ʿUmar II

ʿUmar II

ʿUmar II ou ʾAbū Ḥafṣ ʿUmar ibn ʿAbd Al-ʿAzīz (en arabe : أبو حفص عمر بن عبد العزيز), né vers 682 et mort en 720 à Alep, est le huitième calife omeyyade. Il succède à son cousin Sulaymān en 717. ʿUmar II est parfois considéré comme le cinquième calife bien guidé de l'islam[1] pour sa sagesse, sa justesse et sa grande piété.

Sommaire

Naissance et lignée

Selon certaines sources, ʿUmar ibn ʿAbd Al-ʿAzīz naît à Médine en 682, d'autres sources rapportent que c'est en Égypte. Il est l'arrière-petit-fils de ʿUmar ibn Al-Ḫaṭṭāb, deuxième calife bien guidé. Des sources sunnites rapportent que lors du règne de ʿUmar ibn Al-Ḫaṭṭāb, pendant une de ses sorties déguisé afin d'enquêter sur l'état de son peuple, il aperçoit une laitière qui refuse de vendre du lait frelaté comme le lui ordonne sa mère. Le lendemain, il envoie un officier acheter du lait de la jeune fille et apprend qu'elle garde toujours sa détermination, le lait reste pur. Peu après, il convoque la jeune fille et sa mère et leur fait savoir ce qu'il entend. En récompense, il offre à la jeune fille d'épouser son fils ʿĀṣim. Elle accepte, et de cette union naît Laylā, la mère de ʿUmar ibn ʿAbd Al-ʿAzīz. Quant à son père, ʿAbd Al-ʿAzīz, il est respectivement le fils et le frère des califes omeyyades Marwān Ier et ʿAbd Al-Malik. ʿAbd Al-ʿAzīz est censé succéder à son frère, mais meurt avant lui.

Jeunesse

ʿUmar grandit à Médine. À la mort de son père, il est rappelé à Damas par le calife ʿAbd Al-Malik, qui le marie à sa fille Fāṭima. Sous Al-Walīd Ier, ʿUmar est nommé gouverneur de Médine. Contrairement à la majorité des gouverneurs, il forme un conseil avec lequel il administre la province. Son mandat est si remarquable qu'il n'y a pratiquement plus de plaintes envoyées à Damas. Sa réputation se répand à travers le Califat, si bien que de nombreux réfugiés affluent d'Irak pour fuir les exactions et les brutalités d'Al-Ḥaǧǧāǧ ibn Yūsuf Aṯ-Ṯaqafiyy. Ce dernier, furieux d'apprendre cette nouvelle, incite Al-Walīd Ier à révoquer ʿUmar de son poste. Le calife finit par céder à la demande d'Al-Ḥaǧǧāǧ, au grand dam de la population de Médine. Le successeur d'Al-Walīd Ier, Sulaymān, a une grande admiration pour son cousin ʿUmar, qui continue à vivre à Médine. Il finit par le désigner comme successeur. ʿUmar, réticent face à cette demande, n'accepte qu'à contrecœur de devenir calife, après avoir vainement tenté de dissuader Sulaymān.

Calife

Dès son arrivée au pouvoir en 717, ʿUmar II ordonne à Maslama ibn ʿAbd Al-Malik de lever le siège de Constantinople, qui est en train de tourner au désavantage des Omeyyades, et de faire rentrer ses hommes en Syrie. Il envoie des provisions aux troupes, affamées durant le siège. À son arrivée à Damas, Maslama se rend à la cour du calife, mais ce dernier refuse de le recevoir. Il revient le lendemain avec 2 000 hommes, mais il n'est toujours pas reçu. Ce n'est qu'au troisième jour, alors qu'il n'est accompagné que d'un seul esclave, que ʿUmar II consent à le recevoir, lui faisant la leçon sur le bon usage des richesses, et Maslama se soumet[2].

Nommé gouverneur du Khorassan par Sulaymān, Yazīd ibn Al-Muhallab fait l'objet de plaintes, mais Sulaymān meurt avant de pouvoir intervenir. ʿUmar II envoie une lettre à Yazīd lui demandant de faire allégeance, de remettre le gouvernement du Khorassan à un de ses lieutenants et de venir à Damas. Yazīd remet son gouvernement à son fils Muḫallad. Il est arrêté à Bassorah et amené devant le calife. Celui-ci réclame le butin qu'avait pris Yazīd pendant ses campagnes dans le plateau iranien. Il nomme Al-Ǧarrāḥ ibn ʿAbd Allāh Al-Ḥakamiyy gouverneur du Khorassan en 718. Muḫallad, ayant appris l'arrestation de son père, se rend auprès du calife. Quelques jours après cette entrevue, il tombe malade et meurt. Yazīd reste en prison jusqu'en 720, quand il parvient à s'échapper. ʿUmar II révoque également d'autres gouverneurs abusifs[3].

En 719, Muḥammad ibn ʿAlī, père de celui qui deviendra plus tard le premier calife abbasside, ʾAbū Al-ʿAbbās As-Saffāḥ, commence à poser les premiers jalons du réseau qui fera tomber les Omeyyades[4].

Mort

Peu apprécié par la noblesse en raison de ses réformes en faveur du peuple, ʿUmar II serait mort empoisonné, ses opposants ayant soudoyé un servant afin qu'il mette du poison dans un repas. Sur son lit de mort, il apprend la nouvelle, gracie le coupable et met l'argent qu'il reçoit du payement punitif dans le trésor public. Il meurt à Alep, probablement le 10 février 720. Son cousin Yazīd II, un autre fils de ʿAbd Al-Malik, lui succède.

Réalisations

Religion

ʿUmar II met un terme à la coutume de maudire ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib lors des prières du vendredi, et ordonne de remplacer la malédiction par des versets du Coran.

Il fait appliquer la charia plus rigoureusement, fermant les débits de boissons alcoolisées et les bains publics où les femmes se mêlent librement aux hommes. Il renforce également l'application de l'aumône obligatoire, si bien qu'à la fin de son règne, il n'y a pratiquement plus de pauvre à qui donner de la charité.

Il fait recenser les hadiths afin d'éviter qu'ils ne se perdent, et continue la politique d'actions humanitaires et de bienfaisance menée par ses prédécesseurs, ajoutant des programmes spéciaux pour les orphelins et les démunis.

Réformes fiscales

ʿUmar II est également honoré pour avoir lutté contre les problèmes fiscaux concernant la conversion à l'islam. En effet, à cette époque, le Califat omeyyade est peuplé majoritairement de chrétiens, juifs, zoroastriensetc. Leur conversion n'est pas forcée, mais ils sont sujets à des taxes plus élevées que les musulmans, d'autant plus qu'une fois convertis, on prélève sur eux la capitation (ǧizya) comme s'ils n'étaient pas encore musulmans. D'un point de vue financier, la conversion massive diminuerait les revenus de l'État, et certains gouverneurs découragent les conversions à l'islam, mais ʿUmar II tente de résoudre le problème, insistant sur l'égalité de traitement entre musulmans arabes et non arabes, et enlevant les obstacles à la conversion des non Arabes à l'islam.

Personnalité

ʿUmar II est connu pour sa grande piété et son dédain pour le luxe et les plaisirs d'ici-bas. Il préfère l'austérité et la simplicité à l'extravagance, devenue omniprésente dans les cours omeyyades. C'est ainsi qu'il met dans le trésor public les parures qui lui sont destinées, et abandonne le palais du calife à la famille de Sulaymān, préférant vivre dans des logements modestes. Aussi, il se vêtit de manière simple, passant parfois de manière inaperçue. Même s'il jouit d'un soutien populaire immense, il n'hésite pas à encourager publiquement le peuple à élire quelqu'un d'autre s'il n'est pas satisfait avec lui. Il confisque les biens saisis par de nombreux officiels et les redistribue au peuple. Craignant d'être tenté par la corruption, il n'accepte que rarement les cadeaux, et quand c'est le cas, il les dépose promptement dans le trésor public. Il encourage également sa femme, qui est fille, sœur et épouse de califes, à faire don de ses bijoux. De nombreuses autres anecdotes édifiantes existent sur son honnêteté et sa générosité. Impopulaire auprès de la cour omeyyade en raison de ses actions, le soutien du peuple fait que personne ne manifeste ouvertement son opposition.

Références

  1. Mohamed Bakhouch, « Le calife ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz et les poètes », dans Bulletin d'Études Orientales, Damas, Institut français du Proche-Orient, vol. LVIII, 2009 (ISBN 9782351591437) [résumé, texte intégral [html] (pages consultées le 20 juillet 2011)] .
  2. Tabarî (trad. Hermann Zotenberg), La Chronique : Histoire des prophètes et des rois [« تاريخ الرسل والملوك (Tārīḫ ar-rusul wal-mulūk) »], vol. II, Arles, Actes Sud, coll. « Sindbad », 19 mai 2001 (ISBN 2742733183), p. 212 .
  3. Ibid., p. 213-215.
  4. Ibid., p. 215.

Articles connexes

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