Yusuf al-Mutaman

Palais de l'Aljaferia à Saragosse.

Yusuf al-Mutaman était un dirigeant de la dynastie médiévale des Houdides, régnant sur la taifa de Saragosse en Espagne. Il régna de 1081 à 1085.

Biographie

Yusuf al-Mutaman était roi de la taifa de Saragosse au moment de sa plus grande splendeur, après le règne marquant de son père Al-Muqtadir. Il a été également un roi érudit, protecteur des sciences, de la philosophie et des arts. Un exemple de roi sage, connaissant les mathématiques —discipline pour laquelle il a écrit un traité, le Kitab al-Istikmal ou Livre de la perfection (en arabe: كتاب الإستكمال)—, l'astrologie et la philosophie, qui a continué le travail de son père Al-Muqtadir créant une cour de sages intellectuels vivant dans le cadre du beau Palais de l'Aljaferia, appelé, à cette époque, le «palais de la joie».

Al-Mutaman hérita de Al-Muqtadir en 1081 de la partie occidentale de la Taïfa de Saragosse, qui comprenait Saragosse, Tudela, Huesca et Calatayud, laissant à Mundir la zone côtière du royaume: Lérida, Monzón, Tortosa et Denia.

En 1081, la poussée du roi aragonais, Sanche I^er était très forte, menaçant les frontières de la taïfa depuis le nord. Pour lui résister, al-Mutaman compta sur les services des troupes mercenaires du Cid, qui reçut en plus la tâche de réincorporer à Saragosse les territoires orientaux de son parent Mundir, allié de l'Aragon. Les affrontements dans la zone frontalière furent constants, mais aucun des deux n'a réussi à réunifier le territoire paternel.

Le Cid a servi Al-Mutaman durant tout le règne du monarque.

Pour cette période, l'action du Cid est bien documentée, car il a été banni en 1081 de la Castille pour avoir mené des razzias allant contre les intérêts d'Alphonse VI de León et Castille dans les territoires de Tolède, alors tributaires de ce roi et qui, de ce fait, ne devaient pas être attaqués par des troupes castillanes.

Le Cid est resté au service d'Al-Mutamán jusqu'en 1086, moment où Saragosse fut assiégée par Alphonse VI. On n'a pas encore totalement élucidé si le Cid a rompu les liens avec Al-Mutamán ou son héritier Al-Musta'in II à cause d'un conflit d'intérêt personnel entre la défense de Saragosse et la fidélité à son seigeur naturel, le roi de Castille qui l'attaquait, ou si son bannissement fut oublié, Alphonse jugeant plus utile la présence d'un tel chevalier dans son armée.

Le Cid fut capable de contenir les aragonais jusqu'en 1083, année où Sancho Ramírez prit la ligne de fortifications qui protégeaint les cités de la taïfa de Saragosse, comme celle de Graus (qui menaçait Barbastro) dans la zone orientale, Ayerbe, Bolea et Arascués (qui mettaient en péril Huesca) et Arguedas qui préludait la conquête de Tudela.

Les relations de Saragosse avec son protectorat, Valence, se resserrèrent grâce à des alliances matrimoniales. Mais Valence était plongée dans un jeu complexe d'alliances. Alphonse VI, utilisant habilement la diplomatie, réussit à ce que le roi Al-Qádir de Tolède lui remette la cité en 1085 en échange de son aide pour chasser de Valence Abú Bakr, ce qui supposait, de fait, la prise de Tolède par le roi de Castille et León. Ainsi, le royaume de Saragosse restait coupé du reste d'Al-Andalus par la voie traditionnelle qui passait par le centre de la péninsule. À partir de ce moment, sa communication s'est vue restreinte à celle qui la reliait à Valence en passant par la côte du Levant. L'année de la perte de Tolède a été également celle de la mort d'al-Mutaman.

Mathématiques

Le théorème de Ceva, découvert par al-Mutaman

L'œuvre principale dans le domaine intellectuel d'al-Mutaman a été son Livre de la perfection (Kitab al-Istikmal). Ce livre était un compendium de la mathématique grecque d'Euclide et d'Archimède entre autres, mais aussi contenait les enseignements de Thābit ibn Qurra, des Banu Musa et d'ibn al-Haytham, et enfin introduisait également des théorèmes originaux. Son œuvre a été transmise en Égypte grâce à Maimonides, et de là elle s'est répandue jusqu'à Bagdad au XIV^e siècle, si bien que son influence n'a pas touché l'Occident.

De son œuvre, on possède deux copies; la première a été trouvée à la Bibliothèque l'Askeri Müze d'Istanbul en 1985, provenant de la bibliothèque du sultan otoman Mehmed II, dont a hérité son fils Bayezid II. Plus tard on a découvert une seconde copie au Caire.

Le Livre de la perfection traite des nombres irrationnels, des sections coniques, la quadrature du segment parabolique, des volumes et des aires de divers objets géométriques ou le tracé de la tangente à un cercle, entre autres problèmes mathématiques.

Dans l'œuvre du roi apparaît une tentative de classification des mathématiques en espèces aristotéliciennes. La classification comprend le chapitre de l'arithmétique, deux autres chapitres pour la géométrie et à nouveau deux concernant la stéréométrie, dans ce qui nous est parvenu.

Al-Mutamán est l'auteur de la première formulation connue du théorème de Giovanni Ceva, qui n'a été connu en Europe qu'en 1678 dans l'ouvrage De lineis rectis de ce géomètre italien et que l'on peut énoncer comme suit: « Soit ABC un triangle et D, E, F des points sur les côtés BC, CA et AB. On trace les droites AD, BE et CF. Ces trois droites se coupent en un point si et seulement si $\frac{AF}{FB}=\frac{EA}{CE}\frac{DC}{BD}$. »

Bibliographie

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Sources

• (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Al-Mutamán » (voir la liste des auteurs)

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