Chartreuse du Liget

Chartreuse du Liget

47° 08′ 37″ N 1° 07′ 53″ E / 47.1436, 1.13139 La Chartreuse du Liget est un monastère de l'ordre des Chartreux fondé en Touraine par Henri II Plantagenêt, comte d'Anjou et roi d'Angleterre, en 1178. Ce monastère est situé en Indre-et-Loire à 50 km au sud de Tours, au cœur de la forêt de Loches sur la commune de Chemillé-sur-Indrois. Le Liget fait partie des cinq fondations cartusiennes de l'arc Atlantique, antérieures au XVe siècle. Il ne reste presque rien du monastère médiéval, ruiné pendant la Guerre de Cent Ans et les Guerres de Religion. Reconstruit à la fin de l'Ancien Régime, il est en grande partie démoli à la Révolution. Sont conservés surtout les vestiges de la chapelle romane et l'entrée de la chartreuse datant du XVIIIe siècle, classés comme monuments historiques en 1972.

La Chartreuse du Liget en Touraine.

Sommaire

Fondation

En 1178, Henri II Plantagenêt, après avoir acheté à Hervé, abbé de Villeloin, le lieu dit « Ligetum », et en fit don aux Chartreux pour la construction d'un monastère, il confirme « à Dieu et à l’église de Sainte Marie et Saint-Jean-Baptiste du Liget et aux moines et Frères de l’ordre chartreux qui y servent Dieu, ledit lieu du Liget en franche et perpétuelle aumône pour le salut » de son âme et de celles des siens. La fondation de la chartreuse fut confirmée en 1199 par Jean, roi d'Angleterre et, en 1234, par Saint-Louis[1].

Contexte

Avec l'avènement d'Henri II Plantagenêt en 1151, le comte d'Anjou affirme son autorité sur ses vassaux et la Touraine devient le centre de l'empire Plantagenêt qui s'étend de la frontière d'Écosse aux Pyrénées. Duc de Normandie, couronné roi d'Angleterre en 1154, Henri II fait de Chinon sa capitale. Il n'aura de cesse de promouvoir la fondation de nouveaux monastères issus de la réforme grégorienne et d'encourager un mouvement anticlunisien, ce qui permit sans aucun doute d'affermir son pouvoir et de limiter celui des grandes abbayes bénédictines puissantes et riches. Ainsi, en 1153, Henri II permet à quatre ermites chartreux, en provenance de la Grande Chartreuse fondée en 1084 par Saint Bruno de Cologne, de s'installer sur des terres prises à l'abbaye bénédictine Saint-Sauveur de Villeloin.

Une fondation expiatoire ?

Cette fondation est-elle une expiation pour le meurtre de Thomas Becket, archevêque de Canterbury ? Aucune mention n'en est faite dans les documents contemporains et la légende semble s'appuyer sur une inscription, aujourd'hui disparue, qui ornait la porte d'entrée principale de la Chartreuse. Le 29 décembre 1170, quatre chevaliers anglais, croyant exécuter le vœu secret d'Henri II d'en finir avec un prélat encombrant, entrent dans la cathédrale de Canterbury et assassinent l'archevêque. Le pape Alexandre III proclame l'excommunication des meurtriers. Henri II se résout alors à faire pénitence publique à Avranches en 1172. La venue des Chartreux au Liget est antérieure aux événements de Canterbury même si la date de fondation est signée près de trente ans plus tard. La Chartreuse de Witham, dans le Somerset, quant à elle fut érigée en 1181 sous les bons vœux d'Henri II. Elle constitue la première implantation des Chartreux en Angleterre à partir de quatre ermites que le roi avait fait venir de la Grande Chartreuse en 1179.

L'ordre cartusien

La voie cartusienne suit les enseignements de Saint Bruno. Ce dernier n'a rédigé aucune règle et son enseignement tient dans deux lettres qu'il a adressées en 1097, d'une part, à son vieil ami Raoul Le Verd et, d'autre part, à ses compagnons du désert en Chartreuse. Le but exclusif de la voie cartusienne est la contemplation par la puissance de l'esprit. C'est un but que partagent les autres moines contemplatifs comme les Bénédictins, les Grandmontains et les Cisterciens.

Saint Bruno en prière (tympan de l'entrée de la chartreuse)

Les principes cartusiens n'ont jamais subi de grandes variations depuis la rédaction des Statuts et coutumes par Guigues en 1125. Le Chartreux est un ermite. Il vit sa solitude sur trois niveaux : la séparation du monde (les ermitages sont situés dans des « déserts » naturels), la garde de la cellule (ermitage individuel entouré d'un jardinet) et la solitude du cœur. L'originalité de la Chartreuse vient de sa part de vie commune qui est indissolublement liée à l'aspect solitaire. La vie communautaire se concrétise par la liturgie chantée à l'église et toutes les semaines par des réunions de la communauté : le dimanche, lors du repas du midi,… La communauté cartusienne est constituée de moines du cloître, prêtres ou destinés à le devenir (les Pères) ainsi que de moines laïcs (Frères lais) qui affranchissent les Pères de toute contrainte matérielle. Guigues avait limité les communautés cartusiennes à un Prieur, 12 Pères et 16 Frères lais, le premier ayant la charge de la direction.

Plan du monastère

La Chartreuse du Liget, comme toutes les chartreuses, est composées de deux parties : une Maison Haute qui abrite les cellules des Pères, et une Maison Basse qui abrite les cellules des Frères. À ces deux parties, on peut ajouter une chapelle isolée dans une clairière non loin de la Maison Haute.

La Maison Haute

Sur les plans laissés par l'architecte tourangeau Jacquemin en 1787, on peut avoir une idée des bâtiments qui formaient la Maison Haute. Située au fond d'une cuvette, près d'un point d'eau et entourée par la forêt, la Maison Haute du Liget comprenait deux cours. La cour extérieure était flanquée de longs bâtiments contenant la cuisine commune, le four à pain, la forge et divers autres ateliers. La cour intérieure ou petit cloître donnait sur la salle capitulaire, le réfectoire, la bibliothèque et l'église. Derrière l'église se déployait le grand cloître qui renfermait le cimetière. Les 17 cellules individuelles des moines donnaient sur ce cloître. Chacune des cellules était complètement indépendante. Elle consistait en un pavillon à étage entouré d'un jardinet.

Eglise Notre-Dame du Liget

La Maison Basse

Apposée à la Maison Haute qu'est l'ermitage, lieu de prière, la Maison Basse ou Corroirie est quant à elle proche de la terre et de ses bienfaits, assurant l'existence matérielle des moines (corroirie[2] vient du latin Conderium ou Conderia, qui désigne tout ce dont les moines ont besoin pour survivre : nourriture, vêtements et entretien). On y trouve des moulins, un pressoir et des granges. Une chapelle, bâtie au XIVe siècle, s'élève dans l'enceinte de la Corroirie du Liget. Cette dernière, fait singulier, est également le lieu seigneurial auquel de nombreux droits sont attachés. À ce titre et grâce à la donation faite en 1223 par le seigneur de Craçay, les Chartreux constituaient donc une puissance féodale en Touraine. Ils jouirent de tous leurs privilèges maintes fois renouvelés jusqu'en 1789.

La porte fortifiée de la Corroirie du Liget

La chapelle Saint-Jean

Cette chapelle, érigée par Jean Sans Terre au XIIe siècle, fut sans doute construite pour commémorer l'établissement originel des premiers Pères chartreux au Liget, et ce peu de temps après la fondation. L'église de la Chartreuse comme cette chapelle sont à classer dans le roman secondaire de style « Plantagenêt ». L'intérieur devait être entièrement couvert de fresques datant de la fin du XIIe siècle ou du commencement du XIIIe siècle. Elle fut abandonnée par les Chartreux dès le XVIe siècle.

Histoire du monastère

Si l'ordre des Chartreux voulait à ses débuts répondre au vœu de pauvreté et combattre la toute-puissance de Cluny que Saint Bruno désirait fuir, les ermitages cartusiens se montrèrent très rapidement aussi expansionnistes et puissants.

L'expansionnisme des Chartreux

Le don d'Henri II, en 1178, comprenait l'emplacement du Liget et cinq métairies. Elles constituaient le « désert » de l'ermitage, c'est-à-dire un vaste domaine que les Chartreux désiraient occuper et pour lequel ils avaient l'exclusif pouvoir de racheter toutes les terres. Aucune acquisition hors des limites de ce « désert », de ce fond de vallée, ne pouvait être possible. En 1223, les terres de Craçay, fief relevant de la châtellenie de Loches, à quelque 800 mètres de la Chartreuse, reviennent au Liget par donation. Les Chartreux y fondent leur corroirie. De ce fief dépendait un grand nombre de métairies formant un total de 880 hectares en terres, prés, pâturages, jardins et vignes. À cela s'ajoutaient 526 hectares de forêts, 43 hectares d'étangs. Or, la première fondation n'était que pour douze cellules. En 1363, Charles V en fondait 13 de plus et permettait aux Chartreux d'acquérir 300 livres de rente annuelle sur le domaine royal.

La guerre de Cent Ans

À partir du traité de Brétigny, en 1360, les Anglo-gascons, à qui on avait abandonné le Poitou et autres provinces, durent quitter les places tourangelles qu'ils avaient prises. Lors de leur retraite, les armées débandées se transformèrent en pillards. Elles s'en prirent à la ville de Tours. En 1361, les Chartreux qui s'étaient réfugiés dans leur maison basse de la Corroirie, en empruntant un souterrain creusés quelques années plus tôt, durent soutenir un siège face aux bandes armées anglaises. Après ce siège, vers 1379, ils congédièrent leurs serviteurs et se réfugièrent à Loches dans une maison qu'ils avaient achetée. Lorsqu'ils retournèrent au Liget au début du XVe siècle, ils munirent la Corroirie de fortifications qui existent encore en partie aujourd'hui. Maison basse, lieu seigneurial, la Corroirie devient forteresse. Elle sert de refuge en cas de troubles jusqu'aux guerres de religion. Par lettres patentes du 12 juillet 1432, elle reçoit même une garnison avec un capitaine.

Le Second apogée (XVIIe-XVIIIe siècles)

Entre 1598 et 1629, la spiritualité en France connaît une période d'essor. Cette période s'ouvre par l'Édit de Nantes en 1598 et s'achève en 1629 par la mort du cardinal de Bérulle. Par la suite le renouveau catholique s'épanouit jusqu'en 1660. En Franc, ce renouveau catholique est l'œuvre d'un petit groupe de personnes appelé le « Parti dévot ». Ce groupe est très apostolique. Il est sans doute l'un des plus beaux exemples d'une théologie pastorale destinée à sensibiliser la société. Ce parti comporte des théologiens et intellectuels, comme Jacques Gallemant, mais également des prêtres zélés comme Pierre de Bérulle, Vincent de Paul, François de Sales et des Chartreux comme Dom Beaucousin, Prieur des Chartreux de Paris. Fidèles à leur devise, « Cartusia numquam reformata quia numquam deformata », les Chartreux traversent les temps sans être ni réformés, ni déformés. L'ordre inspire et influence la création des congrégations et communautés religieuses. C'est à cette époque que la Chartreuse du Liget affiche le plus fièrement ses hôtes célèbres. Dom Marc d'Aix, par exemple, auteur d'un poème sur la Madeleine et qui vécut au Liget pendant 54 ans. On trouve également Dom Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, frère aîné du cardinal de Richelieu. Il se retire au Liget de 1605 pour y rester deux années.

Le Portail monumental de la Chartreuse du Liget

En 1681, le domaine du Liget s'étend alors sur 582 hectares de terres arables, 434 hectares de forêts et 27 hectares d'étangs. L'ermitage accumule les objets d'art abandonnés par de généreux donateurs comme Hippolyte de Béthune, comte de Selles, neveu du grand Sully, qui laissa vers 1650 deux Caravage découverts très récemment dans l'église Saint-Antoine de Loches.

La Révolution et la destruction des bâtiments

Le 2 novembre 1789, l'Assemblée Nationale décide que tous les biens ecclésiastiques sont mis à la disposition de la nation. L'année suivante ces vines sont mis en vente par lots. Le 10 mai 1790, une première visite de la Chartreuse est réalisée par les responsables du district de Chemillé-sur-Indrois. A l'issue de cette première visite, un recensement des Frères est effectué : 12 noms sont cités. Deux jours plus tard, une nouvelle visite est organisée afin de réaliser un premier inventaire. Les « inspecteurs » dénombrent 6900 volumes dans la bibliothèque. Le patrimoine des Chartreux est estimé à 21 000 livres. La Chartreuse est achetée comme Bien national le 19 août 1791 pour 25 300 livres par Louis-Ours-Victor-Philippe Potier, juge au tribunal de Loches et Jean Ondet, marchand de cette même ville. Les bâtiments sont transformés en carrière. La Corroirie est, pour sa part, vendue le 1er juin 1791 pour 7000 livres à Martin Legrand. Le départ des Chartreux semble dater du mois de février 1791.

L'espoir des Marsay au XIXe siècle

Le 6 août 1837, Côme-Édmond de Marsay, ancien maire de Loches, achète une partie de la Chartreuse c'est-à-dire le cloître, la chambre des vendanges et la chapelle. Il meurt en 1838 et laisse un héritage important à ses deux fils encore en bas âge (Édouard et Arthur). Le 13 décembre 1862, les deux héritiers étant tous deux majeurs, le bien de la Chartreuse est partagé. En 1864, Paul-Théodore Bataillard, qui possédait le reste de la Chartreuse, cède son bien à Arthur de Marsay. Quelque temps après, Édouard revend sa part à son frère. Désormais seul propriétaire de l'ensemble de la Chartreuse, Arthur de Marsay, officier aux Guides de la Garde impériale, va entreprendre les premiers travaux de conservation du site. Sa fortune est conséquente. Au Liget, il acquiert des terres et s'évertue à reconstituer le « désert » des Chartreux. À sa mort en 1888, son deuxième fils, René de Marsay, hérite de la Chartreuse. Marié à Marcelle Delagrave, fille du grand éditeur parisien, il continue l'œuvre de son père. En 1899, il réussit à racheter la Corroirie. Il meurt en 1910 sans laisser d'enfant. Après la Première Guerre mondiale, les terres reviennent à Henri de Marsay, neveu de René de Marsay. Il s'installe au Liget en juillet 1919 avec son épouse, Paule Drake del Castillo. A sa mort, en 1975, la propriété du Liget couvre 700 hectares (346 de bois, 350 de terres et 4 de vignes). Les terres sont alors partagées entre ses six filles. Aujourd'hui, une grande partie de la Chartreuse appartient à Mme Élie-Benoît Arnould, née Anne-Marie de Marsay. L'autre grande partie, comprenant la Corroirie, est occupée par la comtesse Guy Boula de Mareüil, née Germaine de Marsay.

Sources

Bibliographie

  • Archives Départementales d'Indre-et-Loire, H 167 à H 193
  • Christophe Meunier, La Chartreuse du Liget, éditions Hugues de Chivré, 2007 (ISBN 9782916043159)
  • Albert Philippon, La Chartreuse du Liget, Mame, Tours, 1935

Notes et références

  1. Ministère de la culture, « Base Mérimée - Ancienne chartreuse du Liget ». Consulté le 12 août 2011
  2. L'étymologie de corroirie est encore soumise à controverse. Une autre origine, autrement probable, pourrait faire venir ce mot de l'ancien français conréer ou corroyer. Ce verbe polysémique signifiait disposer, arranger, préparer. La corroirie est le lieu où l'on prépare, où l'on dispose et arrange tout ce qui est nécessaire à l'entretien des Pères et des Frères chartreux.

Voir aussi

Articles connexes

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