Robert Duterque

Robert Duterque

Robert Gaétan Duterque est un résistant français, né le 11 mars 1907 en France, à Huby-Saint-Leu (Pas-de-Calais, Nord-Pas-de-Calais), arrêté à Reims en juin 1944 et mort en déportation en Allemagne, à Ravensbrück, au début du mois de mai 1945. Militant syndicaliste, membre de la SFIO, il a rejoint pendant l’Occupation les Forces françaises de l’intérieur (Libération Nord), et a participé à la fondation du journal L'Union (journal français).

Photo prise vers 1940


Sommaire

Biographie

Avant la guerre

Robert Duterque a passé son enfance à Vindey (Marne), puis est entré en pension à l’école normale de Châlons-sur-Marne, promotion 1923-1926. Dès son retour de l’armée, il a été nommé instituteur à l’école du boulevard des Belges, à Reims, dans une classe dite « de perfectionnement » pour enfants handicapés. Il a épousé l’institutrice Madeleine Bihan avec qui il a eu deux fils, Alain et Jean, nés respectivement en 1935 et 1938. Un accident lui a fait perdre un œil et en septembre 1939, il n’a pas été mobilisé.

La résistance

Militant syndicaliste, membre de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) à partir de 1930, il a participé à la rédaction du journal clandestin socialiste Le Travail. Sous le pseudonyme « Philippe », il a rejoint le groupe de résistance « Les Cloches des Halles », créé à Paris en janvier 1941, et dont l'objet consistait principalement à mettre à l'abri des jeunes souhaitant échapper au Service du travail obligatoire. Il s’est engagé en janvier 1943 au sein du groupe de Résistance « Libération-Nord », dont il est devenu le responsable militaire dans le secteur de Reims. Il utilisait pour ses activités clandestines une fausse carte d’identité, délivrée à Troyes, le 28 mars 1943, au nom de Jean Alain Dumont, professeur de musique, né à Bastia en Corse. Il a été désigné le 8 février 1944 pour représenter Libération Nord, avec Edmond Forboteaux, au Comité départemental de libération nationale (CDLN). Ce Comité comptait également des représentants de la CGT, du CDLR et du Front national de lutte pour l’indépendance de la France. Robert Duterque a participé, avec Edmond Forboteaux, Michel Sicre et Henri Kinet, à la préparation et la rédaction du premier numéro du journal L'Union (journal français), paru dans la clandestinité le 30 août 1944.

La déportation à Neuengamme

Le 13 juin 1944, il a été arrêté avec d’autres compagnons de résistance, pour l'essentiel des militants syndicalistes. Il a été emmené au siège de la Gestapo rue Jeanne-d’Arc à Reims puis interné à la prison de Châlons-sur-Marne le 14 juin, dans la cellule N°143. C’est de cette prison qu’il a envoyé sa dernière lettre à son épouse, le 6 juillet 1944, annonçant son proche départ pour le camp de Compiègne-Royallieu (camp de Royallieu). Une attaque a été préparée pour le délivrer, ainsi que ses compagnons, mais il a été transféré à Compiègne le 8 juillet 1944, avant que l'opération n'ait pu avoir lieu. Il a été déporté le 15 juillet 1944, en même temps que son camarade Edmond Forboteaux, par le convoi I.247 qui transportait 1522 hommes. Le convoi a été stoppé à plusieurs reprises à cause des bombardements et des tentatives d’évasion. Il est arrivé le 18 juillet 1944 au camp de concentration de Neuengamme. Parmi les détenus se trouvaient 326 « personnalités-otages » (des hommes politiques comme Albert Sarraut, des officiers, des magistrats, des ecclésiastiques, des médecins ou des industriels) qui n'ont pas été déportés comme travailleurs et ne sont donc pas restés à Neuengamme. Tous les autres déportés du convoi ont été transférés dans des « Kommandos » extérieurs pour y travailler. C’était le cas de Robert Duterque : à son arrivée à Neuengamme, il a été enregistré comme « Poli » (prisonnier politique) avec le numéro de détenu 37084 et la profession « professeur » avant d’être transféré dans le camp annexe de Bremen-Farge, l’un des très nombreux « Kommandos » de Neuengamme. Le camp de Bremen-Farge, proche de la ville de Brême, ouvert en juin 1943, dépendait de la Direction de la construction de la Marine. Les déportés (la plupart originaires de France, de Pologne et d’Union soviétique) y travaillaient dans des conditions extrêmement pénibles à la construction d’un abri sous-marin (le « bunker Valentin »).

Le décès à Ravensbrück

Face à l’avancée alliée, le camp de Bremen-Farge a été évacué à partir du 6 avril 1945. Les prisonniers ont été dispersés dans différents camps de concentration. De nombreux détenus, rassemblés dans le camp principal de Neuengamme, ont été emmenés fin avril dans la baie de Neustadt et embarqués sur plusieurs navires. Le 3 mai, l’aviation britannique a bombardé ces navires, tuant par erreur plusieurs milliers de prisonniers. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Cap_Arcona). On a longtemps cru que Robert Duterque était mort soit à Neuengamme, soit à bord de l’un de ces navires. Or, il faisait partie d’un groupe de détenus, rassemblés dans le camp annexe de Neuengamme-Watenstedt puis envoyés par train vers le camp de Ravensbrück, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Berlin. Le convoi a mis plusieurs jours pour rejoindre Ravensbrück, dans des conditions abominables. Il est arrivé le 14 avril 1945. Robert Duterque faisait partie des 1595 détenus ayant survécu au voyage : il a été enregistré dans le livre du camp de Ravensbrück sous le numéro de détenu 19127 et y est mort quelques jours plus tard, vraisemblablement au début du mois de mai 1945.


Décorations à titre posthume


Les monuments, bâtiments et rues commémoratifs

  • Plaque commémorative apposée dans le hall de l’école Jean-Macé, où il a enseigné, boulevard des Belges, à Reims.
Plaque commémorative du 14, rue Sauval comportant une erreur : Duterque est graphié avec un O au lieu d’un Q.
  • Plaque commémorative apposée le 10 février 1946 par le restaurant Les cloches des Halles, au 14, rue Sauval à Paris (à l'emplacement de l'actuel restaurant Le sanctuaire de Baal), à Paris.


Voir aussi

Bibliographie

  • Das KZ Ravensbrück (Le camp de concentration de Ravensbrück), aux éditions Ferdinand Schöningh, de l'historien Bernhard Strebel : cet ouvrage décrit les évacuations de différents camps de concentration vers Ravensbrück et évoque les conditions de transport atroces réservées aux prisonniers dans le convoi en provenance de Watenstedt (p. 494 et suivantes). Il date l’arrivée du convoi au 14 avril 1945 (p. 294). Il cite notamment le témoignage d’un survivant français de ce convoi, Jean Bizien, qui a fait le récit de ces événements dans son livre L’habit rayé, p. 26-30.
  • Livre-Mémorial des déportés de France, SARL Editions Tirésias, Paris 2004
  • Service international de recherches de Bad Arolsen (www.its-arolsen.org),
  • Service d’archives du mémorial de Ravensbrück (Stiftung Brandenburgische Gedenkstäten, Mahn- und Gedenkstätte Ravensbrück, www.ravensbrück.de),

Notes et références

  • Concernant les activités clandestines des Cloches des Halles, Jocelyne et Jean-Pierre Husson écrivent sur le site du CRDP de Reims que « les réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) de la région de Reims étaient convoyés par Paul SCHLEISS, ajusteur à la STEMI et membre de Libération-Nord, jusqu’aux « Cloches des Halles » aux Halles de Paris, où un réseau d’évasion de Libération Nord dirigé par Simon CANTARZOGLOU les prenait en charge et les cachait dans des fermes en Bretagne et en Normandie. » Tout comme le nom de Robert Duterque, celui de Paul Schleiss figure sur la plaque commémorative du 14, rue Sauval. Mais le détail des activités clandestines de Robert Duterque au sein de ce groupe de résistance n’est pas connu (http://www.crdp-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_resistance/resistance/remois_tournes.htm#souvenir).
  • Les informations concernant les activités de Robert Duterque au sein de Libération-Nord figurent à la Une du journal Le Travail daté du 9 juin 1945. Elles sont également données dans l’hommage-témoignage de Denise RICHARD-OGNOIS, fille de la résistante rémoise Marie Ognois, arrêtée puis fusillée dans le bois de la Rosières, en août 1944 (http://www.crdp-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_resistance/ognois_denise.htm#martyre).
  • Hervé Chabaud, dans le Supplément de L’Union du 11 mars 2009 (sorti à l'occasion du 20000e numéro du journal) écrit : « La rédaction du premier numéro de l’Union est confiée à Michel Sicre, futur président du CDL, qui est assisté d’Henri Kinet, un instituteur de Dormans membre du Front National, de Robert Duterque, un militant de la SFIO et d’Edmond Forboteaux, un résistant de Libération-Nord. Ces deux derniers seront arrêtés et déportés avant la publication de leur travail. »
  • Daniel Pellus, dans Reims, un siècle d’événements, 1900-2000, éditions Fradet, écrit : « La décision de publier un journal clandestin a été prise dès le début de 1944 par le Comité départemental de la Libération, qui groupait des résistants venus d’horizons différents. »



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Robert Duterque de Wikipédia en français (auteurs)

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