Cathedrale Saint-Die de Saint-Die-des-Vosges

Cathedrale Saint-Die de Saint-Die-des-Vosges

Cathédrale Saint-Dié de Saint-Dié-des-Vosges

48° 17′ 21″ N 6° 57′ 02″ E / 48.289046, 6.950514

Cathédrale Saint-Dié
de Saint-Dié-des-Vosges
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
48° 17′ 21″ Nord
       6° 57′ 02″ Est
/ 48.289046, 6.950514
 
Pays France France
Région Lorraine.svg Lorraine
Département Vosges
Ville Saint-Dié-des-Vosges
Culte Catholique romain
Type cathédrale
Rattaché à Diocèse d'Épinal
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux XVIIIe siècle
Style(s) dominant(s) Roman et classique
Classé(e) Monument historique

Avec l'église Notre-Dame de Galilée et le cloître qui les relie, la cathédrale Saint-Dié forme à Saint-Dié-des-Vosges un ensemble architectural remarquable, riche d'apports successifs et de styles différents, mais unifié par une couleur caractéristique, celle du grès rose des Vosges.

Sommaire

L'église Notre-Dame de Galilée

À Saint-Dié-des-Vosges on la désigne plus volontiers sous le nom de petite église. De petite taille (40 m de long sur 19 m de large), elle s'élève sur le flanc gauche de la cathédrale, nécessairement plus imposante. De fait il s’agissait à l’origine d’une église privée, destinée au grand prévôt et aux hôtes de marque. Elle peut être considérée comme l’un des exemples les plus purs de l’art roman de la Lorraine du Sud.

La partie la plus ancienne est la tour carrée, austère et massive, une sorte de donjon aux murs très épais (2 m), mais dont la partie supérieure a disparu, lors de l’incendie de 1554. Porche au rez-de-chaussée, elle forme tribune au premier étage. C’est là qu’un régent enseignait aux enfants jusqu’en 1286. Les ouvertures y sont peu nombreuses, notamment à cause du poids du berceau en plein cintre.

Sobriété de la nef

Pour des raisons semblables, l’élévation intérieure de la nef reste modeste (12,50 m).

Le chœur est formé d’une demi-travée et d’une abside semi-circulaire. Sur l’un des chapiteaux de l’entrée on remarque deux dragons affrontés. D’autres sont ornés de feuillages, mais dans cet édifice où règne la sobriété, la plupart des chapiteaux ont été laissés nus.

Arcatures à billettes

Pourtant les arcatures à billettes du chevet que l'on aperçoit depuis le cloître tout proche ne manquent pas d'élégance.

Les vitraux du XIXe siècle n’ayant pas résisté au dynamitage de la cathédrale en 1944, de nouvelles verrières ont été conçues en s’inspirant de vitraux cisterciens géométriques et monochromes du XIIe siècle.

L'art contemporain a également trouvé sa place : entre le chœur et l’absidiole sud se dresse une statue de Jeanne d’Arc en marbre, sculptée en 1951 par René Collamarini.

La cathédrale

Historique

L’origine de l’église de Saint-Dié remonte à Déodat (Dié ou Dieudonné), moine irlandais qui fonda au VIIe siècle la cité qui porte encore son nom. D'abord église abbatiale, elle devint la collégiale d’un chapitre de chanoines séculiers.

René II la considérait comme la quatrième "cathédrale" de son duché, après celles des Trois-Évêchés lorrains, Metz, Toul et Verdun.

En 1777 l'église fut élevée au rang de cathédrale lorsque le pape Pie VI octroya la bulle d'érection de l'évêché de Saint-Dié (Cf.Quatrième Évêché).

Déjà plusieurs fois incendiée au cours de son histoire, elle fut dynamitée par les Allemands (malgré les engagements contraires initialement pris par ceux-ci) en 1944 et perdit l’ensemble de sa voûte. Reconstruite à l’identique, elle reçut un nouveau mobilier et fut à nouveau consacrée en 1974. Au milieu des années 1980, des vitraux modernes non-figuratifs furent réalisés sur les dessins d’artistes contemporains réputés.

Un tilleul plusieurs fois centenaire

Un tilleul très remarqué

Comme le souligne François Jodin, la belle longévité de cet arbre ombrageant le parvis de la cathédrale — il daterait du XIIIe siècle — a été célébrée par nombre d'écrivains, Henry de Montherlant, mais aussi quelques enfants du pays tels Henri Thomas ou encore Fernand Baldensperger qui exprimait sa nostalgie en 1947 : « Le tilleul que nous admirions en revenant de l'excursion, en même temps que son analogue, l'orme du plateau de Saint-Roch, m'a laissé un souvenir plus confiant que les cryptomères du Pacifique » (Images et aperçus du Vieux Saint-Dié).

Il incarne à sa manière la détermination farouche d'une ville souvent éprouvée et de ses habitants - le vert clair du feuillage donnant une fois encore la réplique aux camaïeux de rose du grès local.

Nef et bas-côtés

La nef et le chœur
Le chevet

La nef romane, élevée après le second des trois incendies qui ravagèrent l'édifice (1065, 1155 et 1554), possède un style caractéristique de la Lorraine du Sud. Elle est animée d’un décor de cordons et d’entrelacs.,

Quarante chapiteaux sobres mais soigneusement sculptés figurent d'étranges créatures : serpents, griffons affrontés, ânes à bec de canard, végétaux en relief, sans oublier la Mélusine, une sorte de sirène à double queue. Une messe romane orne le pilier 2.

En revanche les puissantes voûtes à croisées d'ogives de la nef sont de style gothique. Elles sont éclairées par de toutes petites baies en plein-cintre. Les bas-côtés sont voûtés d'arêtes.

Cette partie de la cathédrale est l'une des rares à avoir surmonté le traumatisme de la guerre.

Chœur, abside et transept

Le chevet

Construits en harmonie avec la partie romane, ces éléments sont d'un gothique plus tardif (fin XIIIe siècle), inspirés de la technique du gothique champenois. Le chœur est à une seule travée, mais il est largement ouvert sur la lumière par une abside à cinq pans de la même époque ; le transept à cinq travées a été élevé un peu plus tard.

D'une grande sobriété, les chapiteaux sont à corbeille nue.

Façade

La façade

La façade fut élevée de 1711 à 1714 par l'Italien Giovanni Betto, qui participa par ailleurs à la construction de plusieurs églises lorraines, dont la cathédrale de Nancy.

Sobre et massive, de style classique, elle est rythmée par un avant-corps encadré de quatre colonnes doubles supportant un fronton triangulaire. Deux tours surmontées de bulbes complètent l’ensemble.

Au-dessus du portail une inscription en latin invite à la confiance en Dieu: "IACTA COGITATUM TUUM (IN DOMINO) ET IPSE TE ENUTRIET". Plus prosaïque, un disque de fonte placé entre les deux escaliers d'accès indique l'altitude : 339,6 m.

Mobilier

Quelques objets mobiliers sont dignes d'intérêt, tels que cet enfeu de la fin du XIIIe siècle, une statue en calcaire de la Vierge à l'Enfant, dite Notre-Dame de Galilée, une des madones lorraines les plus célèbres (vers 1320), le tombeau gothique de Burnequin de Parroye (1369) ou encore des copies de peintures murales du XIVe siècle. S'y ajoutent les contributions contemporaines de la famille Kaeppelin, comme le mobilier liturgique du chœur, le maître-autel illustrant la vision d'Ezéchiel, l'autel et le tabernacle de la chapelle du Saint-Sacrement que Philippe Kaeppelin conçut en 1974, ou le gisant d'évêque réalisé par son fils Dominique en 1975.

Vitraux

Les vitraux du XIIIe siècle 
Vitrail du XIIIe siècle : Baie de gauche
Vitrail du XIIIe siècle : Baie de droite

Outre le tilleul du parvis, quelques vitraux des années 1285-1290 ont bien résisté au temps, et en particulier à la destruction de 1944 : fort heureusement ils avaient été démontés auparavant.

En 1901, ces deux ensembles — réunissant au total huit médaillons — furent posés dans la deuxième chapelle latérale nord de la cathédrale.

Ces scènes ont été étudiées en détail par les spécialistes de l’histoire locale, mais également, en 1991, par Meredith Parsons Lillich, aujourd'hui professeur à l'Université de Syracuse (État de New York). L'identification des trois médaillons de gauche semble soulever quelques questions. Pour sa part, la spécialiste américaine d'art médiéval, après divers rapprochements avec des textes de l'époque, pense y déceler quelques traces d'antisémitisme. Ces scènes illustreraient en effet des querelles entre les chrétiens et la communauté juive, que le duc de Lorraine avait installée à Saint-Dié. Sur celui du haut il pourrait s’agir de la mutilation d’une jeune fille (peut-être un avortement ?) pratiquée par un Juif de la ville. Le médaillon central ferait référence à la profanation d’une hostie, un sacrilège dénoncé par les habitants dans la scène du bas auprès du duc. La prudence est cependant de mise, car d’autres interprétations ont également été avancées : ce souverain serait Childéric II, roi d’Austrasie, octroyant à Déodat le val de Galilée (vallée de la Haute-Meurthe).

Les cinq médaillons de la baie de droite sont disposés sur un semis de fleurs de lys et de châteaux de Castille. Ils mettent en scène plusieurs épisodes de la vie légendaire de saint Déodat : le comte alsacien Hunon et sa femme Huna demandant à Déodat de rester avec eux à Hunawihr ; le miracle de la poutre à Romont ; Satan exhortant la population de Wilra (Alsace) à le chasser de leurs terres ; une rencontre avec son ami Hydulphe, le fondateur de l’abbaye de Moyenmoutier ; enfin sa mort en 679, en présence de ce dernier.

Les verrières contemporaines 

À l’exception de ces médaillons, tous les vitraux avaient été détruits. Au début des années 1980 le peintre Jean Bazaine fut chargé d’étudier un projet complet de vitraux contemporains d’une superficie d’environ 300 m². Tirant parti de la lumière naturelle, il proposa des tons plus chauds vers le Nord et plus froids vers le Sud et, après plusieurs ajustements, la réalisation des 53 baies fut répartie entre dix peintres aux sensibilités différentes, mais tenus par une composition d’ensemble sur le thème Mort et résurrection. Les derniers vitraux furent posés fin 1987.

Sur la façade occidentale, deux vitraux de Lucien Lautrec suggèrent le chaos, l’agitation, la vanité du monde.

Dans la première chapelle latérale nord qui sert de baptistère, l’engagement du chrétien dans la communauté, tel un nouveau-né, transparaît ici dans les tons délicats (bleu ciel, blanc, rose) choisis par Claire de Rougemont pour évoquer l’eau du baptême.

Optant délibérément pour une certaine dramatisation, Jacques Bony s’est appuyé sur les contrastes, concevant les petites meurtrières romanes du côté sud comme autant d’élans depuis les ténèbres vers la lumière, vers Dieu.

Dans les fenêtres hautes de la nef côté nord, les neuf vitraux de Dominique Gutherz forment une aurore : la lumière s'y fait de plus en plus vive.

Côté sud, dans la nef, ce sont les spirales et les « prières bleues » de Geneviève Asse qui invitent le chrétien à l’élévation.

Exigeant, le périple se poursuit vers le transept, où ténèbres et lumières s’affrontent plus fermement : le vitrail haut en couleurs de Gérald Collot contraste avec le gisant gris-noir en plomb de Dominique Kaeppelin (1975).

Au centre du transept, les vitraux de part et d’autre de l’autel de Philippe Kaeppelin (1974) sont ceux d’Elvire Jan. Avec le Pain et le Vin, c’est l’Eucharistie qui est suggérée.

Sur le thème de la Passion du Christ, les quatre verrières d’Alfred Manessier sont groupées dans le bras nord du transept. Sur la voie de l’acceptation, une grande tristesse en émane, à l’exception de petites touches de lumière au pied du Mont des Oliviers.

Face à ce destin inexorable, le drame intérieur de la Mère se joue sur les vitraux de Jean Le Moal. Compassion, mais aussi confiance.

À l’origine du projet, Jean Bazaine est lui-même l’auteur des sept baies du chœur et de l’abside. Selon l’artiste, il s’agissait ici de résumer le thème général du projet, Mort et Résurrection, mais également de renvoyer chacun à l’histoire récente de l’édifice : la Libération après les images de destruction de l’Occupation en 1944.

Des documents liés à la réalisation de cet ambitieux projet sont présentés au Musée Pierre-Noël de Saint-Dié-des-Vosges, entourés d'autres œuvres de la plupart de ces maîtres du vitrail (peintures, sculptures).

Aménagements de la place

Détail de la carte du Nouveau Monde

Une petite place située devant la cathédrale portait tout d’abord le nom de "place Jules Ferry". L’espace fut agrandi au moment de la reconstruction après 1944, puis nommé "place du Général de Gaulle" à partir de 1970. En 2000 on réaménagea l’ensemble autour d’un bassin en grès et de jets d’eaux qui font la joie des enfants par temps chaud.

C’est sur cette place que se trouvait autrefois la "Maison du baptême de l’Amérique", sur l'emplacement de l’imprimerie où furent tirés le petit livre Cosmographiae Introductio et les cartes géographiques élaborées par Martin Waldseemüller et ses amis du Gymnase vosgien, en particulier une carte à haute valeur historique, Universalis Cosmographia, où apparut en 1507 pour la première fois le mot America.

L'édifice d’origine ayant disparu, ainsi la que plaque en marbre que la Société Philomatique Vosgienne y avait apposée en 1911, une nouvelle signalétique commémore l’événement, en particulier une carte stylisée du Nouveau Monde encastrée dans le sol. En grès avec des contours en laiton, elle se détache et s'intègre à la fois dans cette harmonie de roses.

Le cloître

Du roman au gothique

Véritable passerelle entre l’église Notre-Dame de Galilée et la cathédrale, le cloître gothique est l’un des plus vastes de l’Est de la France. Le passage à la Renaissance y est déjà perceptible, comme en témoignent les pilastres de la galerie nord.

De fait ses origines sont incertaines, mais il est fait mention du cloître tout au long de l'histoire de la ville. Alors qu’il menaçait ruine, sa reconstruction fut décidée en 1444) par le chapitre qui ne manquait pas d’appuis : à la demande du roi de France Charles VII et du duc de Lorraine René Ier, des indulgences plénières furent accordées par le pape Eugène IV à ceux qui participèrent aux réparations. Un incendie malencontreusement allumé en 1554 par des chanoines tirant à l’arquebuse mit un terme à cet élan, détruisant également 134 maisons, ainsi que les toitures des deux églises. Le cloître resta donc inachevé.

Galerie sud

Les galeries sud et est datent des XVe siècle et XVIe siècle. Elles sont ajourées de baies en arc brisé, au fenestrage orné de motifs gothiques (arcades tréflées, quadrilobes et accolades). De même que dans la galerie ouest, les piliers y sont fasciculés. Ces raffinements contrastent avec la sobriété romane de l'église Notre-Dame de Galilée à laquelle le cloître est adossé.

Une chaire à prêcher extérieure, entourée d’une balustrade en forme de croisillons et couverte d’un abat-son, est aménagée dans un contrefort. Certes on y disait des messes pour le repos de l’âme des défunts, mais une vocation séculière n’est pas à exclure, notamment à travers le cérémonial de la justice exercé par le chapitre.

Un escalier à vis logé dans la tourelle d’angle du transept nord permet d’accéder à une petite salle édifiée en 1446. Elle abrita jusqu’en 1790 la bibliothèque du chapitre : on y conservait précieusement les livres légués par les chanoines à leur décès ainsi que les archives de l'église.

Parmi les gargouilles, l’une était particulièrement populaire. Datant probablement du XVIe siècle, elle est surnommée l’Iroquoise en raison de ses plumes, mais il ne faut probablement y voir aucun lien avec l’Amérique dans ce contexte historique. Ses grimaces sont plutôt celle du fou, protagoniste obligé de la fête médiévale. Cette figure grotesque fut sectionnée lors du séisme du 22 février 2003 qui affecta Saint-Dié-des-Vosges et sa région. Elle a désormais trouvé refuge au Musée Pierre-Noël de Saint-Dié-des-Vosges.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Daniel Grandidier :
    • Les Vitraux de la cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges, Musée de Saint-Dié, 1988 ;
    • La Cathédrale de Saint-Dié, Itinéraires du patrimoine no 118, Direction régionale des affaires culturelles de Lorraine, Inventaire général, 1996.
  • François Jodin, Saint-Dié-des-Vosges, une histoire de liberté, Ludres, Une Page à l'autre, 2000.
  • (en) Meredith Parsons Lillich, Rainbow Like an Emerald : Stained Glass in Lorraine in the Thirteenth and Early Fourteenth Centuries, Pennsylvania State University Press, 1991.
  • Damien Parmentier, Gens d'Église et société en terre d'Empire : le chapitre et la collégiale de Saint-Dié en Lorraine (XIIIe-XVe siècles), thèse en histoire religieuse de l’Occident médiéval, Strasbourg, 1995.
  • Albert Ronsin, Saint-Dié-des-Vosges, 13 siècles d'histoire (669-1969), Loos, 1969.

Liens externes

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