Bombardement du 26 mai 1944

Bombardement du 26 mai 1944

Le bombardement du 26 mai 1944 est une opération militaire des Alliés qui a eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le sud-est et le centre-est de la France.

Sommaire

L'opération

Cette opération entrait dans le cadre du Transportation Plan, plan d'attaque des voies de communication, destiné à préparer le débarquement en Normandie, arrêté le 25 mars 1944. Il s'agissait de détruire les infrastructures de chemin de fer, notamment les gares de triage, afin d'empêcher l'armée allemande d'acheminer des troupes et du matériel vers l'ouest de la France. La méthode était celle des Américains : bombarder de jour, en volant à haute altitude, pour éviter la DCA, cette méthode étant jugée plus précise que celle des Britanniques, qui consistait à bombarder de nuit.

Entre 6 et 7 heures du matin, environ 900 avions américains de la 15th USAAF partirent de trois aérodromes de la région de Foggia, dans le sud de l'Italie : San Giovanni, Giulia et Stornara. Les bombardements eurent lieu entre 10 et 11 heures du matin, par un ciel clair. Les objectifs militaires furent fortement touchés, mais l'imprécision du bombardement à haute altitude fit de nombreuses victimes civiles. Les avions rentrèrent à leur base, avec très peu de pertes, entre 14 et 15 heures.

Les bombardiers utilisés étaient des Consolidated B-24 Liberator et des Boeing B-17 Flying Fortress. Ils étaient escortés de cinq groupes de chasseurs North American P-51 Mustang et Lockheed P-38 Lightning du 306th Fighter Wing.

Les villes bombardées

Chambéry

  • a 9h40,les sirènes chambériennes retentissent.
  • a 10h15 les premières vagues d'avions sont aperçues par les guetteurs de la tour du chateau.
  • deux groupes de bombardement (454th et 459th) du 304th Bomb Wing, soit 72 B-24 LIBERATOR de l'ussaf.
  • environ 164 tonnes de bombes lâchées, soit 720 bombes de 227 kg chacune
  • la gare de triage et 45 locomotives ont été détruites, la rotonde est intacte.
  • l'immeuble de la Gestapo est également bombardé (environ 120 morts)
  • Nombreux immeubles civils du centre ville détruits faisant 200 morts, 300 blessés et 3 000 sans-abris (parmi les victimes, le docteur Jean Desfrançois),1/3 des immeubles du centre ville est detruit( environ 10 a 12 hectares rasés)

Grenoble

  • deux groupes de bombardement (455th et 456th) du 304th Bomb Wing, équipé de B-24

Lyon

  • 3 groupes du 47th Bomb Wing visant la gare de Lyon-Vaise et 3 groupes du 49th Bomb Wing visant la gare de Lyon-Mouche
  • Les gares de triage de Lyon-Mouche et de Lyon-Vaise ont été détruites, ainsi que le siège de la Gestapo, qui occupait l'école de santé militaire, située 14 avenue Berthelot, près de la voie ferrée.
  • environ 1000 morts

Nice et Saint-Laurent-du-Var

L'opération militaire aérienne du 26 mai 1944 menée sur Nice et Saint-Laurent-du-Var a durablement marqué les esprits dans l'agglomération niçoise par l'ampleur des destructions et des pertes humaines occasionnées aux azuréens. L'opération est menée par le 47th Bomb Wing. Cette unité compte 137 B-24 Liberator. Une centaine d'appareils décolle en quatre vagues entre 6 et 7 heures du matin des aérodromes San Giovanni, Giulia et Stornara dans la région de Foggia, dans le sud de l'Italie. Les bombardement ont lieu à haute altitude pour éviter les tirs de la Flak (la défense anti-aérienne allemande). Les 4 vagues se succèdent dans ciel azuréen entre 10h25 et 10h40 du matin par temps clair[1].

Trois des groupements ont pour objectif la destruction de la gare de triage et de marchandises de Saint-Roch au nord-est de Nice et les établissements Michel travaillant pour l’effort de guerre allemand. La première vague détruit la rotonde de la gare Saint-Roch et plusieurs dizaines de wagons de la S.N.C.F.. La seconde vague ravage le reste de la gare et touche les abattoirs, la route de Turin et la rue de la République. La troisième vague, gênée par les fumées, confond le vélodrome de Pasteur avec la rotonde. Elle lâche ses bombes entre le Paillon et les collines de Cimiez[1].

La quatrième vague attaque le pont-rail Napoléon III traversé par la RN7 vers 9h45. Ce pont enjambe le fleuve Var à l'entrée Ouest de Nice et relie Saint-Laurent-du-Var à Nice. Au moment de l'attaque, un train de voyageurs s'engage sur le pont-rail. De nombreux civils sont également tués à Saint-Laurent-du-Var dans cette attaque ainsi que des bâtiments détruits notamment dans le quartier de la gare[1].

Les avions rentrent à leur base entre 15 et 16 heures. Sur l'ensemble des appareils lancés sur Saint-Laurent-du-Var et Nice, un seul est perdu. Il s'agit du B-24 "H" 20DT ASN 41-28972 du Sous-lieutenant Gerard E. Wagner abattu par la flak. Coupé en deux et en feu, le B-24 disparaît en mer. Un seul corps sur les 10 membres que compte l'équipage est retrouvé en mer[2].

Les objectifs militaires sont atteints mais les civils des quartiers Saint-Roch, Riquier, Pasteur et République à Nice et ceux de Saint-Laurent-du-Var sont durement touchés. Le bilan est très lourd : 384 tués et disparus, 480 blessés, 5.600 sinistrés, 438 immeubles détruits ou endommagés (dont les Abattoirs et le dépôt T.N.L.), 5 locomotives et 160 wagons détruits, 50 % des voies de la gare de marchandises de Saint-Roch hors d’usage, le pont du Var très endommagé[1].

Les obsèques solennelles de 208 victimes ont lieu le dimanche 28 mai devant l'Église Notre-Dame-des-Grâces de Nice[1].

Plusieurs monuments lapidaires rappellent cette tragique journée[3]. Une plaque commémorative sans nom se trouve ainsi dans un petit espace vert place de la Brigue à Nice[4]. Un Monument Aux Morts rend hommage à Nice aux agents S.N.C.F. du dépôt Saint-Roch tué dans le bombardement du 26 mai 1944[5]. Le Monument Aux Morts du quartier Pasteur à Nice comporte deux portions entièrement dédiées aux victimes du 26 mai 1944[6]. Celui du quartier Riquier comporte une portion dédiée à ce même bombardement[7]. Sur la façade de l'immeuble situé 34 avenue Denis Séméria à Nice se trouve une plaque commémorative pour Joseph Milano, sous-chef de dépôt S.N.C.F. tué dans le bombardement au dépôt S.N.C.F. de Saint-Roch à Nice[8]. Une plaque commémorative érigée en 1959 et située au 63 bis boulevard de l'observatoire, route de la grande corniche, rappelle le décès dans ce secteur de Joséphine Bonifassi et des enfants Madeleine, Marguerite et Nicolas Marro. Le drapeau de la défense passive et de la protection civile de Nice est installé depuis le 9 décembre 2009 dans le salon royal de l'hôtel Negresco de Nice. Une plaque commémorative précise qu' "il commémore l'action des Agents de la Défense Passive qui ont servi bénévolement la population niçoise durant la dernière guerre mondiale et se sont illustrés lors du bombardement aérien du 26 mai 1944".

À Saint-Laurent-du-Var, un espace de recueillement a été aménagé place Adrien Castillon "à la mémoire de nos morts victimes civiles de l'Occupation". On y trouve deux stèles qui comportent les noms des victimes de bombardement. Une stèle entière est dédiée au bombardement du 26 mai 1944 [9],[10]. La commune de Saint-Laurent-du-Var a également obtenu une citation à l'ordre de la Brigade avec attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze. Elle a en effet subi 23 bombardements au cours desquels 103 maisons ont été détruites et 782 endommagées. Plusieurs dizaines d'habitants ou de réfugiés ont été tués dans ces bombardements, notamment dans celui du 26 mai 1944. Cette citation est inscrit sur une plaque commémorative visible dans le hall de la mairie de Saint-Laurent-du-Var, esplanade du Levant[11]. Dans l'église du vieux village, certains habitants ont financé une plaque commémorative qui remercie Notre-Dame du Laghet pour les avoir protégés lors des bombardements en 1943 et 1944. Dans la liste des 23 bombardements inscrits sur la plaque se trouve celui du 26 mai 1944.

Le cimetière communal de Caucade à Nice comporte deux carrés (66 et 68) dédiés aux victimes du bombardement du 26 mai 1944. Cependant, d'autres victimes sont disséminées dans les autres cimetières et Nice et de son agglomération. Le carré militaire du cimetière Saint-Marc à Saint-Laurent-du-Var regroupe plusieurs corps de civils tués le 26 mai 1944[12].

Saint-Étienne

  • cinq groupes de bombardement, dont le 463rd, du 5th Bomb Wing, soit 176 B-17
  • environ 450 tonnes de bombes lâchées
  • la gare de triage a été touchée par quelques bombes (réparations effectuées en trois jours); par contre, c'est dans le quartier du Soleil situé immédiatement au nord de la gare qu'il y eut le plus de morts.
  • 912 morts parmi lesquels 24 élèves et 8 maîtres de l'école primaire de Sainte Marie

Notes et références

  1. a, b, c, d et e Voir le billet du 29 mai 2007 écrit par Patrick Allemand, vice-président du Conseil Général des Alpes-Maritimes, pour les commémorations du 63ème anniversaire du bombardement du 26 mai 1944.
  2. Sources : Liberator, Épopées tragiques dans les Alpes-Maritimes et l'Est Varois, par Philippe Castellano, CA, octobre 1994 (ISBN 2-9508755-0-5).
  3. Lire Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire de la deuxième guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, pages 32 et 33.
  4. Voir le relevé de la plaque commémorative de la place de la Brigue à Nice.
  5. Voir le relevé du Monument Aux Morts du dépôt Saint-Roch à Nice
  6. Voir le relevé du Monument Aux Morts du quartier Pasteur à Nice.
  7. Voir le relevé du Monument Aux Morts du quartier Riquier à Nice.
  8. Voir le relevé de la plaque commémorative pour Joseph Milano.
  9. Voir le relevé des stèles commémoratives pour les victimes des bombardements sur Saint-Laurent-du-Var.
  10. Voir Photos de l'espace de recueillement et des stèles commémoratives à Saint-Laurent-du-Var
  11. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire de la deuxième guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, page 111.
  12. Voir le relevé du carré militaire du cimetière Saint-Marc de Saint-Laurent-du-Var.

Bibliographie

  • G.R. Anderson (préface de Francis Ampe et d'André Mollard), Bombing Chambéry  : les aviateurs américains racontent le bombardement de Chambéry le 26 mai 1944, Chambéry : Chambéry action, 1983, 37 pages.
  • Philippe Castellano, Liberator, Epopées tragiques dans les Alpes-Maritimes, publié à compte d'auteur, 1994 (ISBN 2-9508755-0-5).
  • Jean-Claude Valla, La France sous les bombes américaines : 1942-1945, Librairie Nationale, 2001 (ISBN 2-911202-44-9).
  • Max Lagarrigue, Comment les Français vivent-ils les bombardements alliés ?, in 99 questions... La France sous l'occupation, Montpellier, CNDP, 2007.
  • Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la deuxième guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, 1997 (ISBN 2-86410-272-2).
  • Marc Swanson, Le bombardement de Saint-Étienne. Pourquoi ? 26 mai 1944, Actes Graphiques, 2004 (ISBN 2-910868-59-1).

Liens externes

Sur le bombardement de Nice et de Saint-Laurent-du-Var

Sur le bombardement de Chambéry

Sur le bombardement de Saint-Étienne

Sur le bombardement de Lyon

Voir aussi


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