Abbaye Saint-Cesaire (Arles)

Abbaye Saint-Cesaire (Arles)

Abbaye Saint-Césaire (Arles)

Plan du centre de la ville d'Arles (2008); le monastère Saint-Césaire était situé au sud-est de la cité (en bas, à droite du plan), sur les hauteurs qui dominent l'intersection des boulevards Emile-Combes et des Lices.

L'abbaye Saint-Césaire, initialement appelée Monastère Saint-Jean, était un monastère de femmes installé à l'intérieur de la cité d'Arles dans l'angle sud-est du rempart où, sous le nom de Saint-Césaire, il demeura jusqu'à la Révolution.

Sommaire

Histoire

Haut Moyen Âge

Radegonde se retire, accompagnée du peuple, dans le monastère dédié à la Vierge qu'elle fonda à Poitiers sur le modèle du monastère Saint-Jean d'Arles. Vie de sainte Radegonde, XIe siècle. Bibliothèque municipale de Poitiers.

Le Monastère Saint-Jean est fondé le 26 août 512 par l'archevêque d'Arles, Césaire qui en nomme sa sœur Césarie, première abbesse. Ce monastère fait suite à une première tentative d'implantation hors de murs dans les années 506-507 détruite par les troupes franques et burgondes lors du siège d'Arles en 507-508. Un peu plus d'un demi-siècle plus tard, probablement en 567, une épouse du roi de Bourgogne Gontran, y est enfermée[1]. Le rayonnement du monastère et de ses premières abbesses permettent à Règle de Césaire de se diffuser largement dans le royaume des Francs, à commencer par le monastère créé à Poitiers par Radegonde, l'ancienne épouse du roi Clotaire, qui effectue un séjour à Arles vers 570[2]. Le 12 août 632[3], l'archevêque d'Arles Théodose participe aux funérailles de sainte Resticula ou Resticule, la quatrième abbesse du monastère.

Le monastère paraît avoir cessé d’exister du VIIe siècle au IXe siècle. Vers la fin des années 860, l'archevêque d'Arles Rotlang arrache de l'empereur Louis II, l'autorité sur le monastère[4]. En 887, dans son testament l'archevêque Rostang, successeur de Rotlang, donne un nouveau départ à l’abbaye. Elle connait ensuite une période de sujétion à l'archevêque et d'indépendance.

Moyen Âge

En 972, elle retrouve son autonomie sous la direction de l’abbesse Ermengarde nommée par l’archevêque d’Arles Ithier. Vingt ans plus tard, le marquis de Provence Guillaume Ier lui restitue d’importants domaines. En 1194, le pape Célestin III la replace sous son autorité directe.

Du VIe siècle au XIIIe siècle, l'abbaye Saint-Jean apparait comme un grand propriétaire foncier doté initialement par Césaire puis par Rostan dans leurs testaments, et enrichi par des achats ainsi que de nombreuses donations. Ainsi en 972, la villa de Niomes est citée dans un acte de donation des églises Saint-Vincent et Saint-Ferréol de Nions à l'abbaye Saint-Césaire. L'abbaye possède aussi un des trois cimetières des Alyscamps comme l'évoque une sentence arbitrale de 1121 fixant les droits de sépulture respectifs avec celui de Saint-Honorat[5].

Moyen Âge tardif

Au XIVe siècle, l'abbaye se transforme en exploitant agricole dans ses domaines de Camargue (Agon, Granouillet) initialement en exploitation directe, puis au XVe siècle, compte-tenu de l'insécurité et de l'accroissement des coûts de main-d'œuvre sous la forme de métayage ou de fermage à l'instar des Hospitaliers[6].

La crise démographique liée en grande partie aux épidémies de peste, qui fait perdre à Arles plus de la moitié de sa population entre 1320 et 1430, touche encore plus durement la communauté de moniales d'origine essentiellement arlésienne et noble, dont le nombre passe de 108 en 1343 à 22 en 1428[6]. A cette époque, l'abbaye se heurte à plusieurs reprises à l'archevêque et est secouée par des conflits internes liés à la personnalité des moniales ainsi qu'à la discipline monastique qui se relâche sensiblement[7]. Le problème ne semble toujours pas résolu à la fin du XVe siècle, quand une moniale décide de quitter le monastère pour rejoindre une autre commauté à Aix, en raison de la légéreté des mœurs de l'abbaye.

Ancien régime

En 1559, l'abbesse Marguerite de Clermont demande aux autorités de faire boucher le passage entre le monastère et le rempart de la ville en raison d'intrusions intempestives de jeunes gens venant faire scandales jusque dans l'enceinte du couvent. En 1628 l'archevêque du Laurens effectue une visite du couvent. Par la voix de son procureur, il juge nécessaire d'établir une prison afin de remettre les religieuses désobéissantes dans le droit chemin. Au milieu des années 1630, l'archevêque d'Arles Jean Jaubert de Barrault introduit la réforme bénédictine de Saint-Maur dans le monastère[8].

Après la Révolution

Sous la Révolution le couvent est fermé puis vendu en 1792 comme bien national. Il est alors détruit en grande partie.

En 1877 la congrégation des soeurs de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs s'y implante et installe un hospice pour personnes âgées qui nécessite des travaux de réaménagement importants confiés à l'architecte arlésien Auguste Véran. Inauguré le 16 octobre 1898, le site devient l'hospice Saint-Césaire.

En 1995, les bâtiments sont définitivement abandonnés.

Abbesses

  • 512-540? : Césarie, sœur de l'évêque métropolitain d'Arles Césaire
  • 540?-? : Césarie la Jeune[9]
  • 562-569 : Liliola[9]
  • 569-632 : Rusticule ou Resticule ou Resticula (551 - 11 août 632), quatrième abbesse[10].
  • 632-? : Celsa; elle rédige la “Vita” de Resticule
  • 972-  : Ermengarde, abbesse nommée par l’archevêque d’Arles Ithier
  • 1173 c.  : Jourdane; elle donne en fief le territoire sur lequel les bénédictins fondent l'abbaye d'Ulmet
  • 1174-1196ap : Aldiarde[11],[12]
  • 1208 c.  : Audiarde[13].
  • 1221 c.  : Audiarda[14] ; il est probable qu'Aldiarde, Audiarde et Audiarda ne soient qu'une seule et même personne, abbesse de Saint-Césaire de 1174 à ap. 1221, soit pendant environ 50 ans.
  • 1233 c.  : Florence[15]
  • 1270 c.  : Hermessinde; les moines d'Ulmet, en Camargue, lui reconnaissent une rente annuelle
  • 1273 c.  : Audiarda[16]
  • 1296-1314 : Alasacia de Lambisco ou Azalaïs de Lambesc[17]
  • 1314-1317 : Rixendis de Sancto-Cannato
  • 1317-1319 : Rixendis de landa
  • 1319-1326 : Margarita de Benevento
  • 1326-1329 : Elixendis de Vicinis
  • 1329-1345 : Suriana de Arenis, d'une famille de Beaucaire[18].
  • 1345-1350 : Dionisa de Ripe Digna
  • 1351-1366 : Guillelma de Remolonis
  • 1366-1385 : Jauseranda de Cadella
  • 1385-1391 : Maria de Crosio, d'une famille du Limousin; parente de Pierre de Cros, archevêque d'Arles[19].
  • 1391-1416 : Galiena de Pugeto, de Puget-Théniers; sœur de Manuel de Puget, viguier d'Arles tué par les Tuschins lors de la prise d'Arles en juillet 1384[19].
  • 1416-1433 : Dulcia Gantelme, fille de Johan Gantelme fondateur du monastère Notre-Dame et Saint-Honorat à Tarascon[19].
  • 1433-1468 : Esmengarda Stephani, fille de Raymundus Stephani, seigneur de Lambesc et de Venelles[19].
  • 1468-1501 : Catherina de Sancto Michaele
  • ...
  • 1549-1549 : Jehanne Reynaude d'Alen; élue en janvier, elle est destituée par Henri II qui juge son élection contraire au concordat passé entre le roi François Ier et le pape Léon X.
  • 1549-1561 : Marguerite de Clermont
  • ...
  • 1754-1775 : Mme de Viguier (1716 – 11 janvier 1775) ; abbesse depuis le 10 décembre 1754[20].

Voir aussi

Sources

  • Louis Stouff - Arles au Moyen Âge, page 90
  • Louis Stouff - L'Eglise et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen Âge, pages 69–78

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. Il s'agit de Marcatrude, reine de Bourgogne, par son mariage avec le roi Gontran. Elle est enfermée chez des moniales arlésiennes au monastère Saint-Jean, en 567, après la naissance d’un enfant mort-né. Elle serait la sœur de Giuccio et de Magnachar (vers 506-565), duc des Francs-Transjurans, d'après Christian Settipani & Patrick van Kerrebrouck, La Préhistoire des Capétiens, 481-987, Première partie: Merovingians, Carolingians et Robertiens (Villeneuve d'Ascq: Editions Christian, 1993), p. 77.
  2. Elle est accompagnée d'Agnès, sa sœur spirituelle qu'elle choisit comme future abbesse et Venance Fortunat, poète italien qui deviendra son biographe.
  3. Joseph Hyacinthe Albanés - Gallia christiana novissima - page 75, n°178 : ici
  4. René PoupardinLe Royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933?), page 35 ici :
    ... Cette concession faite par l'empereur de dignités ecclésiastiques ne fut d'ailleurs pas la seule. Louis, en effet, se laissa plus ou moins corrompre en même temps que l'impératrice Engilberge, pour faire don à l'archevêque Roland d'Arles de l'abbaye de Saint-Césaire dans cette ville.
  5. Louis Stouff - L'Eglise et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen Âge, page 71
  6. a  et b Ibidem, page 72
  7. Ibidem, page 77 :
    Le 13 juillet 1441, le conseil adopte le texte suivant "que tous ceux qui n'ont pas de parentes dans le couvent ne le fréquentent pas, car cela risque de compromettre la réputation du couvent" et décide d'écrire au cardinal Louis Aleman, archevêque d'Arles, si l'official ne règle pas la question. Pour les membres du patriciat local, Saint-Césaire est un peu le dernier salon où l'on cause.
  8. Congrès archéologique de France - 134e session -Pays d'Arles, page 220
  9. a  et b Jean-Maurice ROUQUETTE (Conservateur en Chef Honoraire du Patrimoine) – conférence Saint-Jean d’Arles, la fondation et les débuts du monastère du 16 octobre 2008 ici
  10. Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures, page 278
  11. Martin Aurell - Actes de la famille Porcelet d'Arles (972-1320), acte n°154, du 24 juin 1174
  12. Cartulaire de Trinquetaille, texte établi par P.A. Amargier, pièce n°19 page 18 : Aldiarde abbesse en 1192; Aldiarde est toujours abbesse en avril 1196, cf. ibidem, pièce n° 49, page 42
  13. Cartulaire de Trinquetaille, texte établi par P.A. Amargier, pièce n°221 page 226
  14. Martin Aurell - Actes de la famille Porcelet (972-1320), acte n° 303, page 207.
  15. Martin Aurell - Actes de la famille Porcelet d'Arles (972-1320), acte n°339, page 250 où il est rapporté que  :
    Raymond Bérenger V donne à Florence, abbesse de Saint-Césaire, ses droits sur le fief, contigu d'un domaine de Bertan Porcelet, que son monastère possède à Albaron.
  16. Martin Aurell - Actes de la famille Porcelet (972-1320), acte n° 451, page 384. Cet acte, daté du 21 novembre 1271, est passé à Arles dans le palais de l'archevêché.
  17. Martin Aurell - Actes de la famille Porcelet (972-1320), acte n° 535, page 465. Cet acte, daté du 1er janvier 1296, est passé à Arles dans le palais de l'archevêché.
  18. Louis Stouff - L'Eglise et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen Âge, page 78
  19. a , b , c  et d Ibidem
  20. Émile FassinBulletin archéologique d’Arles, 1891 n° 5, page 78.
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