Collège des cardinaux

Collège des cardinaux

Le Collège cardinalice ou Collège des cardinaux, appelé autrefois Sacré Collège, est l'ensemble des cardinaux de l'église catholique romaine.

C'est sous le pontificat du pape Eugène III que les cardinaux formèrent en 1150 le Sacré Collège. Au fil des siècles, leur nombre a augmenté et leur origine s'est diversifiée avec l'expansion du catholicisme.

Certains cardinaux occupent des positions particulières au sein du Collège cardinalice : son doyen porte le titre honorifique d'évêque d'Ostie ; le camerlingue assure la gestion temporelle du Saint-Siège lors des vacances pontificales ; le protodiacre assure des fonctions cérémonielles comme l'annonce des résultats de l'élection pontificale.

Les évènements qui réunissent le Collège cardinalice sont le conclave ou un consistoire.

Depuis le Code de droit canonique de 1983, on ne parle plus de Sacré collège mais uniquement de Collège des cardinaux (canon 349 et suivants).

Sommaire

Structure du Collège cardinalice

Le cardinal Sarr, archevêque de Dakar, en manteau de cérémonie

Les cardinaux sont traditionnellement répartis en trois ordres, qui établissent entre eux une hiérarchie qui n'est plus aujourd'hui que protocolaire.

Les cardinaux-évêques se voient attribuer l'un des sept diocèses suburbicaires situés autour de celui de Rome : Albano, Frascati, Palestrina, Porto-Santa Rufina, Sabina-Poggio Mirteto, Velletri-Segni et Ostie. Cependant, les sièges de Porto et Santa Rufina sont unis en un seul depuis 1119, et le siège d'Ostie est cumulé depuis 1914 par le doyen du collège des cardinaux, avec le siège qu'il possèdait au moment de sa nomination. De la sorte, les cardinaux-évêques sont seulement au nombre de six, à quoi viennent s'ajouter les cardinaux-patriarches.

À l'époque contemporaine, les cardinaux évêques sont choisis par le pape parmi les cardinaux des deux autres ordres, mais jadis un évêque pouvait être créé directement cardinal-évêque.

Les patriarches des Églises catholiques orientales qui sont nommés cardinaux ont depuis 1965[1] un statut spécial. Ils ne font pas partie du clergé de Rome et ne reçoivent donc aucun évêché, titre ou diaconie, mais ils conservent leur titre patriarcal. Ils sont cependant intégrés à l'ordre des cardinaux-évêques, quoiqu'au-dessous d'eux hiérarchiquement.

De nos jours, les membres de la curie romaine créés cardinaux le sont généralement dans l'ordre des cardinaux-diacres (on les appelle cardinaux de curie), tandis que les évêques titulaires d'évêchés effectifs sont créés dans l'ordre des cardinaux-prêtres (cardinaux en résidence). Les prélats âgés de plus de quatre-vingts ans créés cardinaux ne peuvent pas élire le pape; ils sont généralement dans l'ordre des cardinaux-diacres.

Les cardinaux-diacres peuvent cependant au bout de dix ans opter librement pour l'ordre des cardinaux-prêtres. Il peuvent en même-temps conserver leur diaconie, qui est élevée pro hac vice au rang de titre, c'est-à-dire qu'ils conservent la même diaconie qui sera considérée comme une paroisse tant qu'ils l'occuperont.

L'ordre protocolaire s'établit ainsi :

  1. le doyen de l'ordre des cardinaux-évêques, qui est également le doyen du collège des cardinaux ; autrefois doyen d'ancienneté parmi les cardinaux-évêques, il est de nos jours élu par les cardinaux-évêques parmi eux et approuvé par le pape (can. 352-2) ; le cardinal doyen est en même temps, et traditionnellement, évêque d'Ostie ; c'est à lui que reviendrait la consécration épiscopale (avec l'assistance de deux autres évêques, selon la prescription du concile de Nicée), d'un nouveau pape qui ne serait pas encore évêque. C'est le cardinal doyen qui, en cas de vacance du Saint-Siège, convoque et préside le collège des cardinaux. Il préside également le conclave s'il n'est pas atteint par la limite d'âge.
  2. les cardinaux-évêques dans l'ordre de leur élévation ;
  3. les patriarches des Églises catholiques orientales dans l'ordre de leur création cardinalice ;
  4. le cardinal protoprêtre qui est le doyen d'ancienneté de l'ordre des cardinaux-prêtres ;
  5. les cardinaux-prêtres dans l'ordre de leur de création au rang de cardinal ;
  6. le cardinal protodiacre qui est le doyen d'ancienneté de l'ordre des cardinaux-diacres (c'est à lui que revient la tâche d'annoncer au monde l'élection du nouveau pape et son nom de règne, depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, par la célèbre formule « Habemus papam... » ; c'est aussi lui qui couronnait le pape de la tiare et qui, depuis l'abolition du couronnement, pose le pallium sur les épaules du pape lors de sa messe d'inauguration) ;
  7. les cardinaux-diacres dans l'ordre de leur de création au rang de cardinal.

Jadis, des laïcs ou de simples clercs ont été créés cardinaux (Mazarin n'a jamais été évêque ni même prêtre). De simples diacres pouvaient être créés cardinaux-diacres, des prêtres cardinaux-prêtres et des évêques cardinaux-évêques. Depuis 1918, tous les cardinaux doivent être au moins prêtres et depuis 1962 tous doivent être évêques, mais des exceptions sont consenties au gré du pape (notamment pour les cardinaux créés après l'âge de quatre-vingts ans). De sorte que depuis bien longtemps déjà, l'appartenance à un ordre cardinalice ne correspond plus au degré du sacrement de l'ordre dont les cardinaux sont effectivement investis.

Les derniers papes en date étaient au moment de leur élection au pontificat :

Clément XIII
Clément XIV
Pie VI
Pie VII
Léon XII
Pie VIII
Grégoire XVI
Pie IX
Léon XIII
Pie X
Benoît XV
Pie XI
Pie XII
Jean XXIII
Paul VI
Jean-Paul Ier
Jean-Paul II
Benoît XVI

(1758)
(1769)
(1775)
(1800)
(1823)
(1829)
(1831)
(1846)
(1878)
(1903)
(1914)
(1922)
(1939)
(1958)
(1963)
(1978)
(1978)
(2005)

évêque
prêtre
prêtre
évêque
évêque
évêque
prêtre
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque
évêque

cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-évêque
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-prêtre
cardinal-évêque

À ce jour, aucun cardinal-diacre n'a plus été élu pape depuis Léon X en 1513. Cela n'empêche pas qu'à chaque conclave, le nom de plusieurs cardinaux-diacres soient cités parmi les papables. La distinction entre les différents ordres de cardinaux étant d'ailleurs devenue purement formelle, l'élection d'un cardinal-diacre n'aurait aujourd'hui rien de surprenant.

Le dernier non-cardinal élu pape a été Urbain VI en 1378. Cette élection provoqua le Grand Schisme d'Occident : les cardinaux ont prétendu avoir voté sous la contrainte, annulé leur élection, et élu l'antipape Clément VII à sa place. Depuis cette époque, un usage non écrit mais très fermement établi veut que seul un cardinal puisse être élu pape. Mais la constitution apostolique de Jean-Paul II, Universi Dominici Gregis, prévoit formellement, dans son numéro 83, qu'un non-cardinal puisse être élu pape.

Rôle

En temps ordinaire

Les cardinaux réunis en consistoire assistent le pape dans ses décisions. Les consistoires peuvent être :

  • ordinaires : où sont convoqués tous les cardinaux, du moins ceux qui sont présents à Rome. Ils traitent des affaires graves, mais qui surviennent assez communément, ou pour accomplir certains actes solennels. Le consistoire ordinaire où sont célébrées certaines solennités peut être public : on y admet des prélats, des représentants de la société civile et d'autres invités[2] ;
  • extraordinaires : où sont convoqués tous les cardinaux lorsque des nécessités particulières de l'Église ou l'étude d'affaires particulièrement graves le conseillent.

En outre, les cardinaux ont des responsabilités dans la Curie romaine, l'administration de l'Église, à la tête des dicastères. Les cardinaux de la Curie, ainsi que le doyen et le vice-doyen, doivent résider à Rome.

Pendant la vacance du Siège apostolique

Les fonctions du Sacré Collège pendant la vacance du Saint-Siège sont définies par la Constitution apostolique Universi dominici gregis[3].

Gouvernement de l'Église

Durant la période où le Siège apostolique est vacant, le gouvernement de l'Église est confié au Collège des cardinaux pour expédier les affaires courantes ou celles qui ne peuvent être différées et pour la préparation de ce qui est nécessaire en vue de l'élection du nouveau Pontife. Sont exclues les affaires qui - en vertu de la loi ou de la pratique - relèvent des pouvoirs du seul Pontife romain lui-même ou bien qui concernent les normes pour l'élection du nouveau pape.

Les Chefs des dicastères de la Curie romaine, c'est-à-dire le cardinal Secrétaire d'État, les cardinaux préfets, les archevêques présidents, ainsi que les membres de ces mêmes dicastères, cessent leurs fonctions. Exception est faite pour le camerlingue de la Sainte Église Romaine et pour le grand pénitencier, qui continuent à s'occuper des affaires courantes, soumettant au Collège des cardinaux ce qui aurait dû être référé au Souverain Pontife.

Le cardinal camerlingue, assisté de la Chambre apostolique et avec l'aide des trois cardinaux assistants, veille à l'administration des biens et des droits temporels du Saint-Siège, après avoir obtenu, une fois pour les questions moins importantes et chaque fois pour les plus graves, le vote du Sacré Collège.

Tout le pouvoir civil du Souverain Pontife concernant le gouvernement de la Cité du Vatican revient au Collège des cardinaux ; cependant, celui-ci ne peut porter de décrets qu'en cas d'urgente nécessité et seulement pour la durée de la vacance du Saint-Siège. Ces décrets n'ont de valeur par la suite que si le nouveau pape les confirme.

Élection du pape

Depuis 1059[4] l'élection du Souverain Pontife est réservée au collège des cardinaux.

Le concile œcuménique Latran III décida en 1179 que la majorité des deux tiers des cardinaux serait dans tous les cas requise.

Grégoire X, en 1274, fit instaurer le conclave par le concile de Lyon II (décret Ubi periculum). Cette procédure fut définitivement adoptée par le pape Boniface VIII.

Le vote à bulletins secrets a été décidé par Grégoire XV, en 1621.

Pie X supprima en 1904 le droit d'exclusive, ou droit de véto, qui était accordé à certains puissances politiques. En outre il décidait que le secret sur les élections papales serait définitivement gardé par tous les participants au conclave, même après l'élection du Souverain Pontife.

Depuis Paul VI[5], seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent voter. La limite des cardinaux électeurs est également fixée à 120 (constitution apostolique Romano Pontifici Eligendo du 1er octobre 1975).

Les cardinaux doivent élire le pape à la majorité des deux tiers. Depuis 1904, l'élection est secrète, et les cardinaux doivent garder le silence sur ses circonstances sous peine d'excommunication. Le vote a lieu grâce à des bulletins où est imprimé Eligo in Summum Pontificem, c’est-à-dire « J'élis comme Souverain Pontife », le cardinal inscrit ensuite son candidat et scelle son bulletin. L'élection a lieu dans la chapelle Sixtine où les cardinaux sont enfermés. Depuis 1996, ils sont logés dans la résidence Sainte-Marthe (Domus Sanctæ Marthæ), située derrière la salle des audiences. Le résultat des scrutins successifs est annoncé au public par une fumée noire quand le scrutin n'est pas concluant, blanche quand il l'est. En 2005, les cloches de la basilique Saint-Pierre ont sonné pour indiquer l'élection d'un nouveau pape.

À la fin de l'élection, le cardinal camerlingue de la Sainte Église romaine rédige un compte rendu, approuvé par les trois cardinaux assistants, indiquant le résultat des votes intervenus au cours de chaque session. Ce compte rendu est remis au nouveau pape, puis conservé dans les archives secrètes du Vatican.

Le Sacré-Collège est souverain dans l'élection du Pontife Romain. Il peut choisir librement qui il veut, fût-il non cardinal. Dans les faits, depuis longtemps, le nouveau pape est toujours issu du rang des cardinaux. Quand le nouveau pape est élu et a accepté ses fonctions, le cardinal protodiacre annonce le résultat de l'élection du haut de la loge des bénédictions de la basilique Saint-Pierre.

Articles connexes

Notes et références

  1. Paul VI, Motu Proprio Ad purpuratorum Patrum du 11 février 1965
  2. Code de droit canonique, 1983, can. 353
  3. Jean-Paul II, Constitution apostolique Universi dominici gregis du 22 février 1996
  4. Décret du Latran du 13 avril 1059 de Nicolas II
  5. Motu proprio Ingravescentem ætatem

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Collège des cardinaux de Wikipédia en français (auteurs)

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