Bethune (riviere)

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Béthune (rivière)

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Béthune
La Béthune et le massif de Pimont
La Béthune et le massif de Pimont en arrière-plan
Caractéristiques
Longueur 61 km
Bassin 307 km2
Bassin collecteur Arques
Débit moyen 2 9 m3⋅s-1 (Saint-Aubin-le-Cauf (exutoire))
Régime pluvial océanique
Cours
Se jette dans l'Arques
Géographie
Pays traversés France

La Béthune est une rivière française, longue de 61 kilomètres, située en Seine-Maritime et affluent de l'Arques. Pour le SANDRE, la Béthune n'existe pas, l'Arques et la Béthune ne forment qu'un seul et même fleuve (l'Arques), long de 67 km[1].

La Béthune forme l'ossature du réseau dendritique qui donne naissance à l'Arques. Plus que les deux autres cours d'eau constitutifs de cet ensemble hydrographique, l'Eaulne à l'est, la Varenne à l'ouest, cette rivière a attiré hommes et activités au cours de l'histoire ainsi que l'atteste la présence de voies de communication et de bourgs dont l'importance dépasse le simple cadre local.

Sommaire

Etymologie

Le nom de Béthune est une appellation qui ne date que du début du XVIIe siècle; employé pour la première fois dans un texte évoquant la bataille d'Arques, il est peut-être dérivé du terme bétoire qui évoque une perte de cours d'eau en terrain calcaire. Auparavant, le cours d'eau s'est appelé Tella dans les textes mérovingiens et carolingiens, pour ensuite prendre le qualificatif de Deppae (1015 - 1029) ou Dieppa (1030) « profond » en norrois ou en vieil anglais à l'époque de l'installation des colons anglo-scandinaves, en référence à sa vallée très encaissée (qui va laisser son nom à la ville de Dieppe), puis Rivière de Neufchastel ou de Neucastel en normand.[2].

Géographie

La Béthune à Saint-Aubin-le-Cauf

La Béthune prend sa source dans le pays de Bray à Gaillefontaine près de Forges-les-Eaux vers 160 mètres d'altitude. Après un cours presque rectiligne d'une soixantaine de kilomètres, orienté vers le nord-ouest, elle reçoit la Varenne, puis l'Eaulne, à quelques kilomètres de Dieppe, pour former l'Arques dont l'estuaire aménagé forme le port de Dieppe. Ces trois rivières constituent un bassin ovoïde régulier qui fournit un bel exemple de drainage dendritique : elles dessinent une sorte de trident dont l'Arques serait le manche, leurs tracés étant parallèles sur une longue distance[3].

La Béthune coule sur les terrains tendres de la dépression occidentale du pays de Bray, qu'elle a contribué à évider, en suivant l'axe du Bray. En aval, la rivière suit la faille de Dieppe et s'encaisse d'une centaine de mètres dans le plateau crayeux du pays de Caux. Sa vallée à fond plat, parsemée d'étangs, garnie de pâturages, offre un paysage verdoyant qui prolonge celui du Bray et tranche avec la nudité du plateau.

La Béthune draine dans la partie aval de son cours des terrains du mésozoïque ancien : marnes du Portlandien moyen, sables du Valanginien, de l'Hauterivien et du Barrémien jusqu'à Neufchâtel-en-Bray[4], argiles noires de l'Albien inférieur (période du Crétacé inférieur) au-delà de cette ville, puis craie du Cénomanien et du Turonien de Bures en Bray jusqu'à l'exutoire. Le substratum secondaire est localement recouvert par des formations superficielles importantes : colluvions et limon des plateaux près de Neufchâtel-en-Bray, limons des plateaux sur les pentes plus en aval[5].

La rivière arrose notamment Neufchâtel-en-Bray, Mesnières-en-Bray, Bures-en-Bray, Osmoy-Saint-Valery, Saint-Vaast-d'Équiqueville, Dampierre-Saint-Nicolas, Saint-Aubin-le-Cauf, Arques-la-Bataille.

Hydrologie

Débits mensuels de la Béthune sous la forme d'un histogramme

Même si la Béthune est la plus longue des rivières qui forment l'Arques, son bassin hydrographique est peu étendu, d’une superficie de 307 km²[6]. Ce dernier, composé de ruisseaux de faible longueur - le Sorson (11 km)[7], le Nesle, le Philbert -, se concentre dans la partie supérieure du cours (en amont de Mesnières-en-Bray), la topographie de la vallée laissant ensuite la Béthune sans tributaire pratiquement jusqu'à sa confluence.

A l’exutoire de la rivière, le débit, enregistré à la station hydrologique de Saint-Aubin-le-Cauf, atteint en moyenne 2,9 m³/s[6] dans le cadre d’un régime pluvial océanique. Observée depuis 42 ans (entre 1966 et 2007), la rivière présente de variations assez importantes de son module, la période des hautes eaux est enregistrée durant la période hivernale avec une moyenne mensuelle comprise entre 4,23 m³/s et 4,75 m³/s atteint en janvier, les basses eaux interviennent pendant l'été avec des débits compris entre 1,27 m³/s et 1,6 m³/s de juillet à septembre (le mois de septembre voyant le plus bas module de l'année)[6] Les périodes d'étiage, tout comme les crues, peuvent être assez prononcées.

En établissant une comparaison entre le débit et le bassin versant, la Béthune présente un module presque conforme à la moyenne des cours d’eau de l’hexagone ainsi que l'atteste une lame d'eau de 295 mm/an (la moyenne nationale est de 300 mm), mais supérieure à celle du bassin voisin de la Seine (de l'ordre de 225 mm) et un débit spécifique (ou Qsp) de 9,3 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin (9,5 l/s/km² pour l'ensemble des cours d'eau français, 7,1 l/s/km² dans le cas du bassin de la Seine)[8].

La vallée de la Béthune

La vallée de la Béthune près de Ricarville-du-Val

Comme les vallées voisines, celle de la Béthune a été fortement marquée par la présence des Mérovingiens qui ont fondé la ville de Neufchâtel-en-Bray et édifié de nombreuses nécropoles à Neuville-Ferrières, Bouelles, Nesle-Hodeng, Beaussault, Gaillefontaine[9]. Même si la vallée ne fut pas, avant le XIXe siècle, un lieu de circulation important (déjà, la voie romaine reliant Beauvais à la Manche aux environs de Dieppe l'évitait, lui préférant l'Eaulne[10]), de nombreux vestiges du Moyen Âge et de l'époque moderne s'égrènent le long de la rivière. À Gaillefontaine, il subsiste peu de témoignages du château fort édifié par Hughes Ier, seigneur des lieux, en 1050, et rasé par Charles le Téméraire après le sac de la ville par son armée en 1472[11]. La chapelle Sainte-Ursule est le seul vestige de l'abbaye cistercienne de Beaubec à Beaubec-la-Rosière fondée, en 1127, par Hughes de Gournay et démantelée à la Révolution[11]. À Neufchâtel-en-Bray, l'emplacement du château construit par Henri Ier Beauclerc à partir de 1106, se retrouve à "la motte du donjon" (le château fut en effet saccagé par les troupes bourguignonnes en 1472, avant d'être rasé par Henri IV en 1598[12]). Le style Renaissance, du château de Mesnières-en-Bray, élevé dans la première moitié du XVIe siècle, vers 1540, sur les ruines d'une ancienne fortification normande, évoque irrésistiblement le Val de Loire[13]. Les manoirs de Tourpe près de Bures-en-Bray et de la Châtellenie à Saint-Aubin-le-Cauf illustrent l'aisance de la noblesse provinciale du XVIIIe siècle.

La présence d'une rivière aux eaux vives et de forêts (forêt du Hellet, forêt d'Eawy, forêt des Nappes, forêt d'Arques) a engendré la présence de nombreux moulins et d'activités liées au travail du bois, mais c'est la mise en service de la voie ferrée Paris - Dieppe le 22 décembre 1873[14] qui va sortir la vallée de la Béthune de sa torpeur. Plus court itinéraire ferroviaire de Paris à la mer, la ligne vit passer trains de marée amenant le poisson frais dans la capitale et trains de plaisir bondés de voyageurs désireux de découvrir la mer et les bienfaits des bains. Aujourd'hui fermée et déferrée entre Saint-Aubin-le-Cauf et Serqueux, la voie a vu sa plate-forme transformée en Avenue verte[15] destinée aux randonneurs[16] et aux cyclotouristes.

Bibliographie

  • Albert Hennetier, Aux sources normandes : Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, Ed. Bertout, Luneray, 2006, pp. 62-67 (ISBN 2867436230).

Notes et références

  1. Voir la fiche de l'Arques sur le site du SANDRE. Consulté le 11 juin 2008.
  2. Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 62.
  3. Article de Pierre-Jean Thumerelle in Guide des merveilles naturelles de la France, Sélection du Reader's Digest, 1973, p. 108.
  4. Hasard de la géologie, ces trois âges géologiques forment le néocomien qui fait référence à Neocomium, nom latin de Neufchâtel en Suisse !
  5. Frédéric Pitois et Alain Jigorel, Mesure du concrétionnement calcaire dans les rivières de Haute-Normandie, INSA de Rennes, 2004, pp. 22-23.
  6. a , b  et c Station hydrologique de Saint-Aubin-le-Cauf Naviguer sur la page pour obtenir les différentes données hydrologiques, code de la station : G2011010. Consulté le 11 juin 2008.
  7. Voir la fiche du Sorson sur le site du SANDRE. Consulté le 11 juin 2008.
  8. Les chiffres délivrés pour le bassin versant de la Seine correspondent aux données enregistrées à la station hydrologique du Havre, code : H9950010. Consulté le 11 juin 2008.
  9. Guide Bleu Normandie, éd. 1988, p. 471.
  10. Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 71.
  11. a  et b Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 63.
  12. Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 64.
  13. Guide Bleu Normandie, éd. 1988, p. 294.
  14. Hervé Bertin, Petits Trains et Tramways haut-normands, Cénomane/La Vie du Rail, Le Mans, 1994 (ISBN 2-905596-48-1 et ISBN 2-902808-52-6), pp.17 et 220.
  15. Cette Avenue verte est une section de la voie verte devant relier Londres à Paris puis se poursuivre vers l'Allemagne. Voir site
  16. Idées de randonnées dans la vallée de la Béthune sur le site Autour de Dieppe. Consulté le 11 juin 2008.
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