Cinéma africain

Cinéma africain

L'expression « cinéma africain » désigne les films et la production cinématographique associés aux pays d'Afrique, de l'Afrique du Nord à l'Afrique du Sud en passant par toute l'Afrique sub-saharienne.

Si cette expression est passée dans le langage courant, elle est historiquement surtout liée à une approche idéologique (de type panafricain) et à des organisations telles que la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI). Compte-tenu de la diversité des contextes sociaux et culturels du continent africain, il est plus adéquat de parler « des » cinémas africains.

Sommaire

Histoire

Le cinéma Impero (Asmara, Érythrée), construit par les Italiens en 1937

Les cinémas africains sont relativement jeunes puisque les films que désignent généralement l'expression « cinémas africains » ont commencé à être produits à partir de la décolonisation et des indépendances (années 1950 et surtout 1960), même si une industrie du cinéma existe depuis le début du XXe siècle en Afrique du Sud et que des expériences locales ont été tentées en Tunisie dès les années 1920.

En ce qui concerne l'Afrique noire francophone, le pionnier en est le Sénégalais (Béninois de naissance) Paulin Soumanou Vieyra, également premier historien des cinémas africains. D'abord écrivain, son compatriote Ousmane Sembène, donne l'exemple d'une production africaine engagée et n'hésite pas à utiliser les langues vernaculaires. Djibril Diop Mambety sera le second grand nom du cinéma sénégalais. Les autres pays actifs sont le Niger (avec Oumarou Ganda), le Mali, la Côte d'Ivoire, le Cameroun, et surtout la Haute-Volta (futur Burkina Faso) qui crée dès 1969 le FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou).

La production des pays anglophones est quantitativement la plus importante, essentiellement à travers l'Afrique du Sud et le Nigéria, même si la qualité n'est pas toujours au rendez-vous et que les « industries » en place ne sont pas dans la logique « cinéma d'auteur » des pays africains francophones, lesquels ont bénéficié de plus de reconnaissance au sein des réseaux du cinéma indépendant à travers le monde. Après la chute de l'apartheid en Afrique du Sud et l'explosion du film vidéo au Nigéria, c'est également la réception des cinémas africains à travers le monde qui est en train de changer.

Des cinémas sont également apparus et se sont développés en Angola, au Mozambique et en Guinée-Bissau un cinéma lusophone, assez proche des cinémas d'Amérique latine et notamment de Cuba, mais l'histoire mouvementée de ces pays n'a pas facilité l'essor d'une industrie cinématographique.

Panorama actuel

Le succès des vidéo-clubs (Dakar)

Dans la grande majorité des cas, les cinémas africains les plus intéressants (notamment ceux qui sont représentés dans les festivals) restent dépendants des aides extérieures puisque les conditions économiques sont rarement réunies pour qu'une vraie industrie puisse exister – à l'exception de l'Afrique du Nord et de l'Afrique du Sud. Beaucoup de réalisateurs africains ont conduits ou conduisent leur carrière depuis l'étranger, résidant en France, en Belgique ou ailleurs. Ces dernières années, avec l'émergence de la vidéo, et en particulier de la vidéo numérique (qui permet des tournages plus légers et économiques), on assiste dans un certain nombre de pays à l'émergence de cinéastes vivant et travaillant dans leur pays d'origine.

C'est notamment le cas au Nigéria. Le cinéma nigérian est considéré comme le troisième mondial selon la quantité de films produits selon The Sunday Telegraph[1]. Les films produits par l'industrie cinématographique nationale (connue sous le nom de Nollywood) sont tournés en quinze jours et coûtent en moyenne 11 000 euros. En l'absence d'un réseau de salle de cinéma, les films sont ensuite distribués directement en vidéo (3 euros le DVD).

Parallèlement à cette production ciblant les spectateurs de leurs pays, certains réalisateurs africains sont plus connus (et reconnus) à l'international. On citera notamment le Mauritanien Abderrahmane Sissako, les Maliens Souleymane Cissé et Cheick Oumar Sissoko, le Burkinabè Idrissa Ouedraogo et le Sénégalais Ousmane Sembène.

Tout en rendant hommage à Sembène décédé au cours de l'année, la vingtième édition du FESPACO, qui s'est tenue en février-mars 2007 à Ouagadougou, témoigne[2] cependant de la montée d'une nouvelle génération de cinéastes, à laquelle se rattachent notamment les trois lauréats du festival, le Nigerian Newton Aduaka pour Ezra, le Camerounais Jean-Pierre Bekolo avec Les Saignantes et le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, réalisateur de Daratt. Les protagonistes des films récents sont souvent des adolescents ou de jeunes adultes, ce qui correspond à la moyenne d'âge du continent africain. La guerre, la violence et leurs conséquences font partie des thèmes fréquemment abordés, de même que l'immigration et la diaspora.

Lors du Festival de Cannes 2010, l'Afrique est fortement représentée par ses comédiens et ses cinéastes[3], notamment avec Le Secret de Chanda d'Oliver Schmitz et Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. Le réalisateur tchadien Mahamat Saleh Haroun reçoit le prix du jury avec Un homme qui crie[4].

Dates-clefs

Réalisateurs par pays

Festivals


Bibliographie

en français

  • (fr) Collectif, Dictionnaire du cinéma africain, Association des Trois mondes/Khartala, 1991.
  • (fr) Collectif, L’Afrique et le centenaire du cinéma, Fepaci/Présence africaine, 1995.
  • (fr) Olivier Barlet, Les Cinémas d’Afrique noire : le regard en questions, collection Images plurielles, L’Harmattan, 1996.
  • (fr) Jacques Binet, Ferid Boughedir et Victor Bachy, Cinémas noirs d’Afrique, CinémAction no 26, 1981.
  • (fr) Denise Brahimi, Cinémas d’Afrique francophone et du Maghreb, Nathan Université, 1997.
  • (fr) Pierre Haffner, « L'Afrique panafricaniste des cinéastes (1960-1985) », Le Film africain, no 37-38, 2001, p. 85-95.
  • (fr) Michel Larouche (dir.), Films d’Afrique, Éd. Guernica, Montréal, 1991.
  • (fr) Samuel Lelièvre, Les cinémas africains, une oasis dans le désert?, CinémAction no 106, Corlet / Télérama, Paris, 2003, 264 p.
  • (fr) Paulin Soumanou Vieyra, Le cinéma africain, Des origines à 1973, Paris, Présence Africaine, 1975, 444 p.

autres langues

  • (en) Manthia Diawara, African Cinema: Politics & Culture, Bloomington, Indiana University Press, 1992.
  • (en) Françoise Pfaff, Twenty-Five Black African Filmmakers. A Critical Study, with Filmography and Bio-Bibliography, Greenwood Press, 1988, 344 p.
  • (en) Nancy J. Schmidt, Sub-Saharan African films and filmmakers, 1987-1992: an annotated bibliography, Londres, New Providence (N.J.), Hans Zell Publishers, 1994.
  • (it) Giuseppe Gariazzo, Breve storia del cinema africano, Turin, Lindau, 2001.

Notes et références

  1. Air France Magazine « spécial cinéma » n°133, mai 2008, p.70
  2. Aboubakar Sanogo, « Sembène's children follow in a fine tradition », The Africa Report, n° 9, janvier-mars 2008, p. 102-104
  3. Renaud de Rochebrune, « Festival de Cannes : Tapis rouge pour l'Afrique », Jeune Afrique, no 2576, du 23 au 29 mai 2010, p. 14-16
  4. Renaud de Rochebrune, « Le Tchad en haut de l'affiche », Jeune Afrique, no 2577, du 30 mai au 5 juin 2010, p. 110-111
  5. Cinedirectors Box Office Français en 1990
  6. IMDB Les Dieux sont tombés sur la tête (1980) - Box office / business
  7. source : http://www.africultures.com/index.asp?menu=affiche_murmure&no_murmure=3422

Liens externes


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