Centre d'instruction de la guerre dans la jungle

Centre d'instruction de la guerre dans la jungle

Le Centro de Instrução de Guerra Na Selva (CIGS, Centre d'instruction de la guerre dans la jungle) est un centre de formation d'officiers de l'armée de terre brésilienne situé à Manaus, dans l'Amazonie. Officiellement consacré à la formation militaire dans la jungle, c'est un centre important d'enseignement de la guerre contre-insurrectionnelle, créé en mars 1964[1] par le décret-présidentiel 53.649 [2] du maréchal Castelo Branco, chef de la junte militaire. Il a formé de nombreux officiers étrangers[3]. Le centre se targue aussi, officiellement, de former la conscience citoyenne pour la défense de l'environnement [1], se donne comme mission la « diffusion de la mystique du guerrier de la jungle » [4] et collabore aussi à la recherche scientifique, par exemple d'entomologie [5].

Sommaire

Histoire

Le Centre a été créé par des officiers formés aux États-Unis et à l'Ecole des Amériques à Panama[1],[3]. Il a servi pour l'entraînement de soldats de la Brigada de Infantaria Pára-quedista do Rio de Janeiro (Brigade d'Infanterie Parachutiste de Rio de Janeiro) [1]. Selon le commandant Antonio Manoel de Barros, le CIGS a déjà formé 4 500 guerriers de la jungle (193 rien qu'en 2007), avec une moyenne de 60 élèves par stage[1].

Sous la dictature d'Emílio Garrastazu Médici, le Centre prend le nom de Centro de Operações na Selva e Ações de Comandos (COSAC, Centre d'Opérations dans la Jungle et d'Actions de Commandos) de 1970 à 1978, avant de reprendre son nom initial de CIGS le 11 janvier 1978, à la fin du règne du général Ernesto Geisel, sa direction retournant au Régiment parachutiste de Rio[6]. Il a été renommé Centre Colonel Jorge Teixera en honneur de son fondateur le 7 décembre 1999[6].

Avant d'en prendre la direction à sa fondation, le colonel Art Jorge Teixera de Oliveira a participé à un stage dans le Jungle Operation Training Center de Fort Sherman, au Panama[2],[3],[7]. Selon la journaliste Marie-Monique Robin:

« Il est fort probable que les concepteurs de l'école de Manaus se soient aussi inspirés du Centre d'instruction à la pacification et à la contre-guérilla d'Arzew, qui fut (...) un lieu de formation privilégié des officiers étrangers pendant la guerre d'Algérie, et notamment des militaires portugais, lesquels, pour des raisons autant historiques que linguistiques, ont toujours maintenu des relations étroites avec leurs homologues brésiliens[8]. »

Nommé attaché militaire au Brésil en 1973, le général Paul Aussaresses y a donné, selon ses mots, des cours sur la bataille d'Alger. Aussaresses parle du centre comme d' « une copie de Fort Bragg » [9], le centre américain d'entraînement des forces spéciales. Selon ses informations, l'ambassadeur Michel Legendre, qui était son chef, était au courant de cette instruction[9]. Aussaresses y a formé, selon ses mots, « des officiers brésiliens, mais aussi chiliens, argentins, et vénézuéliens, car le centre était unique dans toute l'Amérique latine » [10]. Il qualifie de « rumeur » l'information selon laquelle on y aurait enseigné la torture sur des prisonniers vivants[10].

Le premier chef de la DINA (la police politique de Pinochet), Manuel Contreras, affirmera à Marie-Monique Robin avoir envoyé « tous les deux mois (...) des contingents de la DINA », au centre de Manaus, « pour qu'il les entraîne » : « Il fut aussi l'instructeur d'officiers brésiliens. Il travaillait surtout à l'Ecole de renseignement de Brasilia, mais il allait régulièrement à Manaus » [11].

D'autres Français ont fréquenté le CIGS, dont, en 1974, le capitaine Bernard Legrand, du 2e régiment étranger de parachutistes, ou le colonel Thiebault, nommé en 2003 chef d'état-major du commandement de la Légion étrangère, qui a reçu le diplôme de l'école de jungle de Manaus[10], ou encore des membres du 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine[12]. Deux Bérets verts américains ont été diplômés du Centre en 2009: ce sont les seuls soldats américains depuis 2002 à y avoir effectué un stage[7].

A sa création en 1964, souligne Marie-Monique Robin, « il n'y a au Brésil ni guérilla ni mouvement armé de gauche, ceux-ci naissant bien après le coup d'État de 1964, en réaction précisément à la dictature militaire » [10].

Commandants du CIGS

Source: Ex-commandants, site officiel.

  • 1965-1971: Col Art Jorge Texeira de Oliveira
  • 1971-1973: Col Garrone
  • 1974-1975: TC Sampaio Maia
  • 1976-1977: Col Lana
  • 1977-1979: Col Serra
  • 1980-1981: TC Fregapani
  • 1982-1983: Col Pedrozzo
  • 1984-1985: Col Thaumaturgo
  • 1986-1988: Col Munhoz
  • 1988-1989: Col Bueno
  • 1990-1991: Col Lampert
  • etc.
  • 2004-2006: Col Souza Abreu
  • 2007-: Col Antonio Manoel de Barros[1]

Références

  1. a, b, c, d, e et f HOMENS PARA QUEM O PERIGO NÃO EXISTE, sur le site officiel du CIGS (pt)
  2. a et b Site officiel - biographie de CEL ART JORGE TEIXEIRA DE OLIVEIRA
  3. a, b et c Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p.275 sq.
  4. Missions, site officiel
  5. Revista Brasileira de Entomologia - Activities of tabanids (Diptera, Tabanidae) attacking domestic duck-Cairina moschata (Linnaeus) (Aves, Anatidae), introduced in a forest area in the Central Amazon, Manaus, Brazil
  6. a et b Historico sur le site officiel
  7. a et b American Soldier graduates from Brazilian jungle school, Release number: 090916-01, publié le 16 septembre 2009 par le United States Army Special Operations Command News Service (USASOC News)
  8. Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], p.277
  9. a et b Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p.276
  10. a, b, c et d Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p.278
  11. Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p.292
  12. Lieutenant et pourtant simple chef de groupe RAPAS, site du 1er RPIMa, Ministère de la Défense

Lien externe


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