dit-il, c’est porter en soi un monde, et c’est vivre en ce monde beaucoup plus qu’en celui qui vous entoure. » Malgré sa puissance de travail, Bernard Clavel plonge dans la dépression et il faudra l’intervention de son éditeur Robert Laffont pour qu’il arrive à tourner la page ».

Le parc Bernard Clavel a été inauguré en octobre 2011 en bordure de Rhône sur la commune de Vernaison.[9]

Vue de Chelles
Vue de Brunoy

Rupture, « l’éternel vagabond » s’installe dans la région parisienne à Chelles de 1964 à 1969, puis à Brunoy. S’il reste fidèle au stylo plume et au papier, le cinéma s’intéresse à lui et achète les droits de Qui m’importe et de Le Voyage du père. Terrible déception. Il ne reconnaît rien de ses romans et préférera désormais les adaptations télévisées auxquelles il participe, et la première, L’Espagnol[10], réalisé en deux parties par Jean Prat et diffusé en 1967, est un gros succès. Parfois même, ses romans rejoignent la réalité, une réalité qu’il apprend bien sûr après coup : il en donne quelques exemples à propos de L’Hercule sur la place ou Le Voyage du père. Sans doute écrit-il d’abord pour exorciser la mort. Il confesse : « Finalement, je me demande si l’on ne crée pas avant tout pour se survivre ». Et puis, il y eut 1968, pas mai 68, mais la consécration : prix Goncourt surtout, mais aussi grand prix de la ville de Paris et prix Jean Macé. À la question classique, « pourquoi écrivez-vous », il répond : « Écrit-on jamais pour autre chose que pour aller au fond de soi ? » (p. 123)

Retour au bercail : il s’installe dans la maison des abbesses à Château-Chalon près de Lons-le-Saunier où se déroule l’action de Le Silence des armes. (voir Terre des écrivains : Bernard Clavel à Château-Chalon) C’est l’époque où il écrit Le Seigneur du fleuve, Tiennot, Le Silence des armes et Lettre à un képi blanc. Avec ses deux derniers livres, c’est l’époque de la polémique, au côté des objecteurs de conscience, « j’estime, dit-il, que je n’ai pas le droit de cesser de me battre pour que la justice et la paix s’imposent ». S’il n’a aucun message à transmettre, il ne peut non plus écrire « une œuvre dégagée ». Il se veut comme son ami Roland Dorgelès « anarchiste chrétien ».

Vue de Morges

Sa nouvelle vie laisse augurer une grande stabilité, mais c’est le contraire qui se produit : début 1978, il s’installe au Québec avec Josette Pratte, Montréal, puis Saint-Télesphore, « je suis un homme d’hiver » dit-il, saison à laquelle il consacrera un album en 2005. Il revient en France à Paris, puis chez un ami à Bruxelles, le Portugal où il écrit Marie bon pain, Paris de nouveau chez des amis pour écrire La Bourrelle. Le périple se poursuit en 1979 dans une ferme du Doubs qu’il quitte en 1981 pour s’installer à Morges en Suisse sur les bords du lac Léman, renouer avec « La lumière du lac », là où en 1985 ce livre a été élaboré (avant de partir en Irlande).

Bernard Clavel se défend d’écrire des romans historiques - Les Colonnes du ciel sont faits de héros 'modernes' et l’histoire aurait pu se dérouler à notre époque, ou de mélanger réalité et fiction. Il précise : « J’ai fini par acquérir la conviction profonde qu’il y a pour l’artiste un droit absolu d’adhérer de plus près à son œuvre qu’aux êtres qui l’entourent. » Cette fois, il ne s’agit plus d’une simple rupture, c’est un second souffle, un homme résolument tourné vers l’avenir ; il a rencontré Josette Pratte, « un grand amour avec qui j’ai des échanges constants ». Quand on lui reproche un certain égoïsme, il répond que le métier d’écrivain est fatalement une longue solitude. Il parle de Harricana, cette rivière du Québec qui coule dans Le Royaume du Nord, des gens qu’il a rencontrés, qui sont devenus personnages, recomposés par son imaginaire. Et il conclut : « Vous voyez : une fois de plus, je n’ai rien inventé et j’ai tout inventé ».

Et s’il ne pouvait plus écrire, si on lui interdisait d’écrire, question cruciale : « Je ne vous ai pas attendu pour me la poser, répond-il à Adeline Rivard, il y a près d’un demi-siècle qu’elle me poursuit… »[11]

Les petits bonheurs

À travers ce récit[12], Bernard Clavel part à la rencontre de son enfance, de son passé. Il revoit ses terreurs d'enfant quand la lampe Pigeon de la salle à manger « n'éclairait jamais certains recoins d'où pouvaient bondir des ogres, des loups ou des monstres. » Frayeurs d'enfant qu'amplifie son imagination, visions d'animaux qui peupleront ses livres pour la jeunesse[13]. Sa mère renforce cette tendance, elle qui « appartenait au temps des veillées de contes populaires », née près de Dole dans le Jura où Marcel Aymé devait rencontrer La Vouivre. C'était leur univers, « des personnages de contes... qui vivaient pour elle aussi bien que pour moi », un monde qu'il fera revivre dans ses livres sur les contes et légendes[14]. « Je sais, écrit-il, que c’est dans ces moments-là que sourd ce qui m’a nourri et m’a permis d’écrire ».

Vue de Dole

Il y décrit le travail de ces humbles artisans aux mains d’or, Vincendon le luthier dont le père de Bernard Clavel conservera religieusement les outils, le père Seguin, cordonnier à l’échoppe qui exhalait des odeurs enivrantes de colle qui chauffait au bain-marie et des cuirs qui trempaient. Le jour où Nini la fille des Seguin, leur parle du Groenland, Bernard Clavel se souvient : « Dès ce jour, ce fut comme si j’avais commencé à préparer mon sac à dos ». Les souvenirs comme le départ sur le Pourquoi pas ? du commandant Charcot du fils Victor, se recomposent et se combinent pour déboucher un jour sur L'Homme du Labrador. « Par nature, par instinct, nous confie-t-il, je me sentais déjà du nord ». Bien sûr, dans ses souvenirs, on retrouve la tante Léa et l’oncle Charles, « ce vieux baroudeur qui avait connu les campagnes d’Afrique et d’Extrême-Orient », héros de son roman Quand j’étais capitaine.

Tous ces récits, la fin tragique de la mère Magnin, les balades dans la vieille auto de la mère Broquin, les amis cheminots de son père, vont s’imprégner dans la mémoire du jeune homme, ‘oubliés’, endormis mais qui alimenteront peu à peu son imaginaire. Bernard Clavel « profitait de leurs propos ». Il vivait avec eux leur vie simple, parfois leurs aventures, « c’est ainsi que je devais me rendre jusqu’à Istanbul dès l’âge de cinq ans à travers les récits d’un autre cheminot : le père Tonin ». Il lui suffisait d’un chêne étêté qui devenait navire de haute mer et il était « tour à tour Christophe Colomb, Vasco de Gama ou Charcot », Robinson Crusoé parfois quand « mon bateau se muait en île ».

Bruegel, 1562

Ce vieux chêne qu’il ne soumet à un sévère élagage que sur injonction de son père, a des airs de famille avec L’Arbre qui chante. C’est aussi cette absence de livres chez lui qui l’a marqué, et il se demande « si tous les enfants qui ont vécu leurs jeunes années dans une maison sans livres sont, comme je l’ai été, fascinés par la chose imprimée ». Il gardera des impressions profondes, rémanentes, des impressions de peintre avec ces reproductions de Bosch et de Pieter Bruegel dont ils retrouvent certains traits dans le visage de cette folle entrevue un jour en gare de Chaussin. En peinture, c’est sa tante Léa qui fut son initiatrice, l’aidant à développer ses dons naturels pour le dessin, lui présentant Delbosco, un voisin peintre.

Vue du lac Léman

A travers les menues distractions qui étaient autant de petits bonheurs, la joie de la retraite aux flambeaux, titre d’un de ses romans, se dessine L’Hercule sur la place qui doit ressembler à son oncle Paul, coiffeur à Dole. Dole, la ville de sa mère où il allait voir la maison natale de Pasteur et, sur le belvédère, admirer le panorama. Un jour de balade, il découvre, béat, le lac Léman dont il écrira Les Légendes. Nostalgie de l’almanach, nostalgie des textes de Roland Dorgelès, « des bonheurs d’enfants qui peuvent déboucher sur de belles joies d’homme », des extraits de Maria Chapdelaine, « de la neige, de la glace… nous parlions du Canada comme d’un paradis », avant-goût du Royaume du Nord. Des quelques livres entrés parcimonieusement chez lui, il dira « c’est d’eux que me vient l’essentiel de ce qui a nourri mes romans ».

Les souvenirs plus récents, c’est le temps de La Grande Patience, l’apprentissage à Dole chez un pâtissier « qui était une brute », c’est le temps des années noires que son ami Jean Guéhenno a si bien décrit dans son Journal, la montée du nazisme et la guerre. « Les hommes sérieux murmuraient, écrit-il. Tout ça ne sent pas bon. Ces nazis sont en train de nous préparer de grands malheurs ». Les Grands Malheurs, titre de son dernier roman.

Les Petits Bonheurs, c’est tout ça, les histoires, la vie quotidienne, les émotions qui l’ont marqué où l’on retrouve toute son iconographie, c’est d’abord une incursion dans ce qu’il appelait « sa géographie sentimentale ».

Écrit sur la neige

Ce livre où Bernard Clavel égrène ses souvenirs, ce qui a fait sa vie et nourri son œuvre, est né d’une série d’interviews recueillis par le journaliste Maurice Chavardès. Il y développe ses conceptions, disant qu'il écrit « pour communiquer mes émotions à mes semblables et pour en provoquer le renouvellement, » que ce métier requiert de la patience pour l'apprendre mais que « ne deviendra romancier que celui qui est né romancier : c'est-à-dire celui qui porte en lui un monde et le désir profond de l'animer. »

Brueghel : La Tour de Babel

Il y évoque son enfance, son univers à Lons-le-Saunier avec ses parents, tout ce qui a disparu depuis, démoli, le jardin bétonné, saccageant ses souvenirs, qu’il ressent comme une blessure. Il revoit ces petits riens qui affleurent à sa mémoire comme la lampe pigeon de sa mère. Il voudrait retrouver les crépuscules d’hiver, le silence qui accompagne cette fuite de la lumière, « il imprégnait les âmes et ce qui pénètre ainsi une âme d’enfant peut à jamais colorer l’existence d’un homme. » Il était alors un rêveur invétéré.

Il y eut d’abord la peinture, cadeau de la tante Léa qui sera son initiatrice. Puis il rencontra à Lons-le-Saunier près de chez lui Roland Delbosco, un peintre-poète qui lui inocule le virus, lui fit découvrir le Rhône à Vernaison où il s’établit pour plusieurs années. Le Rhône, ce fleuve qui hante nombre de ses romans, de Pirates du Rhône jusqu’à La Table du roi. Vernaison est une étape essentielle, il s’y est marié, ses enfants y sont nés, là-bas il s’est colleté à la peinture puis à l’écriture. Là-bas, il fait la connaissance d’un amateur d’art Louis Mouterde chez qui il découvre la peinture de l’école lyonnaise. Ses goûts le portent aussi vers les impressionnistes et la peinture hollandaise, pays où il aime se rendre pour visiter les musées, surtout Rembrandt et Bruegel, le peintre qui l'a le plus marqué dans sa jeunesse.

Bernard Clavel n’aime pas évoquer le contexte de ses romans et des aspects biographiques qu’ils contiennent, « Parler de moi m’agace très vite » dit-il. Sur le métier d’écrivain, ou plutôt ce que « l’individu porte au plus secret de son être sensible », il sait pour l’avoir vécu que « tout vient de la vie », de ce que l’écrivain engrange de 'matière première', expériences faites d’événements et de sensations. « L’art est fait d’impulsions mises en forme. »

Salins-les-Bains

Généralement, ses œuvres il les porte longtemps, les laisse mûrir puis s’y invertit totalement jusqu’à oublier le présent et délaisser ses proches. Même s’il y répugne, il évoque la genèse de La Saison des loups, sa visite à Salins-les-Bains et le choc quand il découvre cette guerre oubliée quand la Franche-Comté, humiliée et dévastée, devient française, comment ses personnages l’ont amené à donner une suite à ce premier volume dans La Lumière du lac.

À la question de savoir s’il est un intellectuel, Bernard Clavel répond qu’un homme doit pouvoir changer de métier, lui se verrait plutôt menuisier ou charpentier. Sa vocation, même s’il n’aime guère ce mot, il l’a considère comme un 'bouillon de culture' : « Je suis né sensible, j’ai été élevé par une mère qui l’était, par un père secret… notre entourage d’artisans raconteurs d’histoires m’a impressionné. » Petit, on l’accusait de mentir alors que, dit-il, il ne faisait que « raconter des histoires. »

Son engagement s’est fait peu à peu, de façon naturelle, l’amenant à défendre un humanisme basé sur la sauvegarde de l’homme et de la nature, le recours à la non-violence. Pour lui, « un fleuve, une terre, un vignoble, des forêts sont tellement liés à l’existence de l’homme qu’il me paraît impossible que l’humanité oublie ce lien sans courir à sa perte. » Engagement pour l’écologie et les enfants martyrs, engagement contre l’État guerrier et marchand d’armes. Engagement aussi dans l’affaire Jean-Marie Deveaux ou l’affaire Buffet-Bontemps contre la peine de mort, contre les pratiques policières, l’impéritie de la justice et du système pénitentiaire. C’est un homme en colère qui fustige policiers et magistrats indifférents ou trop répressifs.

Marche non violente

Tant que l’injustice sévira jusqu’aux plus hauts degrés de l’État, le problème de la délinquance restera entier. Mais il continuera malgré tout à se battre contre la violence et la haine. « Ma vie est plantée de jalons en forme de clefs », confie-t-il à son interlocuteur. Sa rencontre avec Louis Lecoin en est un. Il écrit dans ses revues Liberté et Défense de l’homme, il participe avec lui à son combat pour le statut d’objecteur de conscience. Son pacifisme remonte à cette nuit d’août 1944, nuit de torture d’un pauvre type qui lui laisse dans la bouche un goût de fiel. C’est le souvenir de cette nuit qu’il utilisera dans L’Espagnol pour peindre une scène semblable. Mais le petit garçon jouait à la guerre et creusait une tranchée dans le jardin de son père : épisode qu’il rappelle à plusieurs reprises et reprend dans son roman Quand j’étais capitaine. Sa rencontre avec le père Maurice Lelong devait aussi l’influencer, évoquant ensemble Romain Rolland, défendant les insoumis et luttant contre la guerre d’Algérie.

Son rejet de la guerre l’amène à publier Le Silence des armes, puis sa Lettre à un képi blanc. Il aura d’ailleurs l’occasion de rencontrer son contradicteur le caporal Mac Seale, « ouvert au dialogue, intelligent, et qui avait fort bien compris mon livre. » Hasard de la vie, il retrouve en Allemagne Hans Balzer, soldat allemand qui pendant l’hiver 1942-43 se trouvait comme lui à la prison de Carcassonne. Immense émotion, surtout quand ils visitent Buchenwald et parlent de leur admiration pour Romain Rolland.

Banque des céréales

Son engagement, c’est aussi sauver les enfants à travers l’association Terre des Hommes et du livre Le Massacre des innocents qu’il écrit à son profit. Avec Claude Mossé et les medias suisses, il se bat pour les enfants du Bengale, se rend sur place et se bat pour acheminer le maximum de vivres. Il y a certes la violence individuelle, Bernard Clavel sait combien il est facile d’y succomber, combien aussi des jeunes comme les héros de son roman Malataverne peuvent en être victimes, mais la violence d’État est encore la plus pernicieuse. Pour lui, l’arme absolue est la non-violence, la seule utilisable « sans enfreindre aucune loi morale. »

Sur le plan littéraire, il reconnaît lire peu de romans et, en matière d’influence note son ami et biographe Michel Ragon, « le rapprochement de tant d’auteurs (une dizaine) signifie qu’en réalité, il ne ressemble à personne. » Le jour où il démissionne de l’Académie Goncourt, il skie dans le Jura avec des amis, « la vraie vie », entre partage et amitié, « nous écrivons toujours sur la neige, note-t-il, le tout est de savoir à quelle heure se lèvera la tempête. »

Les décorations et les prix littéraires ne l’ont jamais intéressé, même s’il a obtenu le prix Goncourt dans des conditions assez rocambolesques auxquelles il est resté totalement étranger. Même s’il a obtenu de nombreux prix, il les juge plus néfastes qu’utiles. Ce qui l’a le plus marqué – et beaucoup aidé – ce sont les rencontres, ses premiers amis avec Delbosco qui, de fil en aiguille, vont lui permettre de devenir l’ami d’écrivains comme Hervé Bazin, Armand Lanoux, Roland Dorgelès, puis Jean Giono et Marcel Aymé. Ses livres lui valent l’amitié de philosophes comme Gaston Bachelard et Gabriel Marcel. Il se montre très critique envers les critiques, dénonçant le côté élitiste ou réactionnel de beaucoup d’entre eux. Mais il pense surtout à d’autres rencontres comme celle de Frédéric Ditis des Éditions J’ai lu ou avec le peintre Jean-François Reymond qui débouchera sur la publication du livre Bonlieu ou le silence des Nymphes.

Lors de ses débuts, Bernard Clavel a beaucoup travaillé pour la radio, excellent apprentissage pour lui à Radio-Lyon. S’il est déçu par les deux adaptations au cinéma (Le Tonnerre de Dieu et Le Voyage du père), il s’enthousiasme pour la télévision et participe à l’adaptation de plusieurs de ses œuvres (voir rubrique 7 : adaptation au cinéma).

Biodiversité

Il a également beaucoup écrit pour la jeunesse car dit-il, « quel bonheur de retrouver un moment de sa propre enfance, rechercher ses propres sources d’émerveillement. » Mais il est difficile de traiter de la réalité en édulcorant les côtés les plus négatifs, en évitant toute violence, à promouvoir de nobles sentiments tels que « la droiture et l’honnêteté » sans pour autant bêtifier.

Si l’attitude de l’Église l’a souvent agacé, si sa recherche de Dieu a toujours été difficile, il a réussi à retrouver la foi. Avec l’âge, il lui semble peu à peu apprivoiser la mort, vouloir une mort plutôt lente avec laquelle il puisse se confronter mais, dans les cas extrêmes, être favorable à l’euthanasie.

Á propos de la Franche-Comté et de ses nombreux déménagements, il admet « être un déraciné » et que c’est un constat très « démoralisant ». Ceci l’amène à développer l’un de ses thèmes favoris : l’écologie, la culture biologique, la défense de la planète et de la biodiversité. C’est aussi le cas précise-t-il pour le Jura où il s’était installé un moment dans le village de Château-Chalon près de Lons-le-Saunier, pollué par l’urbanisation et le tourisme. Pourtant, il pense déjà à l’époque, en 1977, à revenir près de ses racines, « l’essentiel serait seulement que je puisse m’en rapprocher le plus possible. »

NDLR : Il le réalisera en 2002 lorsqu’il s’installera dans la commune de Courmangoux dans le Revermont bressan, avant que tout soit remis en cause par la maladie.

Œuvre

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et Bibliographie au format poche

Bernard Clavel a écrit près de 40 romans, ainsi que des essais, des recueils de nouvelles et des livres pour enfants :

Romans

Série La Grande Patience
  1. La Maison des autres , 1962
  2. Celui qui voulait voir la mer, 1963
  3. Le Cœur des vivants, 1964
  4. Les Fruits de l'hiver, 1968
Série Les Colonnes du ciel [15]
  1. La Saison des loups, 1976, Robert Laffont
  2. La Lumière du lac, 1977, Robert Laffont, dernière édition 1985
  3. La Femme de guerre, 1978, Robert Laffont
  4. Marie Bon pain, 1980, Robert Laffont, dernière édition 1985
  5. Compagnons du Nouveau Monde, 1981, Robert Laffont, dernière édition 1985
Série Le Royaume du Nord
  1. Harricana 1983
  2. L’Or de la terre 1984, Albin Michel
  3. Miséréré 1985
  4. Amarok 1987
  5. L’Angélus du soir 1988, Albin Michel
  6. Maudits sauvages 1989, Albin Michel
Autres romans

Bernard Clavel a écrit de nombreux romans à partir de 1956 jusqu'aux années 2000 :

Contes, nouvelles et divers

Pour plus de détails, voir : Récits et essais (Clavel).
Image de conte
  • Bernard Clavel a écrit plusieurs livres concernant les légendes (Légendes des lacs et des rivières, des montagnes et des forêts, de la mer, du Léman) qui sont plutôt des œuvres pour la jeunesse, ainsi que deux autres ouvrages les Contes et légendes du bordelais et les Contes espagnols.
  • 1969 L'espion aux yeux verts, Robert Laffont,
  • 1978 L’ami Pierre, texte de Bernard Clavel, photos de Jean-Philippe Jourdrin, 78 pages, Duculot,
  • 1979 L'iroquoise, L'instant romanesque, Éditions Balland,
  • 1980 La Bourrelle, Éditions Balland,
  • 1983 Georges Brassens, auprès de mon arbre, André Tillieu, préface de Bernard Clavel,
  • 1992 Contes espagnols, Le pont du Llobregat - le pêcheur et le sabbat - la perle de la forêt, illustrations de August Puig, Le Choucas, 77 pages, Voir aussi et Clavel-Puig
  • 1997 Contes et légendes du bordelais, éditions Mollat, 06/06/1997, 90 pages, (ISBN 2-909351-31-9)
  • 1997 Gandhi l'insurgé : l'épopée de la marche du sel, Jean-Marie Muller, préface de Bernard Clavel, Éditions Albin Michel, (ISBN 2-226-09408-3)
  • 2002 Rondes et Comptines, sur CD audio, chantées par Clémentine et ses amis, De Plein Vent - Frémeaux & Associés
  • 2005 Le chien du brigadier, Sélection Du Reader's Digest, collection 50 Ans Sélection du Livre, 61 pages, 04/2005, (ISBN 2709816679)

Essais et récits

Pour plus de détails, voir : Récits et essais (Clavel).
Montaigne : les essais
Arbre en hiver
  • 1958 Paul Gauguin, Éditions du Sud-Est,
  • 1962 Célébration du bois, Éditions Robert Morel,
  • 1967 Léonard de Vinci, Éditions Club d’Art Bordas,
  • 1970 Le massacre des innocents, Éditions Robert Laffont,
  • 1973 Bonlieu ou le Silence des nymphes, dessins de J.-F. Reymond, Éditions H.-R. Dufour, Lausanne,
  • 1975 Lettre à un képi blanc, Éditions Robert Laffont
  • 1977 Écrit sur la neige, Éditions Stock, interviews recueillies par Maurice Chavardès : voir présentation dans le chapitre III du sommaire.
  • 1977 Fleur de sel, les marais salants de Guérande, texte de Bernard Clavel, photos de Paul Morin, Éditions Le Chêne, 1977 et 1985
  • 1979 Le Rhône ou les métamorphoses d’un Dieu, Éditions Hachette Littérature, photos Yves-André David,
  • 1981 Arbres, par Bernard Clavel et Grégoire Curien, Éditions Berger-Levrault, , réédition 1995, (ISBN 2-7013-0473-3)
  • 1981 Terres de mémoire, le Jura, de Bernard Clavel, Georges Renoy, et Jean-Marie Curien, Éditions Jean-Pierre Delarge,
  • 1999 les petits bonheurs, Éditions Albin Michel, 1999, Pocket 04/2000 ((ISBN 2266103644)) : récit autobiographique, voir présentation dans le chapitre III du sommaire.
  • 2000 Les Vendanges, texte de Bernard Clavel, photos de Janine Niepce, Éditions Hoebeke, 09/2000, 104 pages, (ISBN 2842301099)
  • 2003 L’Hiver, Éditions Nathan, collection Voyages et nature, 10/2003, 192 pages, (ISBN 209261052x)
  • 2003 Paroles de paix, texte de Bernard Clavel, illustrations de Michele Ferri, Éditions Albin Michel, 01/2003, 64 pages, (ISBN 2226129235)
  • 2005 J'avais six ans à Hiroshima. Le 6 août 1945, 8h15, Nakazawa Keiji, précédé de La peur et la honte de Bernard Clavel, Éditions Le Cherche-Midi, 2005, 169 pages, (ISBN 2749104165) (voir Présentation du livre)

Revues et collaborations diverses

Préface
  • voir ci-dessous, boîte déroulante :
articles, préfaces...
(cliquer sur Dérouler)

Œuvres pour la jeunesse

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  • voir ci-dessous, boîte déroulante : Contes, légendes, recueils de poésies, reportages... → cliquer sur Dérouler
  • voir aussi l'article intitulé : Contes et nouvelles

Édition des œuvres complètes

Cinéma, télévision, radio

Adaptations au cinéma
Lilli Palmer

(Fernandel, un Marseillais jouant le rôle d'un paysan jurassien, il fallait oser et Denys de La Patellière osa).
Le film ne fut pas du goût de Bernard Clavel qui s'estima trahi par cette adaptation qui dénaturait son roman. En effet, la plus grande différence est que le père ne part plus seul à Lyon : « Tout était gâché à partir du moment où le père, dans son voyage, n’était plus "seul", mais où on le faisait accompagner par l’instituteur. Comment voulez-vous qu’on soit pris par ce qui se passe dans le cœur du père, dans l’âme d’un homme que j’avais voulu acharné seulement à retrouver son enfant, lorsqu’on entend, sans aucune raison, des allusions à de Gaulle, aux ministres, lorsqu’on ne nous épargne aucun déshabillage ? »

Adaptations à la télévision
  • date : D'où viens-tu, toi ?, film télévisé qu'il réalise avec Jean Archambaud;
  • 1967 : L'Espagnol, avec Jean-Claude Rolland et Dominique Davray, réalisé par Jean Prat, 1967;
  • 1969 : L'Espion aux yeux verts, téléfilm de Jean-Paul Sassy;
  • date : L'Hercule sur la place, de René Lucot, avec Martin Trévières dans le rôle de l'hercule de foire Kid Léon qui travaille chez le forain Pat Carminatti, personnage et ambiance qui font penser au personnage du grand Zampano, interprété par Anthony Quinn dans le film La Strada de Federico Fellini.
  • 1971 : Le Tambour du bief, de Jean Prat, avec Paul Frankeur et Gabriel Briand ;
  • 1972 : Légion, de Philippe Joulia, avec Pierre Trabaud, René Lefèvre, Maurice Bourbon et Béatrice Audry ;
  • date : Malataverne, de Jean Archimbaud;
  • date : Pirates du Rhône, de René Lucot, avec Luce Ferral et Vania Vilers;
  • 1976 : Le Silence des armes, de Jean Prat, avec Marc Chapiteau et Maurice Garrel ;
  • 1977 : La Maison des autres, de Jean-Pierre Marchand, coadapté par Bernard Clavel d’après son roman éponyme, avec Philippe Marlaud et Jacques Rispal ;
  • 1980 : Vincendon, de Frank Apprederis, avec Jacques Dufilho, Michel Constantin et Jenny Cleve, d'après la nouvelle de Bernard Clavel L'arbre qui chante ;
  • 1985 : Les Colonnes du ciel, de Gabriel Axel, 5 épisodes de 90 minutes, avec Bernard-Pierre Donnadieu et Michel Bouquet.
Collaborations à la radio
  • Série d'émissions sous le titre  : Nazisme et renaissance
  • Série d'émissions sous le titre : Le Monde des maladies mentales

Notes et Références

Notes
Références
  1. http://actu.orange.fr/culture/deces-de-l-ecrivain-bernard-clavel-a-l-age-de-87-ans_58115.html
  2. Le Dauphiné Libéré du 6 octobre 2010, édition de Chambéry, p. 36
  3. Bibliographie de Bernard Clavel
  4. Voir Louis Lecoin et Bernard Clavel
  5. Outre les six volumes de Le Royaume de Nord, cinq autres œuvres se passent aussi dans ces régions
  6. Outre ses deux grandes fresques La Grande Patience et Les Colonnes du ciel, neuf autres romans se passent aussi tout ou en partie dans cette région
  7. « ... ma rencontre avec le Rhône constitue l'un des tournants les plus importants de ma vie. » Treize de ses romans se passent tout ou en partie dans les pays du Rhône
  8. Postface à l'essai biographique de André-Noël Boichat Bernard Clavel, un homme, une œuvre.
  9. http://www.c-dici.fr/photos/Vernaison-Inauguration-du-Parc-Bernard-Clavel-08-10-11_ga74157.html
  10. L'Espagnol, réalisé en deux parties par Jean Prat (1967) sur ina.fr
  11. Morges février-juillet 1985.
  12. Les Petits Bonheurs, Doon House hiver 6-87 – Vafflens-le-Château, mars 1999, Éditions Pocket 14/08/2001 – isbn 2-266-10364-4
  13. voir par exemple, Achille le singe, Akita chien fidèle (pocket junior j372), La Louve de Noirmont (pocket junior j559), La Chienne Tempête (pocket junior j449), Wang, chat tigre (kid pocket j381)
  14. Légendes des lacs et des rivières, Légendes de la mer, Légendes des montagnes et des forêts, Contes et légendes du bordelais, Poèmes et comptines.
  15. voir Version en DVD
  16. L'Espagnol, réalisé en deux parties par Jean Prat sur ina.fr
  17. Contient 16 histoires : La Vouivre, L'affreux homme du Hoyoux, La Lorelei, Les rats du lac de Constance, Le lac de Crève-Cœur, Le pont du diable, Les 3 rivières de larmes, Le roi des saumons, Le lac qui ne gèle jamais, La vieillesse du roi des caïmans, La mort d'un fleuve, La petite fille de l'étang, Les 3 torrents, Le lac de la Grande Épée, L'ogresse de la rivière et L'étang de feu.

Voir aussi

Bibliographie

Dédicace de Clavel

Liens externes

Grand Prix Ville de Paris Prix Jean Macé Prix Goncourt 1968 Prix Eugène Leroy Grand Prix Ville de Bordeaux

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