Birkat ha-Minim

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Minim

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Minim (hébreu mishnaïque : מינים, francisé en Minéens) est un terme utilisé dans le Talmud et le Midrash pour désigner des Juifs dissidents, hérétiques ou sectaires.
Bien que rien ne l'indique avec certitude, il est généralement (mais pas unanimement) admis que le terme désigne plus souvent les premiers chrétiens que les autres sectes.

Sommaire

Birkat haMinim

L'époque à laquelle apparurent les Minim est inconnue. Ils furent en tout cas assez gênants à l'encontre du judaïsme pharisien pour apparaître à plusieurs reprises dans le Talmud, polémiquant notamment avec Abbahou, et pour que Gamliel de Yavné institue la Birkat haMinim, "Bénédiction" des Minim (en fait une malédiction)[1]. La tradition l'attribue à Samuel le petit, à une date inconnue.

Les rabbins ont enseigné : Chim'on haPakkouli a mis en ordre dix-huit bénédictions devant Rabban Gamliel à Yavne. Rabban Gamliel dit aux érudits : 'Y a-t-il quelqu'un qui puisse composer la Birkat haTzedoukim[2] ? Samuel le petit se leva et la composa. - TB Berakhot 28b-29a

L'expression "mettre en ordre" (de la racine sdr) montre que l'opinion commune disant que la birkat ha-minim est la 19e bénédiction dans la prière des 18 bénédictions, cette opinion est douteuse. D'après une baraïta concernant la birkat bôneh yerušalayîm, 14e du šemônê ʿesrê:

"Les XVIII (bénédictions mentionnent) les Minîm dans (la bénédiction) des Séparés (Parošîn, = 12e), les Gerîm (étrangers qui se convertissent) dans (la bénédiction) des Vieux (= 13e) et David dans (la bénédiction) bôneh yerušalayîm (= 14e)" (t. berakhôt, III 25).[3]

En d'autres termes, la 12e bénédiction, dite aujourd'hui "des minim", existait antérieurement à l'insertion de ce motif, et celle-ci, mais non celle-là, peut être attribuée à Raban Gamliel, Simon ha-Paqquli ou Samuel le Petit, sans doute à l'époque du concile de Yavné.

Voici la traduction d'une de ses formulations : Pour les apostats, qu'il n'y ait pas d'espoir. Que le royaume de l'impertinence soit déraciné de nos jours, et que les notsrim et les minim disparaissent en un instant .Qu'ils soient effacés du livre de la vie et ne soient pas inscrits avec les justes. Béni sois-Tu Seigneur, Qui soumets les impudents.[4]

Identité des Minim

Le terme Minim (espèces) fut utilisé par les Sages du Talmud pour désigner toutes sortes de dissidents à l'orthodoxie pharisienne, par exemple ceux qui prétendaient accorder aux Dix Commandements prééminence sur le reste de la Torah [5].

Moïse Maïmonide énumère dans son Mishneh Torah (Hilkhot Teshouva 3:7) cinq sortes de Minim, qu'il définit comme :

  • Celui qui dit qu'il n'y a pas de Dieu, et que nul ne dirige le monde
  • Celui qui dit qu'il y a un dirigeant du monde, mais qu'ils sont deux ou plus
  • Celui qui dit qu'il y a un Maître du monde, mais pourvu d'un corps et d'une image
  • Celui qui dit qu'Il n'est pas le Seul Premier et Créateur de tout
  • Celui qui honore une divinité en dehors de Lui, afin qu'elle serve d'intermédiaire entre lui et le Maître du Monde.

Maïmonide enseigne également (Mishneh Torah, Hilkhot Tefilla 2:1) que la Birkat haMinim fut composée contre les "apikorsim", terme relativement vague dont le sens premier est "Juifs devenus hérétiques par contact avec la philosophie hellène", mais employé indifféremment contre toutes sortes d'hérétiques[6].
Toutefois, des manuscrits conservés à la bibliothèque de Rome et à l'université de Cambridge (ces derniers provenant de la Guéniza du Caire et portant la signature de Maïmonide lui-même), portent également Minim. Le terme Minim, compris comme désignant les premiers Chrétiens, tant dans le Talmud que dans le Mishneh Torah, a souvent été censuré par les autorités ecclésiastiques et remplacé par Sadducéens.

Pour beaucoup, les Minim sont les premiers judéo-chrétiens.

  • Dans son commentaire sur le passage cité (dans les éditions non censurées), Rachi l'explique comme se rapportant aux élèves de Jésus.
  • Dans son Histoire des Juifs[7], Heinrich Graetz écrit :

    Par suite de leur hostilité croissante contre leur ancienne foi, les judéo-chrétiens furent considérés par le Sanhédrin de Jabné comme totalement séparés du judaïsme ; ils furent déclarés, au point de vue religieux, inférieurs aux Samaritains et, sous certains rapports, même aux Gentils. Il fut interdit aux Judéens de goûter de leur viande, de leur pain et de leur vin, comme il leur avait été interdit, peu de temps avant la destruction du temple, de goûter des aliments des païens. Les écrits chrétiens furent traités comme les livres de magie, et frappés d’anathème ; il fut expressément défendu d’avoir des relations avec les judéo-chrétiens, de leur rendre service, d’employer les remèdes dont ils se servaient en prononçant le nom de Jésus pour guérir les malades. On inséra à leur intention dans la prière journalière une formule de malédiction contre les Minéens et les délateurs. Cette formule fut rédigée, sur l’ordre du patriarche Gamaliel, par Samuel le jeune, et reçut le nom de Birkat-haminim. Elle paraît avoir servi en quelque sorte d’épreuve pour faire reconnaître ceux qui étaient secrètement attachés au judéo-christianisme. En effet, il fut décidé que l’officiant qui passerait cette formule ou la prière pour la restauration de l’État judaïque serait contraint de cesser immédiatement sa fonction.

  • Dans Une lecture juive du Coran (Berg, 2005), Haï Bar-Zeev rapporte une étymologie populaire de MYN, qui serait un acronyme de Maaminé Yeshou Nozri, les "Croyants en Jésus le Nazoréen"[8].

Toutefois, bien qu'active, la secte des proto-Chretiens ne constituait pas encore une puissance importante au temps de Gamliel II, et s'ils pratiquaient la délation, ils étaient loin d'en détenir le monopole, le Talmud attribuant cet acte au plus célèbre des apikorsim de cette époque, Elisha ben Avouya.

Notes et références

  1. Il n'est pas sûr que Raban Gamliel ait institué une nouvelle bénédiction (voir ci-après), mais si c'est le cas, il a enfreint la tradition disant qu' Aucun tribunal ne peut renverser le jugement d'un autre tribunal (antérieur), à moins qu'il ne lui soit supérieur en sagesse et en nombre. (Mishna 'Edouyot 1:5)
  2. D'autres versions plus anciennes du texte (Rome,1479/80;) portent Birkat haMinim. La mention des Tzedoukim pourrait donc être le fruit de la censure chrétienne.
  3. S. Lieberman, The Tosefta, 1. The Order of Zera’im, New York, 1955; v. son commentaire dans Tosefta ki-fshutah. Order Zera’im, 1, N.Y., 1995, p. 53-55.
  4. Citée par Dan Jaffé, Le Talmud et les origines juives du christianismep. 123, selon S. Schechter (1898) et J. Mann (1925)
  5. Simon Claude Mimouni Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Albin Michel, 2004. Dan Jaffé Le Talmud et les origines juives du christianisme. Cerf, 2007
  6. Dans MT Hilkhot Teshouva 3:8, il énumère trois sortes d'Apikorsim, qu'il définit comme :
    • Celui qui dit qu'il n'y a pas de prophétie, que nulle science n'arrive du Créateur vers le cœur des hommes.
    • Celui qui désavoue la prophétie de Moïse
    • Celui qui dit que le Créateur ne connaît pas les actes des hommes.
  7. Histoire des Juifs, sur wikisource
  8. Le terme Ma'amyn, croyant, apparaît en Deut. 1,32 et Isaïe 28,16.

Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, article « MIN » par Joseph Jacobs & Isaac Broydé, une publication tombée dans le domaine public.

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Articles connexes

Liens et documents externes

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