Congo Belge

Congo Belge

Congo belge

Congo belge
Belgisch Kongo néerlandais


État indépendant du Congo
1908 — 1960
République du Congo - Léopoldville

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Drapeau Armoiries

Hymne : La Brabançonne

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Informations générales
 Statut Colonie
 Capitale Léopoldville/Leopoldstad (actuelle Kinshasa)
 Langue(s) Français (officielle)
néerlandais (parlée par la majorité des colons) et plus de 200 langues africaines .
 Religion(s) Religions de la Terre, christianisme
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 PIB/hab. {{{pib hab}}}
 Monnaie Franc congolais
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Population
 1930 13 500 000
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Superficie
2.345.000 km²
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Histoire et événements
 15 novembre 1908 Création
 30 juin 1960 Indépendance
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Pouvoir exécutif
   Roi des Belges
 1908 - 1909 Lépold II
 1909 - 1934 Albert Ier
 1934 - 1951 Léopold III
 1951 - 1960 Baudoin Ier
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   Gouvernant
 1908 - 1910 Baron de Wahis
 1946 - 1951 Eugène Jacques Pierre Louis Jungers
 1958 - 1960 Henri Arthur Adolf Marie Christopher Cornelis
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Pouvoir législatif
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Entité précédente Entité suivante
État indépendant du Congo État indépendant du Congo
République du Congo - Léopoldville République du Congo - Léopoldville

Le Congo belge fut le nom porté par le territoire de l’actuelle République démocratique du Congo (RDC) entre la fin de l’État indépendant du Congo, possession personnelle du roi Léopold II de Belgique jusqu’au 15 novembre 1908, et l’accession à l’indépendance congolaise effective le 30 juin 1960.

Sommaire

1885 - Années 1950

En 1890, Léopold II avait donné comme gage du prêt consenti par le parlement la dévolution du Congo à la Belgique dans un délai de 10 ans. En 1895, quand Léopold eu à nouveau besoin de fonds on débattit encore une fois de l’annexion éventuelle mais cette fois-ci la Belgique fut réticente. C’est la campagne internationale menée par le Royaume-Uni qui contraignit la Belgique à assumer le Congo. L’administration belge qui lui succéda fit tout pour effacer l’image de Léopold II comme tyran qui massacrait les populations pour s’enrichir. L’article 3 de la Charte Coloniale du 18 octobre 1908 prescrivait que : « Nul ne peut être contraint de travailler pour le compte et au profit de sociétés ou de particuliers ». Pour effacer l’image du caoutchouc et des mains coupées, on développa la culture du coton et du palmier à huile et la cueillette du caoutchouc sauvage fut remplacée par la culture de plantations d’hévéas. La Congo Reform Association, association britannique qui était à l’origine de la campagne orchestrée contre l’État indépendant du Congo, décida de se dissoudre en 1913, tandis que le Congo livrait 23 000 tonnes de coton en 1932 et 127 000 en 1939.

L’enseignement a été mis en place par des missions chrétiennes privées qui finançaient leurs activités par l’agriculture ou la sylviculture d’exportation (Concordat avec le Vatican en 1906). Par exemple, en 1948, environ 99,6% des structures d’enseignement étaient contrôlées par les missions chrétiennes, 0,4% étaient détenues par des entreprises privées pour former leurs futurs employés. En 1940, le taux de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans était de 12% et en 1954 de 37 %, ce qui plaçait le Congo à l’époque aux côtés de l’Italie mais ces statistiques cachent un énorme gâchis scolaire : sur douze élèves à l’école primaire, seul un achève le cycle et de ceux-là, seul 1 sur 6 accède à l’école secondaire. Les missionnaires n’étaient évidemment ni pédagogues ni diplômés en lettre ou en science mais diplômés en théologie : leur objectif était plutôt de former des catéchumènes. Les missions étaient de plus tenues par des prêtres flamands, états-uniens ou scandinaves dont le français n’était pas la langue maternelle. L’enseignement secondaire destiné aux Congolais était presque uniquement axé sur les études professionnelles ou techniques, ce n’est qu’à partir de 1955 qu’on commence à développer les écoles secondaires (une comparaison peut se faire avec le Cameroun : en 1952, sous le mandat français, il y avait déjà 8000 élèves dans les écoles secondaires). Lors de l’indépendance, le Congo disposait cependant de deux universités comptant 466 étudiants blancs et noirs : l’Université Lovanium, fondée en 1954, et l’Université d'Elisabethville créée en 1959. Mais en dehors de ces universités, la ségrégation raciale mise en place séparait les enfants blancs et noirs qui fréquentaient des établissements scolaires distincts. Dans de nombreuses écoles, le fait de parler une langue congolaise était proscrit au niveau secondaire, de même pour la pratique de l’islam. Au niveau primaire, le Congo belge fut l’une des seules colonies d’Afrique où les langues locales (kikongo, lingala, tchiluba et swahili) furent enseignées, et ceci grâce aux missionnaires. Qui plus est, les langues congolaises ont pu être utilisées dans la musique populaire, ce qui a permis à l’industrie musicale congolaise de démarrer à cette époque. Néanmoins les missions ont remplacé le système d’éducation traditionnel.

Les infrastructures sanitaires ont été mises en place par les entreprises pour leur personnel. Les chemins de fer étaient aussi aux mains d’entrepreneurs privés.

Le contrôle de l’administration était dominé par la Belgique, sans organe démocratique pour les habitants. Le chef de l’État restait en toutes circonstances le Roi des Belges, mais la gestion journalière était dévolue au Gouverneur général, employé comme administrateur colonial par le Parlement belge. Contrairement à la situation dans certaines colonies britanniques et françaises, les colons blancs du Congo n’avaient aucun droits politiques.

Diverses restrictions affectaient les Congolais. Dans les villes construites par les colonisateurs, les populations noires étaient refoulées dans les banlieues, souvent organisés en « cités indigènes », tandis que les centres-villes étaient réservés aux seuls Blancs. Les Noirs n’avaient pas le droit de sortir de leur habitation de 21 h à 4 h du matin. Ils ne servaient en fait que comme main d’œuvre au colon ou à l’administration coloniale (serviteur, artisans, mineurs, caissier, mécanicien, etc.). Les supermarchés tous situés aux centres villes leur étaient interdits d’accès : on leur avait juste réservé une petite fenêtre par laquelle ils pouvaient faire leurs achats. La coexistence entre Blancs et Noirs ressemblait souvent à un apartheid tempéré par les nombreuses missions religieuses. Pauvres pour la plupart, les Noirs étaient souvent victimes de contrôles policiers où ils devaient justifier la possession de leur argent. L’administration choisissait aussi certains Noirs et les obligeait à travailler 120 jours par an gratuitement pour elle. L’urbanisation du Congo belge était en fait forcée, puisque les autorités déportaient les populations la où elles en avaient besoin. Dans la Force publique, les Noirs ne pouvaient dépasser le grade de sous-officier. Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs réformes démocratiques furent introduites, mais les complications ethniques entre Congolais n’en permirent pas une bonne application.

Le Congo belge fut l’un des premiers et des principaux exportateurs d’uranium pour les États-Unis au cours de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide (mine de Shinkolobwe).

1885 - 1905

Article détaillé : État indépendant du Congo.

1908 - 1914

Porteurs de l'expédition scientifique Lang-Chapin

Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale fut lourde de sens pour le Congo belge, car la Belgique était occupée et son gouvernement s’était replié en France. Le Congo belge mena une campagne militaire contre les colonies allemandes au Cameroun, en Afrique orientale allemande qui fut couronnée de succès, notamment par une éclatante victoire à Tabora.

Le 15 août 1914, les troupes allemandes basées au Ruanda-Urundi bombardèrent les villes riveraines du lac Tanganyika. Le 22 août, un navire allemand ouvrait le feu sur le port d’Albertville (Kalemie à présent). Devant cette agression, le ministre belge des Colonies Renkin adressa un télégramme au Gouverneur Général du Congo et au Vice-gouverneur de Katanga ordonnant de « prendre des mesures militaires pour défendre le territoire belge… prendre les Belges seuls ou en coopération avec les troupes alliées ». Les belgo-congolais répliquèrent le 18 avril 1916. Les troupes étaient dirigées principalement par le général Tombeur, le colonel Molitor et le colonel Olsen. Elles s’emparèrent de Kigali le 6 mai 1916. Les forces allemandes du Burundi commandées par le capitaine Von Languenn opposèrent une vigoureuse résistance mais ne purent tenir devant la supériorité numérique belge. Le 6 juin, Usumbura tomba sous les forces belgo-congolaises commandées par le Colonel Thomas. Kitega est prise le 17 juin. Le Rwanda et le Burundi étaient déjà occupés. Il restait alors les campagnes du Tanganyika (actuelle Tanzanie) ; la brigade Molitor s’empara ainsi de Biharamuro, puis de Mwanza. Le colonel Moulaert occupa Karema. La marche sur Tabora commença alors par trois colonnes. Le 29 juillet, Kigoma et Ujiji furent occupés. Après plusieurs jours de combat acharné, Tabora tombe le 19 septembre 1916. Les forces britanniques et belgo-congolaises se coalisèrent ensuite pour occuper tout le Tanganyika à partir duquel le Général allemand Von Lettow-Vorbeck opposa une résistance extraordinaire. Il se rendit après l’armistice de novembre 1918. Le Congo utilisa quelques hydravions sur le Lac Tanganyika pour bombarder des navires et des installations allemandes. L’administration belge avait néanmoins mobilisé 260 000 porteurs pour acheminer le matériel militaire. Cette campagne militaire a, selon de nombreux démographes, profondément dépeuplé le Congo (morts au front, soldats affamés, porteurs épuisés, etc.). Après la guerre, la Belgique obtint un mandat sur le Ruanda-Urundi. Un missionnaire belge resté au Congo décrit alors la société noire comme une société dans laquelle « le père est au front, la mère moud du grain pour les soldats et les enfants apportent la nourriture au front ».

Kibanguisme et Kakisme

Ces deux mouvements syncrétistes sont parmi les premières formes de nationalisme qui naissent dans les années 1920 du XXe siècle sous l’influence des missionnaires protestants américains (avec William Henry Sheppard et George Washington Williams pour précurseurs) et par opposition à l’oppression coloniale (Paul Panda Farnana avait précédemment oeuvré).

Le fils du Chef coutumier Simon Kimbangu, de l'éthnie kongo, baptisé à l’âge de 15 ans, aurait eu, un jour après son baptême, une vision et prédit l’indépendance du Congo et la reconstitution du royaume Kongo. Il inventa le terme en kikongo dipanda, « indépendance ». Son influence fut accru par la rumeur qui disait qu’il avait guéri des malades par imposition des mains. S’inspirant de la religion chrétienne, il prit douze apôtres. Les autorités coloniales le mirent en prison où il restait jusqu'à sa mort en 1951. Ces amis et sa famille répandirent son message qui eut beaucoup de succès auprès des Kongos.

Simon Pierre M’Padi, de l’ethnie kwango et comprenant le kikongo, fonda la religion kakiste se réclamant disciple de Simon Kimbangu. Il mit au point un drapeau représentant sa secte sur lequel on pouvait lire en kikwango Minsion amerika nzila ya m’pulusu. Recherché par les forces publiques, il se réfugia au Congo français où il transmit son message à un certain André Matswa. Arrêté par les autorités françaises, il fut remis aux autorités belges.

La dépression des années 1930

Avec le Congo, la Belgique obtient des matières premières peu chères. L’administration coloniale recrute des travailleurs forcés pour les plantations et pour les mines et impose même en 1926 la conscription générale. L’administration coloniale négociait avec les différents dignitaires congolais pour qu‘ils leurs fournissent des hommes comme travailleurs (10 francs par tête). Les chefs politiques se débarrassaient en général des gens qu’ils n’aimaient pas dans leurs communautés. Les travailleurs étaient emmenés jusque dans les mines ou ils travaillaient pour 10 à 15 francs par mois. Plus de 44 000 travailleurs furent « importés » d’Angola et de Rhodésie du Nord pour grossir les rangs. De nombreux travailleurs mouraient de fièvre à tiques, de grippe , de pneumonie, d’épuisement ou d’éboulement, à tel point que ce système qui succédait aux exactions léopoldiennes et à la première guerre mondiale risquait de dépeupler de nombreuses régions. Les autorités essaieront de résoudre la crise en imposant des restrictions aux recrutements forcés (par exemple, le décret de 1933 limita en effet à 60 jours la durée du travail forcé dans les plantations), et aussi particulièrement au Katanga en imposant dans les villes minières une force ouvrière permanente et stable, c’est-à-dire transformer les villageois en citadins. Le krach boursier de 1929 à Wall Street fut le début d’un ralentissement économique mondial. La demande de matières premières des industries s’effondra et le prix des matières premières aussi : le prix de l’arachide passa de 1,25 franc à 25 centimes. L’économie congolaise, plus tournée vers l’exportation qu'aucun autre pays africain, fut d’autant plus vulnérable lors de cette crise que la Belgique est aussi un grand exportateur à cause de son petit marché intérieur. Au Katanga, l’emploi chuta de 70% et de nombreux travailleurs forcés furent reconduits dans leurs villages. La dépression économique des années trente permit donc aux congolais d’échapper au travail forcé.

Seconde Guerre mondiale et montée du nationalisme

La Seconde Guerre mondiale commença en 1939 et rapidement la Belgique fut vaincue par les troupes allemandes. Le 28 mai 1940,le Roi Léopold III capitule et est fait prisonnier. Les colons belges cependant refusent la suzeraineté nazie, et font alliance avec le Royaume-Uni. Le Congo passe alors dans la zone sterling, tandis que la Belgique sombre dans la misère (chômage, déflation, pénurie). Le Congo était maintenant dirigé de facto par Londres.

La protestation anti-coloniale (chez les soldats, les paysans et les « évolués ») redoubla car l’effort de guerre des populations congolaise fut lourd. L’administration coloniale recourut au travail forcé dans les plantations d’hévéas pour fournir du caoutchouc pour les pneus des véhicules des alliés. Les soldats congolais commandés par des officiers belges participèrent au combat en Éthiopie contre l’Italie fasciste, en Égypte contre l’armée allemande et en Birmanie contre les Japonais. La Belgique occupée par les Nazis, collaboratrice et le monde occidental avaient, après la Seconde Guerre mondiale, perdu beaucoup de prestige à leurs yeux. En 1940 les Bakongos créent leur mouvement politique, l´ABAKO. En 1941, de graves troubles eurent lieu à Elizabethville. En 1944, eut lieu l’insurrrection de l’ethnie kumu. L'adjudant Karamushi proclama même en février 1944 la fin du mbula matari (l’état colonial). En mars 1944, des révoltes eurent lieu à Masisi, des grèves et des émeutes les 25 et 26 novembre 1945 à Matadi. La même année sont crées d'importants quotidiens comme la Voix du Congolais, la Croix du Congo (sous-titre le Journal des évolués congolais). En 1944 à Luluabourg des intellectuels avait en effet publié un manifeste pour la reconnaissance et des droits spécifiques pour les évolués (africains ayant terminé dix ans de scolarité). Apparaissent alors deux mouvements, l'un violent des ouvriers, paysans et soldats et l'autre pacifique des intellectuels.

Le 2 septembre 1945 le Japon capitule, la Seconde Guerre mondiale est terminée, les alliés ont gagné. L'Europe est dévastée, l'Europe occidentale se reconstruit grâce au crédit américain, c´est donc les États-unis qui dirigent l'Europe et donc également, leurs colonies. Opposés au colonialisme, les américains auraient pu donner l'indépendance aux populations congolaises, néanmoins Washington est farouchement opposé à tout régime communiste et sait que la propriété privée n´existe pas dans la culture africaine. Ainsi Washington préfère garder un pouvoir colonial belge, le temps qu'un mouvement africain libéral apparaisse.

En 1946 Joseph Kasa-vubu de l'ABAKO fait un discours sur le droit du première occupant. Les évolués de Léopoldville sont autorisés à s´organiser en confédération générale des syndicats indigènes.On estime à peu près à 5609 le nombre d´évolués. Suivront l'abolition du fouet, pour le clergé, les gradés de la force publique et les auxiliaires de l'administration. Face à ces mouvements nationalistes, l'administration belge commence à comprendre qu'il perd leur colonie. La Belgique avait ratifié l'article 73 de la Charte des Nations unies, qui prônait l'autodétermination des peuples. Les deux superpuissances de l’époque (É.-U. et Union soviétique) militaient également en ce sens. Cependant, le professeur belge Antoine Van Bilsen publia, en 1955, un document intitulé Plan de trente ans pour l'émancipation politique pour l'Afrique belge. L'agenda prônait une émancipation progressive du Congo sur une période de 30 ans, durée que Van Bilsen jugeait adéquate pour créer une élite intellectuelle qui puisse prendre la place des cadres belges. Le gouvernement belge et nombre d'« évolués » furent sceptiques par rapport à ce plan, les uns parce qu'il impliquait de perdre le Congo à terme, les autres parce que cette durée leur semblait trop longue. Un groupe d'« évolués » catholiques répondit positivement à ce plan dans un manifeste publié dans un journal congolais La Conscience africaine, les seules divergences intervenant dans l'importance de la participation congolaise au cours de cette période de 30 ans.

Les glorieuses années 50

Dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'Europe de l'Ouest se reconstruit grâce au plan Marshall, le Congo doit lui fournir les matières premières et après cela pour la guerre de Corée. De 1950 à 1958, l'indice du salaire du travailleur congolais passe de 100 à 237 pour une augmentation du coût de la vie de 20%. Dans le même temps, le colon blanc est plus prospère que les habitants de métropole, par exemple il importe des réfrigérateurs en ligne directe des États-Unis. Avec la fin des guerres mondiales se produit un fort accroissement démographique, la population augmente alors de 2 % par an. Les populations africaines, beaucoup plus occidentalisées qu’il y a 40 ans, acceptent le papier-monnaie, abandonnent les croissettes ou le troc. Pour cela, elles se ruent vers les villes pour trouver du travail.

Nombreux sont alors à Stanleyville, Elisabethville, Jadotville et surtout Léopoldville les hommes venus de province pour chercher un travail et qui, s'ils en trouvent, renvoient une grosse partie du salaire à leur famille restée au village.

La croissance démographique commence à dépasser la croissance du PIB et le chômage s’installe dans les cités indigènes, quartiers noirs, des villes. Les bidonvilles foisonnent. Face à cela, la Belgique met en place des allocations chômage, les Fonds du roi. Suite à la guerre d'Indochine et à la création de l’union française en 1946, le professeur belge Antoine Van Bilsen publia, en 1955, un document intitulé Plan de trente ans pour l'émancipation politique pour l'Afrique belge. L'agenda prônait une émancipation progressive du Congo sur une période de 30 ans (Van Bilsen dira en 1980 lors du 20e anniversaire de l’indépendance à la RTBF que c’était un appel à un plan). Le cardinal congolais Malula rédigea alors le manifeste de « conscience africaine » comme réponse à Van Bilsen et accepta l’indépendance prévue pour 1985. Mais le séminariste Kasa-vubu rédigea alors aussi son manifeste, « le manifeste de l’ABAKO » qui réclamait l’indépendance immédiate. Face à ces événements, l’administration belge commença alors à préparer lentement sa colonie vers l’indépendance. En 1954 fut créé l’université Lovanium. À partir de 1955, on commença à construire des écoles secondaires laïques.

En 1955 le roi Baudouin (mwana kitoko, le beau gosse) accomplit un voyage au Congo pour apaiser le nationalisme congolais. Si les partis politiques sont autorisés dès 1956, ils sont souvent parrainés par des partis politiques belges, ainsi l’amicale libérale (Lumumba) et l’amicale socialiste (A.Ngavulu). Des partis communistes clandestins mais toujours à bases ethniques dotés de faction armés seront créés avec le soutien de l'Union soviétique. Patrice Lumumba se détachera de l’amicale libérale pour se tourner vers des thèses plus socialistes et fondera le MNC. En 1957 les congolais peuvent pour la première fois participer aux élections municipales. Les bourgmestres noirs ont tous des conseillers belges.

ABAKO

L’association d’origine ethnique ABAKO (ou Association des Bakongo), dirigée par le futur président Joseph Kasa-Vubu, décida de prendre ses distances avec le plan Van Bilsen. En partie parce que nombre d’« évolués » catholiques qui signèrent le manifeste de la Conscience africaine ne faisaient pas partie de l'ethnie Kongo où l’ABAKO gagnait ses partisans, mais aussi parce que l’ABAKO prônait des idées plus radicales, sans accession progressive à l’indépendance, l’ABAKO demandait l’accession immédiate à l’indépendance. L’organisation consolida son implantation dans le Bas-Congo et Léopoldville dans les années qui suivirent. Vers le début de 1959, le Bas-Congo échappait au contrôle des autorités belges, l’ABAKO prônant la désobéissance civile pacifique. Les autorités belges interdirent l’ABAKO le 4 janvier 1959, ce qui jeta des nombreux congolais dans la rue à Léopoldville, armés de pierre, ils attaquèrent les colons blancs, un seul slogan Dipanda, dipanda (indépendance). La force publique répliqua en ouvrant le feu, faisant des centaines de morts jamais reconnus officiellement. Les émeutes durèrent du 4 au 7 janvier 1959. Les journaux parlèrent de 14 morts noirs et 9 colons tués. Le 12 janvier, Kasa-Vubu fut arrêté et emprisonné pour deux mois. Le 20 janvier, le roi Baudouin annonça la volonté belge de conduire les populations congolaises à l’indépendance.

Le MNC

En parallèle se constitua le Mouvement national congolais (qui ne fut officiellement constitué qu'en 1956). Le MNC était dirigé par le charismatique futur Premier Ministre Patrice Lumumba et prônait la création d'un territoire national unique après l'indépendance. Le mouvement fut rapidement structuré en quatre sections liées à quatre provinces (des six existantes). En 1959, une scission intervint, précipitée par Albert Kalonji et d'autres cadres du MNC souhaitant une politique plus modérée que celle prônée par Lumumba. Ce groupe fut rapidement dénommé Mouvement national congolais-Kalonji. Malgré les divergences dans le parti, la faction gauchiste de Lumbumba (dénommée Mouvement national congolais-Lumumba) et le MNC dans son ensemble avaient réussi à s'imposer comme le plus important et le plus influent parti du Congo belge. La Belgique vit d'un mauvais œil la montée de Lumumba et de ses idées de gauche, et y vit une menace pour ses intérêts économiques sur le territoire. Le MNC remporta cependant clairement les premières élections au Congo et força les belges à nommer Lumumba Premier Ministre.

la Conakat

La Confédération des Associations du Katanga (Conakat), dirigée par Moïse Tshombé. Se définissant comme « d’authentiques Katangais », les militants de la Conakat provenaient essentiellement des ethnies Lundas, Yékés et Basongye du Sud Katanga, connus pour leurs inimitiés à l’égard des immigrants Luba du Kasaï, pour la plupart employés dans les mines. La victoire décisive remportée par ces « étrangers » aux élections communales de 1957 aiguisa encore l’agressivité des dirigeants de la Conakat envers les immigrants du Kasaï. Le Conakat pour sa part, favorisait le rapprochement entre les colons Belges et les Katangais de souche, les Katangais dits « authentiques ».

Une autre menace fit jour pour la Conakat au nord du Katanga, non de la part des Lubas immigrés, mais de Lubas historiquement présents dans le Nord-Katanga. Dirigés par Jason Sendwe, ils créèrent leur propre mouvement politique, l’Association des Baluba du Katanga (Balubakat), qui se coalisa rapidement avec la branche lumumbiste du MNC. Malgré les affinités entre les deux groupes, les Lubas du Kasaï suivaient le mouvement de la Fédération du Kasaï (Fédéka), proche du MNC-Kalonji. Dès lors, l’alliance entre la Balubakat et le MNC-Lumumba, comprenant nombre de Luluas, n’avait que peu de chances de trouver un écho auprès de la Fédéka. Les divergences entre les Lubas du Katanga et du Kasaï bénéficièrent directement à la Conakat et à leurs partenaires européens.

1959 et 1960 : à grands pas vers l'indépendance

Après les émeutes de Léopoldville et l'incarcération de Kasa-Vubu, 1959 vit la légalisation des partis politiques congolais, suivie par des élections générales pour tout le pays. L'activité électorale qui s'ensuivit permit de faire émerger trois tendances politiques principales : une coalition de fédéralistes nationalises, composée de six partis ou organisations, dont l'ABAKO et le MNC-Kalonji, le MNC-Lumumba et finalement l'homme fort du Katanga, Moïse Tshombe, conscient de la vitalité économique de sa province et des intérêts financiers de l'Union minière (à l'instar de l'intérêt de Kalonji pour l'industrie diamantaire du Kasaï). En 1960, la table ronde de Bruxelles fut décidée, et se déroula du 20 janvier au 20 février. Les représentants congolais et belges se mirent d'accord sur le principe d'élections nationales dans le courant de l'année.Au lendemain de la table ronde les transferts de fonds vers l`Europe prenaient une ampleur telle que les politiciens congolais accusèrent la Belgique de "vider la caisse" avant l’indépendance. De violentes émeutes politico-ethnique éclatèrent avant les élections au Katanga, au Kasai et à Léopoldville. Les élections se déroulèrent en mai (élections législatives et provinciales) et virent la victoire des partis « nationalistes » (Céréa 10 sièges, PSA-Gizenga 13, MNC 74, total des sièges=137 sièges) (importance de l'ABAKO) et décidèrent d'un nouveau compromis au niveau de l'exécutif : Joseph Kasa-Vubu fut élu président par le Parlement et Lumumba fut désigné Premier ministre.

Voir aussi

Bibliographie

  • Guy Vanthmesche, La Belgique et le Congo. empreintes d'une colonie (1885-1980), Complexe, 2007.
  • Marie-France Cros et François Misser, Géopolitique du Congo (RDC), Complexe, 2006.
  • Calonne-Beaufaict, A., La pénétration de la civilisation au Congo belge, Bruxelles, 1912.
  • Delcommune, A., L’avenir du Congo belge menacé, Bruxelles, 1919 (2e éd. en 1921).
  • Delvaux,R., L’organisation administrative du Congo belge, Anvers, Ed. Zaïre, 1945.
  • Halewyck, A., La Charte coloniale, Bruxelles, 1919, 3 vol.
  • Ergo, A.-B., CONGO BELGE. La colonie assassinée", Paris, Ed. L'Harmattan, 2009

Liens externes

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