Pierre Griffi

Pierre Griffi, né à Alger le 13 mai 1914, est un grand résistant corse sinon le plus grand. Il a fait partie des quatre premiers agents de la Mission secrète Pearl Harbour en Corse pour ses compétences professionnelles en émission radio, mais aussi pour son engagement politique dans les Brigades internationales durant la guerre d'Espagne et dès juin 1940 contre Pétain.

Dès 1941, il est à Alger dans le réseau clandestin Afrique d’où il échange les messages radio avec son commandement de Londres, avec le poste de l’OSS de Tanger, et avec l’Intelligence Service de Gibraltar. Il participe à l’appui du débarquement allié de novembre 42 Il participe aux réunions clandestines dans le magasin matériel radio de Jacques Briatte qui aboutiront à son engagement dans la mission organisée par les Services Spéciaux de la Défense Nationale établis à Alger.

Le sous marin Casabianca le débarque avec les 3 autres agents la nuit du 14 décembre 1942 dans la baie de Topiti (Piana). Il a pour mission d'établir un lien radio permanent d'informations avec les services spéciaux et le sous marin. Les autres agents (Toussaint Griffi et Laurent Preziosi) sont chargés d'effectuer la coordination des réseaux de résistance en vue d'un débarquement français. Grâce à ses messages, la 1^re livraison importante d'armes s'effectue le 6 février 1943 avec les autres agents de la mission, l'équipe de Jean Nicoli et les résistants locaux.

Il déjoue plusieurs fois les tentatives d'arrestation de l'Ovra notamment à Corte dans la maison de Loersch. Lorsque les agents de la mission reçoivent l'ordre de rentrée à Alger, la coordination politique des réseaux de résistance est faite, les informations sur les implantations de l'ennemi sont mémorisées, la 1er importante livraison d'armes le 6 février a été réalisé. Il les accompagne avec l'équipe de Jean Nicoli à Solenzara pour leur retour à Alger par le Casabianca le 10 mars 1943.Il reste pour ses compétences radio et se mettre aux ordres du nouveau chef de mission Paulin Colonna d'Istria chargé de la coordination militaire.

Il arrivera ainsi à transmettre 286 messages d'information. Il est arrêté le 9 juin 1943 par l’OVRA (la police secrète italienne). Le 14 août s’ouvre à Bastia le procès Griffi-Benielli. Pendant les deux mois de l’instruction, Pierre Griffi a résisté à toutes les tortures. Il se fera honneur d’avoir provoqué, par ses informations, le torpillage du transport italien Francesco Crispi.

Au cours du procès, il revendique ses responsabilités : « Oui, c'est moi le principal responsable du torpillage du Francesco Crispi, je sais que je vais être fusillé et je n'ai qu'un regret, celui de ne plus pouvoir vous faire du mal ». Le 16 août, il est condamné à mort par le Tribunal Militaire du VII^e Corps d'Armée italien pour espionnage puis, le 18 août 1943 à 6H30 du matin, il est amené au peloton d'exécution à Bastia, où il refuse de se laisser bander les yeux et aura pour dernières paroles : « Je meurs en soldat français ! Vive la France ! Vive de Gaulle ! A bas Mussolini ! ».

Reconnu Mort pour la France, il est titulaire, à titre posthume, de la médaille militaire pour faits de guerre, de la croix de guerre avec Palme, et de la médaille du mérite décernée par le président des États-Unis Harry Truman. Un monument avec plaque et buste le représentant perpétue sa mémoire au Square Griffi, rond-point de la gare à Ajaccio. Son nom figure sur le Monument aux Morts de la ville de Bastia, sur celui de la commune de Poghju di Nazza, et sur la stèle commémorative de la ville de Corte.