Charles-Tristan De Montholon

Charles-Tristan De Montholon

Charles-Tristan de Montholon

Charles-Tristan de Montholon
Charles-Tristan de Montholon
Naissance 21 juillet 1783
Paris
Décès 21 août 1853 70 ans)
Origine France France

Charles Tristan, marquis de Montholon est un militaire français, compagnon de Napoléon à Sainte-Hélène, né le 21 juillet 1783 à Paris et mort dans la même ville le 21 août 1853.

Sommaire

Biographie

Son père, Mathieu de Montholon (1753-1788) était d’une ascendance incertaine, fils de Mathieu de Montholon, conseiller au parlement de Metz et de Marie-Louise Maurin, fille d’un conseiller à la Cour des Aides. Par son mariage avec Angélique Aimée de Rostaing (1756-1842), fille du comte de Rostaing, colonel du régiment de Grenoble, et d’Anne Henriette de Lur-Saluces, il s’alliait à la meilleure noblesse : cela lui valut d’entrer au service du duc de Penthièvre, d’où il passa à celui de Monsieur, dont il eut la charge de Premier veneur. Mais ayant à faire les preuves pour les Honneurs de la Cour[1], il affirma tenir des comtes de Lée et de Montholon, en Autunois, mais les preuves ne furent pas reçues ; en compensation, on reconnut à son père, par lettres patentes du 6 octobre 1787, la noblesse d’extraction[2] et l’on autorisa son fils aîné à porter le titre de comte de Lée. Ce dernier, le père de Charles-Tristan de Montholon, préféra prendre le titre de marquis de Montholon[3].

Une rapide carrière d'officier d'état-major

A la mort de Mathieu de Montholon, son fils avait six ans. Il fut adopté par son beau-père Charles-Louis Huguet de Sémonville, étonnante figure, surnommé « le vieux chat » par Talleyrand, dont Bonaparte a fait un conseiller d'État, un sénateur, puis un comte de l’Empire. Ce personnage influent, qui a joué un rôle crucial dans la conclusion du mariage autrichien, s’occupa avec soin des enfants de sa femme. Il maria la fille aînée au comte de Sparre, et la cadette d’abord au général Joubert, puis au général MacDonald ; il adopta les deux garçons. L’aîné, Charles-Tristan, dut à cette protection une rapide carrière : le 7 octobre 1799, à seize ans, il fut nommé adjoint du génie par Championnet ; le 31 mai 1800, il fut promu lieutenant et détaché comme aide de camp du général Augereau, ce qui lui valut ses galons de capitaine le 3 novembre 1801 ; réformé avec traitement le 22 décembre 1801, il fut placé en mission auprès du ministère des Affaires étrangères d’avril 1802 au 30 décembre 1802, date à laquelle il fut nommé aide de camp du général Klein ; le 12 mai 1803, il fut aide de camp de son beau-frère, le général MacDonald.

En novembre 1804, Sémonville demanda pour lui le grade de lieutenant-colonel ; Berthier en fit la proposition à l’Empereur, en l’appuyant de la chaude recommandation de Maret[4] : « Cet officier n’a pas le temps de service nécessaire. », annota Napoléon[5]. Montholon continua de servir dans les états-majors. Le 11 septembre 1805, il fut affecté à celui de la Grande Armée. Il y obtint la Légion d'honneur le 14 mars 1806 et le grade de chef d'escadrons, le 9 janvier 1807. Le 6 septembre 1807, on le trouvait aide de camp de Berthier. Le 13 mai 1809, il fut promu adjudant-commandant (lieutenant-colonel) et le 28 mai 1809, comte de Sémonville, sur transmission du titre de son beau-père qui avait constitué un majorat à cet effet. Le 15 août 1809, il reçut une dotation de 4 000 francs sur les biens du domaine extraordinaire en Hanovre et, le 21 décembre de la même année, il figura sur la grande fournée de chambellans, la même que celle dans laquelle on trouve également Las Cases. Il fit effectivement son service en cette qualité en 1810 et 1811.

Un imprudent mariage d'amour

Le 20 janvier 1812, Montholon quitta l’armée pour embrasser grandement la carrière diplomatique en devenant ministre plénipotentiaire auprès du grand-duc de Wurtzbourg, ci-devant grand-duc de Toscane, à la faveur d’une vaste fournée de diplomates.

En 1808, Montholon avait rencontré une jolie femme, déjà divorcée une première fois[6], de trois ans plus âgée que lui, Albine de Vassal[7], épouse en deuxièmes noces d'un financier genevois, le baron Daniel Roger[8]. Ce fut un coup de foudre réciproque. Albine quitta le domicile conjugal pour vivre avec Montholon dont elle eut un fils, Napoléon Charles Tristan, né le 3 octobre 1810. Le baron Roger demanda et obtint la séparation de corps le 26 avril 1809, puis le divorce le 26 mai 1812.

Montholon demanda alors la permission d'épouser la jeune femme, mais celle-ci lui fut refusée. Profitant du passage de Napoléon, partant pour la Campagne de Russie, à Wurtzbourg, il eut recours à un stratagème en se faisant accorder un congé pour épouser « une nièce du président Séguier », avocat général à la Cour de Cassation, en omettant de préciser que cette nièce était précisément la jeune femme pour laquelle l'autorisation lui avait été précédemment refusée. Il revint vite à Paris et épousa discrètement Albine dans une petite commune proche de Paris (à Draveil), le 2 juillet 1812.

Cette imprudence lui valut sa destitution lorsque Napoléon découvrit le pot aux roses, sur un rapport dressé par le duc de Rovigo : il ordonna la révocation de Montholon de ses fonctions de ministre plénipotentiaire[9], qui fut effective le 10 décembre 1812. Montholon dut se retirer en province, et vécut avec sa femme dans un petit château à Changy, près Nogent-sur-Vernisson, dans une situation financière critique, car il semble avoir dilapidé en quelques mois tous les fonds dont il pouvait disposer.

Après la campagne de Russie, on rappela tous les officiers non employés : en avril 1813, Montholon fut désigné pour se rendre à Metz, comme chef d’état-major de la 2e division du 3e corps de cavalerie légère. Il refusa en invoquant une blessure à la cuisse gauche qui l’empêchait de monter à cheval, ce qui fut vérifié[10]. En septembre de la même année on voulut l’envoyer comme chef d’état-major du prince d’Essling à Toulon, puis le 4 décembre, on l’informa qu’on le mettait à la disposition du général Decaën, commandant en chef dans les Pays-Bas. Il répondit qu’il s’y rendrait « dès que sa maladie le lui permettrait »[11], prétextant une fièvre. Le ministre, lassé de ces esquives, ordonna alors de le faire rechercher. On le trouva à Paris le 22 janvier 1814. Toujours invoquant sa santé délicate, il demanda le commandement d’un département. Le 2 mars, on lui donna celui de la Loire, et il alla rendre visite au préfet, Rambuteau, qui formait des bataillons provisoires avec les régiments réfugiés dans son département. Montholon en prit le commandement. Il se dirigea sur la Franche-Comté pour appuyer le maréchal Augereau, dut se replier sur Lyon et Roanne, puis sur Saint-Bonnet-le-Château, où le préfet avait translaté sa préfecture, où il se terra pendant quelque temps, coupé de ses troupes qui battaient la campagne. Un ordre du général Poncet finit par l’en déloger le 2 avril, mais il était bien tard : les Autrichiens avaient pris Montbrison et Roanne le 10 avril. Montholon, en battant en retraite devant l’avance des colonnes autrichiennes, se fit verser par le payeur de Noirétable une « somme de 2 000 francs imputable sur le 1er trimestre 1814 pour ses appointements, plus le mois de décembre 1813 arriéré »[12] ; le 14, à Clermont-Ferrand, il se fit remettre cette fois, par le payeur général du département, 5 970 francs « pour valoir sur la solde des troupes qu’il commandait, l’arrivée de l’ennemi dans une heure ne permettant pas de régulariser les paiements »[13].

Une valse hésitation sous la Première Restauration et les Cent-Jours

Après l'abdication de Napoléon, il remit son commandement au colonel Genty du 8e léger. Il semble qu’il ait alors gagné Fontainebleau qu’il atteignit le 20 avril, à temps pour y croiser l’Empereur qui partait pour l’île d'Elbe. En tout cas, le même jour, il s’adressait au général comte Dupont de l'Étang, commissaire au département de la Guerre pour le roi Louis XVIII :

« J’ai l’honneur d’exposer à Votre Excellence qu’accablé depuis dix-huit mois de la disgrâce du Gouvernement par suite d’un rapport du général Savary[14], mon avancement militaire a été complètement arrêté et que déjà, j’ai près de six ans de grade d’adjudant-commandant. Permettez-moi, Monseigneur, de solliciter de votre bonté le grade de général de brigade. Je servirai le roi aussi fidèlement que mes pères servaient Henri II et François Ier. »[15]

Ces offres de service ne furent pas immédiatement suivies d'effet mais Montholon obtint quand même la croix de chevalier de Saint-Louis, le 8 juillet 1814. Le 31 juillet, il écrivit à Louis XVIII :

« Sire,
« J’ai ressenti les augustes bienfaits de Votre Majesté avant qu’il me fût permis de les apprécier. Je n’avais pas atteint l’âge de six ans que Votre Majesté daigna, par une faveur spéciale, me conférer, à la sollicitation de Madame la princesse de Lamballe, à laquelle j’avais l’honneur d’appartenir, la place de premier veneur, occupée précédemment par mon père et qui a péri sur ma tête. Sire, parvenu à seize ans, privé de ma fortune et de mon prince, j’ai cherché à me rendre au moins digne de l’honneur que j’avais reçu de vous.
« Votre Majesté venait d’ordonner le licenciement des armées royales.
« J’ai servi mon pays. Treize campagnes, dix grandes batailles auxquelles j’ai concouru, plusieurs chevaux tués sous moi, tous mes grades obtenus à l’armée, tels sont les titres que j’ai l’honneur de déposer aux pieds de Votre Majesté. J’ose la supplier de se faire rendre compte de mes services par son ministre de la Guerre et de me permettre de verser tout mon sang pour Elle dans le grade de maréchal de camp qu’occupent aujourd’hui mes cadets.
« Le colonel marquis de MONTHOLON,
« beau-fils de M. le comte de Sémonville, grand référendaire de la Chambre des Pairs. »[16]

Le 23 août 1814, Montholon fut nommé maréchal de camp (général de brigade), par un brevet signé de Louis XVIII. S’il ne fut pas rétabli dans sa charge de Premier Veneur – dont il avait obtenu la survivance mais non la finance à la mort de son père en 1788 – il obtint les entrées de la Chambre. C’est alors qu’il y eut bruit de la somme de 5 970 francs prélevée sans aucune justification sérieuse sur le receveur général de Clermont-Ferrand. Augereau voulut le faire passer en conseil de guerre. Montholon fit se démener sa parentèle auprès du général Dupont, qui ajourna la décision. Montholon tenta de se faire rétablir dans son commandement en faisant intervenir ses beaux-frères, le maréchal MacDonald et le comte de Sparre, auprès du maréchal Soult, nouveau ministre de la Guerre. En vain. Il réclama alors, en compensation, la cravate de commandeur de la Légion d’honneur, alors qu’il n’avait jamais été promu officier, contrairement à ce qu’il prétendra. Il ne l’obtint pas davantage, mais fut invité à ne pas paraître à la Cour et à se faire oublier. Sa carrière qui s’annonçait brillante sous les Bourbons venait de se briser sur ses prévarications.

C’est alors que survint le coup de théâtre du Vol de l’Aigle. Le 2 juin 1815, Montholon demandait au prince d’Eckmühl, ministre de la Guerre, la confirmation de son grade de maréchal de camp et son rappel à l’activité. Le 5 juin, il s’adressait à l’Empereur :

« Sire,
« Le 21 avril 1814, dix-huit jours après la trahison de l’Armée de Lyon, dans laquelle je servais, j’ai été à Fontainebleau, offrir à Votre Majesté la brigade que je commandais et que je lui avais conservée fidèle, au milieu d’une armée rebelle et d’une population révoltée. Je n’ai pas craint alors le danger auquel m’exposait ma résistance aux ordres du maréchal Augereau, aux séductions du marquis de Rivière et aux insistances de ma famille. Tout dévoué à Votre Majesté, j’ai tout sacrifié pour Elle.
« Sire, Votre Majesté jugera si, de tous ses serviteurs restés en France, aucun plus que moi ne s’est rendu digne de ses bontés par son constant dévouement et, s’il m’est permis de déposer à ses pieds le pénible sentiment que m’a fait éprouver la préférence qu’elle a donnée sur moi à plusieurs de mes camarades dont la conduite fut opposée à la mienne.
« Sire, par le dévouement dont j’ai fait preuve, je pouvais avoir l’espoir d’être appelé à un service militaire auprès de Votre Majesté ; par mon nom, le premier de la magistrature française, ma fortune territoriale et l’existence de ma famille, je pouvais avoir des droits à faire partie de la Chambre des Pairs. Je ne réclame point auprès de Votre Majesté ce que j’eusse été doublement heureux de devoir à sa bienveillance, mais je la supplie de m’accorder de l’activité et un poste d’honneur. »[17]

L’Empereur annota favorablement la lettre qui lui était destinée et la transmit à son aide de camp, le général Flahaut, qui avait entre les mains le rapport du ministre de la Guerre sur la demande que Montholon lui avait adressée. Aussitôt, le 5 juin 1815, Montholon fut nommé général de brigade, recevant ainsi de nouveau de Napoléon le grade qu’il avait obtenu une première fois de Louis XVIII. Mais il resta sans affectation.

Avec Napoléon Ier à Sainte-Hélène

Au retour de Waterloo, et bien qu’il ne fût plus chambellan, il se présenta à l’Élysée revêtu de l’habit écarlate à parements d’argent qu’il avait porté en 1810. Le palais était fort désorganisé, presque vide, on l’employa, et il protesta hautement de son dévouement. Quand l’heure du départ sonna, il se glissa dans la suite de l'Empereur.

Il se trouvait avec Napoléon sur le Bellérophon le 31 juillet 1815 lorsque l'Empereur reçut lecture de la note du gouvernement britannique qui le condamnait à être détenu à Sainte-Hélène. Cette note précisait : « On laissera le général Buonaparte choisir, parmi les personnes qui l’ont accompagné au Royaume-Uni, à l’exception des généraux Savary et Lallemand, trois officiers qui, avec son chirurgien, auront la permission de l’accompagner et ne pourront quitter l’île sans l’autorisation du gouvernement britannique. » Profondément abattu, Napoléon refusa d'abord obstinément de désigner les trois officiers qui l’accompagneraient à Sainte-Hélène. En définitive, il désigna les généraux Montholon et Bertrand et le colonel Planat de La Faye, avant que ce dernier ne soit remplacé par le général Gourgaud sur les protestations de celui-ci.

Une légende tenace a affirmé que les Britanniques se seraient arrangés pour que Montholon, que Napoléon ne connaissait pas particulièrement et qui a été accusé sans preuve d’avoir été un agent chargé par les Bourbons d’empoisonner l'Empereur, fût du voyage. Cette supputation est gratuite puisque l’état annexé à la lettre adressée par le général Bertrand au capitaine Maitland, commandant le Bellérophon, le 14 juillet 1815[18], qui constituait la liste officielle « des personnes composant la suite de Napoléon Buonaparte »[19], comporte, en retirant Savary et Lallemand, trois officiers généraux (Las Cases est mentionné au nombre de ceux-ci) et sept officiers (en retirant le chirurgien Maingaut, porté parmi ceux-ci) soit dix officiers parmi lesquels Napoléon était libre de choisir ses trois compagnons. Il n’était donc nullement tenu de désigner Montholon. Si les Britanniques avaient voulu qu’il le fît, ils auraient précisé « trois officiers généraux ».

Ce fut Montholon qui ferma les yeux à l'Empereur. Dans le testament de l'illustre captif on lisait ce qui suit :

« 

Je lègue au comte de Montholon deux millions de francs comme une preuve de ma satisfaction des soins filials qu'il m'a donnés depuis six ans.
Je lègue au comte Bertrand cinq cent mille francs.
Je lègue à Marchand, mon premier valet de chambre, quatre cent mille francs. Les services qu'il m'a rendus sont ceux d'un ami. Je désire qu'il épouse une veuve, sœur ou fille d'un officier ou soldat de ma vieille Garde.
J'institue les comtes Montholon, Bertrand et Marchand, mes exécuteurs testamentaires, etc., etc.

 »

Le retour en Europe

Le 27 mai 1821, Montholon et les derniers compagnons de Napoléon embarquaient sur le Camel qui faisait voile vers l'Europe. Le 25 juillet, alors que le bateau entrait dans les mers d’Europe, Montholon ouvrit le testament. On arrêta le compte de la succession, qui laissa un reliquat de 145.000 francs qui fut partagé entre les trois exécuteurs testamentaires. Montholon retrouva Paris en octobre.

Il mena d’abord grand train, entre son hôtel à Paris, rue Chantereine, 52, et son château de Frémigny, près d’Arpajon. Peu de temps après son retour en France, lui et sa femme s’étaient séparés : la liquidation de la communauté fut prononcée par le tribunal civil de la Seine le 23 février 1828.

De concert avec Gaspard Gourgaud, son ancien ennemi, ils éditèrent les Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon (8 vol., 1822-1825). Des spéculations eurent tôt fait d’engloutir les legs de l’Empereur. Il fit banqueroute en juillet 1829 ; condamné à la prison pour dettes par jugement du tribunal de commerce de la Seine du 31 juillet 1829, il s’enfuit à l’étranger et dut attendre sa réhabilitation jusqu’en 1838. La monarchie de Juillet, bienveillante aux bonapartistes, lui rendit son grade, le 22 mai 1831, mais sans l’employer. Il fila à Londres pour échapper à ses créanciers, et intrigua avec Louis-Napoléon Bonaparte. En 1840, on le vit non pas le 7 juillet s’embarquant sur la Belle Poule pour se joindre à l’expédition du retour des cendres, mais, un mois plus tard au désastreux débarquement de Boulogne-sur-Mer le 6 août. Cette aventure lui valut d'être condamné par un arrêt de la Cour des Pairs du 6 octobre 1840 à six ans de forteresse à Ham. Son ami Gourgaud, très en cour sous la monarchie de Juillet, l'en fit sortir le 10 juillet 1846 après l’évasion de Louis-Napoléon Bonaparte.

À Ham, Montholon s'occupa à rédiger l'ouvrage qu'il publia en 1846 sous le titre Récits de la captivité de l’Empereur Napoléon à Sainte-Hélène[20], précédée d'une notice biographique de fantaisie, pourtant reproduite quasi-intégralement par de nombreux ouvrages ultérieurs. Le fidèle valet de chambre de l'Empereur, Marchand, lui fit quelques observations respectueuses, auxquelles il répondit en l’engageant à l’aider à rectifier ses erreurs lorsqu’on ferait une seconde édition[21] mais il n'y en eut pas car l'ouvrage n'eut guère de succès.

A Ham, Montholon avait un appartement au rez-de-chaussée d’un petit bâtiment sur la cour, au premier étage duquel logeaient Louis-Napoléon et le Dr Conneau. Montholon et Louis-Napoléon vécurent ainsi dans l’intimité pendant six ans. Ils dînaient ensemble presque tous les soirs, terminant la soirée par des parties de whist dont l’ennui ne le disputait pas aux parties d’échec de Longwood. Pour la seconde fois, Montholon partageait la captivité d’un Bonaparte ; sans doute adoucissait-il celle du neveu en lui racontant l’exil de l’oncle ; il était dit qu’il accompagnerait dans leurs prisons les deux membres les plus remarquables de la famille. Les conditions de captivité réservaient quelques souplesses : une irlandaise, Caroline O’Hara (1802-1886), qui avait été la maîtresse de Louis-Napoléon, passa de celui-ci à Montholon, ou vice-versa, on ne sait trop ; elle vivait pour ainsi dire à demeure ; le général lui fit d’abord un enfant, en avril 1843[22], puis l’épousa, en 1849 après la mort d’Albine, survenue en 1848.

Montholon fit partie du comité national de soutien à Louis-Napoléon Bonaparte pour l’élection présidentielle de 1848 et, en mai 1849, il se fit élire à l’Assemblée législative dans le département de la Charente-Maritime. Napoléon III n’oublia pas entièrement, contrairement à ce qu’on a dit, leur équipée et leur captivité commune : Montholon, ruiné, reçut un don de 50.000 francs, en avril 1852 ; la même année, il fut réintégré dans son grade de général de brigade et, l’année suivante, devint comte de l’Empire[23].

Il ne survécut pas longtemps à l’avènement du Second Empire : il mourut à Paris le 20 août[24] 1853, âgé de soixante-dix ans. Ses enfants demandèrent vainement à Napoléon III qu'il soit inhumé aux Invalides, comme le général Bertrand.

Controverses sur la personnalité et le rôle de Montholon

D'après la thèse du chercheur napoléonien Ben Weider, Montholon serait le véritable responsable de la mort de Napoléon en l'ayant empoisonné à l'arsenic. Toutefois, cette thèse est contredite par la plupart des historiens et chercheurs.

Notes et références

  1. il fallait faire remonter sa généalogie jusqu’en 1400 sans trace d’anoblissement
  2. dite aussi immémoriale ou de race, prouvée par possession d’état noble à un moment donné mais dont la source de noblesse, selon la formule d’usage, « se perd dans la nuit des temps »
  3. Masson, Napoléon à Sainte-Hélène, tome I, pp. 100-102. C’est par son hypothétique filiation avec les comtes de Lée-Montholon que Montholon affirmera descendre de deux gardes des sceaux de François Ier et Henri III : voir : comtesse de Montholon, Souvenirs, Appendice III, pp. 227-240, « Extrait de la généalogie de la maison de Montholon-Sémonville ».
  4. Ami intime de Sémonville
  5. Masson, Napoléon à Sainte-Hélène, tome I, p. 106
  6. Elle avait d’abord épousé le baron Bignon.
  7. La famille Vassal, de petite noblesse de robe, appartenait à la bonne société de Montpellier et était alliée aux Cambacérès : Jean-Jacques-Régis de Cambacérès et Albine de Vassal étaient cousins issus de germains.
  8. Elle en avait eu un fils (Édouard, comte Roger du Nord, né en 1803, l’ami intime de Thiers
  9. Maret à Montholon, 12 octobre 1812 : « Sa Majesté m’ordonne de vous faire connaître qu’il est dans sa volonté que vous cessiez immédiatement d’exercer l’emploi de son ministre auprès du Grand-Duc de Würtzburg. Elle a jugé le mariage que vous avez contracté incompatible avec les honorables fonctions qu’Elle avait daigné vous confier. »
  10. mais la blessure n’avait pas dû être contractée au combat, puisqu’elle ne figure pas aux états de service
  11. cité par : Masson, Napoléon à Sainte-Hélène, tome I, p. 113
  12. Masson, Napoléon à Sainte-Hélène, tome I, p. 117
  13. ibidem
  14. Il attribuait sa disgrâce à « un rapport que quelques prêtres fanatiques imposèrent à Savary ».
  15. cité par : Masson, Napoléon à Sainte-Hélène, tome I, p. 119
  16. cité par : Masson, Napoléon à Sainte-Hélène, tome I, pp. 119-120
  17. cité par : Masson, Napoléon à Sainte-Hélène, tome I, pp. 118 et 124
  18. citée in : Borjane, Napoléon à bord du « Bellérophon », pp. 29-30
  19. Maitland, in : Borjane, Op. cit., p. 28
  20. La première édition est parue en anglais, à Londres ; une deuxième édition fut publiée à Bruxelles, la même année ; enfin, la véritable édition originale fut publiée à Paris, chez Paulin, en 1847.
  21. Marchand, tome II, p. 437, note 110
  22. Charles Jean Tristan de Montholon (avril 1843-1er septembre 1899), qui fut ambassadeur à Berne. Il épousa Pauline Fè d’Ostinai, fille d’un sénateur du Royaume d’Italie.
  23. Il ne fut pas fait sénateur, ce dont Adrien Dansette s’est autorisé – avec une certaine légèreté – pour déduire que Napoléon III lui en voulait pour avoir peut-être renseigné la police de Louis-Philippe au moment de l’équipée de Boulogne (Adrien Dansette, Louis-Napoléon à la conquête du pouvoir, 1961). C’est fort douteux, puisqu’il écopa de la peine la plus lourde après celle infligée au prince.
  24. ou le 25 mars ?

Sources

  • « Charles-Tristan de Montholon », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)

Liens externes

Bibliographie

  • Jacques Macé, L'honneur retrouvé du général de Montholon, de Napoléon Ier à Napoléon III, Paris, Éditions Christian (Picard Diffusion), 2000

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