Butte aux Cailles (quartier parisien)

Butte aux Cailles (quartier parisien)

Butte-aux-Cailles (quartier de Paris)

48° 49′ 41″ N 2° 21′ 06″ E / 48.827972, 2.351568

Vue depuis la rue Barrault en 1900

La Butte-aux-Cailles est un quartier de Paris situé dans la partie occidentale du 13e arrondissement.

Elle est desservie par les lignes de métro (M)(5)(6)(7) à la station Place d'Italie, par la ligne (M)(6) à la station Corvisart ainsi que par les lignes de bus (BUS) RATP 57  67.

Sommaire

Historique

À l'origine, c'est une colline recouverte de prairies et de bois, construite de plusieurs moulins à vent et surplombant la Bièvre de 62 mètres. La Butte-aux-Cailles tire son nom de Pierre Caille, qui en fait l'acquisition en 1543[1].

Au XVIIe siècle, on y pratique l'exploitation minière des pierres coquillières (calcaire), mais les nombreuses activités industrielles[2] utilisant l'eau de la Bièvre, telles que teintureries, tanneries, blanchisseries, mégisseries, et même boucheries, rendent ce quartier sordide.

En 1784-1785, la muraille des fermiers généraux est construite au nord de la butte, à l'emplacement de l'actuel boulevard Auguste-Blanqui, mettant la Butte-aux-Cailles aux portes de la capitale.

En 1860, la Butte, qui était à Gentilly, rejoint le territoire de Paris qui annexe des communes environnantes en partie ou en totalité.

De 1828 à 1910, la ville de Paris mène des travaux pour rendre la Bièvre souterraine, et la Butte prend progressivement son apparence actuelle au début du XXe siècle, restant un village du siècle dernier en plein cœur de Paris. Cette particularité est due aux carrières de calcaire qui empêchent encore aujourd'hui la construction de bâtiments lourds. Toutefois, la quasi-totalité des vides ont été remblayés ou injectés. Les anciennes carrières ne sont d'ailleurs plus aisément accessibles aux cataphiles.

Le puits artésien

Sur une idée de François Arago qui voulait alimenter le quartier en eau et déverser le surplus dans la Bièvre au débit devenu insuffisant, le forage d'un puits artésien est décidé par arrêté du préfet Haussmann daté du 19 juin 1863[3]. Les travaux ne commencent que le 28 août 1866, et débutent par l'érection d'une tour de forage en bois.
Devant les difficultés techniques rencontrées, les travaux sont interrompus en 1872, et seule la tour en bois, abandonnée, demeure comme témoin de cette tentative sur la place au nom prédestiné de place du Puits-Artésien. Repris en 1893 sous la direction de l'ingénieur Paulin Arrault[4], l'eau captée à 582 m de profondeur jaillit enfin en novembre 1903, à la température de 28°C et avec un débit de 6 000 m3 par jour. A cette époque, la Bièvre était déjà en cours d'enfouissement, et il n'était plus question d'y déverser l'eau du puits artésien. Ce n'est qu'en 1924, lors de la construction de la toute proche piscine de la Butte-aux-Cailles que cette dernière fut alimentée par cette eau de qualité.

Événements

  • 1871 : lors de la Commune de Paris, les « Fédérés de la Butte-aux-Cailles », commandés par Walery Wroblewski repoussent par quatre fois les troupes versaillaises. La place de la Commune-de-Paris, à l'angle des rues Buot et de l’Espérance, perpétue le souvenir de ce mois de mai.

Édifices, monuments et lieux remarquables

  • Sur la place, le square Henri-Rousselle, du nom de ce président du conseil général de la Seine, orné de son buste en bronze dû à Denis Saula[5].
  • Le temple antoiniste au carrefour de la rue Vergniaud et de la rue Wurtz, construit en 1913.
  • L'École nationale supérieure des télécommunications, qui occupe l'espace entre les rues Barrault, Vergniaud, Tolbiac et Daviel, sur la pente occidentale. A l'époque École supérieure des postes & télégraphes (ESPT), elle intègre en 1934 les locaux libérés par la manufacture de gants Noblet, comme en témoigne le logo constitué d'un N et de deux C inversés plusieurs fois répété sur la façade de la rue Barrault.
Sur la façade principale, au n° 46 de la rue Barrault, on remarque un bas-relief daté de 1962 et dû au sculpteur Félix Joffre (1903-1989) et à l'architecte Marcel Chappey. Il comporte l'inscrption suivante : « L'homme au cours des âges utilise les forces élémentaires pour les transmissions ». Six personnages y utilisent symboliquement chacun une forme de transmission à distance : la vue, les pigeons voyageurs, une trompette, le feu - sans doute sous forme de signaux de fumée - la frappe dans les mains et le cri.
A deux pas de là, toujours sur la façade principale, mais au n° 42, un autre bas-relief de plus petite taille, dû au même sculpteur, porte l'inscription « De la terre au cosmos » et représente des empreintes de pieds humains ainsi que plusieurs étoiles.
  • Une fontaine Wallace, sur la place de la Commune-de-Paris.
  • La Petite Alsace[6], rue Daviel, ensemble de petits pavillons à colombage.
  • Des maisons ouvrières du début du XXe siècle et leurs jardins minuscules.
  • Le théâtre Les Cinq Diamants, dans la rue du même nom (rue des Cinq Diamants), dû à une ancienne enseigne de bijoutier.


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Les bars et restaurants de la butte

Situé à proximité de la place d'Italie, ce quartier contraste avec les tours de béton voisines par un cachet digne d'une carte postale, de nombreux cafés et restaurants le rendant particulièrement apprécié des Parisiens. Ses deux rues principales, la rue de la Butte-aux-Cailles et la rue des Cinq-Diamants se peuplent dès le début de soirée d'une foule d'étudiants et de jeunes.

Ce quartier n'est pourtant pas de tradition « festive », comme l'a montré son historique. Jusqu'aux années 1990, il n'y a jamais eu que quelques bars et restaurants paisibles, dont la clientèle venait essentiellement du quartier, noyés dans un ensemble de commerces de proximité.

La rénovation du quartier (élargissement des trottoirs, luminaires de type haussmannien) décidée alors que Jacques Toubon était maire d'arrondissement afin de créer le label « quartier tranquille » (devenu plus officieusement « village ») a marqué le point de départ d'un grand bouleversement de l'équilibre du quartier et sa transformation partielle en lieu de loisir et tourisme.

Le rachat de commerces de proximité préexistants pour les transformer en bars et restaurants illustre le phénomène de « mono activité » commerciale dans une métropole, contradictoire avec le label « village ».

Pourtant il y a encore une forte densité de population de résidents dans le quartier. Pour un certain nombre, les soirées et les nuits sont devenues difficiles. Ils reprochent aux autorités de ne pas faire appliquer la réglementation existante au nom de la protection des intérêts économiques des débits de boissons et restaurateurs. On a là une illustration du choc frontal existant parfois entre droits de l'homme (sommeil, santé) dans un domicile tranquille au titre de l'article 8 CEDH et développement économique.

Notes et références

  1. Gérard Conte, C'était hier… Le 13e arrondissement, L.M. - Le Point, 1992 (ISBN 2-904463-04-6), p. 99. 
  2. Renaud Gagneux, Jean Anckaert, Gérard Conte, Sur les traces de la Bièvre parisienne, éditions Parigramme, 2002 (ISBN 2-84096-238-1), p. 29-43. 
  3. Gérard Conte, C'était hier… Le 13e arrondissement, L.M. - Le Point, 1992 (ISBN 2-904463-04-6), p. 101. 
  4. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, éditions de Minuit, 1985 (ISBN 2707310549), p. 246. 
  5. Jean-Pierre Thomas, Le guide des effigies de Paris, L'Harmattan, 2002 (ISBN 9782747523141), p. 123  consulté sur ce site le 12 novembre 2008.
  6. Petite Alsace

Voir aussi

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Bibliographie

  • La Butte-aux-Cailles, Gaston Digard, éditions municipales, Paris, 1995
  • Gérard Conte, C'était hier… Le 13e arrondissement, éditions L.M. - Le Point, 1992.
  • Renaud Gagneux, Jean Anckaert, Gérard Conte, Sur les traces de la Bièvre parisienne, éditions Parigramme, 2002.
  • Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les éditions de Minuit, 1985.
  • Catherine Vialle, Je me souviens du 13e arrondissement, éditions Parigramme, 1995.
  • Philippe Lucas, Mémoire des Rues : Paris XIIIe arrondissement, éditions Parimagine 2004.
  • René Dubail, D'hier à aujourd'hui : le XIIIe arrondissement, Les Éditions municipales, 1999.
  • "La vallée de la Bièvre... à pied" Topoguides - Collection Randocitadines. Entièrement réalisé par des bénévoles des Comités régionaux et départementaux franciliens.

Liens externes

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