Comportementaliste

Comportementaliste

Le terme comportementaliste désigne une profession axée sur le conseil auprès des propriétaires d'animaux familiers (généralement le chien et le chat). Son action vise à rétablir la relation perturbée entre une personne ou une famille et son animal de compagnie. Cette profession est principalement exercée à titre libéral. Dans sa fonction consistant à intervenir comme médiateur dans la relation entre l’Homme à l’Animal familier, le comportementaliste dont les formations sont principalement orientées autour de la connaissance des chiens, des chats et parfois des chevaux, pourra sans doute à l'avenir, s'intéresser également aux nouveaux animaux de compagnie (NAC). Cette activité intéresse tout le circuit spécialisé du commerce d’animaux familiers. De même, les éleveurs d’animaux familiers, mais aussi toute la production animale agricole, utilisent plus ou moins directement les compétences du comportementaliste (mais plus souvent celle des éthologues dont le haut niveau de compétence universitaire correspond mieux à cet environnement porté par l'innovation). Ici, bien évidemment, la bien traitance animalière converge avec l’intérêt économique des organisations. Les parcs animaliers, les zoos et toutes les « communautés animalières » sont concernés. Il ne faut pas oublier les « utilisateurs » d’animaux comme les pompiers, la police, l’armée et les associations d'aide aux personnes handicapées (associations de chiens guides d’aveugle ou de personnes handicapées motrices, par exemple).

Le comportementaliste doit posséder des connaissances dans le champ des sciences animales : écologie, éco anthropologie, biologie de l’évolution et éthologie. Il doit donc connaître la physiologie animale, la biologie des espèces pour lesquelles il s'est spécialisé et, à titre complémentaire la psychologie et la sociologie. Il connaît les fondamentaux de l'apprentissage (de l'acquisition par conditionnement aux situations d'apprentissage complexe) des animaux familiers. Il est capable d'analyser les interactions entre l'animal et son environnement. Le comportementaliste négocie avec la personnes les règles de vie quotidienne qui permettront d’adapter l’environnement et les relations de l’animal afin de favoriser une cohabitation harmonieuse. Il informe cette personnes des besoins éthologiques de son compagnon velu ainsi que des conduites à tenir à son égard dans le respect des conditions du double bien-être (bien-être physiologique et psychique de l'animal). Conscient des limites de son action, le comportementaliste peut orienter, le cas échéant, son client vers un autre professionnel ayant compétence pour l'aider : le vétérinaire pour soigner, l'"éducateur" et le dresseur pour conditionner et aussi, le psychologue pour aider la personne en proie à une situation de profond malaise personnel. Il assure ainsi un rôle de prévention.

Sommaire

Les différents termes pour désigner le métier

Les termes « éthologue » ou « éthologiste » désignent un chercheur spécialisé dans l'étude scientifique des comportements des espèces animales dans leur milieu. L'éthologie animale[1] est la principale science utilisée par le comportementaliste. Le terme de « comportementaliste » est une marque déposée à l'INPI en 2001 par Michel Chanton[2] : il reste le plus usité pour décrire un spécialiste de l'interaction homme - animal. En déposant ce terme à l'INPI, Michel Chanton a ainsi préservé ce métier des dérives mercantiles et charlatanistes. Suite à l’inquiétude exprimée par les comportementalistes non vétérinaires, il est à considérer que, sous réserve de l’absence d’utilisation de médicaments vétérinaires, l’exercice de cette activité ne relève pas uniquement du métier de vétérinaire." Cette réponse du Ministre est particulièrement importante, car elle légitime l'action des comportementalistes non vétérinaires.

Historique

Article connexe : Éthologie.

L'éthologie est une science apparue au début du XXe siècle. Dans les années soixante les sciences du comportement se sont développées, les tenants des écoles behaviouristes et cognitivistes s'affrontaient alors dans des domaines aussi variés que la psychologie, les neurosciences, les sciences sociales, ..., et même l'informatique. C'est dans ce contexte que l'on assiste à une véritable irruption des sciences du comportement dans le cadre de l'exercice du conditionnement animal (essentiellement, canin et équin). C'est un véritable succès sur le plan médiatique. Jusque dans les années quatre-vingt, on voit apparaître des techniques "nouvelles" de conditionnement canin (les méthodes douces), mais aussi des films comme :"l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux". Ce déferlement médiatique, s'il a favorisé la prise de conscience du rôle de l'animal dans la société et de la relation homme/animal, a aussi entrainé de nombreuses dérives : le développement de théories scientifiques pour le moins hasardeuses et le détournement de ces théories par des professionnels de l'éducation des animaux familiers souvent peu compétents, voire peu scrupuleux. C'est dans ce contexte, qu'en France, en 1986, Michel Chanton décide de "créer" le métier de "comportementaliste" pour répondre à un manque d'interlocuteurs pour les propriétaires de chiens présentant des troubles du comportement[3]. Pour cela : il dépose la marque :"comportementaliste" à l'INPI, développe une méthode qu'il enseigne dans son école et rédige un code de déonthologie. La méthode a par la suite été étendue à d'autres animaux domestiques comme le chat ou le cheval[Note 1].

Le métier est marqué par d'importants débats et luttes entre diverses formations. En 1998, l'ordre des vétérinaires a créé un Certificat d’Études Spécialisées de comportementaliste dispensé dans les quatre écoles vétérinaires française qui défend l'utilisation de psychotropes pour soigner les animaux aux comportements « déviants » tandis que d'autres formations s'y opposent formellement[3]. Michel Chanton soutient que les vétérinaires comportementalistes font pression sur les médias et les praticiens « simplement » comportementalistes pour promouvoir leur formation[4]. L'ordre des vétérinaires veille aux éventuels exercices illégaux de la médecine. La quasi unanimité des organisations qui regroupent les comportementalistes, parmi lesquelles : la Fédération Européenne des Comportementalistes ainsi que le Syndicat des Comportementalistes et la Société Française pour l'Étude du Comportement Animal (cette liste n'étant exhaustives) dénoncent l'emploi abusif du terme par les éducateurs canins ou les moniteurs d'équitation car ceux-ci confondent éthologie et dressage[5]. Querelles stériles mais témoins du bouillonnement actuel de ces disciplines.

Aujourd'hui parmi une pléthore de formations, quatre "écoles" sont reconnues: Il s’agit de : l'école Chanton, du CERFPA, de Vox Animae[6] et du CEEPHAO. Ces organismes privés diffusent bien sûr une connaissance ayant pour base l'éthologie et ont développé des compétences spécifiques. Ils sont souvent extrêmement spécialisés dans la résolution des problématiques comportementales de nos animaux familiers. Certains développent des programmes de recherche parfois même en partenariat avec l'Université. Des éducateurs canins et vétérinaires vont y parfaire leur formation. Ces écoles sont en désaccord entre elles quant à des variantes sur l'approche systémique (cognitiviste) ou opérante (behaviouriste) du métier de comportementaliste et quant à l'utilisation de certains outils comme la psychologie et la sociologie. Elles sont cependant conscientes de la nécessité de donner au comportementaliste un socle de connaissances scientifiques délivré par l'Université. De même, les domaines de compétence des vétérinaires, des éducateurs et des comportementalistes sont aujourd'hui défini. Évidemment un praticien peut exercer plusieurs de ces métiers s'il en a la compétence, s'il est tout à fait transparent vis-à-vis de ses interlocuteurs et s'il respecte les codes déontologiques respectifs de ces activités.

Pour synthétiser le travail du comportementaliste, il y a lieu de se référer entre autres ouvrages au livres de Laurence Bruder Sergent, cofondatrice du Syndicat des Comportementalistes et de l'association Comportementalistes d'Aujourd'hui et de Demain (CAD)[7].

Description du métier

Rôles

  • Il peut effectuer sa mission dans le cadre d’une consultation individuelle avec le propriétaire ou en se déplaçant pour observer le comportement de l’animal dans son milieu.
  • Il conseille le propriétaire ou le maître de l’animal et lui fait comprendre le processus relationnel entre ce dernier et son environnement.
  • Il explique au propriétaire comment organiser l’environnement de l’animal afin de favoriser une cohabitation harmonieuse.
  • Il lui incombe d’orienter le propriétaire vers le professionnel adapté (dresseur, vétérinaire, parfois même psychologue, …), s'il détecte un comportement de l’animal qui dépasse ses propres compétences, et inversement.
  • Le comportementaliste ne doit en aucun cas se substituer au dresseur, au vétérinaire ou au psychologue, et inversement.
  • Il étudie les relations entre l’animal, son milieu, et son entourage, ce qui lui permet d’appréhender les influences de l’environnement sur l’animal. Il se réfère à l’éthologie, à la psychologie et à la physiologie.

Domaine d'application

Dans une idée de prévention, le comportementaliste peut être sollicité par toute personne désireuse de comprendre une espèce animale avec laquelle elle se propose de cohabiter. Par exemple pour préparer l´acquisition d´un chiot ; où la sélection d´une race, puis d´un élevage, puis d´un individu dans une portée, sont parfois délicats. De même pour l´adoption d´un animal dans un refuge (et de son passé parfois traumatique). Parmi ce qui est couramment résolu par le comportementaliste dans la relation famille-animal, nous retrouvons :

  • l´agressivité de l'animal envers les humains, ses congénères ou d´autres espèces.
  • l´apathie, les symptômes d´indifférence, de ce qui peut être perçu comme de la tristesse
  • les destructions, dégradations et leurs multiples causes possibles
  • les divers problèmes alimentaires (vol, anorexie, pica, coprophagie, etc.)
  • les états de peur incontrôlable, de phobie, face à un stimulus du quotidien
  • les fugues
  • les nuisances sonores
  • les problèmes de malpropreté

Aujourd'hui l'expertise du comportementaliste dépasse largement le cadre du conseil aux propriétaires d'animaux familiers. Plus que jamais sa compétence est recherchée par des collectivités locales : refuges, écoles et associations dans un rôle de prévention des morsures et/ou d'information. De même ses conseils sont de plus en plus prisés complémentairement à ceux du vétérinaire ou de l'éducateur dans le circuit spécialisé du commerce d’animaux familiers, par les éleveurs, dans le cadre de la production agricole, par les parcs animaliers, les aquariums publiques, les zoos, les pompiers, la police, l’armée et les associations de soutien au handicap. La bien traitance des animaux converge avec l’intérêt économique de ces « communautés animalières »[réf. nécessaire].

Les relations entre les différentes professions

Pendant longtemps les intervenants concernés plus ou moins directement par le comportements des animaux familiers se sont perdus dans de vaines querelles sur le rôle du vétérinaire, de l'éducateur et du comportementaliste. Certains essayants de s'attribuer les prérogatives des autres. Les vétérinaires craignaient de voire les comportementalistes s'attribuer la pratique de la médecine vétérinaire pour régler les "troubles" du comportement de l'animal. Les éducateurs canins voulaient préserver leur rôle de conseil auprès des propriétaires. Les comportementalistes ayant du mal à expliquer que leur intervention ne portait que sur l'étude des conduites adaptatives de l'animal par rapport à son environnement et qu'à se titre leur activité était complémentaire.

C'est ainsi que les comportementalistes ont cru bon de préciser que :

Le comportementaliste ne s'intéresse qu'à la relation homme-chien ou homme-chat en tenant compte de l'environnement. Le dressage ou la santé de l'animal ne relève pas de sa compétence. Néanmoins, rien n'empêche les comportementalistes de donner des cours de dressage, à condition qu'il ait suivi une formation adéquate, celle menant au métier de comportementaliste ne le qualifiant pas pour ce rôle. Il doit en outre respecter le Code de Déontologie de la profession[8].

Le comportementaliste travaille en collaboration avec le vétérinaire, ce qui lui permet de s'assurer que l'animal est en bonne santé avant d'entreprendre une thérapie comportementale.

Les comportementalistes se distinguent d'ailleurs des éducateurs ou autres éducateurs-comportementalistes[Note 2] qui sont en fait des dresseurs usant de contorsions sémantiques. Le comportementaliste est un spécialiste du comportement, pas du conditionnement[9].

La formation

À l'heure actuelle, il n'existe pas de diplôme d'état pour cette profession[10]. Des démarches dans ce sens sont en cours, dans le but d'uniformiser les connaissances des professionnels et de proposer enfin un cadre de référence au public y faisant appel.

Certaines associations n'admettent pour membres que des professionnels pouvant justifier d'une formation cohérente. Les nouveaux membres ne sont admis pour certaines associations, qu'après une période probatoire, durant laquelle ils doivent remplir un questionnaire visant à établir leurs compétences, et passer devant un jury de professionnels qui déterminera leur admissibilité suite à l'exposition d'un cas pratique[11].

Le métier d'éthologue est accessible via un master en biologie avec spécialité « éthologie ». En France, les universités permettant de suivre une telle formation sont[10] : l'université de Toulon, l'université de Rennes I[Note 3], l'Université de Toulouse 3, l'université de Saint-Étienne et Université Paris 13.

La représentation des comportementalistes

Il existe plusieurs associations regroupant des comportementalistes certains ayant une vocation syndicale parmi les plus représentatives :

Le Syndicat des Comportementalistes[12] créé par Michel Chanton afin de rassembler les comportementalistes certifiés (c'est-à-dire ayant suivi une véritable formation).

On notera également les associations de regroupement de comportementalistes:

  • l'OECC (Organisme Européen des Conseillers Comportementalistes),
  • le CAD (Comportementalistes d'Aujourd'hui et de Demain),


Notes et références

Notes

  1. Le créateur du métier et détenteur de la marque ne reconnait pas le droit d'utiliser le terme de "comportementaliste" aux "nouveaux maitres" et autres "chuchoteurs équins".
  2. Le terme d'éducateur-comportementaliste n'est pas reconnu par le créateur du métier ni par aucune des organisations de comportementalistes certifiés.
  3. Uniquement pour l'éthologie du cheval.

Références

  1. (fr) Éthologue sur CNRTL. Consulté le 24 août 2009.
  2. INPI, « BOPI 01/33 NL » sur http://bases-marques.inpi.fr, INPI. Consulté le 29 décembre 2009
  3. a et b (fr) Michel Chanton, « BREF HISTORIQUE DE LA PROFESSION DE COMPORTEMENTALISTE » sur http://www.michel-chanton-ethologiste.com. Consulté le 30 janvier 2010
  4. (fr) Michel Chanton, « Le comportementaliste® » sur http://www.michel-chanton-ethologiste.com. Consulté le 24 août 2009
  5. (fr) Éthologie - précisions sur http://www.comportementaliste-fec.org/, Fédération européenne des comportementalistes. Consulté le 24 août 2009
  6. (fr) Vox Animae sur http://www.vox-animae.com/. Consulté le 10 juillet 2011
  7. (fr) Laurence Bruder Sergent, « La cause des chiens » sur http://www.lacausedeschiens.com. Consulté le 10 juillet 2011
  8. (fr) CODE DE DÉONTOLOGIE sur http://www.comportementaliste-fec.org/. Consulté le 19 janvier 2010
  9. (fr) Michel Chanton, « LES DIFFERENTES APPELLATIONS » sur http://www.comportementaliste-formation.fr/. Consulté le 29 janvier 2010
  10. a et b (fr) Comportementaliste (éthologue) sur http://www.cidj.com/, CIDJ. Consulté le 24 août 2009
  11. (fr) OBECTIFS DE CAD sur http://www.comportementaliste-associationcad.org. Consulté le 18 décembre 2009
  12. (fr) PRÉSENTATION DU SYNDICAT DES COMPORTEMENTALISTES sur http://www.comportementalistes-syndicat.fr. Consulté le 29 janvier 2010

Annexes

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