Complexe Militaro-industriel Japonais

Complexe Militaro-industriel Japonais

Complexe militaro-industriel japonais

Quoiqu'il puisse paraître abusif de décrire sous le nom de complexe militaro-industriel l'industrie de l'armement de l'Empire du Japon jusque 1945, compte tenu de l'existence du terme pour deux autres nations belligérantes (complexes américain et allemand) le décrire sous cette dénomination fait sens.

Armement contemporain : le chasseur F-2, version locale du F-16, 3 fois plus cher que l'original

Sommaire

Contexte historique

Renforcement de l'armement anti-aérien du Yamato, le plus grand cuirassé de l'histoire, à la base de Kure, le 20 septembre 1941

La situation historique du Japon à la fin du XIXe siècle est à nulle autre pareil au regard des autres Empires coloniaux d'essence européenne qui ont conquis le Globe, la politique dite Sakoku peut être qualifiée à l'instar d'une autre nation insulaire de « splendide isolement » .

De plus, la victoire navale contre l'Empire russe en 1905 confirme l'essor du Japon en tant que puissance régionale.

Dans le camp des Alliés de 1914 à 1918, le Japon se cantonne à des actions mineures sur le territoire des colonies et intérêts en Asie-Pacifique de l'Empire allemand.

La famille des fusils Arisaka, l'arme de base de l'infanterie impériale. De haut en bas :
1. Fusil Arisaka Type 30
2. Fusil Arisaka Type 38
3. Carabine Arisaka Type 38
4. Carabine Arizaka Type 44
5. Fusil Arisaka Type "I". Le Type "I" fut produit en Italie pour le Japon, il s'agit d'un Arisaka avec une action Carcano
6. Arisaka Type 99 (ancien modèle)
7. Fusil Arisaka Type 99 (nouveau modèle)

Le début de l'ère Showa coïncide avec la naissance d'un courant expansionniste et la mise en place d'une idéologie fondée sur la supériorité de la « race » et de la civilisation nippone. S'ensuit alors une mainmise progressive du militarisme sur la société civile qui légitimise l'expansion du Japon sur la Sphère de co-prospérité de la grande Asie orientale. Sous couvert d'une rhétorique anticoloniale, la nation est appelée par des idéologues comme Sadao Araki et Fumimaro Konoe à unifier l'Extrême-Orient sous la gouverne de l'empereur Showa.

Le but avéré était évident : conférer aux îles principales du Japon les ressources naturelles nécessaires pour alimenter son économie, notamment son industrie de l'armement. Cette production doterait la marine impériale et l'armée des moyens de la conquête. Hormis le Mandchoukouo considéré comme une zone secondaire de développement, la phase d'industrialisation et de militarisation rapide de la métropole ne concerne pas les autres terres conquises, fournissant seulement les ressources agricoles, minières et énergétiques.

Intrinsèquement concurrent de l'Union soviétique, l'Empire se retrouve donc mêlé à la sphère d'influence américaine (présence militaire dans le protectorat des Philippines, et contingent aérien appuyant les nationalistes en Chine). Les conquêtes continentales s'orientent sur la Chine à compter de 1931 avec la prise de la Mandchourie, puis l'opération minutieuse de Pearl Harbor en décembre 1941 ouvrant sur un nouveau mode de combat naval que les Japonais ont développé magistralement avant que l'amirauté américaine ne pousse le concept.

Les conglomérats industriels

Les zaibatsus ont été considérés comme autant responsables que l'esprit militariste dans les atrocités commises pendant la guerre. Ils sont tout à fait comparables par leur établissement aux Konzern allemands et aux trusts américains.

Douglas Mac Arthur eut donc la tâche de les identifier et de les reconvertir afin de prévenir toute forme de résurgence dans un Japon démocratique devenu depuis fortement impliqué dans le pacifisme en ce qui concerne le maintien de l'ordre et ses relations internationales.

En 1946, le SCAP (Haut commandement militaire en charge de l'occupation du Japon) désigna les entreprises suivantes : Asano, Furukawa, Nakajima, Nissan, Nomura, et Okura. Matsushita, quoique n'étant pas un conglomérat, fut identifiée puis finalement épargnée par une mobilisation syndicale.

Certains conglomérats ont été recomposés dans une économie à but non guerrier : les quatre keiretsus actuels, à savoir Mitsubishi, Sumitomo, Mitsui et Fuyo sont issus des zaibatsus d'avant la seconde guerre mondiale.

Ces entreprises étaient verticalement et horizontalement capables de traiter les commandes de l'État dans la production d'armement.

Arsenal

Au moment où le Japon provoque l'éclatement du conflit dans le Pacifique avant l'année 1942, la technologie militaire japonaise dépasse celle des Américains avec le Zéro [1] et des bombardiers manipulés avec précision par leurs pilotes, alors que l'aéronavale américaine, encore équipée de bombardiers sur le modèle du B-10 commençait juste de recevoir des B-17 lors de l'invasion des Philippines. Les soldats américains et leurs dirigeants prennent alors pleinement conscience d'avoir affaire à un adversaire coriace et déterminé, servi par un armement de pointe.

La balance sera compensée très largement en qualité et en quantité avec le formidable rebond industriel des États-Unis dés fin 1942, et si quelques stratèges et amiraux du Mikado avaient parfaitement en considération la puissance industrielle de son adversaire, ce fait était ignoré voir méprisé par nombres d'officiers et membres de la classe politique. Si entre 1938 et 1945, le Japon produisit 82 324 avions militaires, il n'a que le cinquième rang mondial loin derrière les 297 199 appareils produits par les États-Unis durant cette période.

  • Chars :
    • chars légers, adaptés pour le support de l'infanterie dans la jungle
    • note : absence de chars lourds
Les armements japonais sont servis par des équipages et un commandement cultivant l'excellence et de haute motivation. La coordination des armes est maîtrisée dans les opérations combinées. Le porte-avions Shokaku, participant à Pearl Harbor, ne sera coulé que lors de la bataille de la mer des Philippines.
  • Porte-avions :
  • Sous-marins :
    • sous-marin de poche Kairyu, 250 produits

Les grands arsenaux

L'armée et la marine japonaise disposait de leurs propres entreprises, voici une liste non-exhaustive des constructeurs aéronautiques [2] .

Pour la marine impériale :

  • Hiro : Hiro Kaïgun Kosho ou Hikosho (Arsenal aéronaval de Hiro)
  • Koza : Koza Kaïgun Kosho ou Koza Kokusho (11e arsenal aéronaval de Koza)
  • Omura : Omura Kaïgun Koku Kosho ou Omura Kokusho (21e arsenal aéronaval d'Omura)
  • Yokokusa : Yokosuka Daï-Ichi Kaïgun Koku Gijitsusho (Arsenal aéronaval principal de Yokosuka)

Pour l'armée impériale :

  • Rikugun : Rikugun Kokukijutsu Kenkyujo (Centre d'expérimentation aéronautique de l'armée de terre)
  • Tokyo Rikugun Kosho (Arsenal militaire de Tokyo)
  • Nagoya Rikugun Kosho (Arsenal militaire de Nagoya)
  • Tashikawa Daï-Ichi Rikugun Koku Kosho (Arsenal aéronautique principal de l'armée de terre de Tashikawa)

Le plan Katsugo

À la fin de 1944, le Japon dont la production vivrière et industrielle est peu à peu anéantie par le blocus ("Famine") et les bombardements, élabore un programme de sacrifice de la population auquel contribue son industrie de l'armement et ses ingénieurs :

Le vol inaugural du Nakajima J9Y Kikka (en), le premier avion à réaction japonais, a lieu le 7 août 1945, quelques jours avant la capitulation. Cet aéronef fut développé à partir du Me 262 par un transfert de compétences avec les ingénieurs aéronautiques allemands, mais ne fut jamais engagé au combat.

- systématisation de l'aéronef des Kamikaze par la mise au point d'un avion-fusée tenant plus d'une bombe volante pilotée, dont la charge est située dans le nez de l'appareil: Okha[3]. Au total, l'aviation territoriale (koku gun de métropole) dispose encore de 5 000 avions pour protéger les îles alors que les États-Unis planifient l'opération Downfall.

- production de mille Kaiten, torpilles sous-marines pilotées (on peut difficilement le classer comme sous-marin) pour attaquer la flotte de débarquement.

Démantèlement

Contrairement aux composantes technologiques du complexe allemand, qui furent recyclées par l'URSS et les États-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le complexe japonais de production d'armement, organisé par conglomérats fut totalement démantelé lors de la période de l'occupation du Japon au sortir de la capitulation, sans récupération : le but de Douglas Mac Arthur, relayant les souhaits de la population nord-américaine, était d'extirper tout militarisme de la nation japonaise pour rebâtir une économie « pacifique » (nation building).

Si la réindustrialisation se produisit en 1952 afin de fournir le support à la guerre de Corée, ce fut géré totalement par un encadrement américain : une sorte de « porte-avions » opérationnel.

L’après-guerre

Suite immédiate à l'occupation du Japon, le déclenchement de la guerre de Corée vit le début d'un réarmement du Japon, d'abord modeste, l'immense partie de l'armement des nouvelles forces d'autodéfense étant d'origine américaine ; les industriels se concentrèrent au début sur la fabrication sous licence des armes et nouveaux avions de combat ou sur les activités de sous-traitance pour les sociétés américaines.

char Type 90, l'un des chars les plus modernes de la fin du XXe siècle et le plus cher de sa catégorie

Mais dès la fin des années 1960 apparurent les premiers modèles de véhicules militaires japonais, issus de leurs propres filières d'ingénierie.

L'industrie navale est dynamique et la flotte japonaise comprend de nos jours les navires les plus sophistiqués d'Asie.

Actuellement, le Japon est quasi-autonome dans sa production d'armement mais le fait que sa constitution lui interdise d'exporter sa production et les modestes séries que lui permet un budget militaire limité à 1% du PNB implique que le coût unitaire de ses produits est beaucoup plus élevé que ses concurrents étrangers.

Les quatre keiretsus actuels Mitsubishi, Sumitomo, Mitsui et Fuyo sont issus des zaibatsu d'avant la seconde guerre mondiale.

Voir aussi

Lance-missile sol-air Type 81

Références

  1. qui surclassent par leur maniabilité les Curtiss P-40 Warhawk équipant les Tigres volants
  2. Le fana de l'Aviation hors série n° 3, p. 10
  3. lire l'histoire de sa conception.

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