Prosper de Barante

Prosper de Barante
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Prosper de Barante
Prosper de Barante
Prosper de Barante

Nom de naissance Amable-Guillaume-Prosper Brugière
Naissance 10 juin 1782
Riom (Puy-de-Dôme)
Décès 22 novembre 1866 (à 84 ans ans)
Dorat (Puy-de-Dôme)
Nationalité Drapeau de France France
Pays de résidence Drapeau de France France
Activité principale Préfet et homme politique
Autres activités Historien, écrivain
Distinctions Pair de France
Grand-croix de la Légion d'honneur

Amable-Guillaume-Prosper Brugière, baron de Barante est un historien, écrivain et homme politique français, né à Riom (Puy-de-Dôme) le 10 juin 1782 et mort au château de Barante à Dorat (Puy-de-Dôme) le 22 novembre 1866.

« Homme de beaucoup de tact, de sens et de finesse, homme de second plan mais qui a bien son originalité : c'est un janséniste aimable. » Anatole France[1].

Sommaire

Biographie

Issu d'une noble famille auvergnate, Prosper de Barante fut admis à l'École polytechnique en 1798 et débuta sa carrière dans l'administration à Carcassonne (1800), où son père, Claude-Ignace Brugière de Barante (1745-1814), était le premier préfet de l'Aude.

Surnuméraire au ministère de l'Intérieur en 1802, il collabora au Publiciste et à la Décade philosophique, avant d'être admis comme auditeur au Conseil d'État (12 mars 1806). Envoyé extraordinaire en Espagne (9 août 1806), intendant à Dantzig (8 novembre 1806), il fut chargé d'une mission à Varsovie le 9 décembre de la même année.

Nommé sous-préfet de Bressuire le 8 juillet 1807, il fut souvent reçu au château de Clisson, à quelques kilomètres de sa résidence, par la marquise de La Rochejaquelein, Comtesse de La Bouere et veuve du général de Lescure, dont il recueillit, retoucha ou rédigea (selon Anatole France) les souvenirs sur les Souvenirs de la guerre de vendee publiés en 1814 ou 1815 et réédités en 1889 sous le titre de Mémoires de la marquise de La Rochejaquelein[2].

Nommé préfet de la Vendée le 1er février 1809, il inaugura un des quatre hôtels préfectoraux édifiés sous le Premier Empire. Le 2 avril 1810 il assista en qualité de préfet au second mariage de Napoléon Ier au Palais du Louvre. La même année, Barante publia anonymement son Tableau de la littérature française au XVIIIe siècle qui eut de nombreuses éditions et lui valut notamment les plus grands éloges de Mme de Staël : il s'y efforce de relier l'évolution de la littérature à celle des mœurs. Préfet de la Loire-Inférieure le 12 mars 1813, il se maintint à ce poste jusqu'au 20 mars 1815, et donna alors sa démission par respect pour son serment. En 1810, Barante rencontra, par l'intermédiaire de Suard, dont son père fréquentait le salon, le jeune François Guizot, qui devait devenir l'un de ses meilleurs amis pour le restant de sa vie. Après la Seconde Restauration, il fut nommé par Louis XVIII conseiller d'État et secrétaire général du Ministère de l'Intérieur, et assura même l'intérim du Ministre de l'Intérieur jusqu’à l'arrivée du comte de Vaublanc (1815). Il fut alors nommé directeur général des Contributions Indirectes, fonctions qu'il occupa pendant quelques années.

Élu député le 22 août 1815 dans deux départements, la Loire-Inférieure (79 voix sur 156 votants et 215 inscrits) et le Puy-de-Dôme (145 voix sur 226 votants et 287 inscrits), il siégea avec la minorité libérale dont les chefs étaient Royer-Collard et de Serre. Lors de la séance du 28 novembre, il protesta contre la proposition de Jean-Guillaume Hyde de Neuville tendant à réduire le nombre des tribunaux et à supprimer l'institution royale des juges.

Devenu inéligible par suite de l'ordonnance royale du 5 septembre fixant à 40 ans l'âge d'éligibilité, Barante siégea à la Chambre des députés comme commissaire du gouvernement. Le 25 novembre, c'est en cette qualité qu'il soutint la discussion du budget et remit en vigueur la législation sur les contributions indirectes, abrogée sous les Cent-Jours. Il prit la parole dans la discussion de la loi Gouvion-Saint-Cyr sur le recrutement de l'armée, et fit voter le monopole des tabacs.

Élevé à la dignité de pair de France le 5 mars 1819, il continua de défendre ses idées libérales et prit place dans les rangs de l'opposition comme l'un des principaux orateurs des doctrinaires. Il monta à la tribune dans la discussion de la loi destinée à réprimer les crimes et délits commis par voie de presse, pour déclarer qu'à son sens, les articles 6 et 7 de la Charte ne devaient pas être entendus comme donnant à la religion catholique une situation privilégiée.

Le ministère de réaction qui succéda au ministère Decazes le 17 février 1820 élimina Barante du Conseil d'État et lui offrit en compensation l'ambassade du Danemark, qu'il refusa. Il se livra alors entièrement à ses travaux historiques, tout en s'associant, à la Chambre des pairs, à l'opposition de la minorité à tous les ministères de la Restauration à l'exception de celui de Martignac.

De 1824 à 1826, il publia son Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois en 13 volumes. Cet ouvrage, qui eut un grand succès et connut de nombreuses éditions, lui valut d'être élu, en 1828, membre de l'Académie française au fauteuil 33. Ouvrage remarquable par ses qualités narratives et de style, caractéristique de l'école historique romantique, il pêche par son manque de recul critique et de rigueur scientifique, qu'avoue d'ailleurs sans détours l'épigraphe : Scribitur ad narrandum non ad probandum (Ce livre est écrit pour raconter une histoire, pas pour la démontrer).

Avec l'avènement de la monarchie de Juillet, Barante vit s'accomplir son idéal politique. Il soutint constamment la majorité ministérielle et fut envoyé comme ambassadeur à Turin en octobre 1830 et à Saint-Pétersbourg en 1835. À la suite d'un incident diplomatique entre la France et la Russie en 1842, les ambassadeurs furent rappelés dans leurs pays respectifs. Barante, bien que titulaire du poste jusqu'en 1848, ne se rendit plus à Saint-Pétersbourg. Il fut fait grand-croix de la Légion d'honneur le 19 avril 1846[3]. La Révolution de 1848 l'éloigna définitivement de la vie publique.

Il s'installe à demeure dans sa propriété de Barante, sur la commune de Dorat, près de Thiers qu'il réaménage après l'incendie de 1842. Il y accueille un grand nombre d'invités illustres comme Chateaubriand, Lamartine, Cousin, Guizot, Thiers, le duc de Broglie[4]. Son château renferme alors de belles collections de meubles et d'œuvres d'art, des souvenirs de ses amies Germaine de Staël et Juliette Récamier, et surtout une bibliothèque de quelque 60 000 volumes qui fait l'admiration des beaux esprits de son temps[5]. Avec son épouse, Césarine d'Houdetot, il consacre désormais son temps à diverses œuvres de charité et à l'amélioration des conditions de vie à Thiers. En 1846, ils avaient obtenu du baron Jacques Mancel-Chabot, français établi en Russie, le lègue d'une fortune de 228 000 francs en vue de constituer une société de secours mutuel dans la cité coutelière. La mutualité thiernoise, une des premières en France, tient sa première réunion en 1853[5].


Anatole France, se rappelait de Barante octogénaire dans la librairie de son père :

« Je n'ai jamais rencontré plus aimable vieillard [...] M. de Barante a beaucoup écrit, et même fort bien, sans que ses oeuvres littéraires et historiques soient beaucoup autre chose que les distractions d'un homme d'Etat et les plaisirs d'un sage [...] Personne ne lit plus ses pages de ducs de Bourgogne (ni) ses histoires de la Convention et du Directoire. (Il) est plus intéressant que ses écrits et le meilleur de ses ouvrages pourrait être celui où il se peint lui-même [...]. » [6]

Famille et descendance

Prosper de Barante et son épouse Césarine d'Houdetot vers 1860
Blason de la famille Brugière de Barante

Le 26 novembre 1809, il épousa la très belle Césarine d'Houdetot (1794-1877), pour qui Charles de Rémusat avait brûlé naguère. Elle était la fille de César Louis Marie François Ange d'Houdetot et la petite-fille de Sophie Lalive de Bellegarde, comtesse d'Houdetot, et tante de l'épouse de Louis-Mathieu Molé. Ils eurent un fils, Prosper-Claude-Ignace-Constant Brugière de Barante (1816-1889), qui sera préfet de l'Ardèche en 1845, député sous le Second Empire et sénateur sous la Troisième République. La sœur de Césarine, Élisabeth, épousa Jean-Baptiste Lecat de Bazancourt.

Sa petite-fille, Jeanne de Barante, épousa en 1872 Alfred Sommier, richissime industriel du sucre qui restaura le domaine de Vaux-le-Vicomte de 1875 à 1908.




Œuvres

Publication Michel Lévy frères, 1875, 464 p., in-8

  • Mélanges historiques et littéraires
  • Plusieurs brochures politiques.

Notes et référence

  1. Anatole France, La jeunesse de M. de Barante in La Vie Littéraire, 4e série, Calmann-Lévy, Paris, 1892 p. 38.
  2. Mémoires de la marquise de La Rochejaquelein Lien Gallica
  3. Notice no LH/378/57, sur la base Léonore, ministère de la Culture
  4. Pierre-François Aleil, Histoire des communes du Puy-de-Dôme; Arrondissement d'Ambert Arrondissement de Thiers, p.254, éd. Horvath, 1988 ISBN 2-7171-0451-8
  5. a et b Thiers tome III de Georges Therre et Jacques Ytournel, coll. « Mémoire en Images »
  6. Anatole France, La jeunesse de M. de Barante in La Vie Littéraire, 4e série, (1892), Calmann-Lévy, Paris, 1933, pp. 24-33. Lien Gallica

Annexes

Bibliographie

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  • « Prosper de Barante », dans Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, 2 volumes [détail de l’édition](Wikisource)
  • Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, Dourloton, Paris, 1889
  • Anatole France, La jeunesse de M. de Barante in La Vie Littéraire, 4e série, Calmann-Lévy, Paris, 1892, pp. 24-38. Lien Gallica
  • Claude de Barante, Souvenirs, 6 volumes, Calmann Lévy, Paris, 1890-1897.
    Publiés par son petit-fils
  • Claude-Ferdinand-Prosper de Brugière de Barante, Notes généalogiques et biographiques sur la famille des Brugière, barons de Barante, 1534-1936, Imprimerie des frères Vaucher, Paris, 1936.
    Publiées par son arrière-petit-fils
  • Marcel Laurent, Prosper de Barante et Madame de Staël, Clermont reproduction, 1972.
  • Antoine Denis, Amable-Guillaume-Prosper Brugière de Barante (1782-1866) : homme politique, diplomate et historien, Honoré Champion, Paris, 2000 (ISBN 9782745302472)

Liens externes


Précédé par
Raymond de Sèze
Fauteuil 33 de l’Académie française
1828-1866
Suivi par
Joseph Gratry

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