Abbaye de Solignac

Abbaye de Solignac
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Abbaye de Solignac
Image illustrative de l'article Abbaye de Solignac
Église abbatiale Saint-Pierre
Présentation
Culte Catholique
Type ancienne Abbaye
Rattaché à Bénédictins
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux XIIIe siècle
Style(s) dominant(s) Romane
Protection Monument historique[1]
Géographie
Pays France
Région Limousin
Département Haute-Vienne
Ville Solignac
Coordonnées 45° 45′ 17″ N 1° 16′ 31″ E / 45.75472, 1.2752845° 45′ 17″ Nord
       1° 16′ 31″ Est
/ 45.75472, 1.27528
  [2]

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Abbaye de Solignac
Nef sur file de coupoles
Chevet et bras Sud du transept

L'abbaye de Solignac est une abbaye fondée à Salignac devenu Solignac près de Limoges, en Haute-Vienne par saint Éloi.

Sommaire

Histoire de l'abbaye

Article détaillé : Liste des abbés de Solignac.

Fondation

L'abbaye de Solignac[3] a été fondée par saint Éloi, évêque de Noyon qui demande au roi Dagobert Ier le village de Solemniacum, (la terre de Solignac) pour y fonder un monastère. « Mon roi et maître, que ta bonté veuille m’accorder pour que je puisse y construire une échelle pour toi et pour moi, par laquelle nous mériterons de monter tous deux dans le royaume céleste ». L'acte de fondation de l'abbaye date du 22 novembre de la dixième année du roi Dagobert, soit en 631 ou 632. L'acte de fondation est fait "en l'honneur des saints Pierre et Paul Apôtres, Pancrace et Denys Martyrs et leurs compagnons, des saints Martin, Médard, Rémi et Germain Confesseurs". L'acte de fondation est contre-signé par les évêques Adeodatus de Mâcon, Madegilosus de Tours, Chanoaldus de Laon, Maurin de Beauvais, Salapius de Nantes, Hildegarius de Sens et Loup de Limoges[4],[5].

Cette abbaye échappait à la juridiction de l'évêque, mais était soumise au Roi. L'acte donne aux religieux la propriété pertuelle de l'abbaye s'ils suivent les règles de saint Benoît et saint Colomban ("regulam Beatissimorum Patrum Benedicti et Columbani").

Evolution du statut

Il admirait l'abbaye de Luxeuil fondée par saint Colomban. Il en fait venir des moines, avec le premier abbé, saint Remacle.

La règle primitive était celle de Luxeuil, car la communauté arrivait de l'abbaye de Luxeuil dans les Vosges. La règle était inspirée des prescriptions de saint Colomban et de saint Benoît. Le premier abbé fut saint Remacle qui quelques années plus tard fut nommé évêque de Maastricht.

Saint Ouen écrit que cette abbaye a eu rapidement de l'importance. L'abbaye compte rapidement cent cinquante moines. Saint Ouen, ami de saint Éloi, dans le récit de sa Vie qu'il a composé, décrit un lieu "fertile et plaisant", "des vergers copieux et bien arrosés", "la proximité d'une belle rivière". Il déclare pour le monastère : "j'y ai vu une si belle observance de la sainte Règle que la vie de ses moines est presque unique en son genre lorsqu'on la compare à celle des autres monastères de la Gaule". Il précise que "là se trouvent de nombreux ouvriers habiles aux différents arts et métiers, et tous ce sont élevés à la plus haute perfection par la crainte du Christ et la pratique d'une prompte obéissance".

En 820, l’abbé Aigulf impose la règle bénédictine réformée par saint Benoît d'Aniane.

Aux XIVe et XVe siècles des troubles et des désordres se produisent, sans doute par suite de la guerre de cent ans. Le monastère subit des destructions au XVIe siècle commises par les Calvinistes, puis l'anarchie s'instaura dans l'administration de l'abbaye. Le monastère fut donné à la congrégation de Saint Maur en 1619.

Historique de l'abbaye

Quand Remacle quitte l'abbaye pour devenir évêque de Maastricht, il amène avec lui saint Hadelin, originaire d'Aquitaine, où il a été abbé de Celles puis de Visé. Un jeune esclave Saxon racheté par saint Éloi, entré dans l'abbaye, va devenir ermite à Brageac près de Mauriac, puis revient pour mourir, en 702, près de Solignac sur le lieu de l'église du Vigen, connu sous le nom de saint Tillo ou saint Théau.

Entre le VIIIe siècle et le XIe siècle vont se succéder des troubles et des périodes de relèvement. Des invasions sarrasines vers 732-735, une incursion en 793 d'origine imprécisée causant des dégâts nécessitant que Pépin le Bref, puis Charlemagne, accordent des privilèges. En 817, c'est Louis le Pieux qui accorde des privilèges pour reconstruire l'abbaye.

En 823, Raoul de Turenne devint probablement clerc à l'abbaye de Solignac. C'est l'explication de l'aide qu'il a demandé à l'abbaye de Solignac quand il a fondé plusieurs abbayes sur les terres de ses villas comme Végennes et Beaulieu.

Vers 855, Cunibert, abbé de Solignac successeur d'Aigulf, fournit des moines pour la fondation de l'abbaye de Beaulieu.

Les incursions vikings vont provoquer la venue des reliques de saint Martial de Limoges à Solignac. Puis, vers 860 ou 864, c'est l'abbaye de Solignac qui est pillée et incendiée. Des religieux qui se sont réfugiés à Vic-Fezensac ramènent les reliques de sainte Fauste.

En 866, on note la présence de l'abbé Bernard au concile de Soissons présidé par Charles le Chauve.

Le 12 juin 883, le pape Martin II accorde une charte et prend sous son patronage de l’abbaye de Solignac et confirme les biens de l’abbaye.

Le 13 juin 889, charte donnée de l’abbaye Saint-Mesmin par le roi Eudes.

Charles le Simple donne avec l'accord de l'évêque de Limoges Turpion, le 18 juillet 922, seize églises à Solignac pour l'aider à se relever des destructions dues à la période d'anarchie. On ne sait rien des constructions de cette période.

En 942 l'abbé Géraud II fonde avec l'abbaye de Fleury-Saint-Benoît une "fraternité" de prière. Il y a eu des échanges entre les deux abbayes. Par exemple, Bernard II, abbé de Solignac en 983, puis de Beaulieu, enfin évêque de Cahors, a été l'élève d'Abbon de Fleury. Son successeur, Amblard, rappelle dans une lettre à Hervé, trésorier et bâtisseur de la basilique Saint-Martin-de-Tours, qu'il a été son condisciple à Fleury.

L'abbaye Saint-Pierre du Vigeois, fondée par Saint Yrieix avant 572, s'affilie à Solignac au début du XIe siècle. Sa communauté était très importante, une centaine de moines.

En 1031, Géraud III participe au concile de Limoges au cours duquel Dieudonné, évêque de Cahors, prêche la trêve de Dieu.

De nombreux dons sont faits à l'abbaye au XIe et XIIe siècles. Ils vont permettre la reconstruction de l'abbatiale.

L’empereur Frédéric Barberousse écrit en 1157 une lettre au roi d’Angleterre, lui recommandant l’abbaye.

Les papes Eugène III, en 1147, et Adrien IV accordent des bulles confirmant les titres et droits de l'abbaye.

La première moitié du XIIIe siècle marque une insurrection des habitants car la bourgeoisie marchande ne voulait plus rendre de compte à l'abbé. La tour-porche est saisie par les habitants du village pendant les troubles de 1240-1246.

Le vicomte de Limoges dut intervenir en décembre 1241 pour rendre l'abbaye aux religieux. Les moines ont eu des litiges avec les seigneurs du château de Chalucet au XIIIe siècle.

En 1388, des bandes anglaises incendient le chœur de l’église. Le pape d'Avignon Clément VII accorde des indulgences pour permettre sa restauration.

En mars 1422, les Anglais sont à Solignac.

En 1460, l'abbé Martial Bony de Lavergne fait poser des vitraux et installe des stalles. C'est probablement sous son abbatiat qu'est démoli un clocher qui existait sur le croisillon Nord.

L’abbaye est mise en commende en 1503.

Les troupes protestantes, après leur victoire à la Roche-l'Abeille, pillent l'abbaye en 1569. Les châsses sont brisées et les reliques brûlées. Mais les archives ont pu être conservées.

En 1574, André, vicomte de Bourdeilles, sénéchal de Périgord, après s’être emparé de l’abbaye avec le seigneur de Pierre-Buffière, obtient du roi le don de l’abbaye.

Ruinée par les guerres de Religion et les révoltes paysannes, l'abbaye se releva pendant la Contre-Réforme catholique, lorsque le 26 juin 1619, l'abbé commendataire Jean Jaubert de Barrault, évêque de Bazas, suivant l'exemple de l'abbaye de Saint-Augustin à Limoges, fit appel à six moines de la Congrégation de Saint-Maur qui restaurèrent la règle bénédictine. Ils se heurtèrent à l'hostilité des moines en place aussi l'abbaye fut partagée et les Mauristes se contentèrent d'une petite chapelle jusqu'à ce que la mort emporte les opposants, en 1635.

L'abbatiale est alors séparée par un mur pour permettre d'installer l'église paroissiale dans la nef.

Au début du XVIIIe siècle, après un incendie qui détruisit une partie du bâtiment principal on reconstruisit la partie Ouest dans le style de l'époque.

L'abbaye, qui comptait encore quatorze moines à la Révolution, devint un pensionnat de jeunes filles sous l'Empire.

Puis elle abrita une fabrique de porcelaine jusqu'en 1930.

De 1939 à 1945 les normaliens d'Obernai en (Bas-Rhin) y trouvèrent refuge.

Construction de l'église abbatiale Saint-Pierre

On ne possède pas d'informations sur les églises précédant l'église actuelle[6].

La consécration de l'église actuelle est sujette à discussion :

  • Félix de Verneilh fait remonter la consécration à 1143. Mais le document sur lequel un secrétaire de l'Hôtel de ville de Limoges aurait lu cette date a disparu.
  • En 1178 est une date donnée dans plusieurs textes d'un incendie qui a détruit la toiture et le mobilier de l'abbatiale et des bâtiments monastiques.
  • En 1195, d'après l'abbé Nadaud, une nouvelle consécration aurait eu lieu à la suite de la reconstruction. Mais cette date est considérée par certains historiens comme douteuse.
  • Le 9 mai 1211 est la date de consécration par l'évêque Jean de Veyrac donnée par le moine Bernard Ithier contemporain à l'évènement. C'est la date qui a été retenue par les Mauristes.

Un essai de chronologie de la construction a été proposé en recoupant les dates données ci-dessus avec d'autres églises à file de coupoles de la région :

Les rapprochements de style rendent probable la construction des deux travées de la nef avec coupoles avant 1143. Il en est probablement de même pour la coupole de la croisée du transept.

Il est probable que l'incendie de 1178 a dû nécessiter de restaurer le chœur de l'abbatiale qui a dû être le plus touché, mais en conservant le plan initial car il rappelle ceux de Cahors, de Souillac et du Vigeois construit vers 1130.

Certains ont fait remarquer que si les destructions ont été limitées, la date certaine de consécration de 1211 paraît tardive. Cette date serait due à la reconstruction partielle des croisillons et des absidioles, ce que traduirait la différence entre les deux croisillons.

La tour-porche date du début du XIIIe siècle. Il se peut que des éléments de la base du clocher plus ancien aient été réutilisés dans la tour-porche mais la voûte est gothique. Pendant l'administration de l'abbé Hugues de Maumont (1195-1228) ont été construits le troisième étage de la tour-porche, le cloître des religieux et celui de l'information (« fecit feri claustrum per integrum et claustrum de infirmatorio et tertiam partem clocherii superiorem »).

Le mur occidental du croisillon sud a dû être refait au XVIIe siècle.

La foudre détruit le 18 mai 1734 le petit clocher en charpente surmontant la croisée du transept. Il a été reconstruit mais n'existe plus.

Le dernier étage du clocher occidental était cantonné de tourelles semblables au clocher d'Eymoutiers. Il s'est effondré le 29 mars 1783. Il a été remplacé au début du XIXe siècle par un clocher-mur.

Pendant la restauration de 1951 a été mis au jour une peinture du XVe siècle représentant saint Christophe sur un pilier de la croisée du transept.

Architecture de l'abbaye

Des remparts ceinturaient le domaine abbatial.

L'ensemble des bâtiments datent des XIIe et XIIIe siècles mais ont été restaurés à plusieurs reprises. Ils s'inscrivent dans un quadrilatère dont la nef de l'église constitue un des côtés.

L’église abbatiale

L'église abbatiale fut construite sur une longue période : la nef durant la première moitié du XIIe siècle, le chœur et le transept après l’incendie de 1178 et le clocher-porche au début du XIIIe siècle. C'est la seule abbatiale à file de coupoles du Limousin et un joyau de l'art roman.

C'est au XVIe siècle que l'intérieur fut restauré avec en particulier aménagement des stalles sculptées.

Les bâtiments monastiques

Remise en état, l'abbatiale retrouva sa fonction en 1635. Cent ans plus tard, le cloître et les bâtiments conventuels furent entièrement reconstruits mais en respectant l'architecture romane.

Le cloitre disparait au début du XXe siècle quand les locaux abritent la fabrique de porcelaine.

Les bâtiments monastiques actuels sont du XVIIIe siècle. Il dessinent un E avec trois des côtés de l'ensemble monastique et une aile centrale. Tous sont de lignes sobres et couverts de toitures à deux pans.

Activité

Les oblats de Marie prirent possession des lieux en 1946, et les bâtiments devinrent séminaire, puis lieu de retraite.

Notes et références de l'article

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Maury, Marie-Madeleine S. Gauthier, Jean Porcher - Limousin roman - pp.90-109 - Éditions Zodiaque (collection "la nuit des temps" n°11) - La Pierre-qui-Vire - 1959
  • René Fage - Solignac - pp.237-259, dans Congrès archéologique de France. 84e session. Limoges. 1921 - Société Française d'Archéologie - Paris - 1923

Articles connexes

Liens et documents externes


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