Betje Wolff

Betje Wolff
Elizabeth Wolff-Bekker
Portrait de Betje Wolff, vers 1754
Portrait de Betje Wolff, vers 1754

Nom de naissance Elizabeth Bekker
Autres noms Betje Wolff
Naissance 24 juillet 1738
Flessingue
Provinces-Unies Provinces-Unies
Décès 5 novembre 1804 (à 66 ans)
La Haye
Nl-batr.gif République batave
Langue d'écriture Néerlandais
Mouvement Les Lumières
Genres Prose
Roman épistolaire
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Betje Wolff, ou encore Elizabeth Bekker de son nom de jeune fille, autrice néerlandaise, née à Flessingue, le 24 juillet 1738, morte à La Haye, le 5 novembre 1804 a donné en néerlandais plusieurs romans qui se distinguent par l'intérêt et par la vérité des mœurs et des caractères : Cornélie Wildschut et Abraham Blankaart sont devenus populaires.

Sommaire

Biographie

1738 - 1758 : Enfance, éducation

Ses parents, Jan Bekker en Johanna Boudrie, des bourgeois aisés de Flessingue, passaient les étés dans leur maison de campagne Altijt wel, près de West-Souburg[1].

Des enfants de cette famille réformée orthodoxe de marchands, qui poursuivit la vieille tradition patriotique, elle était le petit retardataire. Elizabeth (« Betty ») reçut néanmoins une éducation moderne. Elle aurait eu un caractère vif et sérieux, choisissant parfois de briller en société, tandis que, à d’autres moments, elle préférera la solitude et les réflexions religieuses[2].

Sa mère mourut lorsqu'elle eut treize ans. Puis, son père, bienveillant, la négligeant et la gâtant à la fois, la donna libre cours de sorte qu'elle pût s'adonner, sans retenue, à sa passion pour la lecture et la poésie, ainsi qu'à son avidité d'apprendre[3].

Le 25 juillet 1755, elle s'est fait enlever, à l'âge d'à peine 17 ans, par un porte-étendard réformé de 24 ans, Matthijs Gargon. La fuite aventureuse, qui durera une nuit, eut un effet contraire : la possibilité d'un engagement ou d'un mariage avec Gargon, qui était démuni, devint exclue. En outre, les deux furent placés sous la censure du consistoire[2].

1758 - 1777 : L’Épouse d’un prédicateur

Lorsqu'elle n'avait que 21 ans, elle épousa Adriaan Wolff, un prédicateur du Beemster et veuf âgé de 52 ans ; par son mariage, conclu le 18 novembre 1759 et précédé par une correspondance intensive de quelques mois, elle put échapper au milieu hypocrite et médisant de Flessingue. Décisif pour le choix du partenaire furent sans doute des considérations pratiques. Elle-même qualifia cette union de « mariage philosophique ». En présence de tiers, elle prit ses distances par rapport à son mari. Lorsque Wolff, en 1772, défendit par écrits sa femme déconsidérée, elle accepta ce soutien avec gratitude. Son respect pour son mari allant croissant, elle honorera en lui le bon prédicant, orthodoxe dans la doctrine et tolérant dans la pratique[2]. Les portraits qu’elle fit dans ses romans tardifs de dignes ministres, semblent être un hommage rendu à sa mémoire[1]. Cependant, ce mariage ne lui satisfaisant pas en ce qui concerne le côté affectif, elle compensa par l'amitié et la littérature[2].

Dans l'enfance, elle avait lu beaucoup de littérature contemporaine. À l'âge de 16 ans, elle se fit représenter de façon voyante avec l’Essay on Man (Essai sur l'homme) de Pope dans la main[1]. Dans le Beemster, Betje trouvait à peine l'occasion de suivre la littérature de son temps : les compagnies de lectures et les bibliothèques manquaient et elle ne disposait pas d'assez de ressources propres. Elle essaya de briser l'isolement au Beemster par la publication de ses premiers essais en poésie : en 1763 elle entame le recueil Bespiegelingen over het genoegen (en français : Réflexions sur le plaisir), par lequel, dans un style poétique élevé, de façon ambitieuse, elle suivit les traces de son idole Lucretia van Merken. Bespiegelingen comprend de la poésie réflexive, philosophique et morale, où la question de la poursuite du bonheur et de la sagesse est traitée de façon conventionnelle[2].

Ses Bespiegelingen over den staat der rechtheid (Réflexions sur l'état de la rectitude, 1765), qui contiennent une fois de plus de la poésie élevée et philosophique, prouvent que sa force ne résidait pas dans la contemplation. Mieux réussies furent ses descriptions directes et satiriques. Dans la préface de ce livre, sûre de soi et en même temps plein de dérision, elle défendit la cause des femmes. Dans ce recueil, elle s’appuya fortement sur la profession de foi chrétienne dans la révélation[2].

À ce recueil, elle ajouta un poème en louange à son beau-frère E. Hollebeek, à l'occasion de sa nomination comme professeur à Leyde, le 26 novembre 1762. Nieuw Scheepslied ter eere van Willem V (La nouvelle chanson marinière de 1766 en l'honneur du stathouder, Guillaume V). Dans De grijsaard (Le vieillard, 1767-1769), elle émit des discours qu'elle signe du nom de Silviana ; en 1770 elle traduisit en néerlandais An Essay on the life of Jesus Christ de Craig comme Het leven van Jezus Christus (La vie de Jésus Christ), travail qui ne laissait plus aucun doute sur la nature libérale de ses idées sur la religion[1].

Avec la critique littéraire elle sera en indélicatesse toute sa vie. Elle était allergique aux commentaires critiques et ne se laissait pas commander : vulnérable, elle provoqua une critique qui la traitait de mal en pis. Elle trouvait une compensation dans des amitiés personnelles avec, parmi d'autres, l'avocat amstellodamois Herman Noordkerk et son mentor littéraire et ami de cœur Cornelis Loosjes, pasteur mennonite et fondateur des Vaderlandsche Letter-Oefeningen (Exercices littéraires patriotiques, 1761-1876), ainsi qu'avec de nombreuses jeunes filles sensibles à la littérature. Ces amitiés violentes et émotionnelles, mais certes jamais de nature érotique, furent rarement de longue durée[2].

Pour la percée poétique, il fallait attendre la publication de la grande épopée Walcheren (1769), dans laquelle des scènes de genre, des histoires locales et des idées politiques et éclairées se réunissent et où la réflexion fait place pour la description. À part le respect général, Walcheren lui procura des admirateurs hauts placés en Zélande, ce que Betje, tellement diffamée dans ces régions, perçut comme une réhabilitation. Elle s'attaqua à la profession de foi religieuse inaltérable de Santhorst[4] - lieu où se trouvait la maison de campagne de son ami le professeur Burman[5] - dans De onveranderlyke Santhorstsche geloofsbelydenis (1772), ce qui ne fut point apprécié par la faction orthodoxe. Entre 1772 et 1777, elle acquit une grande renommée, mais se fait aussi des ennemis, lorsqu'elle critique l'intolérance des « fins » orthodoxes dans des vers satiriques. Toutefois, la dure attaque compromit le parti de la liberté et de tolérance de Santhorst, de laquelle Betje prit la défense. Petrus Burmannus Secundus, le chef de file du groupe de Santhorst, prit alors ses distances avec cet avocat trop zélé. Toutefois, dans ces circonstances difficiles, se retrouvant abandonnée par des âmes sœurs, elle obtint le soutien de son mari. Son De menuet en de dominees pruik (Le menuet et la perruque du ministre, 1772) fait accroître sa renommée ; dans ce récit satirique en vers, l'orthodoxie étroite devint pour la énième fois l'objet de risée. Sa défense fanatique de la tolérance, fit de Betje une célébrité nationale à l'honneur de laquelle même le stathouder Guillaume d'Orange-Nassau, lors de sa visite à Beemster en 1773, émit des mots en louange[4].

Devenue une célébrité nationale, la poétesse ne put que devenir le sujet de toutes sortes de rumeurs qui vinrent à l'oreille d’Aagje Deken à Amsterdam. En 1776, Aagje écrivit à ce sujet une lettre sévère à Betje Wolff, âgée de trois ans de plus qu’elle, dans laquelle, cependant, retentît tant de sympathie que Betje put surmonter son indignation initiale pour répondre par une lettre franche et amicale. L'amitié qui en résultait s'avérera d’une signification décisive pour la carrière littéraire et la vie de Betje[6].

1777 - 1804 : Un partenariat littéraire

Double portrait des écrivaines Elizabeth Wolff et Agatha Deken par A. Cardon d'après W. Neering, paru comme frontispice des Fabelen (fables), publiées en 1784

De Rijp - Beverwijk

Les amies vont habiter ensemble après le décès du mari de Betje, survenu le 29 avril 1777, et toutes deux se mettent à écrire, en créant de multiples œuvres collectives auxquelles elles devront par la suite leur popularité[6]. En mai 1778 Wolff et Deken déménagent pour s'installer à De Rijp[5] (Graft-De Rijp, un village de l'actuelle province de Hollande-Septentrionale)[6].

Bien qu’ayant des caractères opposés, Betje Wolff et Aagje Deken, partageant plus ou moins la même vision critique et sarcastique du monde, ont pu devenir les co-autrices de plusieurs ouvrages. Et plus important encore, elles avaient un grand talent littéraire. Les deux étaient des observatrices implacables et possédaient un style d'écriture aussi fort que précis. Dans un nombre de romans sous forme de correspondance et conçus en plusieurs volumes, qui connurent un succès retentissant, elles décrivirent les Pays-Bas à la fin du XVIIIe siècle et dépeignirent la bourgeoisie néerlandaise. Il est difficile d'établir l'apport de chacun des deux autrices dans leurs ouvrages, mais elles ne purent vraisemblablement pas se passer l'un de l'autre[7].

Leurs plus grands succès furent les romans épistolaires Historie van mejuffrouw Sara Burgerhart (Histoire de mademoiselle Sara Burgerhart, 1782) et Historie van den heer Willem Leevend (Histoire du sieur Willem Leevend, 1784-1785). En 1782, elles s'établirent à Beverwijk, une ville de l'actuelle province de Hollande septentrionale.

Wolff et Deken écrivirent sur l'éducation qui ne devait non seulement éclairer son semblable, mais aussi promouvoir le sentiment patriotique pour donner naissance à la solidarité nationale, qui, à son tour, se devait de causer la restauration nécessaire à l'économie nationale et à la culture[6].

Un héritage rendit possible à Aagje Deken d'acquérir un domaine modeste, Lommerlust, à Beverwijk, où les amies atteignirent le sommet de leur carrière littéraire[6]. Dans le jardin se trouvait un petit ermitage en roseau, une cabane de jardin dans laquelle les dames purent se retirer pour écrire leurs ouvrages. Le premier fruit de leur collaboration a été Economische liedjes (Chansons économiques, 1781), de simples chansons visant à stimuler la classe laborieuse qui put lire que le travail acharné est en fait une sorte de patriotisme[7]. L'intention qu'elles avaient avec ces chansons économiques, parues en 3 volumes, a donc été à la fois éducative, économique et patriotique[6]. Ce type de message est émis dans toutes leurs autres œuvres : à travers leurs romans, les écrivaines offraient à leurs lecteurs un moyen pour réfléchir sur des questions telles que l'éducation, le patriotisme et l'utilité ou l'inutilité de la religion[7].

À partir de là, elles font tout ensemble. « Hoor baasje! Regarde maman! Wij doen alles in compagnie, tot verzen maken in t kluis » (Écoutez, bonhomme ! Regarde maman ! Nous faisons tout ensemble ; même écrire des vers dans la cabane), écrit Deken à un bon ami. Jusqu'à ce jour, la façon dont elles ont écrit leurs travaux demeure un mystère. Ainsi, on ne sait pas comment elles ont collaboré à leur roman le plus connu, Sara Burgerhart, ni comment les tâches se partageaient mais, indubitablement, Aagje Deken ne fit pas moins d'efforts que Betje Wolff. Selon le jeune poète Jacobus Bellamy, elles se seraient parfaitement complémentées : « Bekker is de azijn. --- Deken de olie --- dat maakt samen een goede saus. » (Bekker est le vinaigre. --- Deken l'huile --- ça fait une bonne sauce)[7].

En 1782 elles surprennent leurs lecteurs avec Historie van mejuffrouw Sara Burgerhart (L'histoire de mademoiselle Sara Burgerhart), un roman en deux parties sous forme de correspondance[6]. Dans ce premier roman épistolaire original en néerlandais, la jeune Sara explore les limites de sa liberté[7]. Il demeure difficile de savoir si cet ouvrage, qui ne s'inscrit apparemment pas dans la tradition néerlandaise de romans, a été inspiré par des exemples, en langues étrangères, tels que ceux de Richardson et Gellert. Le travail, qui obtint de toute façon un grand succès, donna, en premier lieu, une leçon d'éducation aux jeunes filles. Sauf des fins éducatives, le roman eut des objectifs économiques et patriotiques, ainsi que religieux : les échanges commerciaux nationaux et un christianisme pratique et tolérante y sont glorifiés[6]. Après ce grand succès, le couple littéraire perdit leur quiétude : Wolff se plaignit incessamment du fait que son travail littéraire fut constamment perturbé par des admirateurs indiscrets voulant voir travailler les deux amies dans leur cabane[7].

Encouragées par leur succès, les autrices s'attelèrent à la rédaction d'un ouvrage plus ambitieux dans le même genre, Historie van den heer Willem Leevend (Histoire de Monsieur Guillaume Vivant, 1784-1785). Par ce roman en huit parties, les autrices ont voulu démontrer le triomphe du christianisme biblique sur l'incrédulité. Les autrices exposent l’horreur qu’elles éprouvent face à l'intolérance et l'incrédulité. L'étudiant en théologie William Leevend, qui se dirigeait dangereusement dans le sens de l'incrédulité, se convertit, trouvant le bonheur dans le mariage. En outre, dans leur roman les écrivaines répondirent au sentimentalisme dégénéré[6]. Elles mettent en garde leurs lecteurs et lectrices pour la naïveté avec laquelle les jeunes confondent amour et amitié[8]. Précédemment, Betty Wolff avait déjà participé à la création de la théorie du sentimentalisme, ou Empfindsamkeit, mais après Julia (1783) de Rhijnvis Feith, le sentimental prit le dessus. Dans Willem Leevend, la sentimentale Lotje Roulin trouva donc une mort précoce ; les lecteurs ont été avertis. Par contre, une sensibilité saine conduirait à des contrats de succès et mérite d'être imitée. Pour Willem Leevend, les auteurs reçurent une rémunération considérable de leurs éditeurs, alors que le succès se fit attendre. Entre-temps, elles avaient confiées la gestion de ce qui était devenu un capital important au marchand d'Amsterdam, Christiaan Nissen[6].

Lorsque l'hostilité entre les orangistes et patriotes prit des proportions inquiétantes et l'arrestation, provoquée par la princesse Wilhelmine, près de Goejanverwellesluis a été suivie par l'intervention prussienne en septembre 1787, de nombreux patriotes cherchaient refuge dans les pays étrangers. Si Wolff et Deken eurent d'abord des sympathies pour Guillaume V, ses actes considérés comme tyranniques lui firent perdre celles-ci[6].

Trévoux

Page de titre du tome premier de la traduction française d’après la seconde édition du fameux roman de Betje Wolff et Aagje Deken, sous le titre Histoire de Mademoiselle Sara Burgerhart, Publiée « en forme de lettres », traduction jadis attribuée à Isabelle de Charrière et actuellement à H. Rieu, publiée à Lausanne en 1787, chez François Grasset & Comp[9].

Après la victoire du stathouder sur le mouvement des patriotes en 1787, les dames patriotiques décidèrent de quitter la République des Sept Pays-Bas Unis. Les autrices, qui propageaient le mouvement de relance économique et patriotique, se développèrent dans les années quatre-vingt politiquement dans une voie modérément patriotique et estimèrent en 1788 qu'il était préférable de partir pour le Trévoux bourguignon. Leur colocataire à Lommerlust, Caroline Victoire Ravanel, avait de la famille à Trévoux et Wolff et Deken s'établirent avec leur amie Ravanel dans la maison de campagne Les Corcelles[6], après la vente de leur maison de campagne Lommerlust à Beverwijk et la mise aux enchères de leurs livres et gravures[7]. Outre les considérations d'instabilité politique, la santé fragile de Betje a probablement joué un rôle dans leur décision[6], voulant bénéficier de la nature au centre de la France. Pendant des années, Wolff et Deken menèrent une vie tranquille : « Wij leven allen gezond, geacht, bemind en vrolijk, gaan 's morgens ontbijten bij onze vrienden, dan de heerlijkste wandelingen doen, dan schrijven, dan eten, dan wat rusten, dan weer goûteren, dan op het een of andere buitengoed dansen, of naar de comedie. » (« Nous vivons tous en bonne santé, nous sommes estimées, aimées et heureuses, et prenons notre petit déjeuner le matin avec nos amis, par la suite nous faisons les plus belles promenades, puis on se met à écrire, puis manger, puis un peu de repos, puis le goûter, ensuite on va danser sur l'un ou l'autre domaine, ou à la comédie »)[7].

En 1789 parut Wandelingen door Bourgogne (Promenades en Bourgogne), sur leurs promenades à travers la Bourgogne, un ouvrage dans lequel elles fournissent un témoignage de leur confrontation avec le nouvel environnement de Bourgogne et le catholicisme. Elles continuèrent à écrire pour un public duquel elles se trouvaient très éloignées. Lorsque, en 1791, elles apprirent que leur agent Nissen avait perdu leur capital, la plume ne fut plus une occupation non contraignante¸ mais devint leur gagne-pain quotidien[6]. Ce ne fut par leur vœu de retourner en République des Sept Pays-Bas Unis, mais puisque leur capital, par une mauvaise gestion, était parti en fumée, elles finirent par ne voir aucune autre résolution que d'aller requérir une pension de veuve, action impliquant le rapatriement[7].

Entre 1793 et 1796 elles écrivirent encore une Historie van Mejuffrouw Cornelia Wildschut, of De gevolgen van de opvoeding (Histoire de Mademoiselle Cornelia Wildschut, ou Les conséquences de l'éducation), un roman en 6 tomes.

La Révolution française ne les a pas laissées insensibles. Elles durent paraître devant le comité révolutionnaire de Trévoux et leur maison fut assiégée par une foule en colère. Toutefois, elles trouvèrent un protecteur dans la personne du jacobin Merlino, qui réussira même à obtenir une allocation pour l'héroïne populaire Betje à la Convention nationale[10]. En outre, Wolff, échappée à la guillotine grâce à sa présence d'esprit, son éloquence et ses répliques intelligentes, aida à sortir de la prison de la Terreur le mari de son amie Renauld[11].

La Haye

Le manque d'argent ne leur permit pas de rapatrier avant 1797. Après s'être installées à La Haye, elles essayèrent de vivre par la plume, mais avec peu de succès. Les éditeurs payaient mal ou pas, et les écrivaines avaient perdu leur public entre-temps. L’Historie van mejuffrouw Cornelia Wildschut (Histoire de mademoiselle Cornelia Wildschut, 1793-1796), en six volumes, fut un échec. Les critiques et d'autres anciens ennemis étaient prêts à remuer le couteau dans la plaie[6]. Les malheurs vécus, leur âge avancé et la toute nouvelle génération à laquelle elles se voyaient confrontées et des sentiments auxquels elles se sentaient étrangères : tout cela a, évidemment, affecté l'esprit de Wolff et de Deken. Demeurant en France, les deux amies se trouvèrent dans l'incapacité de suivre l'évolution des esprits dans leur pays natal. Elles n'éprouvèrent point de contentement lorsqu'elles s'aperçurent de l'aveuglement provoqué par la piège à libertés dans laquelle étaient tombés les Néerlandais, car, en aucune façon, ceux-ci allaient à la rencontre de l'âge d'or auquel beaucoup aspiraient de bonne foi et que les Français allèrent soi-disant apporter à la République batave[12].

En 1798 les écrivaines revinrent sur scène, plus engagées et idéalistes que jamais. Elles écrivirent un magazine politique radical, le Politique Afleider (1798), qui n'a jamais été publié puisque, depuis la mi 1798, par un coup d'Etat un gouvernement modéré vint au pouvoir. Déçues mais non abattues, Wolff et Deken, continuèrent à écrire et à traduire, leur humeur n'en souffrant guère. Un proche parent, qui eut Wollf et Deken comme hôtes pendant un mois à la fin de 1799, put écrire : « Pendant le mois qu’elles ont passé ici, on a rit plus que d'habitude »[7].

L'ouvrage le plus important écrit durant leurs années à La Haye, fut Geschrift eener bejaarde vrouw (L’écrit d’une femme âgée, 2 vol., 1802), conçu comme une autobiographie fictive[6].

Après avoir souffert de maladies et maux trois ans durant[12], Wolff mourut à La Haye[13], suivie neuf jours plus tard[7] par Deken, qui trouvait encore le temps d'écrire que sa « chère amie » était allée « éprouver le pourquoi »[5]. Wolff fut enterrée, d’après sa volonté, au cimetière Ter Navolging à Scheveningen[13].

Évaluation de l’importance de l’œuvre

En guise de conclusion, on cite Romein et Romein-Verschoot qui estiment que Wolff et Deken ont accepté avec enthousiasme, puis diffusé, les grandes pensées du XVIIIe siècle : le rejet de la croyance dogmatique et de celle en l'autorité, l'idée de tolérance et de valeurs humaines et le principe de l'éducabilité de l'homme ; des pensées qu'il ne faut pas designer innocemment comme « le » progrès afin de se réaliser quels champs infinis du développement humain ils ont ouverts. Représentants typiques de la bourgeoisie du XVIIIe siècle, elles ont été, dans la mesure où elles se sont distanciées du stathouder, enseignées graduellement et par les faits. Elles n’ont jamais accepté sans réserve les pensées de leurs grands contemporains, Rousseau, Voltaire ou Lessing qui posèrent leur regard au-delà de leur propre siècle, parce que, par leur sobriété ménagère limitée et limitante, elles pressentirent les conséquences pernicieuses pour la classe bourgeoise bien avant les chanteurs emportés de « Ça ira »[14].

Bibliographie & Biographies

Une riche source de données en ligne, comprenant une bibliographie, plusieurs biographies et quelques ouvrages de l’autrice, est :

Plusieurs ouvrages de Betje Wolff sont disponibles en ligne sur google :

Sources

Références


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