Observatoire de Besançon

Observatoire de Besançon
Observatoire de Besançon
Observatoire de Besançon.jpg
Présentation
Période ou style XIXe siècle
Type Observatoire astronomique
Architecte Étienne-Bernard Saint-Ginest
Destination initiale Observatoire astronomique, météorologique et chronométrique
Propriétaire Ville de Besançon
Destination actuelle Observatoire astronomique, météorologique et chronométrique
Protection  Inscrit MH (2005)
Site web www.obs-besancon.fr
Géographie
Pays France
Région Franche-Comté
Localité Besançon
Coordonnées 47° 14′ 48″ N 5° 59′ 23″ E / 47.246792, 5.98979147° 14′ 48″ Nord
       5° 59′ 23″ Est
/ 47.246792, 5.989791
  

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Observatoire de Besançon

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Observatoire de Besançon

L'observatoire de Besançon est un observatoire construit entre 1883 et 1884, situé dans le quartier de Montrapon-Fontaine-Écu, dans la capitale comtoise, avenue de l'observatoire.

L'observatoire fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 1er août 2005[1].

L'édifice est également labélisé « Patrimoine du XXe siècle » par le ministère de la Culture[1].

Sommaire

Histoire

Contexte

Des ouvriers horlogers bisontins, au début du XXe siècle.
L'industrie horlogère bisontine à la conquête du monde

En 1793, le Genevois Laurent Mégevand (1754-1814) s'installe à Besançon avec 80 confrères afin de fonder le pôle industriel horloger de la ville[2],[3],[4],[5]. L'horlogerie s'enracine et prend de plus en plus d'ampleur pour devenir le principal secteur économique de la ville en moins de cinquante ans, la production s'envolant à partir de la Troisième République : 5 600 pièces en 1847[6], 100 000 en 1854[6],[4], 200 000 en 1860[6], 373 138 en 1869[6], 395 000 en 1872[7], 493 933 en 1882[6], puis 501 602 en 1883[7]. Ainsi, Besançon contribuait à 12 % de la production mondiale de montres en 1874[8] et à 90 % de la production française en 1880, faisant travailler 5 000 ouvriers spécialisés et 10 000 ouvrières à « temps perdu[7]. » C'est dans ce contexte que la ville devait se doter d'un observatoire afin d'avoir un organisme certificateur indépendant, offrant toute une gamme de services dont le contrôle des montres et la production locale de l’heure exacte[9].

D'autres fonctions bien utiles à la ville...

Un observatoire chronométrique, inspiré de ceux de Genève et de Neuchâtel est alors orchestré par l'architecte Étienne-Bernard Saint-Ginest. La météorologie (pris en charge par le conseil général du Doubs) et l'astronomie seront également au programme des compétences de cet observatoire, induisant la création d’une chaire à la faculté des sciences.

Du projet à la construction

L'histoire de l'astronomie est vieille de plusieurs milliers d'années, et fut l’objet de nombreuses recherches scientifiques notamment en France. À Besançon, cette histoire commence dans les années 1870 après que la France a été battue lors de la guerre franco-prussienne de 1870, lorsque l'État décide de créer un institut astronomique dans la capitale comtoise, ceci dans un contexte de Revanchisme avec l'Allemagne, notamment dans le domaine culturel[10]. À l'origine du choix de la ville par le Gouvernement, la demande de la chambre de commerce et d'industrie du Doubs en 1869[11] qui, afin de créer un organisme certificateur indépendant pour les nombreux horlogers de Besançon, en fait part aux plus hautes instances.

Cependant l'idée ne prit réellement forme qu'en 1878, lorsque le 11 mars 1878 un décret présidentiel est officiellement écrit[12],[13] puis signé le 20 décembre 1878[14], visant à construire dans la ville un « observatoire astronomique, météorologique et chronométrique[12] ». L'institution est vraisemblablement créée cette année-là[15], et Jean-François Saint-Loup devient, le 16 janvier 1879, le premier directeur de l'observatoire par arrêté ministériel[12]. En automne 1881, une déclaration de celui-ci fit l'effet d'une véritable bombe, soulevant une vague de protestation au sein du conseil municipal[16]. Il écrivit une lettre au maire, expliquant « qu’un simple télescope suffit pour tout matériel, l’astronomie étant une activité accessoire à l’observatoire[16] ». Démissionnaire, il fut remplacé par Louis-Jules Gruey, qui devra finaliser le projet de construction de l'observatoire[16],[17]. Les premiers plans sont confiés à Édouard Bérard dés 1879, mais c'est finalement le projet de l'architecte du Département, Étienne-Bernard Saint-Ginest (1831-1888), qui est approuvé le 16 janvier 1883[12].

Le 27 mai 1882, une convention avait été signée, entre la ville de Besançon qui s'engage à fournir le terrain et les bâtiments ainsi qu'à payer 4 000 francs au Trésor public pour assurer le service chronométrique[18], le département du Doubs qui s'acquitte de l'achat des instruments et du payement du personnel, et l’État qui doit quant à lui à subventionner un service météorologique[12],[16],[14]. Le Gouvernement n'avait cependant pas hésité à laisser le plus de dépenses possible à la ville, c'est ainsi que la Municipalité devait également s'affranchir du prix du matériel, évalué à 130 000 francs[19]. En collaboration avec Louis-Jules Gruey et le Conseil Municipal de Besançon, la réalisation de Saint-Ginest prévoit une orientation stricte, la séparation des fonctions au sein de bâtiments isolés, la recherche d’une stabilité maximum, ou encore choix d’une instrumentation de qualité issue des meilleurs ateliers (atelier Gautier, atelier Fénon[12]...). Le projet de départ prévoyait que le bâtiment devait être construit à proximité de la gare de la Viotte, mais cette idée fut rapidement abandonnée au profit du site de la Bouloie qui offrait plus d'espace et une distance suffisante avec la ville pour ne pas subir la pollution lumineuse[16].

Les travaux débutent à partir de 1883, et l'observatoire est inauguré le 16 août 1884 bien que des malfaçons importantes nécessitent de lourdes réparations en 1888[12]. Une commission est créée fin 1885, qui comprend cinq membres nommés par la Chambre syndicale des fabricants d'horlogerie[20]. De nombreuses sociétés de la région lui font appel, et l'organisme voit un nombre de plus en plus croissant de chronomètres qui sont soumis à l'examen de l'observatoire[21]. Cependant, on note malgré les efforts que l'Institution bisontine n'égale pas encore l'observatoire de Genève, du moins en ce qui concerne les pièces de haute précision, bien que la cité soit en progression constante et que la tendance commence à s'inverser à la fin du XIXe siècle[22].

L'observatoire au cours du XXe siècle

Un cadran analemmatique connu pour être le 3e plus ancien au monde du type est construit en 1902, puis en 1904, le site de l'observatoire est aménagé en un parc boisé à l'égal des espaces verts les plus cossues de la ville, comme la promenade Micaud[12]. Au nord, sont réunies l'ensemble des activités scientifiques : méridienne et petite méridienne, équatorial coudé, dômes, glacière, bibliothèque avec le service météorologique puis en 1909, celui de la sismographie[12]... tandis que la partie sud est quant à elle consacrée au logement : maison du directeur, conciergerie ainsi qu'une partie du dôme de l'équatorial droit[12]. Plusieurs édifices sont bâtis durant les années 1930 : les bâtiments pour les tables vibrantes (1932 ou 1934), l'équatorial Secrétan ou astrographe (en 1938-1939 par les entrepreneurs Pateu et Robert) ou encore les horloges à diapason (en 1939-1940 par l'architecte E.Dampenon[12]). Entre 1970 et 1973, les architectes dijonnais Balme et Rocher bâtissent dans la zone sud les laboratoires et bureaux actuels, qui furent agrandis d'une galerie couverte en 1980-1981[12]. Puis de 1983 à 1984, le bâtiment de météorologie est construit au nord par les parisiens Bourlanges et Madon, du Service technique des Bases aériennes (STBA[12]).

Histoire récente et institutionnalisation

Architecture et matériel

Site

Le bâtiment de l'astrographe

Le pavillon de la Méridienne

Le pavillon de l'équatorial coudé

La bibliothèque

Le parc de l'observatoire

Matériel

L’astrographe

L’observatoire de Besançon dispose d'une Lunette astronomique faisant partie des meilleures au monde, un instrument sans égal nommé l’astrographe triple Secrétan.

Il se compose de trois lunettes avec une visuelle de 305 mm de diamètre et 3 mètres de focale, et deux photographiques de 330 mm de diamètre et 3,5 mètres de focale (configuration dite « carte du ciel »). De nombreuses améliorations de l’instrument sont également réalisées pour transformer l’astrographe en un véritable instrument d’exception : l’adjonction d’un module optique de correction du chromatisme rehaussant les performances de la lunette astronomique au niveau des meilleurs objectifs apochromatiques modernes ; l’utilisation d’une tête binoculaire procurant un confort visuel et améliore le rendu des images ; l’usage de filtres UHC, H-bêta ou OIII, qui augmentent le contraste sur les objets faibles du ciel profond.

Dans les années 1990, la monture de l'astrographe fut équipée de moteurs pas-à-pas commandés par un ordinateur, permettant ainsi le pointage automatique. L’instrument devient aisément pilotable, et l’animation des soirées d’observation devient alors accessible, même à des utilisateurs ayant une connaissance rudimentaire du ciel et du maniement de l’instrument. Une caméra CCD fut également installée dans le foyer d’une des lunettes photographiques, afin que les visiteurs puissent voir l’astre visé par l’instrument en attendant de l'utiliser à leur tour[23].

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Vue générale de l'observatoire, à la fin du XIXe siècle

Voir aussi

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Liens externes

Notes et références

  1. a et b Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA25000047 » sur www.culture.gouv.fr.
  2. Laurent Megevand sur Racinescomtoises.net (consulté le 7 septembre 2010).
  3. Bibliographie franc-comtoise 1980-1990, page 52.
  4. a et b Les Suisses et l'horlogerie à Besançon, sur Migrations.Besançon.fr (consulté le 7 septembre 2010).
  5. Besançon sur le site officiel du Larousse (consulté le 11 novembre 2010).
  6. a, b, c, d et e Besançon autrefois, page 75.
  7. a, b et c C. Fohlen,Histoire de Besançon, t. II, p.378
  8. L'épopée de la mesure du temps, Le journal de Carrefour, décembre 1999, numéro 58.
  9. Présentation de l'Observatoire de Besançon sur le site officiel du Ministère de la Culture (consulté le 8 avril 2011).
  10. L'astronomie à Toulouse et en France sur cairn.info (consulté le 10 avril 2011).
  11. Candidatures académiques : notices sur les travaux scientifiques à l'appui des candidatures à l'Académie des sciences, Université de Columbia, 1873.
  12. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m Le site de l'Observatoire de Besançon sur le site officiel du Ministère de la Culture (consulté le 13 avril 2011).
  13. Besançon et ses environs: visite de la ville et de son pourtour, excursions dans la région franc-comtoise, P. Morel, 1887.
  14. a et b Collection complète des lois, décrets d’intérêt général, traités internationaux, arrêtés, circulaires, instructions, etc, Volume 78, Jean Baptiste Duvergier, 1878.
  15. L'observatoire de Besançon sur Bivi.metrologie.afnor.org (consulté le 10 avril 2011).
  16. a, b, c, d et e Historique de l'Observatoire de Besançon sur le site officiel de l'Institut (consulté le 13 avril 2011).
  17. Bulletin astronomique, Volume 20, Université du Michigan, 1903.
  18. Bulletin des lois de la République française, Volume 47, Imprimerie nationale, 1894.
  19. Annales: Documents parlementaires, Volume 2, Imprimerie du Journal officiel, 1884.
  20. Journal suisse d'horlogerie, Société des arts de Genève. Classe d'industrie et de commerce, 1894.
  21. Procès-verbaux et mémoires, Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, 1900.
  22. Le service chronométrique à l'observatoire de Genève et les concours de réglage de la classe d'industrie et de commerce de la Société des arts de Genève avec une étude des épreuves instituées dans d'autres observatoires pour les chronomètres de poches, Raoul Gautier et l'Observatoire de Genève, 1894.
  23. L’astrographe sur le site officiel de l'observatoire de Besançon (consulté le 10/01/2010)

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