Cathédrale Sainte-Anne d'Apt

Cathédrale Sainte-Anne d'Apt
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Cathédrale Sainte-Anne d'Apt
Image illustrative de l'article Cathédrale Sainte-Anne d'Apt
Présentation
Culte Catholique romain
Type ancienne Cathédrale
basilique mineure
depuis 1877
Rattaché à Archidiocèse d'Avignon

depuis 1801

Début de la construction XIe siècle
Fin des travaux XVIe siècle
Style(s) dominant(s) Romane et Gothique
Protection Monument historique depuis 1846
Site web apt-cathedrale.com/
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Vaucluse
Ville Apt
Coordonnées 43° 52′ 34″ N 5° 23′ 49″ E / 43.876111, 5.39694443° 52′ 34″ Nord
       5° 23′ 49″ Est
/ 43.876111, 5.396944
  

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Cathédrale Sainte-Anne d'Apt

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Cathédrale Sainte-Anne d'Apt

La cathédrale Sainte-Anne d'Apt, placée durant tout le Moyen Âge sous le double patronage de Notre-Dame et Saint-Castor[1],[2], est une ancienne cathédrale catholique romaine française, située dans la ville d'Apt et classée monument historique depuis 1846[3]. C'est l'une des plus anciennes églises d'Occident à avoir mis en honneur le culte d'Anne, l'aïeule du Christ. Déjà, au cours du XIIe siècle sa fête y était célébrée le 26 juillet au cours d'un office à neuf leçons. Son culte s'établit définitivement au XIVe siècle[4]. Urbain V, dès 1370, fit rajouter dans son Missel une messe en son honneur avec une miniature de la sainte[5] et Urbain VI l'étendit à toute l'Église, en 1382, lors du mariage de Richard II avec Anne de Bohême. Enfin Grégoire XII, par une bulle du 1er mai 1584 fixa sa fête au 26 juillet[6].

Une partie de ses reliques que la tradition dit avoir été rapportée d'Orient, y est toujours vénérée. Et celles qui se trouvent en Bretagne, notamment à Sainte-Anne-d'Auray, en Italie ou au Canada proviennent d'Apt[4]. Son culte au XVIIIe siècle était devenu si populaire que la ville changea de nom. Le courrier n'était plus posté pour Apt mais pour « Sainte-Anne d'Apt ». Une lettre datée de 1774 est adressée « À Monsieur le Maire de Saintanadat, à St. Anadat » et sur une autre postée en 1783 l'intitulé est « À Monsieur Sylvestre, juge de Gordes, à Sant-Anna d'Apt »[7].

Cette ancienne cathédrale a été classée au rang de « basilique mineure » en 1867 par Pie IX puis à celui de « basilique du prince des apôtres  » le 9 décembre 1880 par Léon XIII[8].

Sommaire

Historique

Antiquité

Les différents actes du Cartulaire de l'Église d'Apt et les fouilles archéologiques ont mis en évidence les premiers lieux d'inhumation et de réunion de la première communauté chrétienne d'Apta Julia. Situés hors les murs, ils jouxtaient la Via Antiqua Massiliensis[9], l'entrée du vallon de Rocsalière, au sud-ouest de la ville antique[10]. Sur cette Terra Sanctuaria, la plus ancienne nécropole chrétienne d'Apt avec ses sarcophages du IIIe siècle[10], se trouvaient une église dédiée à Paul et un baptistère à Jean le Baptiste[9].

Cette première cathédrale paléochrétienne et la cité furent détruite entre 260 et 280 par une invasion franque[9]. Au début du IVe siècle, ce groupe cathédral Saint-Paul / Saint-Jean fut déplacé intramuros[11]. Les fouilles ont permis d'apprendre que cette seconde cathédrale (16 m × 10 m) avait été construite sur le podium d'un temple dont elle avait réutilisé les colonnes et qu'elle comprenait une galerie centrale flanquée de deux collatéraux[12]. Et que son emplacement se situait entre le Théâtre et le grand axe Est / Ouest de la cité Julienne[13]. Si le nom de l'évêque reste inconnu, on sait qu'au premier concile d'Occident, tenu à Arles en 314, l'Église d'Apt fut représentée par le prêtre Romanus et l'exorciste Victorius[14].

Article détaillé : Concile d'Arles (314).

Il fallut attendre le synode de Nîmes, en 394, pour voir apparaître la signature du premier évêque historique d'Apt en la personne d'Octavius[14]. Sa cathédrale se situait exactement sous l'emplacement de l'actuelle dédiée à Sainte-Anne et ce fut cette deuxième cathédrale que Castor consacra à la Beata Maria, au cours du siècle suivant[11] et très certainement après les décisions du concile d'Éphèse, en 431[15]. Au Ve siècle, on connaît mieux l'existence de l'évêché d'Apt, grâce à des textes de Jean Cassien, abbé Saint-Victor de Marseille, écrits à la demande de Castor d'Apt[16].À côté du nouveau baptistère, sis sous l'actuelle Tour de L'Horloge et qui resta en service jusqu'au XVIe siècle, l'évêque fit construire un oratoire sous le vocable du Saint-Sauveur[12]. Ce fut là, qu'à sa demande, il fut inhumé[17].

Article détaillé : Semi-pélagianisme.

Ultérieurement des évêques aptésiens assistèrent à plusieurs conciles, dont Julius à Riez, en 439, et Clémentius à Orléans, en 549. Puis les grandes invasions burgondes, wisigothes ou ostrogothes, peuples qui se réclamaient de l'arianisme, mirent à bas l'héritage romain. Ce fut ensuite au tour des Lombards descendus des Alpes de ravager le pays d'apt en 574[15]. Entre l'évêque Innocentus, qui assista au concile de Paris en 614, et Trutbert, qui fut présent au plaid de Sermorens, en 853, aucun document n'existe prouvant la présence d'un évêque à Apt[17].

Grandes invasions

Le Cartulaire de l'Église d'Apt, même si son premier acte est daté de 835 relate un certain nombre de faits parfaitement connus par ailleurs. En particulier, il fait état des raids menés par les Sarrasins entre 731 et 739 puis à l'intervention des Francs de Charles-Martel qui suivit[18]. Uu siècle plus tard, un acte de Louis l'Aveugle, roi de Provence[2], indique qu'en 896, une nouvelle incursion des Sarrasins avait anéanti la cité et sa cathédrale[19].

Vers 975, la destruction avait été telle que l'évêque Nartlod[20] dut déplacer son siège et s'installer dans l'église Saint-Pierre de l'autre côté de la ville[19]. Cette troisième cathédrale qui jouxtait l'actuelle place Saint-Pierre subsista jusqu'au XVe siècle[21] et ce fut là, dans ce nouveau siège épiscopal dédiée à Sainte-Marie, Saint-Pierre et Saint Castor, que, le 4 août 991, l'évêque Teudéric octroya une charte à ses douze chanoines consacrant la fondation d'un chapitre cathédral[22],[23].

Il fallut attendre 973 et la capture de dom Mayeul, abbé de Cluny, dont la famille était originaire du pays d'Apt, pour voir chasser les Sarrasins[19].

Articles détaillés : Fraxinet et Bataille de Tourtour.

Deux ans plus tard, la vie pouvait reprendre son cours et le pagus Aptensis commença à se couvrir de castrii, ponts, églises et chapelles[19]. Il fut dès lors question de faire regagner à la cathédrale son siège historique. Mais les ruines de Sainte-Marie et Saint Castor étaient telles que l'évêque Étienne d'Agde renonça à les faire déblayer[24]. Mais en 1038, il délaissa la cathédrale Saint-Pierre et alla s'installer au Bourg. Il y fit bâtir une nouvelle église pour l'évêché, sur l'emplacement de l'actuelle sous-préfecture, et il dédia cette quatrième cathédrale qu'il venait de faire édifier à Sainte-Marie Nouvelle[25]. Elle surmontait une crypte à trois nefs dans laquelle l'évêque fut inhumé mais fut démolie au XVIIIe siècle lors de la construction du Palais épiscopal[2].

Moyen Âge

Ce fut Alfant, son successeur qui décida le 27 juin 1056 de reconstruire la vieille cathédrale Sainte-Marie et Saint-Castor sur son emplacement actuel[26]. Ce nouveau groupe cathédral, dont l'église était à deux nefs[27], fut largement soutenu financièrement par les Agoult/Simiane, famille d'Alfant. Le déblaiement des ruines se fit jusqu'au niveau des cryptes et fut l'occasion de l'invention des reliques d'Auspice qui fut dès lors considéré comme le premier évêque de l'Église d'Apt[28].

Article détaillé : Auspice d'Apt.

Les travaux de cette cinquième cathédrale n'étaient pas achevés lors de la visite d'Urbain II en 1096. Mais il est assuré qu'il séjourna à Apt du 1er au 6 août de cette année et qu'il dut consacrer les murs[29]. Elle servit à nouveau au culte à partir de 1160, date à laquelle Sainte-Marie Nouvelle fut délaissée[30]. De cette cathédrale du XIe siècle, il ne subsiste que le sol de la nef que les fouilles ont retrouvé deux mètres plus bas que le niveau actuel[3].

Signature lapidaire d'un des architectes de la cathédrale datée du troisième quart du XIIe siècle

Une nouvelle cathédrale - la sixième - fut entièrement reconstruite au cours du XIIe siècle sous les épiscopats de Guillaume (1158-1162) et de Pierre de Saint-Paul (1162-1182)[3]. Grâce à une signature lapidaire sur un des linteaux de la crypte supérieure, on sait qu'un des architectes et appareilleurs fut Hugues, dit VGo[31] et une analyse attentive de son style par Paul-Albert Février a décelé une influence architecturale venue d'Orient :

« Dans le vaisseau nord de la cathédrale d'Apt, au XIIe siècle, les acanthes tracées sur la moulure qui court à la naissance de la voûte se recourbe comme touchées par le vent : et je ne peux m'empêcher de penser à ces chapiteaux byzantins quasiment contemporains de ceux à tête de béliers ou à aigles qui sont arrivés en Occident et qui ont leurs descendance dans les cloîtres du midi[32]. »

En 1179, Pierre de Saint-Paul transféra les reliques de Castor dans la nouvelle crypte de « Sainte-Marie du Siège »[30], puis de nouveaux travaux furent mis en chantier pour le bas-côté méridional sous les épiscopats de Guiran de Viens (1186-1193) et de Geoffroy (1208-1221)[3]. Ce collatéral sud comporte les traces de trois grandes campagnes de travaux qui se sont échelonnées du milieu du XIe siècle au début du XIIIe siècle[30].

Il fallut attendre le XIVe siècle et l'épiscopat de Hugues de Bot pour de nouveaux aménagements. En 1313, l'évêque fit ajouter une nef septentrionale afin qu'elle servit de sépulture aux membres de sa famille originaire de Saignon[27]. Un demi-siècle plus tard, les ruines de la cathédrale paléo-chrétienne dédiée à Saint-Paul, à l'entrée du vallon de Rocsalière, furent déblayées par décision du Conseil de Ville d'Apt, en date du 13 avril 1366, afin de réemployer ces pierres à la construction de nouvelles tours pour épauler les remparts[10].

Renaissance

De nouvelles modifications eurent lieu au milieu du XVIe siècle à l'issue d'un jubilé de cinq ans qui avait été accordé, en 1534, à César Trivulce, l'évêque d'Apt. Des indulgences étaient obtenues pour tous les fidèles qui visiteraient la cathédrale et vénèreraient les reliques de l'aïeule du Christ. Il y eu une telle affluence qu'une partie de leurs dons fut affectée, à consolider la voûte, à réaliser un nouveau frontispice pour la grande porte et à faire installer de nouvelles orgues[33].

Période moderne

La reine de France, Anne d'Autriche, pour remercier sa sainte patronne de lui avoir permis d'être mère, vint à Apt le 27 mars 1660. Son pèlerinage accompli, elle fit don de reliquaires en or à l'évêque Modeste Villeneuve des Arcs qui l'avait accueilli et l'incita à faire construire ce qui est aujourd'hui devenu la « Chapelle Royale ». Les plans furent dressés par François Mansart, les travaux activés et la chapelle consacrée le 26 juillet 1664[33].

Il dut, en même temps, y avoir une restauration de la crypte supérieure puisque lors de sa visite pastorale le 12 mars 1673, l'évêque Jean de Gaillard constata que celle-ci apparaissait « en aussy bon estat que sy n'avoit esté faicte deouis quelques années »[34].

Vers 1721, sous l'épiscopat d'Ignace de Foresta, le Chapitre et le Conseil de Ville décidèrent conjointement de faire effectuer les derniers grands travaux dans la cathédrale. Ils consistèrent en la restauration de la grande nef et exhausser la voûte[35].

Apt et sa cathédrale restèrent le siège d'un évêché jusqu'à la révolution française. Lors du concordat de 1801 le diocèse fut supprimé et réparti entre les diocèses d'Avignon et de Digne.

Période contemporaine

Au milieu du XXe siècle, sous les municipalités Jouve et Jean, une campagne de restauration à permis au collatéral sud de retrouver son aspect initial et de placer un autel roman dans l'abside[36].

Description

Les extérieurs

Le mur extérieur sud comme le prouve une arcature, aujourd'hui occultée, s'ouvrait entre le cloître et les cryptes. Des anciennes baies, à l'est et à l'ouest du porche de la Tour de l'Horloge, éclairaient cette façade. Placées peu au-dessus du sol exhaussé, trois enfeux - anciennes sépultures de notables - datés des XIIIe, XVe et XVIe siècles signalent encore l'ancien cimetière jouxtant l'oratoire Saint-Sauveur[37].

Les enfeux
Détails des sculptures des enfeux

La façade occidentale primitivement romane s'est considérablement élargie vers le nord, au fur et à mesure des divers agrandissements de l'édifice. Elle atteint aujourd'hui 42 mètres de large, ce qui fait de cette façade une des plus larges parmi les cathédrales de la moitié méridionale de la France (Bourges : 45 mètres). La profondeur ou longueur externe de la cathédrale ne fait que 50 mètres. Au sud, la façade romane correspond aux nefs centrale et méridionale et mesure 20 mètres. Au centre, la portion gothique ajoutée au XIVe siècle et correspondant à la nef nord, a été partiellement recouverte au nord par la façade du XVIIe siècle, et mesure 4 mètres. Enfin au nord, la partie classique de la façade, construite au XVIIe siècle et correspondant à la chapelle Sainte-Anne, mesure quelque 18 mètres de large.

L'entrée actuelle est flanquée de deux colonnes à futs lisses couronnées de de chapiteaux composites où se retrouvent des feuilles d'acanthe et des volutes. Elle est surmontée d'un entablement à deux niveaux, l'architrave étant sommée d'une corniche à denticules. Deus pots à feu encadrent une niche à fronton triangulaire. À droite du portail, une baie gothique éclaire la nef romane une croix datée de 1805 dont le Christ fut fondu ultérieurement par les hauts-fourneau de Rustrel, en 1851[37].

Le clocher roman

Érigé sur la croisée de transept, il est quadrangulaire. Son étage unique est coiffé d'une toiture pyramidale surbaissée. Quatre baies géminées par de petits pilastres s'ouvrent sur chaque façade tandis qu'aux angles et au centre huit colonnettes à chapiteaux s'appuient sur la corniche qui ceinture la flèche[37].

Le dome

Il somme la Chapelle Royale et est recouvert de plaques de cuivre. La statue, en bronze doré, qui le surmonte est l'œuvre de Joseph-Elzéar Sollier, sculpteur aptésien, et elle a été fondue à Paris en 1877[38].

L'église

Au début de la construction, il n’y avait que deux nefs romanes de trois travées, orientées est-ouest comme il se doit, et séparées par de grandes arcades en plein cintre reposant sur de fortes piles. Au XIVe siècle, on ajouta, au nord de l'édifice primitif, une troisième nef, gothique et voûtée d'ogives, et pour ce faire on dut modifier profondément la nef centrale (ex-nef septentrionale)[38].

La crypte inférieure

Crypte inférieure avec une base de statue d'époque romaine honorant Caius Allius Celer, flamine d'Apta Julia
Crypte supérieure avec au centre l'autel monolithe provenant de l'ancienne cathédrale Saint-Pierre

Elle correspond au tout premier sanctuaire chrétien qui se trouvait dans la ville antique. Cette crypte est composée d'une sorte de couloir étroit et long de 7,10 mètres qui donne accès à l'antique lieu de culte. Au centre est aujourd'hui placé une inscription latine honorant C. Allius Celer, qui fut flamine d’Apta Julia[39]. Dans la voûte un ombilicus, toujours visible, permettait aux fidèles de participer au culte depuis la crypte supérieure[38].

Lors des travaux d'édification de la première cathédrale intramuros, furent percées dans les parois des niches, dont l'une est encore grillée, qui servirent de reliquaires. La tradition veut que se fut ici qu'a eu lieu l'invention des reliques d'Auspice et Anne[38]. Le plafond est orné de dalles récupérées de l'église carolingienne. Ce sont des chancels ornés d'entrelacs, de fleurs et de fruits où domine le raisin. Ils sont entaillés de graffitis d'époque. Très remaniée, cette crypte paraît datable plus de l'époque mérovingienne que de la période gallo-romaine[40].

La crypte supérieure

Située au niveau du sol de la cité antique et sous le transept de l'église du XIe siècle dont elle est contemporaine. Ses accès latéraux d'origine ont été remplacés par escalier central construit en 1861. À partir de là, un déambulatoire, couvert d'une voûte en berceau en plein cintre, soutenue par des arcs doubleaux qui s’appuient sur des impostes non décorés, ceinture le centre de la crypte. Elle est constituée d'un petit chœur couvert d'une voûte en cul-de-four, séparé du déambulatoire par un mur percé de cinq arcades. Au centre, l'autel tabulaire et monolithique, reposant sur un élément antique, date du VIIIe siècle, et provient de l'ancienne cathédrale Saint-Pierre[40].

Sur le pourtour extérieur, dans les arcades, le long du mur, se trouvent des sarcophages du XIIIe siècle dans lesquels ont été rassemblés les ossements des fidèles s'étant fait inhumer sous le dallage de la cathédrale. Sur les piliers, côté chœur, une inscription mutilée lors de la « restauration » de 1861 rappelle la consécration de la crypte. On y lit encore : AHNC CRIPTAM SCAM [...]NC CRIPTAM SAG.... Dans la partie méridionale se trouve la sépulcre de Jean-Baptiste de Vaccon, évêque d'Apt (1723-1751), et sur le linteau de l'ancien accès l'inscription VGo, signant l'œuvre de cet architecte et appareilleur de la crypte[40].

Le collatéral sud

Adjoint à la nef centrale au XIe siècle, il a conservé intégralement sa structure romane. Elle est coiffée d'un berceau en plein cintre, soutenu par des arcs doubleaux. Cette voûte repose sur une frise sculptée composée de végétaux[41]. Le bras sud du transept, dit Corpus Domini, précède l'abside, très dépouillée. Séparée de la nef par un berceau transversal doté de la même frise, sa baie centrale a été bouchée au XVIIIe siècle lors de la construction d'immeubles adossés[41].

Dans l'abside a été placé un autel en marbre blanc des Pyrénées daté lui aussi du XIIe siècle. À l'origine, il desservait la nef centrale et ses niches étaient ornées de statuettes de bronze aujourd'hui disparues. Au cours du XIXe siècle, trois chapelles latérales avaient été installées dans ce collatéral. Celles dédiées à Marie et à Joseph ont été supprimées lors de la restauration de 1962. Il ne subsiste donc que celle du Saint-Esprit qui abrite les fonts baptismaux. Cette chapelle est ornée d'un tableau de Parrocel, intitulé La descente du Saint-Esprit[41].

La nef centrale

La nef centrale, totalement remaniée au XVIe siècle et au XVIIIe siècle, n'a pas conservé grand chose de sa construction romane initiale. Seule demeure, au-dessus de la sixième travée, une croisée de transept sur laquelle s'appuie le clocher roman. La nef a été surélevée de deux mètres et une voûte en croisée d'ogive a remplacée la voûte en berceau, ce qui a permis d'ouvrir de grandes fenêtres. L'abside, quant à elle, a été remplacée à la même époque et a fait place à un vaste chœur néo-gothique. Il accueille les stalles du Chapitre. Elles ont été réalisées entre 1708 et 1710 par Antoine Nallein, ébéniste de Manosque qui reçut pour son travail 1 180 livres[41].

La série de neuf tableaux qui y est exposée date du milieu du XVIIIe et représente la vie de la Vierge. Ces peintures sont l'œuvre de Christophe Delpech et A. Marron, originaires d'Apt. Au fond du chœur se trouve le « Vitrail d'Apt »[41]. Ce fort beau vitrail, un des rares qui nous soit parvenu intact du XIVe siècle[42], est l'œuvre du maître verrier Audibert Chacharelli. Commandité par Urbain V, qui le consacra lors de sa venue à Apt le 22 octobre 1365, il représente sainte Anne, la Vierge et l'Enfant Jésus[43].

Dans la nef, six autres tableaux, mettant en scène la vie du Christ, sont dus aux piceaux des frères Delpech, Christophe et Pierre, élèves de Parrocel tandis que contre le premier pilier du bas-côté sud est présentée La sainte famille de Nicolas Mignard[41].

Les décorations de la cathédrale datent pour la plupart du XVIIIe siècle :

  • Buffet d'orgue, boiseries.
  • Autel majeur en marbre
  • Statues en bois doré de Saint Roch et Saint Jérôme (fin du XVIIe)

Autres trésors artistiques que l'on peut admirer sur les piliers de la nef centrale :

  • Un tableau de Lelong du XVIIe représentant la Vierge portée par des anges, priant sur la tombe de sa mère, Sainte Anne. La Vierge y est entourée des différents saints liés à la région.

Le collatéral nord

Ajoutée au XIVe siècle, elle est gothique et voûtée d'ogives. Plusieurs chapelles latérales s'ouvrent au nord sur cette nef dont l'une a été recouverte d'une coupole ovale au XVIIIe.

La chapelle Sainte-Anne

Intérieur de la chapelle royale Sainte-Anne

La chapelle Sainte-Anne est la plus vaste des chapelles latérales de la cathédrale. Profonde de quelque 16 mètres, elle s'étend le long d'un axe parallèle à la façade occidentale de cette dernière (au nord, c'est-à-dire à gauche juste après l'entrée [44] ). Elle comprend une nef carrée coiffée d'une coupole et prolongée par un vaste chœur carré lui aussi, lui-même entouré d'un déambulatoire dans lequel s'ouvre à l'est la salle du trésor. L'ensemble date du XVIIe siècle et a été construit sur les plans de l'architecte François de Royers de la Valfenière. A l'intérieur de la nef, dans les angles se trouvent les évangélistes. On y trouve aussi un monument édifié pour la Grande Guerre, une statue de Sainte-Anne et une autre de la Vierge. Le chœur possède un plafond à caissons, des statues des évêques d'Apt du XVIIe siècle, un bras reliquaire de sainte Anne, effectué par Armand Caillet au XIXe, ainsi que divers autres trésors artistiques.

Le trésor

Placé dans la sacristie de la chapelle Sainte-Anne, le trésor est composé du « Voile de sainte Anne », de la chasse dite de sainte Anne, d'un coffret en ivoire, de deux coffrets de mariage et de manuscrits liturgiques[36].

Notes et références

  1. Abbé Jouve, op. cit., p. 4
  2. a, b et c Guy Barruol, op. cit., p. 348.
  3. a, b, c et d Guy Barruol, op. cit., p. 349.
  4. a et b Guy Barruol, op. cit., p. 357.
  5. Jean Barruol, op. cit., p. 21.
  6. Jean Barruol, op. cit., p. 7.
  7. Jean Barruol, op. cit., p. 9.
  8. Henri Théolas, op. cit., p. 6.
  9. a, b et c Cartulaire, op. cit., p. 14.
  10. a, b et c Cartulaire, op. cit., p. 63.
  11. a et b Cartulaire, op. cit., p. 15.
  12. a et b Cartulaire, op. cit., p. 64.
  13. Guy Barruol, op. cit., p. 347.
  14. a et b Cartulaire, op. cit., p. 16.
  15. a et b Cartulaire, op. cit., p. 65.
  16. Cartulaire, op. cit., pp. 16-17.
  17. a et b Cartulaire, op. cit., p. 17.
  18. Cartulaire, op. cit., p. 18.
  19. a, b, c et d Cartulaire, op. cit., p. 19.
  20. Augustin Roux, op. cit., p. 38.
  21. Cartulaire, op. cit., p. 128.
  22. Abbé Jouve, op. cit., p. 5.
  23. Cartulaire, op. cit., p. 38.
  24. Cartulaire, op. cit., p. 212.
  25. Augustin Roux op. cit., p. 39.
  26. Cartulaire, op. cit., p. 20.
  27. a et b Abbé Jouve, op. cit., p. 6.
  28. Cartulaire, op. cit., p. 235.
  29. Cartulaire, op. cit., p. 66.
  30. a, b et c Augustin roux, op. cit., p. 40.
  31. Guy Barruol, op. cit., p. 356.
  32. Paul-Albert Février, Naissance des arts chrétiens, Éd. Ministère de la Culture / Imprimerie Nationale, Paris, 1991, p. 223.
  33. a et b Abbé Jouve, op. cit., p. 7.
  34. Augustin Roux, op. cit., pp. 40-41.
  35. Abbé Jouve, op. cit., p. 8.
  36. a et b Augustin Roux, op. cit., p. 41.
  37. a, b et c Robert Bruni, op. cit., p. 25.
  38. a, b, c et d Robert Bruni, op. cit., p. 28.
  39. CIL XII, 1114 (ILS 6989) ; ILN Apt, 22
  40. a, b et c Robert Bruni, op. cit., p. 29.
  41. a, b, c, d, e et f Robert Bruni, op. cit., p. 34.
  42. Henri Théolas, op. cit., p. 10.
  43. Henri Théolas, op. cit., p. 19.
  44. Plan de la Cathédrale d'Apt

Bibliographie

  • Abbé Jouve, L'ancienne cathédrale d'Apt, Librairie archéologique d'Alphonse Pringuet, Paris, 1859. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Abbé Joseph Sautel, Catalogue descriptif et illustré des manuscrits liturgiques de l'Église d'Apt, Éd. Batailler, Carpentras, 1921. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Abbé Henri Théolas, Le vitrail d'Apt, Éd. D. Seguin, Avignon, 1924. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean Barruol, Sainte-Anne d'Apt, d'après une documentation nouvelle, Éd. Reboulin, Apt, 1964. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Noël Didier, Henri Dubled et Jean Barruol, Cartulaire de l'Église d'Apt, in Essais et travaux de l’Université de Grenoble, Librairie Dalloz, Paris, 1967. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • René Bruni, Apt, ville d'art et d'histoire, Éd. O.T. Apt-Luberon, 1982. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Guy Barruol, Provence romane 2, Collection La Nuit des Temps, Éd. Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 2000, (ISBN 2736901401) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Augustin Roux, Apt, quelques aspects de son histoire, Éd. Le Livre d'Histoire, Paris, 2003. (ISBN 2843732522) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Annexes

Voir aussi

Liens externes

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