Civilisation inca

Civilisation inca
Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne la civilisation inca. Pour l'empire, voir Empire inca. Pour les autres significations, voir Inca (homonymie).
Ville sacrée inca de Machu Picchu
Extension maximale de l'empire inca et de ses quatre régions principales

La civilisation inca est une civilisation précolombienne du groupe andin. Elle prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cuzco dans l'actuel Pérou et se développe ensuite le long de l'océan Pacifique et de la cordillère des Andes, couvrant la partie occidentale de l'Amérique du Sud. À son apogée, elle s'étend de la Colombie jusqu'à l'Argentine et au Chili, par delà l'Équateur, le Pérou et la Bolivie.

Elle est à l'origine de l'empire inca, l'un des trois grands empires de l'Amérique précolombienne, qui avait pour chef suprême le Sapa Inca. L'empire inca fut conquis par les conquistador espagnols sous les ordres de Francisco Pizarro à partir de 1532.

L'une des grandes singularités de cet empire fut d'avoir intégré, dans une organisation étatique originale, la multiplicité socioculturelle des populations hétérogènes qui le composaient.

Sommaire

Histoire

Héritage des civilisations précédentes

Premiers peuplements

Les premières traces humaines en Amérique du Sud datent du quatorzième millénaire avant notre ère[réf. nécessaire]. Vivant de chasse et de cueillette, ces peuples nomades s'intéressent progressivement à l'agriculture. Les propriétés nutritionnelles du maïs, cultivé dès le troisième millénaire dans la région d'Ayacucho[Favre 1], permettent d'accroître son importance[Favre 2].

Civilisation Chavín

Extension de la culture Chavín (gris fonçé) et de son influence (gris clair)
Article détaillé : Chavín.

Le développement de l'agriculture entraîne des changements sociaux importants : la population explose, des villes apparaissent et une élite religieuse se créée[Favre 2]. Le premier millénaire avant notre ère voit ainsi s'épanouir la civilisation Chavín, unissant dans un style artistique commun de nombreuses cultures locales, probablement grâce à un culte unique dont un élément caractéristique est l'image du jaguar[Favre 2].

Tiwanaku et Huari

Articles détaillés : Tiwanaku et Huari.

Entre le Ier et le VIIIe siècle l'unité créée par la civilisation Chavín disparaît au profit de cultures plus locales (Mochica, Paracas-Nazca, Tiwanaku)[Favre 3]. Le développement agricole, notamment l'irrigation et l'aménagement de terrasses, continue. À partir du VIIIe siècle, deux villes des hautes terres rayonnent particulièrement et regroupent sous leur bannière les peuples andins : Tiwanaku vers le Sud jusqu'au Nord du Chili et Huari vers le Nord [Favre 4].

Empire Chimú

Carte de la culture Chimú
Article détaillé : Chimú.

Les États de Tiahuanaco et Huari s'effondrent brusquement au XIIe siècle. À nouveau, le régionalisme prévaut dans un premier temps, puis de nouvelles tentatives d'intégration impérialistes ont lieu[Favre 5]. Ainsi, vers le milieu du XIIIe siècle, le peuple Chimú initie la création d'un nouvel empire, sur la côte nord du Pérou actuel, fondé sur l'aménagement hydraulique[Favre 6]. L'Empire Chimú s'étend le long de la côte jusqu'à l'actuelle frontière équatorienne, et il entre inévitablement en rivalité avec l'empire inca, l'autre grand empire andin du XVe siècle, ce qui lui sera fatal[Favre 7].

Origines de l'ethnie inca

Origines légendaires

Articles connexes : Récit originel#Inca et Pacaritambo.

Différents témoignages ont été recueillis quant à l'origine des Incas. Selon la légende de Manco Capac et Mama Ocllo, les Incas descendent de Manco Capac. Plusieurs versions[1] de cette légende en font la création de Viracocha et de Inti, le dieu du soleil, le faisant naître près de Cuzco (légende de Pacaritambo[2]) ou sortir du lac Titicaca avec sa sœur-épouse Mama Ocllo, envoyés par Viracocha, le dieu créateur, pour apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté.

Selon cette dernière version, ils voyagèrent jusqu'à ce que le bâton magique en or de Manco s'enfonce totalement dans la terre pour leur désigner le lieu où s'établir : la terre de ce lieu serait suffisamment riche pour les accueillir[3]. C'est là qu'ils fondèrent la première ville inca qui deviendra Cuzco, c'est-à-dire le « nombril » en quechua[4]. Manco Capac enseigna alors aux hommes l'agriculture et l'artisanat, et Mama Ocllo enseigna aux femmes l'art du tissage.

Origine admise par les scientifiques

À l'heure actuelle, l'origine géographique des premiers Incas reste discutée, l'hypothèse communément admise étant qu'ils provenaient des rives du lac Titicaca, à la frontière du Pérou et de la Bolivie. Le rapprochement est souvent évoqué avec la civilisation méconnue de Tiahuanaco (en Bolivie). Les Incas seraient donc un groupe d'hommes menés par Manco Capac ; après une migration vers le Nord, celui-ci s'allie avec quelques communautés quechuas pour déloger les habitants de la vallée de Cuzco. Ce sont dès lors tous les descendants de ces premiers colons ainsi que leurs alliés qui sont considérés comme Incas.

Hypothèse amazonienne

D'autres sources évoquent une origine amazonienne. La présence des incas en Amazonie est attestée par la découverte de la cité agricole inca de Mameria par deux explorateurs franco-péruviens en 1979, Nicole et Herbert Cartagena. Le jeune archéologue et explorateur français Thierry Jamin a officialisé en 2006 la découverte de trois géoglyphes anthropomorphiques (d'énormes visages gravés à flanc de montagne), répliques d'un visage présent sur la paroi des pétroglyphes de Pusharo découverts dès 1921 par Vicente de Cenitagoya (signes gravés dans la pierre). Pour Thierry Jamin, qui a découvert de nouveaux pétroglyphes à Pusharo, leur interprétation permet de dresser une « carte mémoire » de la zone. Il espère ainsi trouver de nouveaux sites incas et notamment la mythique cité perdue Païtiti, après près d'un siècle d'expéditions infructueuses dans la forêt amazonienne[5].

Histoire de l'empire inca

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Article détaillé : Empire inca#Histoire.

À leur arrivée dans la région de Cuzco, les Incas ne sont qu'une tribu parmi d'autres dans une confédération locale, occupant dans un premier temps un rang subordonné[Favre 8]. Leur position de chefs militaires dans la confédération leur permet de gagner progressivement de l'influence lors des règnes successifs de Sinchi Roca, Lloque Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui. Finalement, à la mort de Capac Yupanqui, Inca Roca s'empare du contrôle de la confédération[Favre 9].

Yahuar Huacac puis Viracocha Inca étendent la domination inca. Néanmoins, le territoire inca ne dépasse pas un rayon de 40 km autour de Cuzco[Favre 9]. En 1438, lors d'une guerre avec la tribu voisine des Chancas, Viracocha abandonne la capitale, mais son fils Pachacutec la défend avec succès et défait les Chancas. C'est le début de l'expansion extrêmement rapide de l'empire[Favre 10].

Le fils de Pachacutec, Tupac Yupanqui et son fils après lui, Huayna Capac, repoussent les frontières de l'empire du Chili au Sud de la Colombie. L'empire est à son apogée[Favre 11].

En 1532, 180 conquistadors espagnols débarquent et commencent la conquête de l'empire inca. Bien que peu nombreux face aux armées incas de plusieurs dizaines de milliers de soldats, cette conquête est très rapide[Favre 12]. Les historiens expliquent cela par une combinaison de plusieurs raisons : la guerre de succession suite à la mort de Huayna Capac en 1527, la rapide capture du nouvel empereur Atahualpa, la supériorité militaire des Espagnols, tant en terme d'armement (chevaux, armures en métal et armes à feu) que de stratégie, leur habileté diplomatique à soulever contre l'empire des tribus locales ainsi que l'assimilation par les Incas des Espagnols à des dieux annoncés par des prophéties.

La conquête espagnole s'accompagne de nombreux pillages et de massacres. La colonisation qui s'en suit engendre une catastrophe démographique majeure : la population de l'empire inca, estimée entre 12 et 15 millions de personnes avant la conquête, est d'environ 600 000 un siècle plus tard. L'exploitation des indigènes et leur manque de défenses immunitaires contre les maladies apportées par les Espagnols en sont les principales raisons[Itier 1].

Prisonnier de Pizarro, Atahualpa lui donna tout son or en échange de sa libération. Pizarro prit l'or mais fit tout de même exécuter l'empereur le 29 août 1533.

Les Incas se rebelleront tout de même plusieurs fois, notamment en 1536 sous le commandement de Manco Inca. La ville de Vilcabamba devient le centre d'un noyau de résistance inca qui y subsistera jusqu'en 1572[Favre 13]. La résistance aura un sursaut aux XVIIe et XVIIIe siècles ; le plus important épisode sera celui de Túpac Amaru en 1780, toujours avec l’objectif avorté de restaurer l’empire inca.

Chronologie des souverains incas

Empereurs incas

L'empereur Pachacutec maniant la fronde (manuscrit de Guaman Poma).

La liste des empereurs incas s'appelle la capaccuna[6] (en quechua les plus puissants parmi les êtres humains).

Avant Viracocha Inca les empereurs incas sont semi légendaires et les dates de leurs règnes sont incertaines.

Rois de Vilcabamba

Entre 1533 et 1572 une partie des fils de Huayna Capac se révolte contre les Espagnols et se réfugie dans la région de Vilcabamba. Leur pouvoir restera localisé aux alentours de ce centre de résistance.

Société et politique

Répartition de la population

Après avoir formé pendant des siècles une puissance locale, quoique en expansion régulière, les Incas rêvèrent d'un plus grand royaume. Ils allaient conquérir 780 000 km² en quelques générations. Vers 1400, ayant soumis leurs voisins, les rois incas mènent leurs premières conquêtes en dehors de la région de Cuzco. Vers 1470, poussant vers la côte, les Incas défont l'Empire chimu et emmènent avec eux de nombreux artisans de la puissance vaincue. Vers 1500, se tournant vers le sud, les Incas s'emparent d'un vaste territoire s'étendant jusqu'aux limites de la Patagonie. Vers 1532, lors d'une offensive finale le long des pentes orientales des Andes, les Incas pénètrent plus avant à l'intérieur du bassin de l'Amazone.

Organisation politique et administrative

Le Sapa Inca, chef suprême de l'empire, est avant tout un guerrier, et c'est un rapport très personnel qui le lie aux chefs locaux des tribus conquises. Ces relations sont souvent à établir à nouveau lors de chaque succession, ce qui amène parfois des guerres de reconquêtes[Itier 2].

Ces liens ont une importance capitale dans la gestion des provinces côtières : au contraire des provinces andines, les Incas n'y créent en effet ni villes ni administration. Ces provinces en sont par ailleurs souvent déjà pourvue par héritage des civilisations précédentes. Les Incas se contentent de gouverner à distance en maintenant les élites locales[Itier 3].

Dans les Andes, par contre, les Incas créent de véritables capitales provinciales. Si les liens personnels entre les chefs locaux et le Sapa Inca restent important, une administration impériale est établie en parallèle. À la tête de ces provinces sont nommés des gouverneurs de provinces (tukriquq) représentant l'empereur localement. Ces gouverneurs sont entourés de fonctionnaires kipukamayoq qui procèdent au recensement de la population à l'aide des kipus[Itier 4]. Le recensement revêt en effet un rôle particulièrement important dans un état où les seuls tributs versés le sont sous forme de corvées[Favre 14].

Organisation sociale

Classes sociales

La hiérarchie dans l'empire inca reprend l'organisation traditionnelle des communautés andines. L'Inca est à la fois chef de son clan et souverain de tout l'empire. L'organisation communautaire est à la base de la structure de l'empire. Dans de nombreux cas, l'Inca conquérant veille à ne pas bousculer l'organisation traditionnelle des populations à assimiler et laisse en place les autorités traditionnelles et leur confie des instructeurs du clan inca pour les informer des lois de l'empire et les instruire dans la religion officielle. Ces autorités locales étaient donc encadrées et rendaient comptes à des supérieurs hiérarchiques qui tous étaient membres du clan Inca.

D'une manière générale, il existait trois classes : la classe laborieuse constituée des paysans et artisans, la classe de gouvernance locale et, au sommet, la classe dirigeante de souche inca qui tenait les rênes de l'empire. Cette classe dirigeante était organisée comme un clan ordinaire dont les membres étaient appelés aux plus hautes fonctions au sein de l'empire, qu'elles soient religieuses, militaires ou administratives.

Cette société était donc basée sur un système de castes et on ne pouvait que très difficilement et exceptionnellement changer de rang. Un individu de la classe laborieuse pouvait accéder à la classe dirigeante suite à un exploit militaire ou grâce à quelque autre mérite. Il arrivait, dans un but politique, que des dirigeants coopératifs de peuples vaincus obtiennent des postes à responsabilités, souvent celui de Kurakas.

Structure sociale

Famille

Le groupe social de base est formé par la famille constituée des parents et des enfants célibataires. L'homme travaille aux champs, et pratique éventuellement de l'artisanat, tandis que la femme s'occupe de la cuisine et de l'entretien de la maison[Favre 15]. L'entraide entre familles est très fréquente, notamment au moment des récoltes. Les personnes invalides sont généralement soutenues par l'ensemble de la communauté[Favre 16].

Ayllu

Les peuples des Andes sont répartis dans de nombreux villages situés sur des hauteurs. L'ensemble des familles, la plupart du temps liées par le sang, qui habite un village forme un ayllu. Un chef (kuraka) dirige l' ayllu répartit les travaux collectifs et les terres. L' aylu possède en effet des terres agricoles, distribuées par lots, ainsi que des pâturages, d'accès collectif[Favre 17].

Chefferie

Les ayllus sont organisés en chefferies, regroupant plusieurs ayllus sous la domination de l'un d'entre eux. Les ayllus dépendants doivent verser un tribut de corvées à l'ayllu dominant. En échange, ce dernier doit maintenir des réserves pour pallier les mauvaises récoltes et subvenir à l'entretien des pauvres[Favre 18].

Des chefferies forment à leur tour des groupes sous la domination de l'une d'entre elles. L'empire inca s'inscrit dans le même schéma, l'empereur étant le chef du groupe de chefferies constitutif de l'empire[Favre 19].

Contrôle de la population

Intégration des populations conquises

Les conquêtes se faisaient soit pacifiquement, et alors les souverains conquis conservaient un certain pouvoir, soit par armes, et le peuple vaincu était en partie déplacé dans une région solidement acquise aux Incas et qui lui était souvent totalement étrangère. Des peuples soumis de longue date à l'empire venaient alors repeupler leurs terres. Ces déplacements de population furent très importants, notamment sous Tupa Yupanki et Huana Kapac[Favre 20].

Éducation

À la différence les Mayas, les Incas ne disposaient pas de système d'écriture.

Vie quotidienne

Étapes de la vie

La vie des Incas est rythmée par quatre étapes principales. La première s'effectue vers deux ans : on fête le passage du bébé au statut d'enfant en effectuant la cérémonie de la première coupe de cheveux, que l'on garde ensuite précieusement[Itier 5].

La seconde constitue le passage de l'enfance à l'âge adulte, vers 14 ou 15 ans. Pour les garçons, le rite de passage qui y est associé est appelé warachikuy, la "mise du pagne", et comporte un jeûne et une série d'épreuves physiques. À cette occasion, on leur perce les oreilles pour y insérer les boucles propres à l'ethnie inca, on leur remet un pagne et on leur donne un nouveau nom. Le rituel féminin, le k'ikuchikuy, "première menstruation", est plus simple et comportait également une phase de jeûne[Itier 6].

La troisième étape est celle du mariage, entre 20 et 25 ans pour les hommes et 16 à 20 ans pour les femmes. Le couple s'établit dans une nouvelle maison et bénéficie alors de tous les droits et devoirs. Parmi ces obligations se trouvent notamment celle de participer aux corvées collectives[Itier 7].

Enfin, lors de la mort, les défunts sont placés dans des tours funéraires ou des abris rocheux plus simples. Ils sont parés de leurs plus beaux atours et de leurs outils du quotidien afin d'assurer leur subsistance dans l'au-delà[Itier 8].

Habitat

Le "style inca" d'encastrement de gros blocs de pierre est la plupart du temps réservées aux temples et palais

Dans la plupart des cas, les Incas conservent les structures d'habitation des territoires conquis[Itier 9].

Dans les terres hautes, ils construisent des capitales provinciales, mais la plupart des habitants habitent des villages de quelques centaines d'habitants. Chaque foyer y possède une cour bordée d'un muret en pierre dans laquelle se trouve un ou plusieurs bâtiments circulaires de 3 à 6 m de diamètre. Parmi ces bâtiments, il peut y avoir une cuisine, des chambres, des entrepôts, ... Les murs sont de pierre non taillée ou d'adobe, et les toits de chaume[Itier 9].

Sur la côte, les maisons populaires sont en roseau et celles de l'aristocratie en pisé[Itier 10].

Le bois étant rare, tant dans la montagne que sur la côte, les Incas n'ont pas de mobilier. La vaisselle est posée à même le sol et on mange par terre[Itier 11].

Alimentation

Feuille de coca

Les paysans incas, comme leurs descendants péruviens actuels, prennent deux repas par jour (vers 8h et 16 ou 17h) et une légère collation vers midi. Il est la grande majorité du temps végétarien et composé de plantes et légumes bouillis dans une marmite. La viande, du lama ou de l'alpaca séché ou du cochon d'Inde rôti, est réservé aux jours de fêtes. Néanmoins, sur la côte, les poissons sont très consommés[Itier 12].

Le légume de base est la pomme de terre, qui peut être conservée pendant plus de cinq ans grâce à un processus de conservation complexe (qui comprend notamment l'exposition au gel et l'écrasement). Le maïs est également l'un des aliment de base, mais en plus grande quantité sur la côte que dans les Andes. Il est souvent utilisé pour produire de la bière légèrement alcolisée[Itier 13].

Enfin, ils mastiquent des feuilles de coca pour ses vertus médicinales et son effet « coupe-faim »[Itier 14].

Vêtements

Les paysans incas portent tous des vêtements assez semblables. Il s'agit, pour les hommes, d'un pagne et d'une tunique sans manches auxquels on ajoute une cape lorsque les conditions climatique ou cérémonielles l'exigent[Itier 15].

Les femmes, elles, portent une robe et une cape. Leur robe est constituée d'un simple morceau de tissu rectangulaire, enroulée autour d'elles et maintenue par une ceinture et deux fibules circulaires au niveau des épaules. La cape est elle accrochée via une épingle ou un nœud sur le devant. Leurs cheveux sont ceints d'un bandeau et elles portent généralement un voile léger pour s'abriter du soleil[Itier 15].

Les vêtements sont généralement noirs ou marrons dans les hautes terres où ils sont faits de laine, et blanc sur la côte où le coton est principalement utilisé. Ils sont la plupart du temps fait d'une seule pièce, et non pas composés de différents morceaux cousus entre eux[Itier 15].

Les vêtements étant assez comparables partout dans les Andes, les différences sociales s'expriment principalement au niveau de la qualité du tissu employé pour leur confection. Mais la coiffure masculine est également un autre moyen de différenciation : l'élite porte des cheveux très longs, alors que le peuple se rase court[Itier 15].

Les deux sexes portent aux pieds des sandales ou des mocassins. Ils arborent également des bijoux : les hommes portent notamment des ornements d'oreille cylindriques qui leur déforment les lobes, d'où leur surnom d' orejones ("oreillards") que leurs donnent les Espagnols. Les femmes elles portent plutôt des colliers et des fibules[Itier 15].

Jeux et divertissements

Le quotidien des paysans incas ne comporte que peu de divertissements, hormis ceux liés au travail en commun et aux cérémonies –– ces deux dernier cas sont en effet des occasions de fêtes. Le travail en commun s'effectue en chantant et est généralement accompagné d'un bon repas et de bière de maïs. De grandes battues sont organisées par le Sapa Inca tous les quatre ans[7] ; elles sont également l'occasion de festoyer et de consommer de la viande. Les cérémonies en l'honneur d'une divinité ou d'un haut personnage sont elles l'occasion de danser et de jouer de la musique[Itier 16].

Peu de jeux incas sont parvenus jusqu'à nous, mais la plupart des chroniqueurs rapportent l'existence d'un jeu de dé, la pichqa ("cinq" en quechua)[8]. Le dé pyramidal à six faces utilisé dans ce jeu servait aussi comme instrument de divinitation[Itier 16].

Religion

La colonisation espagnole et l'évangélisation catholique ont rapidement fait décliner les religions des Incas. Si certaines formes subsistent aujourd'hui notamment sous forme d'animisme, la plupart des informations que l'on possède à ce propos sont issues de témoignages indirects, plus ou moins biaisés. On possède par ailleurs très peu d'informations sur le système religieux en-dehors des Andes, les populations ayant rapidement décliné avant même l'évangélisation[Itier 17].

En plus de la volonté d'imposer une religion d'état, l'héritage des civilisations précédentes et une longue histoire d'échanges et d'influence permettent aux populations andines une certaine unité religieuse. Certaines divinités sont ainsi communes à différents peuples, mais portent des noms différents[Itier 17].

Cultes et éléments du dogme

Culte des ancêtres

Les ancêtres décédés occupent une place particulière dans les religions andines. Le fondateur d'un lignage est ainsi révéré, notamment pour avoir donné à son ayllu des terres. Ces fondateurs sont souvent semi-légendaires, ayant accompli des actes surnaturels et n'ayant pas de géniteurs humains. C'est ainsi le cas pour ceux de la tribu inca[Itier 18].

Les corps des défunts sont conservés, non pas embaumés mais laissés à se dessécher au vent sec des montagnes. Des offrandes leurs sont offertes et elles sont promenées lors des cérémonies[Itier 18].

Culte des Huacas

Si les Incas imposent le culte du Soleil, ils interdisent rarement l'exercice des croyances animistes préexistantes[Métraux 1]. Ainsi la plupart des peuples de l'empire, ainsi que les Incas eux-mêmes, accordent une grande importance à des fétiches (huacas)[Métraux 2]. En Quechua, le terme huaca peut désigner tout ce qui sort de l'ordinaire ; par extension, il désigne tout ce qui est susceptible de faire l'objet d'un culte dans le contexte animiste. Les huacas peuvent ainsi être des objets naturels (comme une montagne ou un rocher) ou artificiels (comme un bâtiment) auxquels on prête une puissance surnaturelle[Métraux 2].

Il existe des huacas partout sur le territoire inca, et on estime à plus de cinq cent leur nombre à Cuzco et ses environs[Métraux 2]. Ils reçoivent de nombreuses offrandes et on cherche à communiquer avec eux pour obtenir de l'aide ou des conseils[réf. nécessaire].

Culte du Soleil et des astres

Dans les Andes, de nombreuses communautés se réclamaient originaires ou descendantes de tel lieu sacré, de telle étoile ou de tel animal. Les empereurs, descendants directs de Manco Capac, sont appelés Sapa Inca (littéralement "inca unique"; ou encore Intip churin: "fils du soleil", titre adopté par le neuvième empereur Pachacutec[9]). Ils sont vénérés comme des demi-dieux fils du soleil (Inti ou Tahuantinsuyu en quechua)[10]. Pour leurs contemporains, les victoires militaires et la politique éclairée des souverains incas semblent confirmer cette origine merveilleuse. Les Incas imposent donc le culte du soleil comme culte officiel dans l'empire, mais l'idole solaire côtoie la myriade de divinités adorées dans l'empire. Il ne s'agit pas pour autant d'un culte monothéiste mais plutôt d'un animisme d'État[Métraux 1].

Pour instituer le culte, les Incas bâtissent des temples dédiés principalement au soleil. Le plus célèbre de tous est le Coricancha (enclos d'or en quechua), le temple du Soleil de Cuzco[Métraux 1].

Adoration d'autres divinités

Parallèlement au culte du soleil, les Incas reconnaissaient et adoraient plusieurs autres divinités. Le plus important d'entre-eux est Viracocha, un dieu agricole responsable notamment de l'aménagement du sol – les techniques d'irrigations revêtant une importance particulière pour les peuples andins[Itier 19]. Le lien entre Viracocha et Inti, le soleil, n'est pas clairement établi. La subordination de l'un à l'autre est floue et dans certaines légendes ils semblent même interchangeables[Itier 19]. Après Viracocha, les Incas révéraient également l'Éclair, Inti Illapa le dieu du ciel, du tonnerre et de la foudre[Métraux 3].

L'Empire inca se composant d'une mosaïque de peuples qui n'ont pas forcément été détruits ou réduits en esclavage, certains cultes locaux ont pu perdurer sans pour autant que le peuple originaire de Cuzco ne les adopte. Le culte de Pachacamac en est un exemple : c'est un dieu de la côte centrale du Pérou dont les origines sont incertaines, mais dont le culte était en tout cas antérieur à celui de Viracocha. Le plus grand temple connu consacré à ce dieu s'appelle lui-même Pachacamac et remonte à l'époque de la culture Lima. Le culte serait probablement apparu entre l'an 300 et l'an 600. C'est cependant avec la culture Ishmay, civilisation locale qui se situait entre les fleuves Rimac et Lurin (1000-1450 après J.C.), que le site de Pachacamac connaît son apogée[réf. nécessaire].

Divination

La divination tenait une place prépondérante dans la civilisation inca. Avant chaque action d'importance, on faisait appel à celle-ci et rien d'important ne pouvait être entrepris sans avoir auparavant consulté les auspices[Métraux 4]. La divination était utilisée aussi bien pour pour prédire le déroulement des batailles que pour punir un crime[Métraux 4].

Il existait plusieurs méthodes de divination : on pouvait observer des araignées se déplacer ou analyser la disposition que les feuilles de coca prennent sur une assiette plate[Métraux 4]. Des prophéties pouvaient être aussi faites à partir de l'étude des entrailles d'animaux sacrifiés, et notamment les poumons de lamas[Métraux 4].

Clergé

Prêtres

Les prêtres vivaient dans tous les temples et autres sanctuaires religieux importants. Ils remplissaient les fonctions de devins, sorciers, et médecins. Le titre de prêtre en chef à Cuzco était Villac Umu. Marié, il était souvent un proche parent de l'Inca et son autorité était en concurrence avec ce dernier[Métraux 5].

Femmes choisies

Article détaillé : Aclla.

Les « femmes choisies », appelées aclla (« vestales » ou pour les Espagnols « vierges du Soleil »), forment une institution à part entière. Choisies dès leur plus jeune âge, elles suivent une éducation particulière[Métraux 5]. Elles peuvent ensuite être choisies par le Sapa Inca comme concubines, ou données à de hauts fonctionnaires, ou même sacrifiée[Métraux 5]. Elles préparent les aliments cérémoniels et confectionnent des vêtements portés par l'Inca et les prêtres.

Rites et manifestations religieuses

Offrandes et sacrifices

Les sacrifices et offrandes étaient quotidiens, dédiés aux dieux ou aux huacuas.

Sacrifices animaux

Article connexe : Tumi.

À chaque occasion importante, on offrait un sacrifice. L'animal le plus utilisé était un lama, le choix des animaux sacrifiés étant soumis à des règles précises sur la couleur de la fourrure[Métraux 5].

Sacrifices humains

Les sacrifices humains ne se faisaient que lors de périodes de grands troubles, lorsque l'Inca était malade ou mort, par exemple, ou lors de catastrophes naturelles[Métraux 5]. L'objectif était alors d'apaiser le ou les dieux.

Les personnes, hommes, femmes ou enfants offerts en sacrifice devaient être en bonne condition physique et de parfaite constitution[Métraux 5]. Avant le sacrifice, le sacrifié buvait de la chicha (un alcool) pour atténuer la perception de ses sens[Métraux 5]. Dans de nombreux cas, il était ensuite enterré vivant. Pour l'honorer, les prêtres conduisaient des cérémonies qui l'accompagnaient tandis que son esprit quittait la terre. Parmi les jeunes filles choisies dans chaque province pour être femmes choisies, une partie était destinée à être sacrifiée[Métraux 5].

C'est ce type de rite qui fut par exemple utilisé pour calmer les dieux, lors d'une éruption volcanique à Arequipa il y a plus de 500 ans : une jeune fille de douze ou treize ans, surnommée Juanita par les archéologues l'ayant retrouvée, fut sacrifiée au sommet du volcan Ampato. Elle appartenait à la haute noblesse de Cuzco comme en témoigne la richesse de ses parures. Un cortège cérémonial partit de Cuzco pour rejoindre Arequipa dans le seul but de ce sacrifice. Préservés par la glace, la jeune fille et les objets qui l'accompagnaient furent retrouvés presque intacts en 1995 et reposent désormais au musée Santuarios Andinos d'Arequipa[réf. nécessaire].

Le même genre de rites est attesté dans d'autres sociétés précolombiennes, mais ne peut être comparé aux sacrifices de masse aztèques.

Fêtes et cérémonies religieuses

Inti raymi
Article détaillé : Inti Raymi.

La principale fête de l'empire était l'Inti Raymi ou (fête du soleil en quechua) . Elle se déroulait le 21 juin, solstice d'hiver et jour le plus court dans l'hémisphère sud.

Décès de l'inca

Pour escorter l'Inca dans son voyage dans l'autre monde, deux de ses femmes, un serviteur et un guerrier étaient sacrifiés le jour de sa mort. Prétendument volontaires, ils étaient choisis dès leur plus jeune âge.

Sanctuaires

Forteresse de Sacsayhuaman surplombant Cuzco

Temples du soleil

En signe d'allégeance ou de véritable vénération, les peuples soumis par les Incas bâtissent dans leurs provinces de nombreux lieux de culte au soleil. Certains sont encore visibles de nos jours et témoignent de l'extension géographique du culte. Au Pérou se trouvent ainsi le temple de Coricancha à Cuzco, le temple Vilcashuaman et celui de Huascarán. En Bolivie, un temple du Soleil avait aussi été érigé sur l'Isla del Sol du lac Titicaca. À Caranqui, Équateur, se trouve un temple qui autrefois contenait des jarres pleines d'or et d'argent.

Coricancha

Article détaillé : Temple du Soleil (Cuzco).

Le temple du Soleil de Cuzco, Coricancha, était le principal temple de l'empire. S'il était d'abord dédié au soleil, il servait aussi de lieu de culte à d'autres entités divines comme Mama Quilla, la Lune, et Illapa, divinité de la foudre, de l'éclair et du tonnerre.

Véritable saint des saints de l'empire, ce temple n'a pas subsisté aux ravages de la conquête. Il n'en reste aujourd'hui que quelques descriptions ainsi que quelques murs témoins de la splendeur de l'ouvrage. Il fut construit avec des pierres de taille s'ajustant parfaitement les unes dans les autres, sans ciment. Sa circonférence faisait plus de 365 mètres. À l'intérieur du temple trônait, entre autres trésors, un disque d'or représentant le Soleil ainsi qu'une représentation du panthéon Inca. Il s'y trouvait également un jardin sacré où tous les éléments de la nature étaient représentés sous la forme de statuettes entièrement en or, métal symbolique du soleil.

Activités économiques

Politique économique impériale

L'économie est fondée sur la gestion de la main-d'œuvre, sur l'échange d'énergie humaine, sur une sorte de collectivité du travail et nullement sur des échanges de biens ou sur une possession collective des biens. La richesse était liée non pas à la possession des biens mais à l'accès à la main-d'œuvre pour la production de la communauté. Le pauvre étant celui qui possède peu de liens de parenté.

Au sommet de l'organisation économique se trouve l'Inca qui se repose sur les organisations ethniques et leur économie de redistribution mais en gérant un système de redistribution à un niveau supérieur.

Corvées et mobilisation de la main d'œuvre

Le kuraka, le chef de l' ayllu, était chargé de la répartition des terres, qui se faisait sur un modèle de parts, entre chaque membre du village apte à travailler.

Les travaux agricoles étaient divisés en trois temps :

  • - la part de l'Inca et de la famille royale;
  • - celle de chaque détenteur de lopin de terre, pour subvenir aux besoins de sa famille;
  • - celle qui appartenait au village, afin de subvenir aux besoins des plus démunis. Un système d'entraide entre les familles était très développé. En plus des terres collectives, il existait des réserves qui permettaient de pallier le manque en cas de famine, ou quand venait une délégation de l'Inca.

Un autre devoir de chaque membre de la communauté consistait à s'occuper des travaux collectifs (comme l'entretien des canaux d'irrigation). Ce système connaissait cependant des faiblesses : les kurakas abusaient parfois du système, s'enrichissaient et constituaient une nouvelle classe dont les privilèges étaient transmis par héritage.

Réciprocité et redistribution

Il y avait une redistribution au niveau local autour du groupe ethnique mais aussi une redistribution bien plus vaste, au niveau de l'empire. L'Inca s'en chargeait à partir des réserves. Pour opérer ce travail, on faisait appel à des mitas (transporteurs). L'empire organisait donc aussi la mita.

La répartition des terres ethniques semblait liée à la redistribution, puisque chaque année, elle faisait l'objet d'un pacte ou d'une négociation. Grâce aux principes de la redistribution et de l'échange d'énergie humaine, les Incas purent entreprendre de nombreuses constructions, créer des greniers supplémentaires, un réseau de routes, des centres administratifs ...

Agriculture

Environ 200 variétés de pommes de terre furent cultivées par les Incas et leurs prédécesseurs
De nombreuses variétés de maïs étaient connues des Incas

À cette époque, l'agriculture était essentiellement une agriculture de montagne. La pomme de terre « inventée » au Pérou et de nombreux autres tubercules étaient les aliments de base. Ces végétaux sont sensibles et, les récoltes ne pouvant être garanties, des techniques de conservation étaient développées pour faire face à d'éventuelles années difficiles. Le quinoa, une graine (et non une céréale), est plus facile à cultiver, il pousse jusqu'à 4 000 m d'altitude. Une autre culture était répandue : celle du maïs. Bien que très apprécié, les conditions particulières pour sa culture limitaient sa production et le maïs se trouvait souvent réservé aux offrandes ou réservé pour les fêtes. Pour développer cette culture, de nombreuses terrasses (les fameuses andenes) furent construites dont certaines perdurent jusqu'à nos jours. Les Incas installèrent des réseaux d'irrigation comprenant canaux et aqueducs.

D'autres plantes étaient cultivées selon les régions : tomates, arachides, haricots, piments, ananas, cacao, etc. ainsi que la coca, très importante pour le peuple inca puisqu'elle était utilisée dans toutes les cérémonies. En ce qui concerne l'élevage, viande et laine provenaient essentiellement des lamas et alpagas.

Élevage

Commerce

Art et artisanat

Article détaillé : Art inca.

Textile

Architecture et sculpture

Les Incas étaient d'excellents architectes. Leurs constructions sont imposantes et ingénieuses, souvent orientées à des fins utilitaires. Le nombre de bâtiments et autres constructions réalisés est vraiment élevé. La forme trapézoïdale souvent donnée aux portes et fenêtres des temples permet à l'édifice de résister beaucoup mieux aux tremblements de terre, très fréquents dans ces régions. En s'installant à Cuzco, les espagnols ont d'ailleurs repris comme fondation de leur bâtiments les restes des temples incas. Lors des nombreux séismes, les constructions ou fondations incas tenaient généralement mieux que les constructions espagnoles.

Mur inca à Cuzco

Les Incas utilisaient divers styles architecturaux, mais le plus connu est sans conteste celui utilisé par exemple pour le temple du Soleil de Cuzco ainsi que beaucoup d'autres bâtiments d'importance : le matériau principal était la pierre mais ils n'utilisaient pas de mortier pour les joindre entre elles. De grandes pierres polygonales étaient alors utilisées, s'emboîtant parfaitement les unes dans les autres sans laisser le moindre espace vide. On peut voir encore de nos jours de nombreux exemples de cet art architectural, parmi lesquels Sacsayhuamán la forteresse de Cuzco, ou encore les impressionnantes ruines d'Ollantaytambo.

Céramique

Orfèvrerie et métallurgie

Les Inca ont découvert le vermeil[réf. nécessaire]. Il n'est pas un alliage, mais de l'argent recouvert d'or.

Utilisation des plumes

Musique

Littérature et poésie

Art colonial

Sciences

Agronomie et hydrologie

Terrasses de Písac

En matière d'agronomie et d'hydrologie, les Incas avaient mis en place un système de canalisations assez complexe, dont on peut voir aujourd'hui une excellente manifestation à Ollantaytambo. Ils ont aussi hérité de très bons systèmes d'irrigation, légués par des cultures antérieures telles que les Nazca ou les Moches dans les parties littorales désertiques du territoire. Mais en matière agricole, c'est dans la façon d'exploiter les sols et de maîtriser un territoire apparemment inhospitalier que les Incas se sont illustrés : presque partout dans les parties andines, c'est-à-dire la majorité de leur territoire, les Incas ont développé des aqueducs, des canaux à étages longs de dizaines de km et des cultures en terrasse (les andenes), facilitant donc les récoltes et toutes les tâches agricoles. Une grande partie de ces cultures existe encore aujourd'hui et est toujours utilisée par les paysans et agriculteurs, les plus fameuses se situant dans la vallée sacrée des Incas ou près d'Arequipa. On suppose même que les Incas possédaient un véritable laboratoire agronomique, sur les terrasses de Moray : il s'agit de terrasses situées près de Cuzco, disposées en cercles concentriques, le centre du cercle étant le niveau le plus bas des terrasses. Les scientifiques modernes se rendirent compte que chaque niveau avait une température différente. Ceci aurait permis aux Incas d'étudier l'acclimatation des céréales, tubercules et autres plantes servant à leur alimentation. Ils purent faire des croisements et des améliorations de certaines familles.

Médecine

Les connaissances incas étaient également remarquables en médecine, étant dans certains domaines en avance par rapport aux connaissances européennes. L'utilisation de nombreuses plantes leur permettait de guérir de nombreuses maladies et de soulager diverses souffrances, comme par exemple la quinine pour traiter la malaria. Ils avaient une très bonne connaissance des plantes et de leurs bénéfices. Les Incas pratiquaient également la chirurgie, notamment les trépanations crâniennes (on a retrouvé dans des nécropoles des incas, un ou plusieurs crânes trépanés); ils utilisaient la coca comme anesthésiant.

Astronomie

Les Incas étaient capables de voir les solstices ou équinoxes et leur calendrier à la fois lunaire et solaire leur permettait de gérer les cycles agricoles.

Mathématiques

Notion du temps et calendriers

Unités de mesures

Linguistique

L'empire inca regroupait de nombreux peuples différents et jusqu'à plus de 700 langues différentes furent parlées sur son territoire[11]; les Incas auraient cependant imposé le quechua comme langue officielle.

Diversité et unité

Quechua

Article détaillé : Quechua.

Aymara

Article détaillé : aymara.

Écriture

Exemple de quipu

Alors que l'empire inca était très structuré et bureaucratisé, l'écriture n'y a apparemment pas existé[12].

En revanche, un système de quipus a été mis en place. Les quipus sont des messages codés sous la forme de nœuds de différentes sortes sur des fils de laine, coton ou autre matériau et de différentes couleurs. Ces quipus servaient aux statistiques de l'État : recensement très précis (nombre d'habitants par âge et par sexe), nombre d'animaux, état des stocks, tributs payés et dus des différents peuples, enregistrement de l'ensemble des entrées et sorties de marchandises des entrepôts de l'État, etc... Seuls les administrateurs connaissaient la clé des quipus : c'étaient les quipucamayocs[13].

Il semblerait que les quipus aient aussi servi à notifier les grandes dates de l'Histoire et à consigner certains récits ou secrets religieux mais ceux-ci restent indéchiffrables de nos jours contrairement à certains quipus de statistiques.

Les récentes découvertes de Ruth Shady (en) sur le site de Caral ont démontré que les quipus étaient connus par les civilisations précolombiennes il y a près de 4 500 ans[14].

Historiographie

Sources

Découvertes archéologiques

Documents coloniaux

Études historiques

En 1954, l'expédition Marquette, avec à sa tête Jean Raspail et Guy Morance.

Controverses

Histoire des représentations

Notes et références

Notes


Références

  • Henri Favre, Les Incas, Paris, 4, coll. « Que sais-je ? », 1984, 4e éd., 126 p. (ISBN 978-2-13-038590-5) 
  1. Favre 1984, p. 6.
  2. a, b et c Favre 1984, p. 7.
  3. Favre 1984, p. 8.
  4. Favre 1984, p. 9.
  5. Favre 1984, p. 10.
  6. Favre 1984, p. 11.
  7. Favre 1984, p. 12-13.
  8. Favre 1984, p. 14
  9. a et b Favre 1984, p. 18.
  10. Favre 1984, p. 20.
  11. Favre 1984, p. 26.
  12. Favre 1984, p. 111.
  13. Favre 1984, p. 124 à 126.
  14. Favre 1984, p. 70-71.
  15. Favre 1984, p. 36.
  16. Favre 1984, p. 39.
  17. Favre 1984, p. 35-39.
  18. Favre 1984, p. 44-45.
  19. Favre 1984, p. 47 et 51.
  20. Favre 1984, p. 55-56.
  • César Itier, Les Incas, Paris, 1, coll. « Guide Des Civilisations », 2008, 214 p. (ISBN 978-2-251-41040-1) 
  1. Itier 2008, p. 44.
  2. Itier 2008, p. 77.
  3. Itier 2008, p. 79.
  4. Itier 2008, p. 78.
  5. Itier 2008, p. 169.
  6. Itier 2008, p. 170
  7. Itier 2008, p. 171
  8. Itier 2008, p. 172
  9. a et b Itier 2008, p. 173
  10. Itier 2008, p. 175
  11. Itier 2008, p. 176
  12. Itier 2008, p. 176-177
  13. Itier 2008, p. 177
  14. Itier 2008, p. 178
  15. a, b, c, d et e Itier 2008, p. 180-182
  16. a et b Itier 2008, p. 180-183
  17. a et b Itier 2008, p. 113-114
  18. a et b Itier 2008, p. 114-117
  19. a et b Itier 2008, p. 121-124
  • Alfred Métraux, Les Incas, Paris, 1, coll. « Le temps qui court », 1962, 186 p. 
  1. a, b et c Métraux 1962, p. 116
  2. a, b et c Métraux 1962, p. 126-127
  3. Métraux 1962, p. 124
  4. a, b, c et d Métraux 1962, p. 131-132
  5. a, b, c, d, e, f, g et h Métraux 1962, p. 130
  • Autres références :
  1. Francis McEwan 2006, p. 56-60.
  2. Reading Inca history, Catherine J. Julien, University of Iowa Press, 2000, pp. 269 et suivantes
  3. The sacred landscape of the Inca: the Cusco ceque system, Brian S. Bauer, University of Texas Press, 1998, p. 103
  4. Indians of the Andes: Aymaras and Quechuas, Harold Osborne, Routledge, 2004, pp. 81-82
  5. le site des explorateurs et des chercheurs du Gran Païtiti et le livre de Thierry Jamin L'Eldorado Inca : À la recherche de Païtiti (Hugo et Cie, 2006, (ISBN 2755600985))
  6. Narrative of the Incas, Juan de Betanzos (traduction de Roland Hamilton & Dana Buchanan), University of Texas Press, 1996, p. 123
  7. La chasse de certains animaux est normalement interdite au peuple, voir Itier p. 183
  8. Jeux de dés et jeux de pions incas, Thierry Depaulis, Board Game Studies. Article consulté le 18 février 2010
  9. Voir page 120 in How the Incas built their heartland: state formation and the innovation of Im perial Strategies in the Sacred Valley, Peru, R. Alan Covey, University of Michigan, 2006
  10. Francis McEwan 2006, p. 99.
  11. An Inca account of the Conquest of Peru, Diego de Castro Yupangui (traduction de Ralph Bauer), University Press of Colorado, 2005, p. 52
  12. L'explorateur Thierry Jamin prétend que le mot quechua qelqa, qui signifie « écriture », fait référence à une écriture inca perdue.
  13. Handbook of Inca mythology, Paul Richard Steele & Catherine J. Allen, ABC-CLIO, 2004, pp. 36-40
  14. Tradición andina: Edad de oro, Teodosio Chávez C., Israel Chávez S. & Nadia Chávez S., T Chavez C, 2007, pp. 130-31

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Sources secondaires

  • Henri Favre, Les Incas, Paris, 8, coll. « Que sais-je ? », 2003, 8e éd., 127 p. (ISBN 978-2-13-053297-2) 
  • César Itier, Les Incas, Paris, 1, coll. « Guide Des Civilisations », 2008, 214 p. (ISBN 978-2-251-41040-1) 
  • Alfred Métraux, Les Incas, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 1983, 190 p. (ISBN 978-2-02-006473-6) 
  • Albert García, La Découverte et la Conquête du Pérou d'après les sources originales, Paris, Libr. C. Klincksieck, 2000, 778 p. (ISBN 978-2-252-01801-9) 
  • William Sullivan, Le secret des Incas. Un peuple en guerre contre le temps : La civilisation inca par le prisme de sa pensée religieuse, Monaco, du Rocher, 2000, 266 p. (ISBN 978-2-268-03533-8) 
  • Éric Roulet, La Conquête des Amériques au XVIe siècle, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2000 

Sources primaires

Fictions en pays inca


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