Castor (genre)

Castor (genre)
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 Castor du Canada, Castor canadensis
Castor du Canada, Castor canadensis
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Rodentia
Sous-ordre Sciuromorpha selon ITIS
Castorimorpha selon MSW
Famille Castoridae
Genre
Castor
Linnaeus, 1758
Espèces de rang inférieur
Répartition géographique
American beaver map.png

     /    habitat actuel de C. canadensis

European beaver map.PNG

     /    habitat actuel de C. fiber

Castor californicus map.PNG

     /    emplacements de fossiles de C. californicus

Le genre Castor est le seul membre contemporain de la famille des Castoridae, famille créée par le zoologiste allemand Wilhelm Hemprich en 1820.

Ce genre regroupe aujourd'hui deux espèces de rongeurs semi-aquatiques :

  1. le castor européen Castor fiber (selon Linnaeus, 1758), en Eurasie ;
  2. le castor canadien ou Castor canadensis (selon Kuhl, 1820), en Amérique du Nord (et récemment introduit en Amérique du Sud).

Le castor est surtout connu pour les barrages, les digues et les huttes qu'il construit sur les cours d'eau et les rivières. C'est la seule espèce à produire et entretenir des zones humides ; il contribue ainsi à la diversification de l'habitat. Il a été chassés depuis l'Antiquité, ce qui a conduit les deux espèces encore vivantes au bord de l'extinction.

Depuis qu'il est protégé, quelques populations se reconstituent en Europe dans des pays où il avait disparu, souvent depuis la fin du Moyen Âge.

Sommaire

Castor européen

Article détaillé : Castor fiber.

Castor canadien

Article détaillé : Castor canadensis.

Il est morphologiquement proche de son cousin européen, dont il se distingue physiquement par un poids plus élevé, un pelage plus foncé et un os nasal crânien aux bords plus convexes. Le Castor canadien possède cependant huit chromosomes de moins que le castor européen. Il est réputé pour ses barrages de bois colmatés par de la terre qu'il construit dans les rivières où il vit.

Description

Morphologie

Le castor est particulièrement bien adapté à la vie amphibie. Il possède des narines obturables, une épaisse fourrure imperméable, de grandes pattes postérieures palmées et une queue large et aplatie en forme de truelle, couverte d'écailles qui lui sert de gouvernail lors de la nage. Il n'existe pas de différences externes notables entre mâle et femelle.

Il est le plus grand rongeur d'Eurasie et d'Amérique du Nord; il peut atteindre un mètre de long pour un poids de 20 à 30 kg et vivre jusqu'à 26 ans. C'est le deuxième plus gros rongeur au monde après le capybara qui vit en Amérique du Sud et pèse 50 kg. Contrairement à une idée répandue, le castor européen est légèrement plus lourd que son cousin nord-américain.

Denture

La mâchoire et la denture du castor sont parfaitement adaptées à la fois à l'écorçage et à la coupe du bois. C'est unique dans le monde des mammifères.
 
La mâchoire et la denture du castor sont parfaitement adaptées à la fois à l'écorçage et à la coupe du bois. C'est unique dans le monde des mammifères.
La mâchoire et la denture du castor sont parfaitement adaptées à la fois à l'écorçage et à la coupe du bois. C'est unique dans le monde des mammifères.
 v · d · m  Formule dentaire
mâchoire supérieure
3 1 0 1 1 0 1 3
3 1 0 1 1 0 1 3
mâchoire inférieure
Total : 20

La denture du castor est typique des rongeurs. Il ne possède pas de canines et ses incisives particulièrement développées, à croissance continue et taillées en biseau, lui permettent d'efficacement ronger le bois des arbres.

Mode de vie

Sa queue plate lui est très utile sous l'eau, dans les courants, ou lorsqu’il doit positionner les branches de son barrage
Le castor, dont les incisives sont aussi aiguisées qu'un bon ciseau à bois peut couper des arbres assez épais, mais il s'agit alors d'essences à bois tendre
Contrairement à une idée répandue, le castor n'a pas toujours besoin d'un milieu densément boisé ni d’une eau de très bonne qualité. Ici (en Lituanie) il a colonisé des fossés agricoles de drainage qu'il contribue à maintenir en eau en été
Barrage caractéristique de castor, ici dans le Lassen Volcanic National Park (Canada). Dans les milieux boisés alluviaux, le castor « ouvre » de petites clairières inondées, ce qui favorise une biodiversité plus importante
Hutte de castor près de Saguenay, au Québec
Le travail des castors, en aval des chutes du Niagara, tel qu'imaginé par l'européen (Herman Moll) qui en 1654 n'en avait sans doute jamais vu (Le castor ne transporte pas de pierres ou mottes de terre sur sa queue)
Le castor est maintenant présent en Amérique du Sud où il a été introduit (ici près d'Ushuaïa en Argentine). Les arbres sud-américains, à la différence des arbres de l'hémisphère nord ne recèpent pas (ou mal) quand ils sont coupés par le castor.
Bûche et copeaux non consommés serviront d'aliment à de nombreux invertébrés et champignons et formeront un humus propice à la repousse des arbres

Les mœurs aquatiques du castor, sa queue écailleuse et ses pattes postérieures palmées ont longtemps fait penser que sa partie postérieure était apparentée aux poissons. En 1737, Georges Buffon disait alors que le castor est «le seul qui ressemble aux animaux terrestres par les parties antérieures de son corps, et paraisse en même temps aquatique par les parties postérieures. Il fait la nuance des quadrupèdes aux poissons».

Principalement actif la nuit, le castor est réputé pour avoir une mauvaise vue, mais un bon odorat et l'ouïe fine.

Alimentation

Le castor est exclusivement herbivore. Il est caecotrophe (comme la marmotte), c’est-à-dire qu'il digère deux fois ses aliments en ravalant ses crottes molles. Selon les saisons, il se nourrit d'écorces tendres, de pousses, de fruits, d'herbe, de feuilles... Il abat les arbres pour accéder aux feuilles en utilisant ses incisives très puissantes. Il peut abattre des arbres ayant jusqu'à un mètre de diamètre. Ses incisives poussent en permanence et il les aiguise en frottant celles du haut contre celles du bas, comme tous les rongeurs.

En hiver, le castor se nourrit de branches qu'il a accumulées dans une réserve sous l'eau.

Habitat

Le castor est une espèce qui aménage son habitat. Son milieu de vie est principalement aquatique. Bien qu'il puisse rester sous l'eau 15 minutes en apnée, un castor ne s'éloigne jamais de plus de 30 mètres du rivage.

Afin de construire son habitat, le castor abat principalement les arbres à bois tendre tels le bouleau, le saule, le peuplier, et le tremble, mais apprécie également des bois plus durs comme le chêne ou le frêne. Il ne ronge que rarement les résineux, et quasiment jamais les aulnes.

Le castor vit dans une hutte, qui est généralement appuyée à la berge. Elle est construite avec des branches de bois et de la terre. Cette hutte est en général composée d'une entrée et de deux chambres. L'accès s'y fait essentiellement sous l'eau, mais la chambre principale est sous terre. Afin de renouveler l'air et de sécher la litière qu'il y amène, le castor intègre à sa hutte des conduites d'aération.

Sur un même site, on trouve plusieurs huttes de tailles différentes, et dont la fonction varie selon les périodes de l'année. En hiver, c'est la hutte la plus proche d'une zone d'abattage qui sera le plus souvent utilisée, tandis qu'au printemps, certaines huttes seront plus occupées lors de la reproduction. Les castors vivent en famille sur un territoire bien déterminé. Lorsqu'un territoire est épuisé, la famille se déplace pour chercher une nouvelle zone riche en nourriture. Les berges délaissées se reboiseront progressivement pour redonner après quelques années un nouveau territoire nourrissant. Lorsque les petits sont chassés de la cellule familiale, ils partent à la recherche de nouvelles zones à coloniser, et d'un(e) partenaire pour fonder une nouvelle famille.

Le castor fabrique des barrages, qui peuvent atteindre plus de 75 mètres de long et plus de 1 mètre de haut. Le plus grand barrage découvert mesure 850 mètres de long, il se situe dans le Parc national Wood Buffalo, dans le nord de l'Alberta au Canada. Il construit ces barrages afin de retenir l'eau, et créer ainsi des zones dans lesquelles il peut se déplacer en toute sécurité. Le castor n'apprécie pas de circuler sur terre mais il doit malgré tout s'y rendre afin d'y chercher sa nourriture. Ces retenues d'eau lui permettent donc de se rendre à la nage sur les divers sites de son territoire. Cela lui permet également de ramener vers sa hutte le bois qu'il mangera, ou qui lui servira dans différents travaux de réparation, ou de construction, d'une de ses huttes ou barrages. Le castor se crée des réserves de nourriture, sous l'eau, à l'entrée de sa hutte en prévision des grands froids (gel). Il a besoin d'un minimum de 30 cm d'eau pour se déplacer aisément. Les barrages et les huttes sont construits avec du bois de différents diamètres, et le tout est colmaté avec de la terre qu'il tasse avec ses mains (et non pas avec la queue comme on l'a longtemps cru).

Reproduction

Le castor est monogame et reste fidèle à sa partenaire tout au long de sa vie. La maturité sexuelle arrive vers l'âge de trois ans, moment auquel les jeunes castors sont alors chassés de leur cellule familiale. L'accouplement a lieu dans l'eau entre janvier et février/mars chez les deux espèces, après quoi la gestation dure un peu plus de cent jours. Une portée comporte généralement entre deux et quatre petits qui naissent avec une fourrure complète et les yeux ouverts, à l'intérieur de la hutte. Anecdote amusante : le castor confond parfois la femelle castor avec la femelle marmotte.

Prédateurs

Outre l'Homme qui l'a beaucoup chassé depuis la préhistoire, et jusqu'aux XIXe et XXe siècles où les trappeurs en ont fait un piégeage intense en Russie et Sibérie comme au Canada, pour sa fourrure, le castor possède de nombreux prédateurs naturels tels que le loup, le coyote, l'ours brun, et le lynx. En Europe, la plupart de ces prédateurs naturels sont pas ou peu présents, ou au bord de l'extinction dans l'essentiel de leur aire naturelle de répartition, tel l'ours brun en Europe de l'Ouest.

Rôle écologique particulier du castor

Le castor, à la fois « bûcheron », « hydraulicien » et « terrassier » est un animal qui présente des caractéristiques particulières et inhabituelles d'aménageur de son écosystème ;

  • En "ouvrant" à la lumière les ripisylves, les forêts galeries, et les fonds de vallées, et en inondant certains terrains, les familles de castors recréent et entretiennent des chapelets de zones humides s'alimentant gravitairement de l'amont vers l'aval. Ces milieux sont propices à l'épuration de l'eau (grâce notamment au pouvoir désinfectant des UV). Ils sont aussi facteurs d'hétérogénéisation et de complexification des cours d'eau et de leurs écotones, et au développement de la faune et de la flore (fleurs sauvages, insectes, batraciens, oiseaux, algues, poissons...). Ces barrages, s'ils sont assez nombreux et importants et si le fond est percolant (ceci ne vaut pas sur les rivières entamant un socle granitique) renforcent fortement l'alimentation des nappes phréatiques (Cf. Loi de Darcy) et favorisent une remontée du niveau de sources périphériques et une alimentation plus régulière des sources (moins d'à sec de ruisseaux en été, et débits d'étiage plus réguliers et importants).
    Si les ressources en écorce viennent à manquer localement, la famille de castors cherche un autre endroit où s'installer en aval ou en amont, laissant le temps aux arbres de repousser avant un nouveau retour. Si une famille disparaît (déplacement, prédation, maladie...), le barrage se dégrade rapidement entrainant une baisse du plan d'eau qui laisse un nouvel espace ensoleillé ouvert à la colonisation des plantes pionnières. Ces cycles sont favorables à l'entretien d'une biodiversité plus élevée[1] que s'il n'était pas présent et à un cycle biogéochimique plus complexe[2].
  • En régulant le débit des cours de l'eau de l'amont des grands cours d'eau, et en conservant des quantités importantes d'eau près du haut des bassins versants, il diminue également, et très efficacement, les risques de sécheresse en amont de ses barrages, et d'inondations en aval de ceux-ci, lors des crues. Au Canada, la réintroduction de castor canadensis dans l'Alberta, grâce aux petits barrages qu'il construit et entretient a permis de faire localement fortement reculer le risque d'incendie et le stress hydrique des arbres (facteur de maladies ou parasitoses) ; Dans 90 % des cas la présence d'eau s'est avérée liée aux castors, plus qu'aux variations locales de température et de précipitations[3].
  • On a aussi noté qu'en Europe, là où le castor était revenu, les populations de rat musqué régressaient.
  • On a noté qu'après l'extinction de plusieurs de ses populations dans plusieurs régions du Canada, la disparition de ses barrages a entrainé un important déficit en eau, puis des sécheresses et des incendies de forêts. Ces conséquences ont entraîné la décision de le réintroduire dans plusieurs zones où les incendies ont effectivement été réduits par la réapparition des barrages.

Toutes les essences autochtones européennes et nord-américaines d'arbres poussant dans les zones humides ont coévolué avec le castor : coupées par le castor, elles recèpent facilement et produiront des taillis et des racines qui continueront à stabiliser les berges, tout en laissant plus de lumière éclairer la zone du barrage. Dans leur milieu, les populations naturelles de castor ne font donc pas de dégâts dans l'écosystèmes forestier. Inversement, les arbres coupés par les castors récemment introduits en Amérique du Sud pour leur fourrure ne recèpent pas. Dans ce dernier cas, loin de son habitat naturel, le castor devient un déprédateur, avec des effets négatifs pour la biodiversité. Il pourrait même peut-être un jour y devenir invasif. C'est néanmoins une espèce qui sur les petits cours d'eau est très facile à piéger.

Les barrages de castor semblent globalement très favorables à la biodiversité et à de nombreuses espèces menacées des zones humides, mais - localement - ils peuvent aussi défavoriser certaines espèces rares ou menacées. Ce pourrait être le cas, en amont de certains barrages, d'espèces inféodées à des zones de fort courant et/ou à des fonds de gravier propre comme le sont les mulettes (ou moules d'eau douce). Cependant le castor fait spontanément ses barrages sur des zones où de la terre est disponible (car il en a besoin pour colmater les nombreux trous de ses barrages), zones qui sont justement propices aux apports de limons sur le fond et réputées non propices à ces moules. Sur les cours d’eau où les castors font des barrages (ils n’en font pas au travers des grandes rivières ou des grands fleuves ni en zone très rocheuse), un barrage situé en aval d'une forêt galerie favorise des accumulations automnales de feuilles mortes en amont du barrage. Ces feuilles nourrissent de nombreux invertébrés (copépodes et crustacés telles que les daphnies notamment, qui sont une des bases de la pyramide alimentaire) mais en couvrant le fond, elles défavorisent d'autre formes de vie inféodées aux zones de courant de fond et/ou de lumière.
Il a été suggéré en Amérique du Nord que les grands barrages du castor canadien soient aussi des obstacles partiels à la migration d’espèces de poissons qui sont hôtes des moules d'eau douce[4]. Sur la zone amont d'un barrage (et plusieurs barrages se succèdent parfois sur de courtes distances) certaines populations de moules peuvent donc régresser ou disparaître. Néanmoins divers indices fossiles montrent que durant trois interglaciaires, ces mulettes et les castors ont coexisté en Amérique du nord, comme en Europe, mais peut-être pas aux mêmes endroits.

Pour toutes ces raisons, le castor est de plus en plus considéré comme un auxiliaire efficace de l'homme dans ses opérations de renaturation, de génie écologique et de gestion différenciée des berges, ou de manière générale pour une bonne gestion des cours d'eau et la restauration quantitative et qualitative de cette ressource, quand les questions de coexistence avec les agriculteurs ou sylviculteurs riverains ont été préparées et résolues. En termes de bilan global, la présence de castors semble avantageuse pour l'écosystème, et pour l'Homme. (La condition est de lui laisser un nombre suffisant d'arbres, tiges et branches à ronger). Les peupleraies ou les arbres qu'on souhaite conserver en lisière de cours d'eau peuvent être préservés par un simple grillage bas posé autour de l'arbre, ou quelques fils électrifiés.
De plus, à la différence de la loutre, il est peu exigeant sur la qualité de l'eau et peut ainsi recoloniser certaines zones de qualité médiocre qu'il contribuera à écologiquement restaurer.

Menaces (passées et présentes)

Les constructions des castors, et leurs inondations peuvent entraîner des dégâts aux constructions humaines, d'où risque de conflits. Leur mode de vie et d'alimentation peut également entrer en conflit avec les pratiques sylvicoles (populicultures non protégées par une clôture ou des grillages en pied d'arbre) ou agricole (le castor ne dédaigne pas manger dans les champs quand ils sont cultivés près d'une berge).

Pollution

Le castor semble bien résister aux polluants organiques. La qualité de l'eau ne constituerait pas un facteur limitant. Il semble cependant plus exposé à la pollution aux métaux lourds, tel le cadmium accumulé par les saules qui constituent son alimentation de base[5].

Modification de l'habitat

L'habitat du castor a fortement été modifié en Europe (rectification du tracé des rivières, barrage, culture,…).

Chasse et piégeage

La chasse a été la première menace pour l'espèce. Ces animaux, faciles à piéger, ont été chassés depuis l'antiquité pour leur fourrure qui servait notamment à produire des chapeaux, leur chair et pour le castoréum, une substance huileuse sécrétée par des glandes sexuelles situées en dessous de la queue (assimilées à tort aux testicules). Cette chasse les a conduits à l'extinction sur une grande partie de leur aire naturelle de répartition avant même le milieu du XXe siècle.

Une fable d'Ésope évoque leur chasse et raconte comment un castor, ne pouvant plus échapper aux chasseurs qui le poursuivaient, se mutila pour éviter d'être pris[6].

Au Moyen Âge, le castor européen a été largement chassé pour sa chair, car les chrétiens étaient autorisés à en manger le vendredi, celle-ci étant assimilée à celle du poisson et non à de la viande, en raison de la vie aquatique de l'animal[7] (Voir aussi carême).

Alors que le castor avait déjà presque disparu en Europe de l'Ouest, aux XVIIIe et XIXe siècles, la demande de fourrure se reporte vers le castor canadien qui est aussi chassé pour son castoréum) par les trappeurs, au point qu'il a rapidement disparu d'une grande partie de l'Amérique du Nord. L'impact écologique de sa disparition a déclenché le lancement de programmes de réintroduction, qui lui ont permis de réintégrer certaines zones desquelles il avait disparu.

Bien qu'il soit un des symboles nationaux du Canada, le castor y est considéré dans plusieurs régions comme un animal localement envahissant. Après son retour ou sa réintroduction, il peut à nouveau inonder des zones, ce qui diminue le risque d'incendie de forêt, mais peut causer l'inondation de zones où l'on a entre temps construit des routes ou planté des champs. On contrôle alors le niveau d'eau au moyen de siphons autoamorcés silencieux (car c'est le bruit de l'eau qui coule, qui est le stimulus déclenchant l'acte instinctif de construire ou colmater un barrage).

Le castor a longtemps été victime de la chasse par les trappeurs en Amérique du Nord, il devint d'ailleurs l'emblème et le couvre-chef du célèbre trappeur Davy Crockett.

Dans de nombreux pays, il pâtit de sa ressemblance avec le ragondin (aussi appelé myocastor) et avec le rat musqué, espèces invasives et considérées comme nuisibles car dégradant fortement les berges. Il est parfois aussi empoisonné par les appâts empoisonnés destinés à éliminer les rats musqués. Des mesures permettant de protéger les castors de ces appâts sont expérimentées.

Mesures de protection et de réintroduction

Le castor européen est aujourd'hui protégé par la Convention de Berne – Annexe 3.

Il est aussi en cours de réintroduction ou de confortement de populations dans plusieurs pays d'Europe, dont en Suisse, Allemagne, Belgique, Pays-Bas.
Il a été réintroduit dans toutes les régions françaises métropolitaines, sauf la région parisienne et le Nord/Pas de Calais.

Symbole

Le castor présent sur certains blasons est un symbole héraldique de l'acharnement au travail et de la construction.

Le castor est l'emblème officiel du Canada et de l'État d'Oregon aux États-Unis.

Étant considéré comme « l'ingénieur de la nature » en raison de son ingéniosité, sa maîtrise des travaux hydrauliques, et ses constructions, il figure sur de nombreux blasons. Il figure notamment sur les armoiries de Bièvre, commune forestière belge dont le nom signifie Castor
Pour les mêmes raisons, il est la mascotte de plusieurs universités, comme le Massachusetts Institute of Technology, le California Institute of Technology, l'Oregon State University (États-Unis) ou la London School of Economics (Royaume-Uni).

C'est une espèce qui semble avoir la sympathie du public et des enfants. Il figure dans de nombreux dessins animés ou récents films d'animation, par exemple les castors Bell.

Étymologie

En celtique

Les Gaulois le désignaient sous le nom de *abankos. Ce terme pouvait signifier nain ou monstre marin. On retrouve ce terme dans les langues celtiques contemporaines :

  • gallois: afank
  • irlandais : abhac
  • breton: avank

En latin

Dans l'empire romain, l'homme désignait le castor par trois termes :

Durant le Moyen Âge

L'ancien français utilisait le mot bievre (venant suppose-t-on de bebros, beber ou biber), qui est à l'origine du nom de nombreuses rivières dans diverses régions de France et de Belgique. Par exemple, la Bièvre, le Beuvron, la Vèbre, le Vébron, la Beuvronne, ainsi que d'autres. Il est aussi à l'origine de noms de villes telles que Beuvry, Labeuvrière[9], et pourrait avoir un lien avec le mot bief.

Le terme a ensuite été supplanté par le mot castor en moyen français.

Avant le latin

On a supposé au mot latin beber une racine indo-européenne issue du sanskrit babhrúh, qui signifie à la fois brun et mangouste.

L'explication la plus probable fait descendre le mot castor du mot sanskrit kasturi qui signifie musc. L'utilisation du castoréum en parfumerie était en effet connue par les Indo-Européens depuis l'Antiquité[10].

D'autres ont avancé l'hypothèse que castor proviendrait du mot grec kastôr (qui brille), surtout utilisé comme nom de personne. Cela serait lié à Castor, frère jumeau mythologique de Pollux et protecteur des femmes, le castoréum passant pour guérir les maladies de l'utérus.

Notes

  1. Naiman, R.J., Elliott, S.R., Helfield, J.M. & O’Keefe, T.C. (2000) Biophysical interactions and the structure and dynamics of riverine ecosystems: the importance of biotic feedbacks. Hydrobiologia, 410, 79–86.
  2. Naiman, R.J., Pinnay, G., Johnston, C.A. & Pastor, J. (1994) Beaver influences on the long-term biogeochemical characteristics of boreal forest drainage networks. Ecology, 75, 905–921.
  3. Science et Avenir, mai 2008, p 42, citant les conclusions du département de biologie de l'Université d'Edmonton, qui a comparé le gain en étendue d'eau depuis la réapparition des castors sur des images aériennes prises en 1948 et 2002, avec les populations de castors
  4. Johnson, P.D. & Brown, K.M. (1998) Intraspecific life history variation in the threatened Louisiana pearlshell mussel, Margaritifera hembeli. Freshwater Biology, 40, 317–329.
  5. Système d'informations sur la biodiversité en Wallonie, Le Castor eurasiatique (Castor fiber Linnaeus, 1758)
  6. Fables d'Ésope.
  7. Manger au Moyen âge, Bruno Laurioux, éditions Hachette Pluriel, p 115
  8. Définitions lexicographiques et étymologiques de « Castor » du CNRTL.
  9. Autres exemples : les villes de Bièvres, Lamotte-Beuvron, Brévannes, Beuvron ou les rivières de la Bièvre, la Beuvronne etc. La Hulotte N° 90, 2007.
  10. Bill Casselman's Word of the day: Castor.

Beaverwatch - Suivi du castor en Suisse [1]

Voir aussi

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Articles connexes

Références taxinomiques

Orientation bibliographique

  • Maurice Blanchet, Jeanne Blanchet, Olivier Bodmer et Vincent Germond, Le castor et son royaume, Delachaux & Niestlé, 1994 : 311 p. (ISBN 2603008722)
  • Claude-Marie Vadrot, Le castor, Actes Sud, 2000, (ISBN 2742729666) (Le castor en France...)
  • La Hulotte numéros 85 et 87.

Articles scientifiques



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