Cinéma acadien

Cinéma acadien

Le cinéma acadien est le cinéma qui est réalisé par les Acadiens, principalement en Acadie[note 1].

Les Acadiens forment une minorité francophone dans les provinces Maritimes majoritairement anglophones.

Sommaire

Histoire

Origines

Le premier film produit au Canada fut Evangeline, en 1913, inspiré du poème Evangéline, de Henry Wadsworth Longfellow, et ayant pour thème la déportation des Acadiens. Le cinéma acadien à proprement parler est né en 1954, lorsque Léonard Forest commença à travailler pour l'Office national du film[1]. Tout au long de sa carrière de 30 ans en tant que scénariste, réalisateur et producteur, Léonard Laforest travailla sur 150 films, où il fit souvent incursion dans l'univers acadien avec des films comme Les Aboiteaux (1955), Les Acadiens de la Dispersion (1967), La Noce est pas finie (1971) et Un soleil pas comme ailleurs (1972). Les Acadiens de la Dispersion a été réalisé au début d'une prise de conscience collective importante[2], parfois appelée la seconde renaissance acadienne. À noter que La Noce est pas finie est le premier long métrage réalisé par un acadien. En 1969, le film Éloge du Chiac par Michel Brault ainsi que L'Acadie, l'Acadie de Brault et Pierre Perreault marquent tous deux le début de l'expression acadienne. De plus, c'est à partir de ce moment que la fierté nationale marque toutes les œuvres et les événements culturelles[2].

Forest est aussi l'instigateur du Studio Acadie du Programme français de l'ONF, qui ouvre ses portes à Moncton en 1974. Respectant son mandat de « donner aux Acadiens et au reste du monde une interprétation de l'Acadie par des Acadiens », le studio a produit plus de 70 films et en a coproduit une vingtaine avec des producteurs de la région, la plupart étant des documentaires[3]. En fait, à part quelques films indépendants comme C'est nice de parler des deux manières réalisé par Denis Godin en 1978, la plupart des films acadiens ont été produits soit par l'ONF, soit par son programme Régionalisation Acadie[2]. Ce programme permet aussi aux étudiants en cinéma de travailler durant l'été.

Paul-Eugène LeBlanc, de Memramcook, fut le premier producteur engagé, en 1974, par le Centre de production de Moncton. Lui succèdent Rhéal Drisdelle (1980-1981), Eric Michel (1982-1986), Michel Lemieux (1988-1991) et Pierre Bernier (nommé en 1991). Des 20 Acadiens qui ont tourné des films avec les producteurs du Studio documentaire Acadie (anciennement le Centre de production de Moncton), seul un petit nombre d'entre eux ont fait du cinéma. Parmi ceux qui n'ont pas choisi cette voie se trouvent Anna Girouard, Claude Renaud et Serge Morin, qui ont toutefois contribué à définir le cinéma acadien, avec des films comme Abandounnée (1976), La Confession (1978), et De l'autre côté de la glace (1983).

La suite

Phil Comeau est né à Saulnierville en Nouvelle-Écosse. Après avoir étudié en Art Dramatique à l'Université de Moncton, il se lance en cinéma. Il a réalisé plus de cent productions dont des films fiction, des téléséries et des documentaires. Il débute sa carrière de cinéaste en 1976 pour l'Ofiice national du film du Canada avec un premier film de fiction intitulé La Cabane (1977), où des adolescents affrontent l'autorité parentale dans un village acadien conservateur, et ensuite il réaliseLes Gossipeuses/The Gossips (1978), une comédie sur les frasques de trois commères dans un petit village acadien. Il tourne ensuite plusieurs documentaires acadiens et aussi à l'internationale, ainsi que des téléséries fictions à Montréal et ailleurs. Son premier long métrage acadien, Le Secret de Jérôme (1994), est basé sur l'histoire vraie d'un étranger muet qu'on retrouve abandonné sur la plage en 1863, les deux jambes amputés, et qui changera le destin de toute une communauté. Ce film s'est mérité 16 prix aux festivals de cinéma à travers le monde. Depuis ce succès, Phil Comeau tourne des téléfilms, des téléseries fiction et des documentaires à travers le monde.

Herménégilde Chiasson, l'artiste multidisciplinaire, est cofondateur des Productions Phare-Est à Moncton et ancien lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, Herménégilde Chiasson (né à Saint-Simon), commença sa carrière de cinéaste en 1985. Il réalisa plus d'une dizaine de films, dont les plus connus sont Le Grand Jack (1987), un docudrame inspiré de la vie de Jack Kerouac, Robichaud (1989), un documentaire sur le règne politique de Louis J. Robichaud, et Les Années Noires (1995), un docudrame racontant les événements politiques, économiques et sociaux qui ont mené à la déportation des Acadiens en 1755.

Rodolphe Caron, de Lac-Baker, fut cadreur pour 11 films avant de devenir réalisateur de trois documentaires avec l'ONF. Il fut également cofodateur, à Edmundston, de Cinémarévie Coop Ltée, la seule coopérative de production cinématographique acadienne. Le but fixé par cette coopérative est de former des cinéastes et des équipes de production dans le Madawaska, où la population se considère autant brayonne, acadienne que canadienne-française. Caron y réalisa deux autres documentaires, Le cœur (1994), portant sur un groupe de bénévoles apportant du réconfort aux patients et aux malades en phase terminale de l'hôpital régional d'Edmundston, et Le Champion (1996), sur Hermel Volpé, champion de tir à l'arc aussi originaire du Comté de Madawaska.

Jacques Savoie naît à Edmundston (Nouveau-Brunswick). Écrivain et membre cofondateur, dans les années 70, du groupe Beausoleil-Broussard. Il réalise un film son premier film 1982: Massabielle, tiré de son roman Raconte-moi Massabielle. Ce film raconte l'histoire de Pacifique Haché, exproprié de sa terre et qui refuse de partir. Il rencontre une jolie femme, avec laquelle il trouve la solution pour se sortir de sa fâcheuse situation. Son histoire ressemble à celle de Jackie Vautour et des familles qui ont été expropriées pour permettre la création du parc national de Kouchibouguac. Savoie a écrit les scénarios des films Les Portes tournantes (1988), réalisé par Francis Mankiewicz, et Le Violon d'Arthur (1990), réalisé par Jean-Pierre Gariépy, et une fiction pour la télévision, Bombardier.

Ginette Pellerin est originaire du Québec. Depuis son arrivée à Moncton en 1975, elle se dévoue entièrement à la production cinématographique. Cofondatrice des productions Phare-Est Inc. Elle travaille d'abord comme assistante, puis réalise ensuite trois films avec l'ONF, dont : L'Âme sœur (1991), un documentaire sur la vie et les réalisations de religieuses de la communauté des Hospitalières de Saint-Joseph et Évangéline en quête (1996), un docudrame explorant les aspects mythiques et réels de l'héroïne de Henry Wadsworth Longfellow, Évangéline.

Anne-Marie Sirois est animatrice, dessinatrice-scénariste et caricaturiste, originaire du comté de Madawaska, réalisa deux films d'animation pour l'ONF et deux autres pour Cinémarévie Film Coop. Son premier film, intitulé Maille Maille/Stitches in Time (1987), met en scène deux femmes âgées qui se racontent leurs souvenirs en tricotant. Puis, dans le film Animastress (1994), la réalisatrice présente des êtres humains qui ont « absorbé » le stress imposé aux poulets destinés à l'alimentation humaine.

Bettie Arseneault fut, quant à elle, assistante réalisatrice de différentes productions cinématographiques et télévisuelles. Originaire de Charlo. Elle réalisa ensuite deux films avec l'ONF : Bateau bleu, maison verte (1985), un documentaire sur les habitations et les embarcations très colorées de l'Acadie et De retour pour de bon (1994), un documentaire sur le retour chez eux d'Acadiens ayant vécu plusieurs années à Montréal.

Claudette Lajoie, originaire de Grand-Sault, fut recherchiste pour des productions réalisées en vidéo et réalisatrice et intervieweuse à Télé-Public, une chaîne communautaire desservant le Nord-Est du Nouveau-Brunswick. Elle réalisa ensuite quatre documentaires pour l'ONF. Son premier documentaire, Une sagesse ordinaire (1983), présente la sage-femme Édith Pinet, de Paquetville. Quant au film intitulé Les Femmes aux filets (1987), il raconte la vie de travailleuses dans des usines de transformation du poisson dans la Péninsule acadienne.

Robert Awad, de Kedgwick, fit ses débuts en 1974 comme animateur. Il poursuivra sa carrière en réalisant sept films avec l'ONF. Le personnage principal de son premier film, une satire intitulée Truck, un genre de steampunk, explique de quelle manière se serait déroulé l'histoire de l'Acadie si on avait inventé le camion en 1755. Son film intitulé L'Affaire Bronswik/The Bronswik Affair (1978) est une comédie sur l'influence de la publicité sur les gens. Quant à Automania (1994), c'est une comédie sur un homme obsédé qui veut absolument se rendre à son travail dans son auto.

Glen Pitre, né à Cut Off en Louisiane, est le premier réalisateur cadien. En 1983, après avoir réalisé un premier court métrage apprécié, il est admis à l'Institut Sundance. En 1988, il écrit et réalise Belizaire the Cajun, son premier long métrage et son premier film en anglais[1].

Parmi la relève figurent Renée Blanchar, de Caraquet, dont le troisième film, intitulé Vocation Ménagère (1996), raconte la vie de ménagères au service de prêtres catholiques.

Il y a aussi Monique LeBlanc, de Bouctouche, dont le premier film, The Acadian Connection/Le Lien acadien (1995), jette un regard affectueux sur les membres de la famille LeBlanc, dispersés partout en Amérique du Nord mais conservant tout de même des liens étroits avec leur héritage acadien.

Mentionnons aussi Christien LeBlanc, de Moncton, qui a réalisé des films expérimentaux et une série pour la télévision avec Paul Bossé, également de Moncton.


Le conte Le Tapis de Grand-Pré, publié par Réjean Aucoin et Jean-Claude Lemay en 1986, est porté à l'écran par Phil Comeau la même année. Ce conte de Noël est devenu très populaire chez les enfants néo-écossais[4].

Le film Lost Song, réalisé par Rodrigue Jean en 2008, gagne le prix du meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto en 2008.

La bande-dessinée Acadieman, crée par Dano Leblanc au début des années 2000[5], est adaptée en série animée par Télévision Télévision Rogers. Suite au succès des trois saisons, le long métrage Acadieman vs. le C.M.A. est réalisé en 2009. Il est diffusé sur CapAcadie.com, à la Télévision Rogers et dans quelques salles.

Liste d'acteurs acadiens

Liste de cinéastes acadiens

Liste de films Acadiens

Festival

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens et documents externes

  • (fr) « L'Encyclopédie canadienne », Cinéma acadien, Roland Brideau (source de l'article).

Notes et références

  • Notes:
  1. L'Acadie comprend grosso modo le nord et l'est de la province canadienne du Nouveau-Brunswick ainsi que des localités plus isolées à l'Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse. Au sens large, l'Acadie fait aussi référence aux communautés de la diaspora acadienne situées au Québec et aux États-Unis; des personnes d'ascendance acadienne se retrouvent également en France, aux îles Malouines et dans les Antilles. L'Acadie n'est pas reconnue officiellement mais formerait une nation par sa langue, sa culture, ses institutions et ses symboles.
  • Références:
  1. a et b Josette Déléas-Matthews, « Regard sur un cinéma à naître : le cinéma acadien », dans Vie Française, Québec, Conseil de la vie française en Amérique, no hors-série « Les Acadiens: état de la recherche », 1987, p. 130 (ISSN 0382-0262) 
  2. a, b et c Brigitte Roussel, Claude Roussel et Jean Daigle (dir.), Les Acadiens des Maritimes, Moncton, Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 1980, partie 13, « Les arts visuels », p. 624 .
  3. L'ONF en Acadie, 35 ans de création sur ONF.ca. Consulté le 23 octobre 2009
  4. Robert Viau, Grand-Pré : lieu de mémoire - lieu d'appartenance, Longueuil, MNH Publications, 1993 (ISBN 2-89617-003-0), p. 170 
  5. Accueil sur Éditions Court-Circuit. Consulté le 16 novembre 2009.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Cinéma acadien de Wikipédia en français (auteurs)

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