Comte d'Apulie

Comte d'Apulie

Comté d'Apulie

Le Comté d'Apulie est un comté normand d'Italie méridionale avec Melfi pour capitale, fondé en 1042 sur un territoire appartenant à l'origine, aux Lombards de Bénévent et aux Byzantins. Un aventurier normand du nom de Guillaume de Hauteville, fils d'un petit noble normand du Cotentin (Normandie), Tancrède de Hauteville, en est le 1er comte. Guillaume, à l'origine un simple mercenaire sans terres ni fortune surnommé « Bras-de-Fer », n'hésite pas à s'auto-proclamer « roi en Apulie » après avoir été élu chef de la majeure partie des Normands d'Italie (septembre 1042).

Le comté d'Apulie, ou comté de Melfi, est érigé en duché normand d'Apulie en 1059 sous la direction d'un frère de Bras-de-Fer, Robert Guiscard, qui vient d'établir l'alliance normano-papale (concile de Melfi d'août 1059) avec le pape Nicolas II. Guiscard devient de ce fait, duc d'Apulie, de Calabre et de Sicile (encore aux mains des Musulmans).

En 1130, le duché d'Apulie, resté aux mains de la famille Hauteville, est intégré au royaume normand de Sicile.

Sommaire

La conquête normande de l'Apulie

L'Italie à l'arrivée des Normands en 1000
L'Italie en 1084

Des aventuriers normands se distinguent

En l'an 999, une quarantaine d'aventuriers Normands, revenant d'un pèlerinage effectué à Jérusalem, s'arrêtèrent par hasard dans la ville de Salerne. Ils se reposaient déjà depuis plusieurs semaines quand un jour ils virent une grande flotte de guerre Arabe mouiller dans le port de la ville. Les Arabes venaient pour rançonner la ville. Suivant leur habitude, les Salernois commencèrent alors à réunir l'argent de la rançon. Complètement écœurés à la fois de l'attitude insolente des Arabes et de la lâcheté des Salernois qui, apparemment, n'envisageaient pas de gagner leurs libertés par la forces des armes, les quarante aventuriers Normands vinrent demander à Guaimar IV, prince de Salerne, de leurs fournir armes et chevaux pour aller combattre les rançonneurs musulmans. Entonné, le prince italien donna aux Normands tous ce qu'ils voulaient. Aussitôt, les quarante chevaliers Normands attaquèrent les Arabes à l'improviste. Malgré leur très nette infériorité numérique, les cavaliers Normands réussirent à mettre en déroute les Arabes après en avoir tué plusieurs centaines. Alors que certains Musulmans fuyaient vers la mer, d'autres se retirèrent par les collines.

Un prince salernois sait les remercier habilement

Éblouie par cette incroyable victoire, le prince Gaimar IV de Salerne couvre les vainqueurs Normands de nombreux remerciements et d'un grand nombre de cadeaux. Mais, surtout, il ne veut pas laisser passer l'occasion de prendre des Normands à son service pour défendre sa ville. Le prince Italien leur propose alors de rester à Salerne et de s'engager comme mercenaires. En fait, dans un premier temps, il voudrait en conserver la moitié immédiatement et renvoyer les autres en Normandie pour essayer de recruter en Normandie de nouveaux chevaliers qui viendraient à leurs tours s'engager comme mercenaires à son service. Cependant, désirant revoir leur patrie, les Normands refusèrent tout d'abord l'offre de Guaimar IV. La déception fut aussi grande chez le prince italien que chez les habitants de la ville qui avaient su, eux aussi, remercier l'efficacité des Normands et qui voulaient, eux aussi, les avoir comme protecteurs. L'espoir des Italiens porta tout de même ses fruits. En fait, rusés, les Normands n'étaient pas restés tout à fait insensible aux propositions de Gaimar. L'espoir de gagner beaucoup de richesses poussèrent finalement les Normands à revenir quelques années plus tard à Salerne pour s'engager comme mercenaires. En outre, ils revinrent avec de nouvelles recrues attirés par les gains du mercenariat.

Des mercenaires normands s'installent au fur et à mesure dans le sud de l'Italie

Au fur et à mesure des années, l'histoire du mercenariat de Salerne fit le tour de toute la Normandie. Connaissant alors la possibilité d'être engagé comme mercenaires dans le sud de l'Italie, plusieurs aventuriers Normands n'hésitèrent alors pas à quitter leur patrie pour rejoindre la péninsule Italienne. Ils se décidèrent pour différentes raisons. Certains, déjà riches, cherchaient tout simplement à s'enrichir encore plus. D'autres, ne supportant pas la politique du duc de Normandie, cherchaient à la fuir pour se créer des fiefs autre part. Enfin, à l'époque, les familles normandes comprenaient beaucoup d'enfants et seuls les ainés pouvaient hériter de terres paternelles. Dès lors, assurés de n'avoir aucune terres, les fils cadets de ces familles n'hésitaient alors pas à partir pour le sud de l'Italie avec l'espoir de se créer de la richesse ou des terres. Cependant, il pouvait aussi arriver le contraire. Assuré de ne pas pouvoir nourrir toute sa famille, le père encourageait alors le fils ainé, le plus fort, à partir ailleurs. En moyenne, tout au long du XIe siècle, ce seront 300 à 500 soldats Normands qui viendront tous les ans dans le sud de l'Italie, mais certains d'entre eux partiront une fois leur richesse faite, alors que d'autres se décideront à rester.

L'histoire de Salerne ayant fait également son chemin dans le sud de l'Italie, les Lombards de l'Apulie, reconnaissant la valeur surprenante des Normands au combat, en recrutèrent alors beaucoup. En 1016, les frères Drengot, normands originaires de la région de Rouen, viendront par exemple se faire recruter comme mercenaires par un prince Lombard, Mélo. Ce prince entama alors une guerre contre la présence Byzantine en Apulie. De nombreux combats eurent lieu, les mercenaires Normands firent encore leur preuves contre les Byzantins, mais furent vaincus à Canne en 1018. Après cette aventure, Raynolf Drengot servit plusieurs prince Lombards et réussit, avec ruse, à acquérir un puissant fief à Aversa en 1029, devenant alors Raynolf d'Aversa. Le fief d'Aversa va en fait jouer un rôle très puissant dans l'immigration de soldats Normands en Apulie. Les Normands, très bien accueillis dans ce fief, vont devenir beaucoup plus nombreux que lors de la première vague d'arrivée. Un beau jour, Raynolf Drengot accueille des frères Hauteville...

Les Hauteville commencent leurs exploits

Blason des Hauteville

Au moment où arrivaient les deux frères Hauteville, Guillaume et Drogon vers 1035, les Byzantins montaient une campagne de recrutement pour mener une expédition pour reconquérir la Sicile aux mains des Musulmans. Se rappelant de la valeur des Normands au combat, les Byzantins en recrutèrent 300 et en firent un corps qui fut mis aux ordres de leur chef, le Lombard Ardouin. Débarqués en Sicile en [1038], les Normands rejoignirent alors les autres corps de l'armée Byzantine et purent alors se rendre compte qu'ils n'étaient pas les seuls mercenaires recrutés par Byzance. En effet, la garde Varègue était également présente, les fameux Vikings suédois vivant en Russie. Il y avait aussi de nombreux autres corps de mercenaires de différentes nationalités. La campagne de Sicile, menée par Georges Maniakès, commença à peine qu'une bataille s'engagea alors avec les Arabes, ce fut l'affrontement de Troina, au début de l'année 1040. Les mercenaires de Byzance commençaient même à plier sérieusement. C'est alors que Guillaume Hauteville, à la tête des 300 mercenaires Normands, fit une charge, enfonça les Arabes et les mit en déroute. La victoire était acquise et les Normands avaient encore vaincu en infériorité numérique. Dans la mêlée, Guillaume Hauteville, ayant embroché le chef sarrasin d'un vigoureux coup de lance, reçut alors le surnom de Guillaume Bras-de-Fer. Enfin, comme l'indique la chronique italienne de l'époque plus valut le petit nombre de Normands que la multitude des autres mercenaires de Byzance.

Suite à cette bataille, les Byzantins changèrent de comportement et s'avérèrent particulièrement exécrable vis-à-vis des Normands et d'Ardouin. La jalousie commençait à ronger. En premier lieu, Ardouin fut frappé de plusieurs coups de fouets pour avoir refusé de donner au chef Byzantin un superbe cheval Arabe qu'il avait capturé sur le champ de bataille après avoir tué un adversaire. Enfin, les Byzantins refusèrent de partager le butin de la victoire avec les Normands alors que ces derniers en avaient été les principaux artisans. C'était trop. Ardouin et les Normands se décidèrent à rentrer en Apulie et quittèrent alors la Sicile dans les plus brefs délais. Étrangement, les Byzantins ne tardèrent pas à en faire autant...

Les Hauteville commencent la percée normande en Apulie

Les Apuliens commençaient depuis quelque temps à se révolter contre la domination Byzantine. Désireux de se venger des byzantins, Ardouin et les mercenaires Normands profitèrent de l'occasion pour passer à l'action. Ils partirent en campagne avec l'objectif bien précis de chasser les Byzantins d'Apulie. Au cours de l'année 1041, les mercenaires normands démontrèrent encore toute leur valeur au combat en remportant, toujours en infériorité numérique, trois victoires bien nettes sur les différentes armées Byzantines. Une victoire fut remportée à Monte-Magiorre, une autre à Monte-Peloso et enfin une à Venosa. Les Byzantins tentèrent un nouvel effort mais qui ne donna aucun résultat positif. Ardouin et les Normands se trouvaient alors maîtres d'un grand nombre de villes en Apulie Italienne.

Les Normands prennent en main leur destin italien

Le château de Melfi

Au cours de l'année 1042, le Lombard Ardouin disparut sans que l'on sache pourquoi. En ce prince Italien, les Normands perdirent leurs chef le plus fidèle et leur seul véritable ami. En effet, lorsque les Normands prirent quelque temps après d'autres chefs Lombards, ces derniers finirent tous par trahir un jour ou l'autre. Il semblerait que c'est à ce moment là que les Normands, excédés, décidèrent de prendre en main leur destin italien en se nommant un chef Normand. Un vote eu lieu et les Normands se choisirent alors pour chef Guillaume Hauteville, à Melfi en septembre 1042. En 1043, Guillaume décida que tous les villes conquises par les Normands pendant la campagne victorieuse de 1041 devaient être partagées entre ses plus braves chevaliers. Ce fut le partage de Melfi. Hugues Tubœuf, un Normand qui s'était distingué en assommant un cheval byzantin d'un magistral coup de poing, figura parmi les receveurs de fiefs. Raynolf Drengot reçut également un fief supplémentaire, cela en remerciement de l'accueil qu'il avait offert aux deux frères Hauteville à leur arrivée en Italie. Les Normands se trouvaient alors à la tête d'un vaste duché.

Une coalition européenne se forme contre ces Normands trop gênants

Les années passent. Guillaume Hauteville s'est éteint de maladie en 1046. Son frère Drogon a alors prit sa succession pour finir assassiné lâchement en pleine prière en août 1051. C'est alors le troisième frère, Onfroy Hauteville, qui a pris la tête du duché normand d'Apulie. Son règne ne va pas tarder à être animé. Les Byzantins refont parler d'eux et viennent de débarquer de nouvelles troupes en Italie pour stopper les conquêtes que les Normands n'arrêtent pas de réaliser depuis pas mal de temps en Apulie mais aussi dorénavant en Calabre. Les Normands d'Onfroy agissent avec vivacité et infligent trois défaites successives aux Byzantins commandés par un certain Argyros. Désespéré de pouvoir vaincre les Normands seul, Argyros se tourne alors vers le pape Léon IX pour lui demander une aide militaire. Le pape réussit à créer une grande coalition militaire anti-Normande.

Civitate, 18 juin 1053 : La victoire de la chevalerie Normande

Onfroy d'Apulie et Richard Ier d'Aversa défont les forces anti-normandes à Civitate, près de Foggia, dirigées notamment par le pape Léon IX et l'empereur germanique Henri III le Noir. Léon IX, capturé et emprisonné, doit reconnaitre la souveraineté normande sur l'Apulie.


Article détaillé : Bataille de Civitate.

La reconnaissance

Robert Guiscard est sacré duc d'Apulie par le pape Nicolas II

À partir de 1057, Robert Guiscard achève la conquête des Pouilles et de la Calabre, au détriment des Byzantins qui se maintiennent cependant à Bari. En 1059, à Melfi, le pape Nicolas II reçoit les serments de fidélité des princes normands Richard Ier d'Aversa et Robert Guiscard, en échange de leur investiture et de leur fidélité. Le pape comptait sur l'appui normand pour contrebalancer la puissance de l'Empire. Le Comté devient duché d'Apulie et sera réuni au royaume de Sicile fondé par Roger II de Sicile en 1130.

Comtes puis ducs Normands d'Apulie

Voir aussi

  • Liste des 12 barons normands qui se partagèrent ce territoire en 1042 après leur guerre victorieuse (mais encore inachevée) contre Byzance (1040/42) :

Bibliographie

  • Pierre Aubé, Roger II de Sicile, Payot, 2001.
  • Jean Deuve, L'épopée des Normands d'Italie.
  • Jean-Marie Martin, Italies normandes.

Notes et références


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