Camps de concentration en France

Camps de concentration en France

Camp de concentration français

Il a existé des camps de concentration en France avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le seul camp de concentration nazi ayant existé sur le territoire français actuel est le Struthof[1],[2],[3],[4], en Alsace alors sous administration allemande. Ce camp était équipé d'une chambre à gaz.

Bien qu'utilisé par les historiens, et par les administrations elles-mêmes, le terme camps de concentration est parfois controversé pour les camps français, et lui est préféré le terme camps d'internement, pour les différencier des camps nazis aux conditions en général beaucoup plus dures. Les conditions de vie dans les camps de concentration français ont été très variables, selon les lieux et les époques. Si, dans la plupart, la privation de liberté était complète et les conditions matérielles étaient rudes, dans très peu de cas l'alimentation a été aussi déficiente que dans les camps nazis. La mortalité est toujours restée très inférieure à celle des camps nazis [5].

40 000 étrangers, dont de nombreux réfugiés espagnols, sont soumis, à partir de septembre 1940 aux travaux forcés dans ce qu'on appelle les « Groupes de travailleurs étrangers ». En métropole, il peut s'agir de travaux agricoles, ou de travaux de fortification du mur de l'Atlantique dans le cadre de l'Organisation Todt. En Afrique du Nord, des hommes construisent le transsaharien : « de nombreux travailleurs succombent à la faim, aux maladies et à la torture »[6].

Des hommes succombent « sous les tortures de gardes-chiourmes » dans des « camps de représailles » comme Hajerat M'Guill [7].

Sommaire

Avant la Seconde Guerre mondiale

Il faudrait distinguer ceux de la Première Guerre mondiale, et ceux qui furent ouverts pour regrouper les réfugiés de la guerre civile espagnole.

Soit au moins six camps dès avant 1939.

Il faudrait y ajouter :

  • ceux de prisonniers allemands en 1939, tels que le camp des Milles ; parfois les mêmes que les précédents ;
  • ceux de l'Empire colonial, mal connus en Europe.

Pendant la Seconde Guerre mondiale

Dès 1939 les camps existants se rempliront d'Allemands et d'Autrichiens, c'est-à-dire indifféremment d'opposants au régime nazi (communistes, socialistes, opposants divers, Juifs allemands ou autrichiens) ou de personnes favorables au régime hitlérien, ou de combattants allemands. Ensuite, après la défaite de 1940 et la chute du régime républicain, viendront les Juifs, qui seront peu à peu livrés aux nazis.

La Troisième République et le régime de Vichy, interneront dans des camps qui s'appelleront diversement :

  • Camps d'accueil ;
  • Camps d'internement ;
  • Camps de séjour ;
  • Centres de séjour surveillés ;
  • Camps de prisonniers.

Une autre catégorie apparaît sous le régime pétainiste :

Des camps d'internement des Tsiganes firent aussi leur apparition sous le régime de Vichy : voir l'article Porajmos.

De la concentration à l'extermination

Il n'a pas existé de camp d'extermination en France.

Cependant, le camp du Struthof, ou Natzweiller-Struthof, en Alsace, seul camp de concentration créé par les nazis en territoire français annexé, possédait une chambre à gaz de fortune qui fut utilisée pour exterminer au moins 86 détenus (notamment Juifs) dans le but de constituer une collection de squelettes intacts (ce mode d'exécution ne les altérant pas) pour le professeur nazi August Hirt.

À proximité, se trouvait le camp de rééducation de Vorbrück-Schirmeck, destiné aux Alsaciens Mosellans annexés au Reich et récalcitrants.

D'autre part, plusieurs camps de concentration administrés et/ou gardés par l'administration française ont servi d'antichambre pour les camps d'extermination en Europe de l'Est (ie: le camp de Drancy qui fut administré par des Français jusqu'en 1942 et gardé par les gendarmes français jusqu'à la fin). De même, la gendarmerie et la police française furent chargées de convoyer plusieurs trains de déportés à destination des camps d'extermination jusqu'à la frontière avec l'Allemagne.

Liste des camps

« L'ouverture rapide de nouveaux camps sera créatrice d'emplois et la gendarmerie ne cessera d'embaucher à cette époque », Maurice Rajsfus, Drancy, un camp de concentration très ordinaire, Cherche Midi éditeur.

On ajoutera :

  • Struthof, ou Natzweiller-Struthof, en Alsace, seul camp de concentration créé par les nazis en territoire français annexé.

Camps dans l'Empire colonial français

Dans l'empire colonial, l'État français crée en Algérie au Maroc et en Tunisie des camps de travail, ou des camps d'internement pour les Juifs ou travailleurs étrangers.

-en Algérie

  • Abadla
  • Ain el Ourak
  • Bechar
  • Berguent
  • Bogari
  • Camp Suzzoni à Boghar, pour les étrangers.
  • Colomb Bechar
  • Djelfa, camp mixte.
  • Djenien Bou Rezg, camp mixte.
  • El Aricha, pour les internés de droit commun.
  • Kenadsa
  • Mecheria, camp mixte.
  • Meridja
  • près d'Oran, le camp de Bossuet, au Telagh, pour les politiques également Centre de séjour surveillé[20].
  • Sidi-Bel-Abbès

Note : 600 militants, communistes ou responsables syndicaux pour la plupart, anarchistes aussi, avaient été déportés sans jugement particulier. Parmi eux, figuraient les 27 députés communistes dont Florimond Bonte a retracé « le Chemin de l’honneur », qui avaient été condamnés à cinq ans de prison en avril 1940 par un tribunal militaire. Les députés avaient été enfermés au bagne de Maison Carrée, les autres dans des camps du Sud algérois, notamment à Djelfa, ou du Sud oranais.[21] ;

-au Maroc

  • Bouarfa Centre de rassemblement pour étrangers, Groupement de travailleurs étrangers.
  • Boudenib, pour les internés de droit commun également Centre de séjour surveillé.
  • Missour, pour les étrangers.
  • Oued Zem, pour les étrangers.
  • Sidi el Ayachi, pour les étrangers.
  • Tendrara

-en Tunisie

  • Gafsa, pour les internés de droit commun.
  • Lekef, pour les étrangers.

À la Libération

Les suspects de collaboration

Pendant la période de la libération (juin 1944 - mai 1946) de nombreux camps servent à l'internement administratif des suspects de collaboration dans le cadre de l'épuration.

Les prisonniers de guerre allemands

Environ 750 000 prisonniers de guerre allemands sont internés en France en 1945, encore 301 000 au début de 1948 et les derniers sont libérés fin 1948.[22]

Exemples : camp de Voves (d' août 1944 à 1947), Camp de Gurs (de façon brève).

Après la Seconde Guerre mondiale

Des camps ont existé, pendant les guerres d'Indochine et d'Algérie, généralement appelés camps de regroupement.

Guerre d'Algérie

Durant la guerre d'Algérie, le Ministère de l'Intérieur français obtint en 1957 la possibilité de recourir à nouveau à l'internement administratif collectif. Plusieurs centres d'assignation à résidence surveillée furent créés en métropole sur des sites militaires : Larzac (Aveyron), Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), Saint-Maurice-l'Ardoise (Gard), Thol (Ain), Vadenay (Marne). Près de 14 000 Algériens suspectés d'être membres du Front de libération nationale (FLN) y furent internés.

Le plus important était le camp de Larzac, à la fois par sa taille — plus de 30 km², près de 4 000 assignés et plusieurs centaines de membres du personnel — et par sa place dans l'organisation centrale de l'internement.

En Algérie même, l'armée crée des camps de regroupement. Elle chasse la population de ses habitations et la concentre dans ces camps afin de créer des « zones interdites » et de priver le FLN de l'appui de la population.

Michel Rocard a été l’auteur, sous un pseudonyme lorsqu’il est administrateur sortant de l'ENA dans les bureaux de l’Armée française pendant son service militaire en Algérie, du Rapport sur les camps de regroupement en Algérie. Il les qualifie de camps de concentration (cf l'ouvrage d'Yves Courrière).

Yves Courrière estime à deux millions le nombre d'Algériens ayant vécu dans ces camps durant la guerre d'Algérie.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • La SNCF sous l'Occupation allemande, Institut du temps présent, CNRS, 1996,
  • Laurette Alexis-Monet, Les miradors de Vichy, préface de Pierre Vidal-Naquet, Les Editions de Paris Max Chaleil, 1994, 2001, (ISBN 2842610144),
  • Anne Boitel, Le Camp de Rivesaltes (1941-1942),
  • Yves Courrière, La Guerre d'Algérie, 4 tomes (Les Gils de la Toussaint, Le Temps des léopards, Le Temps des colonels et Les Feux du désespoir), Fayard, 1969,
  • Thomas Fontaine, Les Oubliés de Romainville. Un camp allemand en France (1940-1944), Taillandier, 2005
  • Anne Grynberg, Les Camps de la honte. Les internés juifs des camps français 1939-1944, La Découverte, 1991, réédit. 1999, (ISBN 270713046X)
  • Claude Laharie, Le Camp de Gurs. 1939-1945. Un aspect méconnu de l'histoire du Béarn, Pau : Infocompo, 1985, 397 p.
  • André Moine, Déportation et résistance en Afrique du Nord (1939-1944), Paris, Éditions sociales, 1972.
  • Denis Peschanski, La France des camps - L'internement (1938-1946), Gallimard - Mars 2002. "Entre le décret du 12 novembre 1938, qui permit d'interner les «indésirables étrangers» dans des centres spécialisés, et la libération du dernier interné en 1946, six cent mille hommes, femmes et enfants ont été enfermés dans les camps français. Denis Peschanski fait ici l'histoire d'un phénomène à la fois durable et massif, que de rares ouvrages pionniers n'avaient abordé que partiellement. [...] La France des camps, à partir d'une cartographie précise, dessine la géographie inattendue d'un archipel. Deux cents camps, avec leurs bâtiments, leurs aménagements, une administration, des ministères de tutelle aux gardiens, des rapports socio-économiques avec leur région, une société internée, des solidarités, une entraide officielle et non officielle, dont la description concrète est permise par des archives abondantes, auxquelles s'ajoutent les témoignages poignants des internés eux-mêmes." Quatrième de couverture.
  • Denis Peschanski, La France des camps (1938-1946), thèse, janvier 2001.
  • Maurice Rajsfus, Drancy, un camp de concentration très ordinaire, 1941-1944, Le Cherche-Midi éditeur, 2005 (ISBN 2862744352).
  • Madeleine Steinberg, Les camps de Besançon et de Vittel, dans Le Monde juif, no 137, janvier-mars 1990.
  • Annette Wieviorka, "L'expression 'camp de concentration' au XXe siècle", Vingtième siècle. Revue d'histoire, n° 54, 1997.

Sources, notes et références

  1. Reportage de RFI du 26 janvier 2005
  2. Documentaire de Monique Seeman et Alain Jomy, France 3 (2004-2005)
  3. Article sur Mémoire 78
  4. François Amoudruz, Le Struthof, le seul camp de concentration en France ", Historiens et géographes - Bulletin de l'Association des Professeurs d'histoire et de Géographie, n° 347, février 1995.
  5. [1] donne par exemple le chiffre de 3000 morts juifs au total dans les camps français, pour un nombre d'internés juifs de l'ordre d'une centaine de milliers
  6. Peter Gaida, Camps de travail sous Vichy. Les « Groupes de travailleurs étrangers » (GTE) en France 1940-1944
  7. Assemblée nationale, Proposition de loi n° 171 du groupe communiste tendant à assurer le droit à réparation pour les résistants déportés, emprisonnés et internés en Afrique du Nord (1940-1944), 20 août 1997.
  8. voir [2]
  9. voir [3] et [4]
  10. Voir [5]
  11. [6]. Il faut rappeler que les communistes ont été internés dès 1940, en période de guerre, à cause du Pacte germano-soviétique qui en faisait des « alliés » de l'ennemi. Les communistes furent à nouveau internés, cette fois-ci par le gouvernement du maréchal Pétain ou par les autorités occupantes après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne nazie
  12. La drôle de guerre avec les chemins de mémoire, partez à la découverte des hauts lieux de mémoire
  13. [7] [pdf]
  14. Le camp de Jargeau, juin 1940 - décembre 1945. Histoire d'un camp d'internement dans le loiret. Pascal Vion. Edition: Centre de recherche et de documentation sur les camps d'internement et la déportation juive dans le Loiret. ISBN 2-9507561-0-7
  15. Listes des internés du camp des Milles 1941
  16. Liste des internés transférés à Drancy
  17. Source site de Mémoire et espoir de la Résistance
  18. http://www.jewishtraces.org/recherche.php Liste des internés transférés à Gurs]
  19. Explore
  20. Camp de Bossuet (Oran), sur le site apra.asso.fr
  21. L'Humanité, 24 août 1994,[8]
  22. Gaspard Delon, Les prisonniers de guerre allemands dans la France de l’immédiat après-guerre, arte-tv.net, juillet 2005
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