Rava

Rava
Rava
Rava02 SDA2011.JPG
Brebis rava

Espèce Mouton (Ovis aries)
Région d’origine
Région Massif central, Drapeau de France France
Caractéristiques
Taille Moyenne
Toison Blanche
Peau Blanche et noire
Prolificité 145 %
Autre
Diffusion Locale
Utilisation viande

La rava est une race ovine française originaire du Massif Central, et plus précisément de la chaîne des puys dans le Puy-de-Dôme. Elle se caractérise par sa toison blanche aux mèches longues et à la laine jarreuse et grossière, et à sa tête nue marquée de taches noires. Cette race est particulièrement rustique et bien adaptée à l'élevage dans les conditions parfois difficiles de son berceau d'origine. Elle permet d'ailleurs d'entretenir à moindre frais les paysages du parc naturel régional des volcans d'Auvergne, lorsqu'elle est envoyée en estive l'été. Elle est élevée en race pure ou en croisement, afin d'améliorer la conformation de ses agneaux destinés au marché du sud-est de la France. Elle a failli disparaître, absorbée par les croisements avec des races bouchères qui visaient à améliorer sa conformité, mais semble aujourd'hui en mesure d'être préservée, avec environ 33 000 brebis aujourd'hui.

Sommaire

Origine

La rava est originaire de la chaîne des puys dans le Puy-de-Dôme. C'est donc une race de montagne, qui passe l'été en estive dans des pâturages situés entre 1 000 et 1 500 m d'altitude, et redescendant vers la plaine de la Limagne l'hiver. Cette race a toujours été appelée « rava » dans son berceau, mais on connaît mal l'origine de ce nom. Certains disent que ce sont les celtes qui l'auraient dénommée ainsi, mais cette thèse est loin de faire l'unanimité[1]. L'origine celte de ce mouton est notamment soutenue par André Sanson, zootechnicien de renom du XIXe siècle, qui observe que des moutons similaires sont visibles dans l'ensemble des pays traversés par les Celtes, de la Russie à la Grande-Bretagne en passant par l'Espagne et la Bohème. La rava semble par ailleurs apparentée à la bizet et la noire du Velay, d'autres races du Massif Central[2].

La rava a fait l'objet de divers métissages. Ainsi, au début du XIXe siècle, on introduit du sang mérinos et gasconnais dans la race. À la sortie de la seconde guerre mondiale, les brebis rava sont ensuite croisées avec des béliers d'autres races rustiques comme la limousine ou la caussenarde des garrigues, sans que la race ne soit mise en danger. La situation est différente à partir des années 1950 quand on décide de croiser les brebis avec des béliers de races bouchères pour améliorer la conformation des agneaux. Les animaux issus de croisements avec notamment la charmoise et la southdown n'étaient pas adaptés au milieu difficile dans lequel vit la race et celle-ci manque alors disparaître. Heureusement, il arrivait que les agneaux de cette race très précoce saillissent les brebis avant d'être abattus, ce qui a permis de conserver un noyau d'animaux de race pure[2]. Ces croisements se sont arrêtés dans les années 1970, et la race qui est alors menacée de disparaître se redéveloppe lentement depuis dans ses montagnes d'origine.

L'association des éleveurs de rava, créée en 1971, a joué un rôle important de ce renouveau et dans la sélection de la race qui a alors commencé à s'organiser. Ainsi, la section rava de l'UPRA Races ovines des massifs est créé en 1973, et le standard de la race est définit en 1975. Un centre d'élevage pour les béliers destinés à la reproduction est mis en place l'année suivante, et les prémices d'une base de sélection sont posées en 1986. Depuis, la race bénéficie d'un schéma de sélection fonctionnel, et les effectifs sont repartis à la hausse pour atteindre 33 000 brebis en 2000[2].

Description

Brebis rava au salon de l'agriculture.

La rava a une tête fine, dépourvue de laine, caractérisée par ses taches noires sur fond blanc, avec parfois des nuances roussâtres. Son cou est long et mince, et son dos et droit avec des lombaires larges et une queue peu visible. Son ossature est assez fine. Elle porte une toison blanche, avec parfois des touffes de laine grise ou brune. Sa laine est jarreuse et grossière, avec de longues mèches de 8 à 10 cm. Elle permet à la brebis de bien résister aux intempéries[3]. La composition et la disposition de sa toison la rendent résistante aux intempéries. Une brebis rava produit 1,8 kg de laine par an, quand un mâle en produit 2,5 kg. Les membres, qui sont également dépourvus de laine, portent des taches similaires à celles qui marquent la tête. C’est une race de taille moyenne, les brebis faisant entre 60 et 75 kg quand les mâles pèsent entre 80 et 100 kg[4].

Aptitudes

La rava se caractérise principalement par sa rusticité, acquise dans son berceau d'origine où elle est depuis très longtemps confrontée aux intempéries, aux pentes et au climat difficile. Elle valorise très bien le peu de nourriture (bruyères et végétaux lignifiés) qui pousse sur les sols acides où elle est élevée. C'est une très bonne marcheuse habituée aux parcours volcaniques des volcans d'Auvergne. Sa toison lui offre une bonne protection face aux intempéries. La rava a une très bonne aptitude au désaisonnement, comme en témoigne le tableau qui suit, ce qui facilite la mise en place de rythmes de reproduction accélérés et augmente donc la productivité annuelle de ces brebis, qui peut facilement atteindre 1,6 à 2 agneaux par an[2] alors que la prolificité n'est que de 145 %.

(Répartition mensuelle des agnelages 2009, élaboration graphique par Wikipédia)[5]

La rava a également de très bonnes qualités maternelles. Elle agnèle sans difficultés et s'occupe bien de ses agneaux, ne rebutant pas à adopter ceux d'autres brebis si besoin. Elle a de bonnes aptitudes laitières, surtout par rapport à son alimentation qui n'est pas toujours pléthorique, et parvient facilement à élever ses agneaux. C'est une race très précoce, et les femelles ont leur premier œstrus vers 4 mois[6] et peuvent mettre bas dès l'âge de 12 mois. La croissance des agneaux est modeste et varie entre 200 et 265 g/j entre 10 et 30 jours.

Élevage

Le système d'élevage classique d'un troupeau de rava s'appuie sur une mise à la reproduction au printemps, voire deux période de lutte (automne et printemps) avec un rythme de reproduction accéléré (trois agnelages en deux ans). En effet, un tiers des brebis inscrites à l'UPRA agnellent deux fois dans l'année. Du fait de sa facilité de désaisonnement, la reproduction se fait sans utilisation de traitements hormonaux quelle que soit la saison. De mai à octobre, les brebis sont envoyées en estive à des altitudes allant de 1 200 à 1 500 m. Les agneaux Rava alimentent les filières du sud-est et sont très majoritairement abattus à Lyon ou dans le Vaucluse. Ce sont des agneaux légers, de conformation moyenne, qui sont abattus entre 30 et 38 kg à un âge variant entre 110 et 120 jours. Ils sont assez bien valorisés du fait de leur ossature fine et donc du bon rendement en viande des carcasses, et de la présence modérée de gras. Ils peuvent être commercialisés sous les labels Agneau de l’Adret ou Terre d’Agneaux[2].

Pour améliorer la conformation de ces agneaux, les brebis peuvent être croisées avec des béliers de race bouchère. Ainsi, on observe trois types d'élevages sur le terrain : les sélectionneurs conduisant leur troupeau en race pure, les multiplicateurs, qui produisent des brebis F1 à partir de brebis ravas croisées avec des béliers île-de-France et des producteurs d'agneaux qui croisent les brebis F1 ainsi obtenus avec d'autres béliers à fortes aptitudes bouchères pour obtenir des agneaux de boucherie[2].

Dans son berceau, la rava est liée au parc naturel régional des volcans d'Auvergne. Elle permet d'entretenir les estives, qui sont trop souvent à l'abandon et ont tendance à s'enfricher. Sa rusticité en fait une race parfaite pour maintenir le paysage ouvert dans cette région au climat rude[2].

Sélection

Logo de l'UPRA Races Ovines des Massifs.

Le schéma de sélection de la race est géré par l’UPRA Races Ovines des Massifs, une structure qui s’occupe conjointement de 6 races ovines rustiques du Massif central : la blanche du Massif Central, la limousine, la grivette, la rava, la noire du Velay et la bizet. La section rava de cette UPRA gère le livre généalogique de la race et fixe les objectifs de sélection. Ceux-ci visent notamment à améliorer la production laitière des brebis, leur format, leur prolificité et leur résistance à la tremblante du mouton.

Répartition des brebis Rava en contrôle des performances en 2009[5].

L'UPRA s'appuie sur 28 éleveurs adhérents qui possèdent 9 500 brebis. Il peut également compter sur le centre d'élevage de jeunes béliers de Riom, qui regroupent chaque année 40 à 50 béliers choisis selon leur ascendance et enregistre leurs performances, afin de sélectionner les meilleurs pour approvisionner la coopérative d'insémination artificielle[2].

Répartition

Originaire des contreforts de la chaîne des Puys dans le Puy-de-Dôme, la répartition de la race n'a que très peu évolué depuis, et c'est toujours dans cette partie du Massif Central qu'elle est la plus présente. Ainsi, 85 % des 33 000 brebis recensées en 2000 étaient situés en Auvergne, avec une grande majorité dans le Puy-de-Dôme et quelques éleveurs dans l'Allier. Elle s'est tout de même un peu exportée au fil du temps, et a notamment été adoptée par des éleveurs des monts du Livradois et du Forez, voire même plus à l'est dans les monts du Lyonnais et jusqu'en Bresse. À l'ouest, elle est bien implantée en Corrèze. Elle est également un peu présente dans le nord de l'Hérault[1].

Notes et références

  1. a et b Daniel Babo, Races ovines et caprines françaises, France Agricole Editions, coll. « Les Races », 2000, 302 p. (ISBN 2855570549, 9782855570549) 
  2. a, b, c, d, e, f, g et h La Rava. Consulté le 1er mars 2011
  3. La brebis Rava est rustique et performante. Consulté le 1er mars 2011
  4. La Rava. Consulté le 1er mars 2011
  5. a et b Institut de l'Elevage, département génétique : Bilan du contrôle de performances ovins allaitants - Campagne 2009, 105 pp, juillet 2010.
  6. Y. Walrave, P. Cantin, A. Desvignes, J. Thimonier, « Variations saisonnières de l’activité sexuelle des races ovines du Massif Central », dans Journées Recherche Ovine et Caprine, 1975, p. 261-271 

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Rava de Wikipédia en français (auteurs)

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