Buster Keaton

Buster Keaton
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Buster Keaton

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Buster Keaton

Nom de naissance Joseph Frank Keaton Junior
Surnom Buster
Naissance 4 octobre 1895
Piqua, Kansas (États-Unis)
Nationalité Drapeau des États-Unis Américaine
Décès 1er février 1966 (à 70 ans)
Hollywood, Californie
États-Unis
Profession Réalisateur
Acteur
scénariste
producteur de cinéma
Films notables Sherlock, Jr.

La Croisière du Navigator
Le Mécano de la « General »
Cadet d'eau douce

Le Cameraman

Buster Keaton est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur américain, né Joseph Frank Keaton Junior le 4 octobre 1895 à Piqua (Kansas), mort le 1er février 1966 à Hollywood (Californie) ; « Buster » est un surnom générique (« pote ») signifiant aussi « casse-cou »[1]. Humoriste célèbre pour son flegme, il fut entre autres surnommé « l'homme qui ne rit jamais[2] » par contraste avec Charles Chaplin.

Sommaire

Biographie

Premiers pas

The Three Keatons : Buster Keaton, à 6 ans, avec ses parents Myra and Joe Keaton
Buster Keaton pendant son service militaire en 1918

Joseph Frank Keaton nait dans une petite communauté de fermiers du comté de Woodson, dans le sud-est du Kansas de Joseph Hallie Keaton et Myra Edith Cutler, acteurs de cabaret. Un an plus tard, le surnom « Buster » lui est attribué. D'après la légende, Harry Houdini en serait à l'origine, mais il est plus vraisemblable qu'il fut inventé par son père. Dès octobre 1900, il rejoint ses parents sur la scène du Bill Dockstader's Wonderland Theatre de Wilmington (Delaware) et devient un membre salarié de leurs numéros[3].

Carrière hollywoodienne

Il est l'une des références du film comique et burlesque, et fut souvent cité comme son modèle par Charles Chaplin. Il apprend le métier de comique sur les planches de spectacles burlesques dès son plus jeune âge avec son père. Il débute comme acteur au cinéma muet aux côtés de Roscoe 'Fatty' Arbuckle. Sa première expérience sur les planches lui a donné une technique corporelle exceptionnelle, mais la piètre qualité de ses premiers spectacles lui a donné le désir de faire des films qui, eux, soient beaux et élégants et ses mises en scènes sont magnifiques. C'est donc en une seule décennie (de 1920 à 1930) que Keaton va réaliser et interpréter une dizaine de films qui feront date dans l'histoire du cinéma. Il créera un personnage introverti mais téméraire toujours en quête d'amour.

Son chapeau canotier sur la tête, Keaton explorera au travers de ses films plusieurs thèmes qui feront de son œuvre une œuvre brillante, sincère et jalonnée bien souvent de faits historiques mais remodelés avec la finesse, la précision et l'humour du cinéaste (la préhistoire avec Les Trois Âges, la guerre de sécession avec Le Mécano de la « General », le Far West avec Go West). Parmi les thèmes de prédilection de Keaton, nous retrouvons l'entêtement de son personnage, ce désir d'aller de l'avant. Keaton considère qu'il faut essayer, que l'immobilisme est source de régression, son œuvre est remplie d'optimisme. Il en résulte un cinéma en perpétuel mouvement, des films millimétrés où le grain de sable (volontaire, car voulu par le cinéaste pour faire évoluer son personnage) fait partie intégrante du film. Chez Keaton, le mouvement est sans cesse ralenti par un impondérable contre lequel le personnage lutte afin de retrouver un équilibre entre la situation actuelle et ce qu'elle aurait dû être. Il en résulte des gags et circonstances jamais hasardeux, Keaton fut un mathématicien du gag, ceux-ci étaient étudiés, travaillés et réfléchis, dans la majeure partie de son œuvre, Keaton fait preuve de cette inventivité faussement facile. Précurseur d'un art nouveau en passe de devenir un art majeur, Keaton a contribué (comme Chaplin, David W. Griffith, Fritz Lang, Murnau, Eisenstein, Victor Sjöström et quelques autres) à faire changer de dimension le cinéma, qui en est sorti grandi. Mais comme beaucoup de cinéastes à cette époque le cinéma muet avait son propre langage et l'arrivée du parlant (un peu avant 1928) changea ce langage.

Keaton va devenir un réalisateur obsolète tout en étant un créateur de génie. Ce paradoxe tient au fait que Keaton était devenu un artiste complet, maitrisant son art dans toutes ses dimensions. Les films de Keaton étaient autonomes, et les spectateurs, à cette époque-là, comprenaient parfaitement son cinéma. Le parlant ne pouvait que lui être fatal, car Keaton était un visuel dont la mécanique cinématographique s'inscrivait uniquement sur une construction rythmée et dont les films n'avaient pas besoin de paroles. Ä l'arrivée du parlant, Keaton garda son personnage et tenta de faire rire avec des mots, alors que son art était purement visuel. L'engrenage était en marche, les studios continuèrent à faire avec lui du « Keaton parlant », mais cela ne fonctionna pas. Keaton ne prit jamais soin de protéger son œuvre ; son profil et sa naïveté firent qu'il fut remisé comme faire valoir, et son déclin fut inéluctable.

Déclin

Les premiers « essais » cinématographiques de Keaton n'eurent que peu de succès, sa voix dépareillait avec son personnage, son attitude et son jeu s'en trouvèrent modifiés, sa légèreté et son inventivité comique furent reconverties en simples gags verbaux et Keaton ne put se résoudre à cette déchéance. Très vite il perdit le contrôle artistique de ses films, ce qui porta un coup fatal à sa carrière.

Buster Keaton souffrit terriblement de la perte de son autonomie artistique, dès 1930, après son dernier chef-d'œuvre, Le Cameraman, son mariage avec Natalie Talmadge (la fille d'un grand producteur hollywoodien) battit de l'aile, il fut mis à l'écart des studios et plongea dans la dépression et l'alcool. Keaton se vit adjoindre un partenaire pour ses films suivants (comme Jimmy Durante, comique respectable mais envahissant et terriblement bavard). Durant presque quarante ans, Keaton ne fera plus que des films moyens (pour ne pas dire médiocres), contrôlés voire corrigés par Hollywood, il ne sera plus réalisateur mais simple faire valoir tant sur l'écran qu'à l'affiche. Des réalisateurs sont chargés de le chaperonner (Edward Sedgwick notamment). On le retrouvera parfois dans de petits rôles, il joue au bridge dans Boulevard du crépuscule monument cinématographique signé Billy Wilder (avec, présent dans le film, un autre « oublié » d'Hollywood, Erich von Stroheim). On le verra également dans Les Feux de la rampe, film de Chaplin qui réunit les deux plus grands comiques cinématographiques pour quelques scènes immortelles comme celle du maquillage dans la loge et plus tard Chaplin et Keaton sur scène, comme deux clowns vieillissants et oubliés. Il fera aussi quelques « caméras cachées » où éclate au travers de quelques gags truculents, le vrai visage de Keaton.

Buster dut attendre le début des années soixante pour connaître un nouveau succès avec la ressortie de ses meilleurs films (Le Mécano de la Général, Sherlock Jr., La croisière du Navigator…). De jeunes réalisateurs comme Richard Lester se sont entêtés à retrouver les négatifs originaux pour pouvoir toucher un nouveau public qui reconnut, enfin, le génie de Keaton.

Dernières années

Buster Keaton vers 1939
La tombe très sobre de Buster Keaton

En 1940, en troisièmes noces, il épousa Eleanor Norris, qui comme pour Charles Chaplin avec Oona O'Neill, restera son épouse jusqu'à sa mort.

Dans les années 50, il passa en vedette à Paris au cirque Medrano dans un numéro muet[4].

Buster Keaton reçoit un Oscar en 1959 pour l'ensemble de sa carrière.

Deux ans plus tard, il participe à un épisode de La Quatrième Dimension. Il joue le rôle d'un balayeur grincheux qui se plaint de son époque (1890) et s'imagine que la vie en 1961 y est bien plus agréable. À la fin de l'épisode, on le voit sourire.

Le 1er février 1966, Buster Keaton meurt d'un cancer du poumon à l'âge de 70 ans à Woodland Hills en Californie. Son état critique ne lui fut jamais diagnostiqué ; il pensait avoir contracté une simple bronchite. Confiné dans un hôpital les derniers jours de sa vie, il parcourait sa chambre sans trouver le repos. Dans un documentaire sur sa carrière, sa veuve Eleanor déclarait qu'il jouait aux cartes avec des amis la nuit avant sa mort[5]. Quelques années auparavant, il avait construit dans son garage un train électrique assez long et, pour arrêter de fumer, sur les bons conseils d'Eleanor, il posait sa cigarette dans un des petits wagons et ne prenait qu'une bouffée au passage du train, tous les quatre tours. Eleanor meurt en 1998, également d'un cancer du poumon.

Lors d'une conversation avec Peter Bogdanovich, Keaton avait confié : « je souhaiterais être mis en terre avec un jeu de cartes et un chapelet afin d'être prêt à toute éventualité… »

Analyse

Le génie de Keaton, immense, est différent de celui de Chaplin. Keaton, moins humaniste, pratique le gag avec une précision d'orfèvre, presque en mécanicien ; la scène où la façade de la maison lui tombe dessus dans Cadet d'eau douce, ou la précision du tir du boulet de canon dans Le Mécano de la « General », sont des sommets de la mécanique keatonienne. Keaton sait se trouver là où l'on ne l'attend pas, amorcer son gag, emmener le public à deviner ce qui va se passer et finalement surprendre avec un gag complètement différent de celui que l'on a anticipé, comme dans La Maison démontable où Keaton se démène pour enlever sa maison démontable de la voie du chemin de fer, car un train pointe au loin. N'y arrivant pas, il se retire avec sa compagne pour éviter le choc mais le train passe en réalité sur la voie d'à côté. C'est alors que sa maison est réduite en miettes par un autre train arrivant en sens opposé. Keaton a également un sens de l'espace exceptionnel, ses grands travellings sont toujours des modèles du genre, comme dans Les Fiancées en folie. La totale maitrise d'un film comme Sherlock Junior, au montage et aux effets visuels complexes, montre avec éclat les qualités de metteur en scène de Keaton.

Durant cette époque, les grands cinéastes du monde du comique, du « burlesque », se servaient de personnages au style vestimentaire immédiatement reconnaissable par le spectateur ; Chaplin avec The tramp (le vagabond, rebaptisé « Charlot » en France), Keaton avec son chapeau canotier et son costume relativement souple dans un bonhomme coincé, Harold Lloyd au style proche de Keaton, mais au personnage plus intellectuel. C'est le français Max Linder (au tout début des années 1910), qui instaura cette variété de personnage, lui fut le « dandy » charmeur et gaffeur.

Affiche de Convict 13 (titre original de Malec champion de golf)

Considéré comme « l'homme qui ne riait jamais », Keaton fut un être, dans la vie, à l'opposé de ses personnages. Cette façade au visage impassible, Keaton s'en servait pour avoir un personnage parachuté dans une situation dans laquelle il n'a pas sa place au départ mais toujours prêt à faire face. Dans La croisière du Navigator, Keaton doit -après un chassé croisé avec sa future bien-aimée- apprendre à vivre à deux, et même à trois, car le paquebot fait partie intégrante de l'action : il est le trait d'union des protagonistes. Cet apprentissage fait du personnage de Keaton l'homme d'une seule femme. Keaton rajoute davantage à cette vision monogamique dans Les fiancées en folie où il est pris entre une avalanche de pierre et une ruée massive de femmes voulant l'épouser. Pour ce film, Keaton a été taxé de misogynie, alors qu'il voulait simplement souligner la cupidité des êtres. Ce qui, dans le film, s'applique aux femmes peut également s'appliquer aux hommes. Keaton, au bas d'une colline, volt débouler sur lui, d'un côté des pierres et de l'autre des femmes. Il s'en sortira par une pirouette purement « Keatonienne » et trouvera l'Amour.

Paradoxalement, Keaton fut marié plusieurs fois. Cette « expiation » cinématographique était pour lui un exutoire aux complications de la vie de couple. A l'écran, son personnage n'a pas de position sociale bien définie (à part quelques rares exemples, comme La croisière du Navigator où son personnage est très riche), ou plus exactement l'argent ne compte pas pour lui : dans Sherlock Junior, il est projectionniste et s'évade au travers des films qu'il projette mais, dans sa quête d'amour, il fait passer la réussite sociale au deuxième plan. Idem dans Le Cameraman où seule compte celle qu'il aime : dans une cette scène sublime où, dans l'attente du coup de téléphone de son amour, il fait des dizaines d'aller-retour entre le téléphone, situé en bas de son immeuble, et son logement, tout en haut. Et quand, enfin, son aimée téléphone pour lui donner rendez-vous, elle n'a pas le temps de finir ses phrases, que Keaton, au terme d'une course effrénée et de maintes périples, se présente chez elle au moment où elle raccroche.

Pour Keaton seul compte l'amour. Il peut être avancé prudemment que Keaton recherche cet instant d'éternité, ce moment où deux êtres se découvrent et regardent vers une même direction sentimentale. Il n'évoque pas, en revanche, la suite de cet instant. Bien sur, au final cela est suggéré, mais Keaton ne développe pas la vie en couple ni n'aborde (ou peu) la famille, la sienne, ou celle qu'il va fonder. Dans Cadet d'eau douce (1928), toutefois,Keaton vient au secours de son père emprisonné. Buster se démène pour faire évader son père de prison au moment où un cyclone vient frapper la ville. Cette tornade peut symboliser la « sanction » divine s'abattant sur le fils d'un mauvais père. Buster, au prix d'éprouvantes prouesses physiques parviendra une nouvelle fois à se sortir de toutes les situations. C'est aussi, dans le même temps, un test « grandeur nature » pour faire son apprentissage de la navigation, et se préparer, une fois en mer, à déjouer ses pièges (sauf que dans le cas présent, ce sont les maisons qui flottent). Nous trouvons également chez Keaton un besoin de reconnaissance et d'affirmation. En effet, son personnage (comme lui-même d'ailleurs) est quelqu'un de frêle et pas très grand. Keaton est prêt à tout pour l'obtention de ce statut « d'homme », pour être aimé et reconnu, comme étant un héros de guerre, par Anabelle dans Le Mécano de la « General ». Keaton, après avoir été refoulé par l'armée, ne peut assumer son étiquette de (futur) lâche, mais prouvera pourtant sa bravoure avec une « associée » non moins négligeable, une locomotive. Ce besoin d'être reconnu fera à nouveau surface dans College, Le Cameraman (avec un final étourdissant sur fond de guerre de gangs), et comme toujours, Keaton faisant fi de tous les dangers afin d'exister aux yeux de celle qu'il aime.

Certains de ses « partenaires-objets » sont souvent, par rapport à lui, gigantesques : la locomotive dans Le Mécano de la « General », le paquebot dans La croisière du Navigator, le troupeau de vaches (qui, au bout du compte, ne fait plus qu'un) dans Go West mais aussi sa compagne qui s'avère être bien plus masculine, physiquement parlant, que lui dans Les Trois Âges. Au final, Keaton domine ses encombrants partenaires avec simplement un peu d'intelligence. Selon Keaton, les gros objets ne sont pas plus dangereux que les petits. Le danger n'effraie pas Keaton, il fait parvenir son personnage à une dimension humaine concrète qu'il n'aurait pas eu sans le braver. Keaton nous enseigne qu'il est vain de se battre pour des causes qui ne sont pas les siennes.

Les gags-éclair

Chez Keaton, certains gags étaient instantanés et d'une intelligence peu commune et faisaient prendre à son récit une tournure différente. Pour emmener le public sur son propre terrain, Keaton se servait de certains gags éclairs sans tomber dans une transition cinématographique assez longue. Plusieurs exemples illustrent ce propos et le gag de la transformation de Keaton en une vieille femme dans Sherlock Junior restera l'un des sommets du cinéma keatonnien. Le film tout entier est une ballade entre le réel et la magie, sa façon d'entrer et de sortir de l'écran quand il est dans son cinéma (dans le film), le gag où il est contre une palissade et le méchant voulant le saisir lui passe...à travers, et Buster repartant intact comme si rien ne s'était passé. Tout le film est bâti sur cette sensation d'étrangeté et de magie, de fait, certains gags éclair frappent comme des coups de génies, et c'est sur ce modèle de construction que le spectateur assimile avec plaisir ces gags rapides et (in)vraisemblables.

Bon nombre d'exemples sont présents dans les films de Keaton à propos de ces gags très rapides, lorsqu'il est dans la diligence dans Les lois de l'hospitalité et, pourvu d'un chapeau un peu trop grand pour lui, au passage d'une bosse, la diligence saute et ce n'est pas le chapeau qui s'enfonce sur la tête de Buster, c'est Buster qui vient s'engouffrer dans son chapeau. Cet autre gag rapide et brillant, une nouvelle fois, nous en dit long sur le talent de Keaton, il a eu l'idée de surbaisser le toit de la diligence avant le tournage de cette scène pour que justement le chapeau n'aille pas à Buster mais que ce soit Buster qui aille au chapeau.

Le détournement

The General 05.jpg

Keaton avait une façon très personnelle de détourner les objets de leur fonction initiale. Les objets détournés font « grains de sable » dans la mécanique keatonienne, ce qui propulse Keaton dans un contexte différent de la logique réelle où il se retrouve dans une situation qu'il n'a pas choisi et où il doit faire face. Dans Le Mécano de la « General » par exemple, Keaton fait une partie de Mikado géant avec de grandes buches de bois.

Chez Keaton la matière aussi, revêt une importance primordiale. Elle est palpable visuellement. Dans Les Trois Âges Buster joue au Base Ball ; avec un coup d'une maitrise inouïe sa partenaire expédie la balle sur lui (elle est à une dizaine de mètres, et la réalisation de ce gag a demandé des heures de préparation et un grand nombre de prises), lorsque Keaton tombe sous le choc de cette balle, il nous fait ressentir la matière dont la balle est constituée. Dans Sherlock Junior, lorsque notre héros suit comme son ombre le « méchant », celui-ci jette sa cigarette en l'air, et une nouvelle fois, avec une précision diabolique, Keaton récupère la cigarette en plein vol et se met à la fumer. Il devient alors l'ombre physique du méchant et ce transfert se concrétise (très habilement) en récupérant et détournant l'objet qui différentie notre héros du méchant ; la cigarette. Dans Les Fiancées en folie, Keaton fait une demande en mariage par écrit à une parfaite inconnue. Sa réponse tombe comme une pluie de refus, en effet, elle refuse en déchirant sa lettre. Au-delà de ce geste (celui de déchirer la lettre) le refus se démultiplie en autant de morceau déchiré, cette fois encore la matière (ces dizaines de petits bouts de papier déchiré) vient appuyer l'émotion, en l'occurrence le dépit de Buster.

À cause de ces objets ou de certaines situations, Keaton est l'élément parachuté dans un conflit qui n'est pas le sien, il ne compte pas interférer avec ce conflit, sauf si cela fait aboutir sa propre cause. Ceci n'est en rien de la lâcheté ou de la peur, Keaton veut simplement souligner l'inutilité de ce conflit, pour ne pas aggraver la situation (dans Le Cameraman, Le Mécano de la « General » ou dans une moindre mesure, Sherlock Junior), Par cela même, Keaton ne délivre aucun message politique, idéologique ou religieux. Comme Chaplin, Keaton avait très précisément saisi l'importance de telle ou telle image, mais à l'inverse de Chaplin, qui par sa puissance et sa notoriété cinématographique est parvenu, politiquement, à faire prendre conscience de certaines choses (L'Émigrant, Les Temps modernes ou Le Dictateur), Buster Keaton restera un pur poète, pour qui comptaient la finesse des sentiments et leur sincérité, un authentique conteur de films, comme Charles Chaplin ou Orson Welles...

Filmographie

Lors des premières sorties françaises, Buster était renommé Frigo ou Malec. Du fait de la multiplicité de titres différents attribués à ses films, le titre retenu, français ou anglais, est le plus utilisé et reconnu, notamment dans le cadre de récentes restaurations.

Notes et références

  1. « A staged fall, used in theatrical and film comedy » allwords.com ; « an unusually sturdy child » merriam-webster
  2. « L'homme qui ne rit jamais, Visage de marbre, Tête de buis, Figure de cire, Frigo et même Masque tragique, voilà comment on m'a toujours surnommé. En apothéose, le célèbre écrivain et critique James Agee a décrit mon visage en ces termes ; « Il rivalise presque avec celui d'Abraham Lincoln en tant qu'archétype américain : hiératique, fier, presque sublime; inoubliable. » Je n'ose imaginer ce que notre Grand Pionnier eût pensé d'une semblable comparaison. Quant à moi, elle me comble d'aise. » - Extrait de Slapstick de Buster Keaton et Charles Samuels (traduction de l'autobiographie My Wonderful World of Slapstick)
  3. Buster Keaton Interviews, recueil d'entretiens avec l'acteur-réalisateur de 1921 à 1965 sous la direction de Kevin W. Sweeney
  4. [1]Fiche de paye de Buster Keaton au cirque Medrano en janvier 1954.
  5. Turner Classic Movies

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

Publications en français :

  • Jean-Patrick Lebel, Buster Keaton, collection Classiques du cinéma, Éditions universitaires, 1964.
  • Marcel Oms, Buster Keaton, Premier Plan, 1964.
  • Buster Keaton et Charles Samuels, Mémoires. Slapstick (traduction de l'autobiographie My Wonderful World of Slapstick), Librairie L'Atalante, 1984; réédition collection Points/Virgule, Seuil, 1987.
  • Jean-Pierre Coursodon, Buster Keaton, Seghers, 1973; réédition par les éditions Atlas-l'Herminier, 1986.
  • Robert Benayoun, Le Regard de Buster Keaton, Herscher, 1982; réédition dans la collection Poche/Cinéma, Ramsay, 1987.
  • Olivier Mongin, Buster Keaton, l'Étoile filante, Hachette, 1995.
  • Le livre Buster Keaton, édition cahier du cinéma, collection grands cinéastes, Paris, 2007, 94 pages

Publications en anglais :

  • Buster Keaton Interviews, recueil d'entretiens avec l'acteur-réalisateur de 1921 à 1965 sous la direction de Kevin W. Sweeney, collection Conversations with Filmmakers, éditions University Press of Mississippi.

Liens externes


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