Ommegang de Bruxelles

Ommegang de Bruxelles
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Notre Dame des Victoires du Sablon, puissante protectrice de la ville de Bruxelles, debout sur sa barque. C'est sous son égide et en son honneur que se déroule chaque année l'Ommegang de Bruxelles.

L'Ommegang est un cortège folklorique bruxellois qui a lieu actuellement deux fois par an, à la charnière des mois de juin et juillet sur la Grand-Place de Bruxelles.

À l'origine elle était la plus importante procession lustrale de Bruxelles qui se déroulait une fois par an le dimanche précédant la Pentecôte.

Le terme Ommegang, en latin "circumambulatio", signifie « marcher autour » en vieux flamand et elle est actuellement un spectacle et une évocation historique de Bruxelles.

Elle rejoint la tradition des grands cortèges de notables, de cavaliers et de géants que l'on retrouve un peu partout en Belgique et dans le Nord de la France.

Sommaire

Histoire: de procession sacrée à spectacle historique

L'Ommegang remonte à 1348 et était à l'origine la plus importante procession lustrale de Bruxelles faite en l'honneur de Notre-Dame des Victoires du Sablon, la puissante protectrice de la ville de Bruxelles. Il fut supprimé à la Révolution française.

À l'occasion du centenaire de la Belgique en 1930, il a été remplacé à l'initiative d'Albert Marinus et de quelques passionnés soutenus par Adolphe Max, bourgmestre de Bruxelles, par un cortège historique rappelant le fastueux Ommegang de 1549 fait en l'honneur de Charles Quint.

Origines de l'Ommegang.

La procession de l'Ommegang[1] a été fondée en 1348, pour célébrer l'arrivée surnaturelle sur une barque, d'une vierge miraculeuse taillée dans le bois, Notre Dame à la Branche, qui d'abord protectrice de la ville d'Anvers et déposée dans la cathédrale, y avait été prise par l'anversoise Béatrice Soetkens, après que la Vierge lui fut apparue deux fois dans un songe où elle lui ordonnait de transporter cette statue sur un bateau qui la mena merveilleusement jusqu'à Bruxelles, où elle fut accueillie sur le quai par le duc de Brabant en personne et les arbalétriers qui avaient été prévenus de ce prodige.

Cette Vierge prit alors le nom de Notre Dame des Victoires et, déposée dans ce qui était encore la simple chapelle du Sablon, devint, tout comme Saint Michel en était le défenseur, la grande protectrice de la ville de Bruxelles, où elle fut mise sous la garde directe des arbalétriers, des gens de guerre de la ville, du magistrat et des Lignages, et devint la sentinelle de la cité contre les périls du dehors et la gardienne de son autonomie.

Il est interdit[2] de faire sortir cette statue hors de l'enceinte des premiers remparts de Bruxelles tout comme il est interdit à l'Ommegang et aux hiérophantes qui y participent d'aller au delà de ceux-ci[3].

L'Ommegang se déroulait le dimanche précédant la Pentecôte, jour qui était également le jour de la fête de la ville de Bruxelles.

Avant l'arrivée de cette statue miraculeuse, il y avait deux processions importantes à Bruxelles, celle de Saint Jean, dont l'éclat diminua, et celle de Saint Michel qui continua à exister mais perdit rapidement aussi de sa splendeur devant l'Ommegang, malgré le fait que Saint Michel était officiellement le grand patron et le défenseur de la cité, mais le peuple donna rapidement sa préférence à Notre Dame des Victoires, plus proche et plus familière que le terrible Archange demeurant dans les hauteurs célestes.

L'Ommegang consistait en une circumambulation lustrale et purificatrice où la statue miraculeuse de la Vierge du Sablon, véritable palladium de la cité, escortée des arbalétriers du grand Serment et précédée par les Lignages était portée sur la barque miraculeuse qui l'avait menée à Bruxelles.

La procession de l'Ommegang: 1348-1795

Lors de l'ommegang la statue de la vierge partait d'abord de l'église du Sablon, entourée des Lignages et escortée des Arbalétriers, et allait jusqu'à la Place de la Vieille-Halle-au-Blé[4] où l'ensemble du cortège se formait, puis descendait la rue du Chêne, empruntait la rue de l'Étuve et gagnait la Grand-Place où il se déployait et retournait en boucle par la rue de la Madeleine jusqu'à l'église du Sablon.

Le magistrat invitait les étrangers de marque ou les souverains à assister à la cérémonie depuis l'hôtel de ville.

Marchant en cortège, tout le corps social de la cité défilait dans un ordre croissant d'importance au fur et a mesure qu'on était proche de la Vierge des Victoires, d'abord les gens de guerre de la ville de Bruxelles, ensuite les doyens des corporations représentants du commerce et de l'industrie et enfin les Lignages et les magistrats qui précédaient la sainte statue entourée du clergé et d'arbalétriers du grand Serment.

Ainsi en tête du cortège[5] marchaient les escrimeurs vêtus de blanc et de bleu, ensuite les arquebusiers vêtus de blanc, puis les archers vêtus de blanc, noir et rouge, puis les arbalétriers du petit Serment de Saint-Georges vêtus de blanc et de rouge et enfin les arbalétriers du grand Serment vêtus de vert. Ils précédaient une cavalcade composées de jeunes gens choisis dans les plus importantes familles de la bourgeoisie qui évoquaient les anciens ducs de Brabant, chacun avec un porte bannière, des hommes d'arme et des pages. Ensuite venaient les représentants des corporations et les chefs des Nations dont les doyens étaient vêtus de drap rouge, couleur de la ville de Bruxelles, puis tous les représentants des institutions de la ville et de sa vie culturelle comme les membres des chambres de rhétorique. Après eux commençait le cortège de divertissement, où l'on voyait la Pucelle de Bruxelles, les Géants, les chars, les animaux, les gonfaloniers, les jongleurs, des groupes d'enfants déguisés en diables ou montés sur le cheval Bayard, des cavalcades et autres baladins et groupes festifs évoquant l'histoire et les légendes de la ville et des chars racontant l'histoire merveilleuse de Notre Dame du Sablon. Enfin, venaient les serviteurs de la ville, puis les membres des Lignages et le magistrat, vêtus de la robe rouge écarlate -le fameux écarlate bruxellois[6] teinté dans le sang de taureau que seuls pouvaient porter le magistrat et les Lignages - qui précédaient immédiatement le groupe sacro-saint composé du clergé entourant la Vierge des Victoires escortée par des arbalétriers.

Dès le XVème siècle les ornements pour la cavalcade étaient si nombreux que la ville du acheter une maison rue d'Or pour les y entreposer.

L'Ommegang était bien ainsi chaque année le moment majeur de la vie sociale bruxelloise et la fête officielle de la Ville, où sous l'égide de la Vierge des Victoires du Sablon, puissante protectrice de la cité, portée triomphalement dans sa barque, tout le corps social urbain défilait dans une procession purificatrice en demandant sa protection et en affichant devant tous son harmonie, sa force et sa richesse, signes de la bienveillance céleste, et où tout le peuple uni restaurait son alliance qui l'unissait à sa sainte patronne qui le faisait triompher d'année en année des forces du désordre.

Après la fin de la procession, un banquet solennel auquel participait le magistrat et les Lignages était servi sur la Grand-Place.

La révolution française a causé l'arrêt de cette tradition religieuse.

Le spectacle historique actuel

Spectacle sur la Grand-Place
Le cortège emprunte le Ravenstein

À l'occasion du centenaire de la Belgique en 1930, le savant folkloriste Albert Marinus et quelques passionnés d'histoire comme l'abbé François-Henri De Smet, professeur au Lycée Royal, soutenus par Adolphe Max, bourgmestre de Bruxelles, ont joint leurs efforts pour commémorer sous forme de cortège historique cette antique manifestation bruxelloise.

Devant le succès de cette représentation, il fut décidé de la répéter les années suivantes. Ce fut l'origine de l'Ommegang actuel.

Ils ont choisi non pas de faire renaître la circumambulation ancestrale, mais d'en faire un spectacle reproduisant et répétant le somptueux Ommegang offert par la ville de Bruxelles à Charles Quint en 1549 et à son fils Philippe II[7].

Les historiens et folkloristes qui ont remis sur pied cette manifestation l'on fait revivre comme spectacle théâtral où les acteurs sociaux sont représentés par des figurants.

Bouleversant l'ordre astronomique qui présidait à sa célébration, il est désormais répété à deux reprises, et se déroule même en des lieux situés en dehors des remparts de la cité.

Actuellement, après avoir longtemps été cantonné à la seule Grand-Place, le parcours de l'Ommegang, voulant renouer avec ses origines, est redevenu une marche folklorique qui commence à la place du Sablon par le tour de l'église et se termine par un spectacle sur la Grand-Place.

On dénombre environ 1 400 figurants, dont plusieurs cavaliers, habillés en costume d'époque. Il y a aussi des échassiers et des géants tels l'archange saint Michel, sainte Gudule ou encore le cheval Bayard.

La manifestation est organisée par La Société de l'Ommegang, Ommegang Oppidi Bruxellensis, une association proche de la Ville de Bruxelles. Elle recrute des bénévoles dont les costumes et accessoires sont entretenus et abrités en divers lieux de la ville.

Devenu spectacle historique, l'Ommegang n'en conserve pas moins de nombreux éléments traditionnels et authentiques comme la présence des Lignages de Bruxelles, des Serments d'arbalétriers et de la Vierge des Victoires, et reste dans l'esprit des bruxellois un événement majeur de l'année.

Cérémonies traditionnelles semblables

L'Ommegang de Bruxelles se rattache à ces cérémonies transcendant les âges et qui ont conservé leur puissance cathartique et sacrale et leurs liens vivants avec les forces vives de la cité, comme le Meyboom, comme la Procession du Saint-Sang de Bruges, comme le carnaval de Binche où les Ducasse d'Ath, le Doudou de Mons, l'Ommegang de Malines où l'Ommegang de Termonde, qui ont reçu le titre de patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.

Bibliographie

  • 1960: Leo van Puyvelde, L'Ommegang de 1615 à Bruxelles‎ , Bruxelles, Éditions du Marais, 1960.
  • 1975: Jean Jacquot, Fêtes et cérémonies au temps de Charles Quint.‎ , Fédération internationale des sociétés et instituts pour l'étude de la Renaissance, 1975.
  • 1980: Arthur Haulot, Cette nuit-là, l'Ommegang de Bruxelles , Bruxelles, Ed. Trois Arches, 1980.
  • 1997: Daniel Frankignioul (dir.), Brigitte Twyffels, Michel Staes, Claude Flagel, Alfred Willis, ‎Pleins Feux sur l'Ommegang, ‎La Reconstitution du Cortège en 1930 par Albert Marinus., Woluwé-Saint-Lambert, Fondation Albert Marinus, 1997.
  • 1997: Rosine De Dijn et Siegfried Himmer, La Grand-Place de Bruxelles, fastueux décor de l'Ommegang, Eupen, chez Grenz-Echo Editions, 150 photos couleurs, 1997.
  • 1999: Isabelle Lecomte-Depoorter, Ommegang, illustrations de René Follet, Éditions Glénat, 1999
  • 2007: Olivier de Trazegnies, Louis-Philippe Breydel, L'Ommegang, (trilingue), Bruxelles, Renaissance du Livre, 2007.

Voir aussi

Ommegang est le nom qui a été donné à une opération de la coopération militaire belge avec la 5ème Brigade mécanisée sur Stanleyville en 1964.

Notes

  1. Pour l'historique lire passim Henne et Wauters, Histoire de la Ville de Bruxelles, surtout tome I, pp. 105-106 (réédition Mina Martens).
  2. Cette interdiction rituelle se rencontre dans la plupart des cérémonies sacrées liées au terroir, la non observation de cet interdit risquant d'éloigner la bienveillance céleste de la cité. Ainsi il est interdit par exemple aux Gilles de Binche de se représenter hors des remparts de la ville, ainsi les participants du Lumeçon ne peuvent se représenter en dehors de Mons, les participants du cortège du Saint-Sang de Bruges ou ceux du Meiboom de Bruxelles ne peuvent quitter leur ville etc... Ce qui explique que ces cérémonies, n'ayant pas renié leur caractère sacré (ce mot transcendant les époques et les religions) ont été reconnues par l'Unesco comme trésor immatériel de l'humanité.
  3. En pratique, le cortège reconstitué en 1930 sort occasionnellement de Bruxelles ou même de Belgique comme par exemple en 2011 où une délégation est allé en Chine pour animer le pavillon belge de l'Expo Internationale. Il est vrai que la statue de ND du Bon Secours n'est pas du voyage
  4. Marcel Vanhamme, Bruxelles, de bourg rural à cité mondiale, Bruxelles, 1968, p. 111. Cet auteur indique la Vieille Halle au Blé comme début du cortège.
  5. Nous donnons ici l'ordre qu'en donnent Henne et Wauters, Histoire de la ville de Bruxelles, tome I, p. 305, basée sur la description donnée de l'Ommegang de 1549 dont l'espagnol Calvete de Estrella, faisant partie de la suite de Charles Quint a laissé une description vivante. Voir aussi: Marcel Vanhamme, Bruxelles, de bourg rural à cité mondiale, Bruxelles, 1968, p. 113.
  6. Claire Dickstein-Bernard, "Une ville en expansion", dans: Histoire de Bruxelles, publiée sous la direction de Mina Martens, Toulouse, Privat, 1976, p. 111: « Le drap qui fait la fortune de Bruxelles, celui que le drapier met sur son banc devant lui à la Halle, c'est l'"écarlate" ("scaerlaken"), drap tondu et retondu ("scaeren") mais que fréquemment l'on teint en rouge de graine (d'où le sens actuel du mot écarlate). Long de 48 aunes (33,360 mètres), il est fabriqué avec de la laine anglaise par les seuls "frères" de la Gilde qui en ont le monopole. Les autres drapiers ne peuvent fabriquer que les unicolores "marbrés" ou "mêlés" de 42 aunes, et les draps plus courts. »
  7. Comme l'écrivent Henne et Wauters, op. cit. tome 1, p. 302, cet Ommegang fut le seul à avoir été précédé d'un funeste présage: le 2 mars 1549 Bruxelles fut ébranlé par deux fortes secousses telluriques juste avant l'arrivée en ses murs de Philippe II, âgé de 22 ans, "le prince qui devait consommer la ruine de la Belgique".

Article connexe

Lien externe


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