Église de Saint-Pierre-d'Allevard

Église de Saint-Pierre-d'Allevard
Eglise de Saint-Pierre d'Allevard
Chevet de l'Église de Saint-Pierre d'Allevard
Chevet de l'Église de Saint-Pierre d'Allevard
Présentation
Période ou style Médiéval
Type Église
Date de construction XIe siècle
Protection  Classé MH (1908) (clocher)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Rhône-Alpes
Département Isère
Commune de France Saint-Pierre-d'Allevard
Coordonnées 45° 22′ 31″ N 6° 02′ 48″ E / 45.375342, 6.04657545° 22′ 31″ Nord
       6° 02′ 48″ Est
/ 45.375342, 6.046575
  

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Eglise de Saint-Pierre d'Allevard

L’église de Saint-Pierre-d'Allevard est le vestige d'un prieuré clunisien[1] dont les bâtiments conventuels ont été démolis en 1780, mais l'église a été préservée des destructions révolutionnaires. Son clocher, datant des bâtiments originels, appartient à une famille monumentale de clochers que l'on retrouve dans quelques autres localités du département. L’église paroissiale a subi d'importantes modifications de 1929 à 1930 sous l'impulsion du curé Graëff, qui ont profondément transformé son aspect intérieur faisant disparaître divers éléments architecturaux et picturaux anciens[2].

Sommaire

Le prieuré clunisien

A début du XIe siècle, alors que se structure la société féodale, l'Ordre de Cluny est puissant. Ses abbés obtiennent des donations des seigneurs féodaux, la force montante de l'an mil, développent la vocation (parfois forcée) des cadets des familles nobles, et proposent à tous les services spirituels des moines, grâce à l'implantation des prieurés au milieu des collectivités. Dans le quart sud-est de la France sont construits une cinquantaine de prieurés, dont la moitié sont sièges de paroisse.

Historique

Celui de Saint-Pierre a pour origine la donation à l'abbaye de Cluny de la propriété des paroisses de Saint-Pierre et Saint Marcel par les familles Aynard de Domène et Arvillars de la Bâtie d'Arvillard en 1057, alors que Hugues de Semur en est l'abbé (depuis 1049).

En 1082, le prieuré de Saint Pierre apparait officiellement dans les registres de Cluny. Humbert II de Savoie autorise la venue des moines par la bulle de Plaisance du 16 mars 1095, ce qui implique que les bâtiments étaient habitables à cette date. Outre le prieur, ils hébergent six moines, le curé, le sacristain, le procureur. Le prieuré d'Avalon, où résident deux moines en dépend. Les donations proviennent de familles nobles qui ont des terres en Allevard, mais résident aussi bien en Dauphiné qu'en Savoie. Pierre de Montboissier, dit Pierre le Vénérable, est prieur de Domène et de Saint-Pierre avant d'être élu abbé de Cluny, en 1122.

Si la situation spirituelle s'améliore après le relâchement des année 1279-1290, la situation matérielle et financière du prieuré n'est pas brillante au XIVe siècle[3], même si le prieuré est considéré comme bien administré par les visiteurs clunisiens[4]. Les conflits frontaliers ne l'épargnent pas. En 1324 le bourg est incendié par les Savoyards et le prieuré menace ruine. Reconstruit, il est la proie d'un incendie en 1336[5]. Les difficultés subsistent jusqu'en 1350. Les moines se plaignent de leurs habits, les toits sont à refaire en 1366, les vitraux à remplacer[3], les guerres ont réduit les effectifs : il n'y a plus que quatre moines en 1386[6]. L'acquittement des redevances pontificales et du cens à l'abbé n'est pas toujours régulier et l'endettement une pratique courante. Le rayonnement religieux du prieuré demeure important. Ainsi, en 1412, le chevalier Aymar, seigneur de Saint Pierre, y fonde une chapelle dédiée à saint Georges, patron des chevaliers[7].

Le prieuré de Saint-Pierre échappe à la pratique des « commendes » jusqu'en 1516, date où le concordat de Bologne les généralise et a, jusqu'à cette date, un abbé « régulier ». Un prieur commendataire peut être un laïc, ne vit pas sur place et peut cumuler les bénéfices de plusieurs prieurés. Ainsi, au XVIe siècle le prieuré passe de mains en mains et la situation se dégrade : des biens sont vendus. Le prieur Pierre de Brion l'administre sérieusement pendant dix ans ; à la fin du siècle il passe aux Vignon de Sailles, seigneurs de Barnoux, puis aux Marcieu pendant trente ans. Au XVIIIe siècle Jean-Sébastien Comte de Barral, évêque de Castres et Claude-Mathias, évêque de Troyes en sont successivement les prieurs commendataires. Le dernier prieur, Dom Augustin-Paul de Levis, (1788-1790) est un homme des lumières et collaborateur de l’Encyclopédie.

Les bâtiments conventuels

Le prieuré s'étendait jusqu'à l'actuelle place de la mairie, où une voûte de pierre s'appelle encore « Porte du pape ». En effet, en 1107, le pape Pascal II, ancien bénédictin de Cluny, revenant de Châlons-sur-Marne où il était allé essayer de régler la querelle des investitures, fait étape au prieuré et en profite pour signer, le 2 août, la bulle pontificale mettant fin au conflit territorial qui oppose l'archevêque de Vienne, Gui de Bourgogne (le futur pape Calixte II), et l'évêque de Grenoble, Hugues de Châteauneuf[8].

L'évêque de Troyes, Claude-Mathias de Barral, prieur commendataire, obtient en 1780 l'autorisation de faire démolir les bâtiments conventuels[9].

L'église paroissiale

Le Clocher du XIe ‑ XIIe siècle

Le clocher appartient à une famille monumentale de clochers que l'on retrouve dans quelques autres localités du département, dont Sassenage, Saint-Paul-de-Varces, Sainte Marie de Notre-Dame-de-Mésage, Saint-Georges-de-Commiers[10]. Il est composé d'une haute souche aveugle qui monte jusqu'à hauteur du faîte de la toiture de la nef. Au-dessus s'élève l'étage ajouré qui abrite les trois cloches. Chaque face s'orne d'une corniche d'arcatures sextuples de style lombard retombant sur les lésènes et surmontant une baie géminée aux arcs en plein cintre. Sur la baie de la face nord on remarque une colonnette qui est un fragment gallo-romain en réemploi. Cet étage, composé d'un bel appareil régulier de tuf finement jointoyé, date probablement de la seconde moitié du XIIe siècle. La flèche date probablement du début du XVIIe siècle[11],[12].

Le bâtiment cultuel

Le chevet roman de l'église est, comme le veut la tradition, tourné vers l'orient. Il est formé d'une travée de chœur voutée en plein cintre et d'une abside semi-circulaire éclairée par trois ouvertures ; les deux latérales sont encadrée par un décors d'arcature à colonnettes, motif courant dans l'architecture romane[12]. Celle du centre a été agrandie en 1930 et garnie en 1932 d'un vitrail représentant la Sainte Famille dans l'atelier de menuiserie de Joseph. Elle est surmontée d'une voute en cul-de-four, autrefois peinte, en pierre apparente depuis les travaux de restauration de 1982. Le clocher flanque la travée de chœur coté sud. La chapelle latérale située sous le clocher est désaffectée[12]. Une sacristie a été construite à la place de la chapelle latérale, coté nord, en 1930[2].

La nef était autrefois surmontée d'un plafond plat et lambrissé soutenu par des piliers octogonaux délimitant un vaisseau central et deux collatéraux. La voute actuelle, en anse de panier, est suspendue à la charpente du toit et non appuyée sur les murs, et date de la rénovation entreprise en 1929-1930 par le curé Graëff[2].

Galerie

Note et références

  1. L'église et le prieuré clunisien de Saint-Pierre d'Allevard
  2. a, b et c Saint-Pierre Info N° 102, juin 2006.
  3. a et b Denyse Riche 2000, p. 417
  4. Denyse Riche 2000, p. 433
  5. Le Pays d'Allevard, tradition et renouveau, ouvrage collectif, 2003, (ISBN 2-84253-903-6), p.46
  6. Denyse Riche 2000, p. 653
  7. Philippe Racinet 1997, p. 307
  8. Saint-Pierre Info N° 88, septembre 2003.
  9. Inventaire-sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, Isère [lire en ligne] , p. 324
  10. Église de Saint Pierre d'Allevard sur Isère-Annuaire.com
  11. Le clocher sur Mairie de Saint Pierre
  12. a, b et c Alain de Montjoye, conservateur du Patrimoine au Centre d'archéologie de l'Isère : panneau explicatif

Bibliographie

  • Denyse Riche, L'ordre de Cluny à la fin du moyen âge: le vieux pays clunisien, XIIe-XVe, Université de Saint-Etienne, 2000, 765 p. (ISBN 9782862721927) [lire en ligne] 
  • Philippe Racinet, Crises et renouveaux: les monastères clunisiens à la fin du Moyen Age (XIIIe-XVIe siècles), Artois presses université, 1997, 524 p. (ISBN 9782910663131) 
  • Alfred Bougy, Bulletin de la Société de statistique des sciences naturelles et des arts industriels du Département de l'Isère : Séance du 7 août 1839, t. 1, Grenoble, Imprimerie de Prudhomme, 1838 [lire en ligne], p. 182-214 : Essai historique et statistique sur l'ancien mandement d'Allevard 

Annexe

Articles annexes

Liens externes


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