Offensive d'Aragon

Offensive d'Aragon
Offensive d'Aragon
GCE-Frente en oct 1937.svg
Carte de l'Espagne en octobre 1937, peu de mois avant l'offensive d'Aragon. En rose : zone républicaine. En vert : zone nationaliste.
Informations générales
Date 7 mars 1938 - 19 avril 1938
Lieu Aragon, Espagne
Issue Victoire nationaliste décisive
Belligérants
Flag of Spain 1931 1939.svg République espagnole
Flag of the International Brigades.svg Brigades internationales
Flag of Spain under Franco 1938 1945.svg Camp nationaliste
Flag of Italy (1861-1946).svg Royaume d'Italie (CTV)
Troisième Reich Reich allemand
Commandants
Vicente Rojo
Enrique Líster
Karol Świerczewski
Valentín González
Fidel Dávila Arrondo
Juan Vigón Suerodíaz
José Solchaga
José Moscardó
José Enrique Varela
Antonio Aranda
Juan Yagüe
Mario Berti
Forces en présence
Env. 100 000 hommes Env. 150 000 hommes
Pertes
Elevées Modérées
Guerre d'Espagne
Batailles

L'offensive d'Aragon est une campagne menée lors de la Guerre d'Espagne par les troupes nationalistes contre les forces républicaines. Elle commença le 7 mars 1938 et se termina le 19 avril, par une victoire des franquistes qui repoussèrent les républicains et avancèrent jusqu'en Catalogne et au Levant.

Sommaire

Contexte

Conditions stratégiques

La bataille de Teruel avait épuisé les ressources humaines et matérielles de l'armée républicaine. Franco, en revanche, ne perdit pas de temps à concentrer ses troupes dans l'est afin de préparer son offensive sur l'Aragon, afin d'atteindre la Catalogne et le Levant.

L'armée républicaine fut surprise par le déclenchement de l'attaque des nationalistes. Ceux-ci avaient redéployé leurs troupes bien plus vite que prévu par les chefs militaires républicains, qui les pensaient aussi fatigués par la bataille de Teruel qu'eux. De plus, bien qu'avertis par leurs renseignements, les généraux républicains restaient convaincus que les franquistes allaient continuer leur offensive madrilène à Guadalajara.

Forces en présence

Les unités d'élite républicaines en revanche étaient épuisées par la bataille de Teruel. Les meilleures troupes ayant été engagées dans le combat, une grande partie se trouvait au repos. Bien que nombreux - près de 150 000 - les hommes qui les remplaçaient n'avaient pour la plupart pas d'expérience du feu. De plus, à cause des pertes matérielles, la moitié des hommes en place n'avait pas même d'armes. L'équipement des unités républicaines était largement affecté par la désorganisation de la production, qui souffrait des luttes internes en Catalogne. Quant à l'aide soviétique, elle se faisait à ce moment-même de plus en plus rare.

Les nationalistes amenèrent rapidement près de 100 000 hommes dans les environs de Saragosse et de Teruel, dont les meilleures troupes dont il pouvait alors disposer. Bien que moins nombreux, les franquistes étaient mieux équipés. Ils avaient 950 avions, 200 chars et plusieurs milliers de véhicules de transport. Ils recevaient également le soutien de la légion Condor et du corps expéditionnaire italien. De plus, Franco bénéficiait de la production des industries du Pays basque et des Asturies.

L'armée d'attaque était commandée par Fidel Dávila Arrondo, secondé par Juan Vigón Suerodíaz. José Solchaga, José Moscardó, Antonio Aranda et Juan Yagüe étaient chargées de diriger les corps d'armée en soutien, avec le général italien Mario Berti. En réserve, les unités de García Escámez et García Valińo constituaient l'essentiel des forces. L'armée de Castille de José Enrique Varela devait se tenir prête au besoin, sur l'aile de l'attaque à Teruel. Quant à la légion Condor, dirigée par le colonel Ritter Von Thoma, elle était prête avec ses chars.

Combats

Offensive nationaliste

Troupes de l'armée d'Afrique fêtant la prise de Rubielos de Mora, dans la province de Teruel.

L'attaque commença le 7 mars 1938, après une intense préparation de l'artillerie et d'importants bombardements aériens. A six heures et demi, trois corps d'armée attaquèrent les lignes républicaines sur une bande comprise entre les rives de l'Ebre et le village de Vivel del Río. Au nord se trouvait l'armée d'Afrique, appuyée par la légion Condor et 47 batteries d'artillerie.

Les rebelles rompirent les lignes ennemies en plusieurs points dès le premier jour. Le général Juan Yagüe avança avec les troupes africaines encercla les républicains en passant sur la rive droite du fleuve. José Solchaga lança le 10 mars l'assaut sur le village de Belchite, défendu par les troupes britanniques, américaines et canadiennes de la village, conquis au prix de grandes pertes l'année précédente. C'est lors des combats que mourut Robert Hale Merriman, commandant de la brigade Abraham Lincoln. Les troupes italiennes attaquèrent le village de Rudilla, où ils rencontrèrent une grande résistance. Mais finalement, les Flechas Negras s'en emparèrent.

La retraite des troupes républicaines fut générale. Rapidement, ce mouvement se transforma en véritable déroute, tandis que les unités fuyaient. Le sentiment anti-communiste ne cessa de grandir, dans la mesure où l'organisation des défenses étaient due en grande partie aux conseillers soviétiques de l'armée. Les chefs militaires communistes ne cessèrent d'ailleurs de s'accuser des échecs, en particulier André Marty et Enrique Líster. Líster fit même exécuter plusieurs de ses officiers subalternes, tenus pour responsables de la retraite.

Le général Vicente Rojo voulut regrouper ses troupes à Caspe, mais la perte d'Alcañiz rendit la situation des républicains encore plus difficile. Même dans les zones où elles résistaient encore et étaient capables de soutenir les attaques ennemies, les unités républicaines furent forcées de reculer à cause de l'échec plus général de l'armée. Les désertions de soldats républicains se firent de plus en plus nombreuses. L'aviation franquiste, soutenue par la légion Condor et l’Aviazione Legionaria italienne contrôlait les cieux, bombardant les troupes républicaines qui essayaient de se retirer. Après deux jours d'une lutte intense, Caspe finit par tomber le 17 mars aux mains des troupes du général Varela. Ils défirent les brigades internationales ; c'est là que le communiste polonais Karol Świerczewski - connu comme le « général Walter » - manqua tomber aux mains des Italiens.

Le 17 mars, les unités nationalistes avaient avancé de plus de 115 km, ouvrant une nouvelle ligne de front partant de Belchite et courant jusqu'à Caspe, Alcañiz et Montalbán.

Désastre républicain

L'armée nationaliste décida alors d'interrompre brièvement son attaque afin de se réorganiser sur les cours de l'Ebre et de Guadalupe. Le 22 mars, les combats reprirent autour de Saragosse et de Huesca. Ce jour-là furent perdus les positions républicaines au nord du front, avec les villages d'Alcubierre et de Tardienta. Les villages de l'est de l'Aragon, comme Barbastro, Bujaraloz et Sariñena, dans lesquels la population avait expérimenté une révolution sociale organisée par les anarchistes, furent pris en peu de jours, poussant les habitants à la fuite.

Le 25 mars, les soldats de Yagüe occupèrent Fraga, puis entrèrent en Catalogne après avoir franchi l'Ebre et pris le village de Pina. Il fut ensuite retenu devant Lérida plus d'une semaine par la résistance d’El Campesino, ce qui permit aux républicains de se retirer en bon ordre - la ville tomba finalement le 3 avril. Les troupes du général José Iruretagoyena, de leur côté, s'emparèrent de la poche de Bielsa, où elles encerclèrent les 7 000 soldats républicains de la 43e division, qui y résistèrent courageusement durant plus de deux mois, de la mi-avril à la mi-juin.

Retardées par le relief pyrénéen au nord, les troupes franquistes avançaient plus facilement au sud, où elles passèrent plus facilement par le Maestrazgo, mettant en fuite les soldats républicains, tandis que d'autres désertaient ou se rendaient. Face à la déroute, les différentes factions politiques de l'armée républicaine s'accusèrent mutuellement de trahison. Les officiers communistes refusaient aux unités qui ne l'étaient pas, en particulier les milices anarchistes, tout envoi d'armes et de munitions. André Marty, chargé des brigades internationales, chercha des responsabilités parmi ses subordonnés et fit arbitrairement exécuter plusieurs officiers devant leurs propres hommes.

Fin de la campagne

Carte de l'Espagne en mai 1938, à la fin de l'offensive d'Aragon. En rose : zone républicaine. En vert : zone nationaliste.

Le 3 avril, les troupes du général Yagüe s'emparèrent de Lérida et de Gandesa, où furent faits prisonniers 140 soldats de la XVe brigade internationale. Le même jour, le général Antonio Aranda, qui avançait à travers le Maestrazgo, vit pour la première fois la mer Méditerranée. Au nord, les nationalistes continuèrent leur avancée, s'emparant encore de Balaguer, Camarasa et Tremp, où se trouvaient d'importantes installations hydroélectriques qui fournissaient Barcelone en électricité.

Il semble que, au vu de la déroute totale de l'armée républicaine, Franco aurait pu s'emparer dans la foulée du reste de la Catalogne. Il prit cependant la surprenante décision - même pour ses généraux - d'obliquer vers Valence. Cet ordre fut considéré comme une erreur stratégique, dans la mesure où Barcelone était un objectif plus proche et plus vulnérable. Mais Franco pensait qu'en attaquant la Catalogne il s'exposait à une réaction armée de la France. Yagüe, qui critiqua cette décision de Franco, se vit retirer temporairement son commandement. Il faut cependant considérer que les troupes nationalistes étaient arrêtées à Lérida et n'arrivaient pas à avancer plus, enlisées dans les combats de la bataille du Sègre.

Le 15 avril, les nationalistes entrèrent dans Vinaroz, coupant définitivement en deux la zone républicaine. Le 19, ils occupaient une bande longue de 32 km de la côte méditerranéenne, sans rencontrer quelque résistance.

Conséquences

La puissance aérienne fut un des éléments décisifs de la batailles. Les plaines aragonaises offrirent aux avions nationalistes de nombreuses zones d'atterrissage, qui permirent un déploiement rapide et un soutien aérien efficace. Ils harcelèrent efficacement les républicains, les forçant à se retirer des positions qu'ils tenaient encore, attaquant les colonnes qui battaient en retraite, nettoyant les airs des avions ennemis. Ce fut une grande leçon de stratégie sur l'appui que pouvait fournir l'aviation à l'infanterie lors d'une offensive.

L'offensive fut stoppée le 19 avril, sans que par la suite les nationalistes puissent reprendre efficacement leur avancée. En effet, durant l'offensive, la France avait de nouveau ouvert sa frontière, permettant à la zone républicaine de Catalogne de recevoir l'aide militaire qui s'était accumulée durant plusieurs mois derrière la frontière, mais qui était retenue par l'embargo sur les armes.

Cette aide permit aux forces de la république de se reprendre et d'opposer une meilleure résistance, ce qui permit de retarder le désastre. Malgré de nouvelles attaques sur le Sègre au nord, et vers Valence au sud, les troupes franquistes n'avancèrent guère plus. Les nationalistes lancèrent leur attaque sur Valence le 5 juillet et avancèrent vers le sud le long de la côte. Mais le 18 juillet, elles furent arrêtées par la résistance des fortifications de la ligne XYZ. Le 25 juillet, l'attention des deux camps se détourna de Valence vers les rives de l'Ebre, où commençait une nouvelle offensive républicaine.

Bibliographie

  • BEEVOR, Antony, Guerre d'Espagne, Calmann-Lévy, Paris, 2006 (ISBN 2-702-13719-9)
  • THOMAS, Hugh, Guerre d'Espagne, Robert Laffont, Paris, 1997 (ISBN 2-221-08559-0)
  • (es) MALDONADO MOYA, José Maria, El Frente de Aragón. La Guerra Civil en Aragón (1936-1938), Mira Editores, Saragosse, 2007 (ISBN 978-84-8465-237-3)

Sources


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Offensive d'Aragon de Wikipédia en français (auteurs)

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