Sanctuaire d'Asclépios et théâtre d'Épidaure

Sanctuaire d'Asclépios et théâtre d'Épidaure
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Sanctuaire d'Asclépios en Épidaure *
Patrimoine mondial de l'UNESCO
Théâtre d'Épidaure
Théâtre d'Épidaure
Coordonnées 37° 35′ 45″ N 23° 04′ 46″ E / 37.59583, 23.0794437° 35′ 45″ Nord
       23° 04′ 46″ Est
/ 37.59583, 23.07944
  
Pays Drapeau de Grèce Grèce
Subdivision Argolide, Péloponnèse
Type Culturel
Critères (i) (ii) (iii) (iv) (vi)
Superficie 1 393,8 ha
Zone tampon : 3 386,4 ha
Numéro
d’identification
491
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 1988 (12e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification géographique UNESCO

Le sanctuaire d'Asclépios est un haut-lieu de la médecine grecque, situé en Argolide dans le dème d'Asklépion, à environ 10 km à l'ouest de la petite cité portuaire de Palea Epidavros. Durant l'Antiquité, les pélerins accouraient de toute la Grèce pour se faire soigner dans le sanctuaire d'Asclépios, dieu guérisseur. Ce lieu abritait des médecins très réputés. Comme dans tous les sanctuaires grecs, des épreuves sportives et théâtrales étaient organisées en l'honneur des dieux. On a retrouvé à Épidaure des vestiges importants d'équipements sportifs, mais le site est surtout célèbre pour son théâtre.

Le théâtre d'Épidaure a été édifié au IVe siècle av. J.‑C. ou au début du IIIe siècle av. J.‑C.[1] pour accueillir les Asclépiéia, concours en l'honneur du dieu médecin Asclépios. Il a servi de modèle à de nombreux autres théâtres grecs.

Sommaire

Histoire

À l'époque classique, la renommée du sanctuaire d'Asclépios est très grande. On y pratique la médecine par les songes. Il comprend plusieurs bâtiments publics, dont un grand temple construit au début du IVe siècle av. J.‑C.. En l'honneur d'Asclépios sont également organisés les Asclépiéia, des jeux panhelléniques pentétériques comprenant des courses de chevaux et, à partir du IVe siècle av. J.‑C., des concours de poésie. Le culte d'Asclépios atteint son apogée à l'époque hellénistique.

Dès le début du Ve siècle av. J.‑C., une fête panhellénique avait lieu tous les quatre ans à Épidaure, au sanctuaire d'Asclépios, les Asclépiéia, qui combinaient épreuves gymniques et musicales.

Le théâtre a été construit à 500 mètres au sud-est du sanctuaire d'Asclépios, adossé sur une colline le koilon (ensemble des gradins) à flanc de colline. Les travaux ont débuté vers 330 av. J.-C.

Le théâtre et le sanctuaire sont pillés en 267 apr. J.-C. par les Hérules, puis en 395 par les Goths d’Alaric Ier. Cependant, les dégâts restent limités. De tous les théâtres antiques, le théâtre d'Épidaure est le mieux conservé. Il a donc été peu restauré. C’est grâce à la pinède qui recouvrait le théâtre qu'il n'a pas été détruit.

Un voyageur anglais, William Gell (en), relève le plan des ruines au début du XIXe siècle. Commencée en 1881, la mise en valeur du site a été effectuée par les archéologues grecs avec le concours de l'École française d'Athènes.

Archéologie

Plan du sanctuaire d'Épidaure : 1. Théâtre ; 2. Cimetière ; 3. Xénon (accueil et logement des pèlerins) ; 4. Bains ; 5. Gymnase ou salles de restauration (Hestiatorion) ; 6. Odéon romain ; 7. Propylée du gymnase ; 11. Stade ; 14. Autel d'Apollon ; 15. Habitation des prêtres ; 16. Temple d'Asclépios ; 17. Tholos ; 18. Abaton ou enkoimétèrion (portique d'incubation) ; 29. Temple de Thémis ou d'Aphrodite ; 31. Propylée monumental ; 33. Citerne : 37. Portique de Kotys ; 45. Temple d'Asclépios et d'Apollon des Égyptiens  ; 36. Basilique chrétienne ; 46. Villa romaine.
Code des couleurs : bleu : -VII / -Ve s. ; noir : -IVe / -IIe s. ; rouge : période romaine -Ier / IIIe s. ; jaune : enceinte et portiques du sanctuaire principal ; marron : IVe / Ve s. ; vert : éléments plus récents, remblayés.

Sanctuaire d'Asclépios

Le sanctuaire d'Épidaure a été fouillé de 1879 à 1928 par l'archéologue grec Panagiotis Kavvadias, puis continuellement de 1948 à nos jours.

Propylée

La route venant du nord conduisait les pèlerins à l'entrée nord du sanctuaire, marquée par un propylée monumental de la fin du IVe siècle av. J.‑C., dont il subsiste un soubassement massif à deux rampes symétriques. Le propylée, inaccessible aux chars, avait deux façades symétriques d'ordre ionique, tandis que la toiture était soutenue par quatorze colonnes corinthiennes[1].

Temple d'Asclépios

Le temple d'Asclépios, construit vers -490 par l'architecte Théodotos, était un temple dorique hexastyle (6 x 11 colonnes) de 24,30 x 13,20 m, décoré de frontons (Amazonomachie, Centauromachie, prise de Troie) et d'acrotères par le sculpteur Timothéos d'Épidaure. La statue de culte chryséléphantine était l'œuvre du sculpteur Thrasymédès de Paros. Il n'en subsiste que le soubassement et la rampe d'accès, ainsi que deux exèdres[1].

Tholos

La tholos, œuvre de Polyclète le Jeune, est un temple rond de marbre blanc du milieu du IVe siècle av. J.‑C., à 26 colonnes doriques externes et 14 colonnes corinthiennes internes délimitant la cella. Le plafond à caissons était décoré de grandes fleurs sculptées, dont certaines, parvenues jusqu'à nous, sont exposées au musée. Le sol était couvert d'un dallage noir et blanc comportant en son centre une dalle blanche mobile qui donnait accès au sous-sol, conservée in situ. Ces fondations de 21,82 m de diamètre sont composées de murs et couloirs circulaires concentriques communiquant entre eux. Il est possible que la tholos soit le lieu où étaient conservés les serpents sacrés du dieu guérisseur Asclépios, de caractère éminemment chthonien[1].

Portique d'incubation

Ce bâtiment du IVe / IIIe siècle av. J.‑C., encore appelé abaton ou enkoimétérion (« lieu où l'on est couché »), est un long portique de 70 m de long et 9,50 m de large. Il subsiste des éléments de la structure dorique qui soutenait l'étage et quelques supports des couchettes où les pèlerins attendaient le rêve salvateur qui les guérirait de leurs maux[1].

Le portique d'incubation a été valorisé au début des années 2000 par des travaux d'anastylose.

Salles de restauration ou gymnase

Le sanctuaire s'étend au sud par des établissements destinés à la restauration et à l'hébergement des pèlerins. Un vaste établissement de 76 x 70 m, d'abord interprété comme un gymnase aux nombreuses salles[1], est plutôt identifié aujourd'hui comme un grand ensemble de salles de restauration (hestiatorion), précédées d'une entrée monumentale dorique hexastyle (propylon) et disposées autour d'une grande cour intérieure à péristyle[1].

Temple d'Hygie (époque romaine) et odéon romain

Le propylon précédent a été remplacé à l'époque romaine par un petit temple d'Hygie (la Santé, fille d'Asclépios), tandis que la cour intérieure était occupée par un odéon romain qui reste aujourd'hui bien lisible, marqué par des restes de gradins, une orchestra en demi-cercle et des murs de brique[1].

Hôtellerie (accueil des pèlerins)

Plus au sud, le vaste xénon ou katagogéion est un centre d'accueil et de logement des pèlerins. Le bâtiment carré du IVe siècle av. J.‑C., de 76 m de côté, comptait 160 chambres réparties sur deux étages et donnant sur quatre cours à péristyle d'ordre dorique[1].

Stade

Le stade, qui mesure 196 x 23 m, est situé à l'ouest du sanctuaire. Il est de forme quadrangulaire, dépourvu de l'extrémité orientale arrondie habituellement prévue dans ce genre de bâtiments. La piste est bordée de rigoles d'écoulement des eaux et jalonnée de bornes espacées de 32 m, avec des lignes de départ et d'arrivée en dalles de pierre. Un couloir souterrain menait les athlètes vers des pièces privées et, probablement, vers une palestre. Des vestiges importants des gradins sont conservés des deux côtés[1].

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Théâtre d'Épidaure

Le théâtre d'Épidaure est le mieux conservé et passe pour le plus accompli de tous les théâtres grecs antiques. Probablement construit au début du IIIe siècle av. J.‑C.[1], il est parvenu jusqu'à nous dans un état exceptionnel. Les gradins de calcaire gris, presque tous d'origine, n'ont été restaurés que sur les deux ailes. L'attribution traditionnelle de la construction du théâtre à Polyclète le Jeune, architecte de la tholos qui vivait au IVe siècle av. J.‑C., due à Pausanias[2],[3], ne semble plus guère admise[1].

Le koilon, qui signifie le « creux », appelé aussi cavea en latin, formant l'ensemble des sièges des spectateurs, se développe en un hémicycle de 55 rangées de gradins, divisé en deux niveaux par un couloir appelé diazôma. Il était constitué, à l'origine, de 34 volées de gradins, pouvant accueillir 6 200 spectateurs répartis sur 12 sections (kerkidès) séparées par 11 escaliers. Le niveau supérieur, ajouté au IIe siècle av. J.‑C., compte 21 gradins et 22 kerkidès. La capacité du théâtre se trouva ainsi portée à 12 000 spectateurs[1]. Il a été remarqué que les rapports entre les nombres de ces gradins des deux niveaux encadrent le nombre d'or (34/21 = 55/34 = 1,61..). Le sommet des gradins, d'un rayon de 58 m, se trouve situé à 22,50 m au-dessus de l’orchestra.

Des sièges d'honneur en pierre, pourvus de dossiers, occupent le premier rang (proédria), tout autour de l’orchestra. Lors de la construction, l’orchestra circulaire de terre battue, de 20,28 m de diamètre, circonscrite par des dalles de marbre, accueillait les acteurs aussi bien que le chœur des danseurs et des musiciens. La scène (skènè) quadrangulaire, dont on distingue encore les soubassements, fut ajoutée par la suite, ainsi que l'avant-scène (proskénion), avec ses 14 colonnes. Les portes d'entrée monumentales (parodoi) ont été reconstituées[1].

L'acoustique du théâtre d’Épidaure est justement renommée. Elle est capable de propager jusqu'aux rangées supérieures le moindre son produit au bas des gradins. Les visiteurs en font traditionnellement l'expérience par des chuchotements, une chute de pièce de monnaie ou une allumettes craquée en plein centre de l'orchestra, là où se trouve une dalle circulaire, réputée pour être l'autel (thymélé) du dieu Asclépios.

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Festival d'Épidaure

Depuis 1954, le théâtre est le cadre du Festival d'Épidaure : tous les vendredis et samedis soirs, de juin à septembre, ont lieu des représentations de drames antiques, comme les tragédies d'Eschyle et de Sophocle, mais aussi des spectacles lyriques de haut niveau (Maria Callas s'y est illustrée dans Norma en 1960), ainsi que d'autres manifestations culturelles.

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m et n S. E. Iakovidis, Guide des musées et des sites archéologiques d'Argolide, Ekdotike Athenon, 1978, p. 127-145
  2. Pausanias, 2, 27, 5 : texte grec, chapitre κζ' , éd. M. Clavier, 1821, sur le site de Philippe Remacle
  3. Pausanias, 2, 27, 5 : traduction française de M. Clavier, 1821, sur le site de Philippe Remacle

Voir aussi

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Bibliographie

  • (de) Armin von Gerkan et Wolfgang Müller-Wiener, Das Theater von Epidauros, éd. W. Kohlhammer, Stuttgart, 1961 ;
  • Jean-Charles Moretti, Théâtre et société dans la Grèce antique, Paris, Le Livre de Poche, coll. « Références », 2001 (ISBN 2-253-9058-52)  ;
  • M. Sève, « Les concours d'Épidaure », Revue des études grecques, 106 (1993), p. 303–328.
  • P. Sineux, "Les récits de rêve dans les sanctuaires guérisseurs du monde grec: des textes sous contrôle", "Sociétés et Représentations", 23, 2007, p. 45-65

Liens externes


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