Conquête islamique de l'Iran

Conquête islamique de l'Iran

Conquête musulmane de la Perse

Conquête musulmane de la Perse
Informations générales
Date 634-642
Lieu Mésopotamie, Perse
Issue Victoire des musulmans, Empire perse annexé
Belligérants
Perse Sassanide Califat Rashidun
Conquêtes musulmanes
Batailles
Bataille du pont - Bataille d'al-Qadisiyya - Bataille de Nehavand

La Conquête islamique de l'Iran (637-751) aboutit à la fin de l'empire Sassanide et au déclin de la religion zoroastrienne en Iran (Perse). Au cours des siècles, la plupart des peuples iraniens, en incluant les Persans et les Kurdes se convertirent à l'islam à partir du zoroastrisme. Cependant, les acquis de la civilisation perse précédente n'ont pas été perdus mais en grande partie absorbés par la nouvelle entité islamique.

Sommaire

L'Iran avant la conquête

Depuis le Ie siècle av. J.-C., la frontière entre l'Empire romain (plus tard Empire byzantin) et l'empire Parthe (plus tard sassanide) avait été l'Euphrate. Cette frontière était continuellement contestée. La plupart des batailles, et donc la plupart des fortifications, étaient concentrées dans les régions de collines du nord, puisque le vaste désert arabe ou désert syrien séparait les empires au sud. Les seuls dangers venant du sud étaient les raids occasionnels de tribus arabes. Les deux empires conclurent des alliances avec des petites principautés arabes semi-indépendantes, qui servaient d'États tampons et protégeaient Byzance et la Perse des attaques des bédouins. Les clients des Byzantins étaient les Ghassanides, ceux des Perses les Lakhmides. Les Ghassanides et les Lakhmides se battaient constamment, ce qui les tenait occupés, mais n'affectait pas beaucoup les Byzantins ou les Perses.

Au VIe siècle et VIIe siècle, certains facteurs ont détruit cet équilibre des pouvoirs qui avait existé depuis des siècles.

Équilibre entre l'Iran et Byzance menacé

Article détaillé : Chute de la dynastie sassanide.

Le roi iranien Khosrow II a vaincu une dangereuse rébellion au sein de son propre empire (voir la rébellion de Bahram Chubin). Il a ensuite consacré son énergie aux problèmes extérieurs, en particulier sur les ennemis byzantins traditionnels depuis les guerres . Il y réussit relativement bien pendant quelques années. De 613 à 614, il étend les frontières iraniennes aussi loin à l'ouest que les villes d'Antioche, Damas et Jérusalem.

Les byzantins se sont regroupés et l'ont repoussé. Khosrow II fut battu à la bataille de Ninive en 627 et les byzantins ont repris toute la Syrie et ont pénétré loin dans les provinces perses de Mésopotamie.

Assassinat de Khosrow II et succession de monarques affaiblis

Khosrow a été assassiné en 628. Il y eut alors de nombreux prétendants au trône; de 628 à 632, il y eut 10 rois d'Iran. Le dernier, Yazdgard III, était le petit-fils de Khosrow II et on dit de lui qu'il était un enfant unique. Sa date de naissance n'est pas connue.

Révolte des états vassaux arabes

Histoire de l'Iran
Persepolis iran.jpg

Les clients des byzantins, les arabes Ghassanides, se sont convertis à la forme Monophysite du Christianisme, qui était considérée comme hérétique par l'Église orthodoxe. Les byzantins ont essayé de supprimer l'hérésie, en affaiblissant les Ghassanides et en alimentant des rébellions aux frontières du désert.

Les Lakhmides se sont aussi révoltés contre le roi perse Khosrow II. Al-Noman III (fils de Al-Monder IV), le premier roi Lakhmide chrétien, fut déposé et tué par Khosrow II parce qu'il avait essayé de se défaire de la tutelle perse. Après l'assassinat de Khosrow, l'Empire perse se morcela et les lakhmides devinrent effectivement indépendants.

Il semble probable que l'affaiblissement des tampons Lakhmides et Ghassanides ait contribué à l'invasion arabo-musulmane à travers l'Irak et Bahreïn.[1]

Ascension de l'empire islamique

Au moment de la mort de Mahomet en 632, la plupart de ce qui est maintenant l'Arabie était unifiée sous la bannière de la religion nouvelle qu'était l'islam. Cependant, les nomades ou villageois arabophones se sont aussi fondus ou installés aux confins de la steppe syrienne[2]. N'importe quel régime qui voulait unifier tous les arabes devait conquérir la steppe syrienne. Au temps du successeur de Mahomet, Abou Bakr, le premier calife, les musulmans ont d'abord rétabli leur pouvoir sur l'Arabie (Guerres de Ridda) et lancèrent ensuite des campagnes contre les Arabes restants en Syrie et en Palestine.

Cependant, une collision s'opéra avec les empires byzantins et sassanides, qui se disputaient ses territoires depuis des siècles. Les guerres sont donc vite devenues une question de conquête plus qu'une question de consolidation des tribus arabes.

Conquête islamique de la Mésopotamie Perse

La chute de la politique sassanide après la mort de Khosrow II laisse les iraniens dans une position de faiblesse vis-à-vis des envahisseurs arabes. Au début, les musulmans ont essayé de consolider leur mainmise sur les territoires en bordure du désert et les arabes Lakhmides. La ville frontalière d'Al-Hira tomba aux mains des musulmans en 633.

Les Sassanides s'étaient réorganisés sous l'autorité d'un nouveau roi, Yazdgard III et contre-attaquèrent. Ils ont gagné une victoire importante à la Bataille du pont en octobre 634.

Après une victoire décisive des musulmans sur les byzantins, en Syrie à la Bataille de Yarmouk en 636, le second calife, Omar, put transférer des troupes à l'est et reprendre l'offensive contre les sassanides.

Bataille d'al-Qâdisiyya

Article détaillé : Bataille d'al-Qadisiyya.

Aux alentours de l'année 636, Rostam Farrokhzād, conseiller et général de Yazdgard III (r. 632 - 651), mène une armée de 100 000 hommes au delà de l'Euphrate à la bataille d'al-Qadisiyya, à côté de la ville moderne de Hilla en Irak. Certains l'ont critiqué pour sa décision de faire face aux arabes sur leurs propres territoires - aux abords du désert - et ont dit que les persans auraient pu tenir s'ils étaient restés sur la rive opposée de l'Euphrate.

Le calife Omar déploya 30 000 cavaliers arabes sous le commandement de Sa`d ibn Abī Waqqās contre l'armée perse. La bataille d'al-Qadisiyya s'ensuivit, pendant laquelle les iraniens ont d'abord dominé, puis le troisième jour de combats, l'avantage est passé aux musulmans. Les iraniens ont tenté de fuir. Le général persan Rostam Farrokhzād fut capturé et eut la tête tranchée. D'après les sources musulmanes, les pertes des iraniens ont été énormes, mais les Arabes ne perdirent "que" 7500 hommes. La taille des forces en présence est sans doute exagéré, comme c'était très souvent le cas pour les sources de cette époque. "7500" est à traduire par "grandes pertes" et non pas à interpréter comme un ordre de grandeur.

Après la bataille, les armées des Arabes musulmans ont poussé jusqu'à la capitale perse, Ctésiphon(Tisphoune en persan) (appelée Madā'in en arabe par la suite), qui fut rapidement évacuée par Yazdgard III après un bref siège. Après la prise et le sac de la ville, les Arabes continuent à aller vers l'est, suivant Yazdgard et ses troupes restantes. En un court laps de temps, les armées arabes ont vaincu une contre-attaque majeure des sassanides à la bataille de Jalūlā', ainsi que d'autres engagements à Qasr-e Chirin et Masabadhan. Au milieu du VIIe siècle, les Arabes contrôlaient toute la Mésopotamie, dont le territoire qui est aujourd'hui la province iranienne du Khuzestan.

Conquête du plateau iranien

Il est dit que le calife Omar ne souhaitait pas envoyer ses troupes au-delà des monts Zagros et sur le plateau iranien. Une tradition pour expliquer ce fait est qu'il souhaitait conserver un "mur de feu" pour séparer les arabes et les perses. Des commentaires ultérieurs expliquent cet état de fait par le bon sens contre la sur-extension des forces arabes. En effet, ceux-ci venaient à peine de conquérir de nombreux territoires qui devaient encore être administrés et garnis de troupes.

Les généraux et les guerriers de Omar voulaient plus d'action. Ils arguaient du fait que Yazdgard III pourrait encore devenir une menace si on le laissait tranquille pendant qu'il rassemblait d'autres troupes. L'existence du gouvernement persan était une incitation à la révolte dans les territoires conquis. Finalement, les arabes qui se sentaient floués dans la distribution de terres et de butin qui suivit les conquêtes mésopotamiennes insistèrent pour qu'il y ait de nouveaux raids.

Omar était réticent. Les troupes arabes destinées aux raids ont passé les monts Zagros séparant la Mésopotamie du plateau iranien, conquérant et vainquant tout sur leur passage, écrasant ainsi toute résistance.

Yazdgard, le roi sassanide, fit un autre effort pour se regrouper et battre les envahisseurs. En 641, il avait rassemblé une nouvelle armée, qui s'étaient regroupées à Nahavand, à quelques 60 km au sud de Hamedan mais il fut vaincu.

Yazdgard fut ensuite incapable de lever une nouvelle armée et devint un fugitif. Il erra d'une province de son empire à l'autre avant d'être tué à Merv en 651.

Les forces islamiques établirent une garnison à Merv. Aux alentours de 674, ils avaient conquis l'Afghanistan, la Transoxiane et une partie de l'Inde connue sous le nom de Sind, sur la rive ouest de l'Indus. Pour de nombreux siècles, ce fut la limite orientale du pouvoir musulman.

Occupation

Sous le califat d'Omar et de ses successeurs immédiats, les conquérants arabes ont tenté de maintenir leur cohésion culturelle et politique en dépit de l'attraction des civilisations qu'ils avaient conquis. Les arabes durent s'installer dans des villes de garnison plutôt que dans des endroits construits spécialement pour eux. Ils ne devaient pas se marier avec des non-arabes, apprendre leur langue ou lire leur littérature. Les nouveaux sujets non musulmans, ou dhimmi, devaient payer une taxe spéciale, la jizya et être sujets à diverses restrictions ayant trait à l'occupation, le culte et l'habillement (Bashear 1997, p. 117). Les conversions de masse n'étaient ni désirées ni autorisées, au moins dans les premiers siècles de domination arabe. Plus tard, de telles restrictions disparurent.

Mahomet, le prophète de l'islam, avait bien dit que les gens du livre, juifs et chrétiens, seraient tolérés aussi longtemps qu'ils se soumettaient au pouvoir musulman. Au début, le fait de savoir si oui ou non la religion d'État sassanide, le zoroastrisme, était sujette à la même tolérance n'était pas clair dans les esprits. De nombreux commandants arabes ont détruit les temples zoroastriens et ont prohibé le culte ; cependant, d'autres ont toléré la religion perse originelle. Après quelques disputes, les zoroastriens ont été acceptés comme gens du livre.

Avant la conquête, les iraniens avaient été majoritairement zoroastriens ; cependant, il existait aussi de grandes communautés juives et chrétiennes. Les adeptes des trois religions ont été autorisés à pratiquer leur foi moyennant les restrictions imposées par les envahisseurs arabes. Il y eut néanmois un lent mais notable mouvement de la population vers l'islam. La noblesse et les urbains furent les premiers à se convertir ; l'islam se répandit plus lentement parmi la paysannerie et les dihqans (gentilhommes possédant de la terre). À la fin du Xe siècle, la majorité des persans étaient devenus musulmans. La plupart des musulmans persans étaient alors sunnites. Bien que l'Iran soit connu aujourd'hui comme un bastion du chiisme, il n'en était pas ainsi jusqu'au XVe siècle. Dans cette nouvelle secte de l'islam, les chiites ont projeté beaucoup de leurs valeurs morales et éthiques, antérieures à l'islam, dans la religion, tout en reconnaissant le beau-fils de Mahomet, Ali, comme un symbole de justice durable.

Pendant le règne de la dynastie omeyyade, les envahisseurs arabes ont imposé l'arabe comme première langue de leurs sujets dans tout leur empire, remplacant les langues autochtones. Cependant, le moyen-persan se montra beaucoup plus endurant. L'essentiel de sa structure et de son vocabulaire a survécu, évoluant jusqu'à devenir la langue perse moderne. Le persan a cependant incorporé à son vocabulaire nombre de mots provenant de l'arabe, surtout dans le domaine de la religion et, dans le même temps, est passé de l'alphabet pahlavi araméen à une version modifiée de l'alphabet arabe[3].

Les héritiers des Sassanides

Plusieurs dynasties musulmanes locales revendiquaient être issues de « Grands Rois » Sassanides [4].

Notes et références

  1. Article "arab conquest" sur http://www.iranica.com
  2. Donner, Fred. The Early Islamic Conquests, 1981, ISBN 1597402001
  3. The Center for Persian Studies ::
  4. Stokvis, Anthony Marinus Hendrik Johan, préface de H. F. Wijnman, Manuel d'histoire, de généalogie et de chronologie de tous les États du globe, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Israël, 1966 ; Généalogie des Sassanides: « Chapitre VIII, Tableau Généalogique N°3 »

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Bashear, Suliman -- Arabs and Others in Early Islam, Darwin Press, 1997
  • Daniel, Elton -- The History of Iran, Greenwood Press, 2001
  • M. Ismail Marcinkowski, Persian Historiography and Geography: Bertold Spuler on Major Works Produced in Iran, the Caucasus, Central Asia, India and Early Ottoman Turkey, with a foreword by Professor Clifford Edmund Bosworth, member of the British Academy, Singapore: Pustaka Nasional, 2003, ISBN 9971774887.
  • Sicker, Martin -- The Islamic World in Ascendancy: From the Arab Conquests to the Siege of Vienna, Praeger, 2000
  • Zarrin’kub, Abd al-Husayn -- Ruzgaran : tarikh-i Iran az aghz ta saqut saltnat Pahlvi, Sukhan, 1999. ISBN 964-6961-11-8
  • Portail de l’Iran Portail de l’Iran
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