Controverse sur le génocide tibétain

Controverse sur le génocide tibétain
Le « Tibet historique » revendiqué par Dharamsala recouvre la Région autonome du Tibet, le Qinghai, les deux préfectures autonomes tibétaines et le comté autonome tibétain du Sichuan, la préfecture autonome tibétaine et le comté autonome tibétain du Gansu et la préfecture autonome tibétaine du Yunnan [1].

La Commission internationale de juristes (CIJ), dans son rapport préliminaire de 1959, évoque la présomption d’un génocide au Tibet[2]. La CIJ constitua un comité d’enquête juridique sur le Tibet qui conclut en 1960 qu’il existait suffisamment de preuves pour accuser la Chine d’une tentative de détruire les Tibétains en tant que groupe religieux, un acte entrant dans la définition du génocide indépendamment de toute obligation conventionnelle. La CIJ n'a pas trouvé suffisamment de preuves de la destruction des Tibétains en tant que race, nation ou groupe ethnique par des méthodes susceptibles d'être considérées comme relevant du génocide selon le droit international[3]. La CIJ a confirmé ses conclusions dans son rapport de 1997.

Le génocide tibétain n'est cependant pas homologué, selon Bruno Etienne[4]. Si, selon Armeline Dimier, il est bien avéré selon les critères de droit international, il n'est cependant pas reconnu par la majorité des États de la communauté internationale[5]. Sa réalité est en outre contestée par le gouvernement de la région autonome du Tibet[6]. Enfin, l'indépendance et l'objectivité de la CIJ à cette époque ont été remises en question par des révélations sur sa création et son financement[7].

Au Tibet, en 1962 dans un rapport adressé au premier ministre chinois Zhou Enlai, le 10e panchen-lama dénonça un grand nombre de décès en prison et du fait de la famine au Tibet, un rapport soutenant, selon le Tibet Information Network, certaines conclusions de la CIJ[8].

Selon Barry Sautman, les trois régions censées avoir été visitées par le panchen-lama se trouvent dans la préfecture de Haidong, une zone de la province du Qinghai dont la population est à 90 % non tibétaine et ne relève pas du Tibet « culturel »[9].

En 1984, le Gouvernement tibétain en exil déclara que, depuis 1951, plus de 1,2 million de Tibétains avaient péri en raison de l'invasion de leur nation. Il était parvenu à ce chiffre après des années d'analyses de documents, de déclarations de réfugiés, et les conclusions de délégations exilées envoyées au Tibet de 1979 à 1983[10],[11]

D'autres personnalités réfutent le chiffre de 1,2 million de morts mais indiquent des estimations significatives. Ainsi l'historien et journaliste anglais Patrick French reprenant les études de l'historien et animateur de Radio Free Asia Warren W. Smith Jr, considère qu'environ « 500 000 Tibétains sont directement morts à cause de la politique appliquée au Tibet par la République populaire de Chine»[12].

Selon Robert Barnett, le démographe chinois Yan Hao[13] donne ses propres estimations[14] en mentionnant un « nombre de Tibétains manquant entre 768 000 et 152 000 »[15]. En fait, Yan Hao dit avoir calculé ces deux chiffres aussi divergents pour montrer qu'il est impossible d'arriver à déterminer de façon plausible, à partir des estimations aussi peu fiables de 1953 et 1964, le nombre de Tibétains censés être disparus.

Enfin, des statistiques officielles de la Chine montrent que la population tibétaine dans le « Tibet historique » a en apparence subi une baisse de 274 000 individus entre les évaluations de 1953 et de 1964[16]. Mais l'évaluation de 1953 étant obtenue en intégrant le chiffre très approximatif de 1 000 000 Tibétains au Tibet proprement dit (excluant le Qamdo) avancé par le gouvernement local, la comparaison avec l'évaluation de 1964 est donc défectueuse[17],[18].

Un certain nombre d'universitaires et d'observateurs s'interrogent sur la véracité des chiffres fournis ou rejettent l'allégation même de génocide.

Ainsi l'estimation de 1,2 million de morts est récusée par un démographe chinois, Yan Hao, qui démontre que les évaluations données par le gouvernement tibétain en exil reposent en partie sur des sources fabriquées[19] et sont obtenues selon une méthodologie défectueuse[20].

De même, le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon fait remarquer que la population tibétaine a plus que doublé depuis les années 1950[21].

Sommaire

Définition du terme « génocide »

Article détaillé : Génocide.

Le génocide a été juridiquement redéfini dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l'assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1948. La Convention définit précisément à quoi correspond le crime de génocide dans son article 2[22] :

« Dans la présente Convention, le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

a) Meurtre de membres du groupe;

b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;

c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;

d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;

e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe. »

Par ailleurs l'article 6 du statut de la Cour pénale internationale définit le crime de génocide. Elle précise qu'il s'agit d'un crime se distinguant par :

  • l'intention d'extermination totale ou partielle d'une population[23];
  • la mise en œuvre systématique[réf. nécessaire] (donc planifiée) de cette volonté.

C'est souvent la contestation de l'un de ces éléments qui fait débat pour la reconnaissance officielle d'un crime en tant que génocide.

Les accusations

L'accusation de génocide des Tibétains en tant que groupe religieux de la Commission internationale de juristes (1959, 1960, 1964)

À la suite des événements dramatiques de mars 1959 au Tibet, la Commission internationale de juristes, une ONG ayant un statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l'ONU, chargea un de ses membres, Purshottam Trikamdas, un juriste indien, également avocat à la Cour suprême de l'Inde et Secrétaire général de la Commission indienne de juristes, d'enquêter sous l'angle de la violation des droits de l'homme. Purshottam Trikamdas recruta une équipe d'experts pour recueillir les éléments de preuve. En deux mois, ils rassemblèrent documents et interrogatoires de témoins venant du Tibet, et étudièrent les comptes rendus de presse et de radio, y compris chinois[24].

Ayant pris connaissance du résultat des travaux de l'équipe de Purshottam Trikamdas, la CIJ décida de publier un rapport préliminaire, de le communiquer aux Nations unies, à d'autres institutions internationales, et à des associations juridiques, de constituer un Comité d'enquête juridique sur le Tibet en vue de poursuivre les travaux et de préparer un rapport définitif, d'examiner les pièces du dossier et décider de procédures envisagées par la Convention de 1948 sur le génocide et la charte de l'ONU si la présomption de crime de génocide était établie, et enfin de lancer un appel aux juristes du monde pour qu'ils expriment leur solidarité et soutiennent les efforts de la CIJ pour aider le peuple tibétain dans sa lutte pour la justice et la liberté[24].

Le 5 juin 1959, le rapport préliminaire de la CIJ faisait état d'« une politique systématique d'assassinat, d'emprisonnement et de déportation des opposants au régime », avançant le chiffre de 65 000 personnes victimes d'assassinats de masse et concluant à « une violation délibérée des droits de l'homme ». Elle qualifiait d'« actes constitutifs du crime de génocide » la tentative présumée « de la part des Chinois de détruire le groupe national, ethnique, racial et religieux des Tibétains en tant que tel en tuant des membres de ce groupe et en infligeant des sévices physiques et mentaux à des membres de ce groupe »[25],[26],[27].

Les conclusions de la commission sont immédiatement repoussées par la Chine qui a par ailleurs refusé de délivrer un visa aux membres de la CIJ qui souhaitaient enquêter au Tibet[28].

En 1960, le Comité d'enquête juridique sur le Tibet a présenté un rapport définitif à la CIJ et en août 1960, la CIJ publia un second rapport intitulée « Le Tibet et le peuple de la République de Chine »[29] concluant que des actes de génocide avait été commis au Tibet dans le but de détruire les Tibétains en tant que groupe religieux mais qu'il n'avait pas constaté qu'il y avait des preuve suffisantes de la destruction des Tibétains en tant que race, nation ou groupe ethnique par des méthodes susceptibles d'être considérées comme relevant du génocide selon le droit international. Les indications recueillies ont établi 4 faits principaux en relation avec ce génocide :

  1. Les Chinois n’autorisent pas la croyance et la pratique du bouddhisme au Tibet.
  2. Ils ont systématiquement entrepris d’éradiquer cette foi religieuse du Tibet.
  3. Dans la poursuite de cet objectif, ils ont tué des personnalités religieuses parce que leur foi et leur pratique religieuses étaient un encouragement et un exemple pour d'autres ; et
  4. Ils ont transféré de force un grand nombre d'enfants tibétains dans un milieu matérialiste chinois pour les empêcher de recevoir une éducation religieuse[3].

Un rapport de la CIJ intitulé « Violations continues des droits de l'homme au Tibet » publié en décembre 1964 et fondé sur les comptes rendus de réfugiés tibétains fuyant en Inde, a dévoilé « la continuation de mauvais traitements de nombreux de moines, de lamas, et d'autres personnalités religieuses, ayant pour résultat la mort par la torture excessive, les coups, la famine et le travail forcé… »[30].

L'accusation de génocide physique du gouvernement tibétain en exil en 1984

En 1984, le gouvernement tibétain en exil communique officiellement le chiffre de 1,2 million de Tibétains morts en raison de la présence chinoise, sur une période allant de 1959 à 1979[31].

Les chiffres

Répartition des décès tibétains résultant de «  l'invasion chinoise »,
classée par causes de décès et par régions (1949–79)
(source : Gouvernement tibétain en exil, Bureau du Tibet, Human Rights)
Cause de mortalité (Cause of death) U-Tsang Kham Amdo Total
Prison et camp de travail(Prison and labour camp) 93 477 64 977 14 784 174 138
Éxécution (Execution) 28 267 32 266 96 225 156 758
Combat (Battle) 143 255 240 410 49 042 432 707
Famine (Starvation) 131 253 89 916 121 982 343 151
Torture (Torture) 27 951 48 840 1 5940 92 931
Suicide (Suicide) 3 375 3 952 1 675 9 002
Ensemble (All) 427 478 480 261 299 648 1 278 387

Les aires concernées

Les entités administratives autonomes tibétaines de la République populaire de Chine, en jaune sur la carte.

Pour le gouvernement chinois, le « Tibet » correspond à la région autonome du Tibet, région qui est dénommée « Tibet central » par la diaspora tibétaine. Le Tibet, pour celle-ci, correspond au « Tibet historique », qui comprend les subdivisions administratives autonomes tibétaines de la République populaire de Chine dont la région autonome du Tibet, la province du Qinghai, les deux préfectures autonomes tibétaines et le comté autonome tibétain de la province du Sichuan, la préfecture autonome tibétaine et le comté autonome tibétain de la province du Gansu et la préfecture autonome tibétaine de la province du Yunnan[32]. La région du Tibet dont parlent les Tibétains exilés est donc deux fois plus grande (2 500 000 km2) que la région autonome (1 221 600 km2). Elle a quasiment la même surface que ce qu'on appelle le Grand Tibet[33].

Un génocide physique ?

Autres chiffres présentés

Il existe plusieurs estimations du nombre de morts et ce pendant des périodes différentes :

  • Patrick French reprenant les études de l'historien Warren W. Smith Jr, considère qu'environ « 500 000 Tibétains sont directement morts à cause de la politique appliquée au Tibet par la République populaire de Chine»[12]. Mais il n'indique pas la répartition de ces décès.
  • Selon Robert Barnett, le démographe chinois Yan Hao donne ses propres estimations[34] en mentionnant un « nombre de Tibétains manquant entre 768 000 [1964] et 152 000 [1953] »[15]. En fait, Yan Hao dit avoir calculé ces deux chiffres aussi divergents pour montrer qu'il est impossible d'arriver à déterminer de façon plausible, à partir des estimations aussi peu fiables de 1953 et 1964, le nombre de Tibétains censés être disparus[35].

Origine et fiabilité des chiffres

Le gouvernement tibétain en exil inclut dans les décès de cause non naturelle à la fois ceux qui ont été tués lors des combats et révoltes et ceux qui sont morts de famine, par suicide ou au cours de leur emprisonnement[36].

À propos de l'enquête menée par le gouvernement de Dharamsala sur le nombre et la répartition des décès de Tibétains, Patrick French reconnaît qu'elle « était inutilisable d'un point de vue statistique et très loin de satisfaire aux exigences occidentales en la matière »[37].

Pour l'ensemble de la Chine, les victimes du Grand Bond en avant (1958 -1962) sont estimées par le sinologue John Fairbank à entre 20 à 30 millions de morts imputables à la famine et à la malnutrition. Au moins 15 millions de morts précise quant à elle Marie-Claire Bergère[38]. D'autres évoquent 38 millions de morts[39]. En milieu rural, la famine a provoqué la mort de 18 à 23 millions de personnes[citation nécessaire][40],[41].

Pour tenter de cacher « le désastre économique et humain que fut le Grand Bond en avant », le gouvernement chinois ne publia pas de statistique pendant plus de dix ans. C'est pourquoi des chiffres précis sont impossibles à établir. Selon Robert Barnett, les preuves sont présentées par les récits individuels[15],[42].

Évolution démographique de la population tibétaine

L'évolution démographique tibétaine entre 1953 et 2000 (les chiffres de 1953 sont très approximatifs)[17],[18]

Évolution selon le gouvernement chinois

Selon le gouvernement chinois, avant la « libération pacifique » du Tibet en 1951, les autorités locales du Tibet ne possédaient pas de documents démographiques précis. Ainsi, lors du premier recensement national de 1953, les autorités locales du Tibet, ont déclaré au gouvernement central que la population du Tibet était de 1 million de personnes[43].

On donne parfois le chiffre de 1 273 964 personnes d'ethnie tibétaine dans la RAT en 1953. Mais la RAT n'existait pas encore et ce chiffre a été obtenu ultérieurement en combinant l'estimation de 1 000 000 Tibétains au Tibet proprement dit et celle de 273 964 Tibétains au Qamdo, fournies par le gouvernement local du Tibet. Hors RAT (c'est-à-dire les anciennes provinces orientales du Kham et de l'Amdo), le recensement des habitants d'ethnie tibétaine donnait 1 486 955 personnes. Au recensement de 1964, les chiffres étaient respectivement de 1 208 663 (en RAT) et de 1 307 068 (hors RAT). Mais encore une fois le chiffre en RAT était une estimation : il n'y a eu de vrais recensements dans l'actuelle RAT qu'après l'établissement de la RAT en 1965. En 1982, les chiffres étaient 1 764 600 et 2 085 379. En 1990 : 2 096 346 et 2 477 502. En 2000 : 2 427 108 et 2 818 179. Au mini-recensement de 2005 : 2 770 000 pour la RAT (chiffre hors RAT non disponible)[44].

En 2002, les régions à population tibétaine hors RAT accueillaient plus de 50 % des Tibétains[15].

Entre 1953 et 2000, la population d'ethnie tibétaine en Chine a doublé, passant de 2 775 000 à 5 416 021, comme elle a aussi, selon la Chine, doublé dans la seule région autonome du Tibet, passant de 1 273 964 à 2 427 168[45],[46].

En 2000, le nombre de personnes d'ethnie tibétaine dans l'ensemble des régions du « Tibet historique » était d'environ 5 400 000 selon Bureau d'État des Statistiques de Chine[47].

Évolution selon le gouvernement tibétain en exil

Le gouvernement tibétain en exil à Dharamsala en Inde donne une estimation, proche de ce chiffre, de 6 millions de Tibétains vivant actuellement au « Tibet historique ». En 1996, un rapport du gouvernement tibétain en exil (Human Rights, Office of Tibet, 1996) affirmait que la population du Tibet (historique) était d'au moins 6 millions à la fin de l'année 1949. Pour justifier ce chiffre, il citait un rapport officiel chinois publié dans le Quotidien du peuple du 10 novembre 1959, malgré la décennie de différence entre 1949 et 1959. Selon ce prétendu rapport chinois, qui citait le Bureau chinois des statistiques, la RAT comptait 1 273 969 habitants en novembre 1959. Les zones tibétaines du Kham (alors appelé Xikang par la Chine) comptaient 3 381 064 Tibétains. Dans le Qinghai et dans d'autres zones tibétaines incorporées dans le Gansu, les Tibétains étaient au nombre de 1 675 534. Au total, la population tibétaine se montait à 6 330 567. Or, la RAT n'existait pas encore en 1959 et le Xikang avait été aboli en 1956. De plus, le gouvernement chinois ne publiait pas, à l'époque, de statistiques annuelles sur la population et surtout de répartition détaillée par région et par ethnie. Après enquête, le démographe Yan Hao conclut à un faux, notant que dans les années 1990 des sources du GTE donnent encore ce chiffre de 6 millions (lequel ne lui paraît plausible qu'en prenant en compte tous les Tibétains dans le monde)[48].

Evolution de la population de la RAT (en millions) (source : Cent questions sur le Tibet, publié en 2001 par le gouvernement chinois, cité dans Quelle solution politique pour le Tibet ?)
Année Population totale dont Tibétains  % de Tibétains
1953 1 000 000
1964 1 250 000 1 209 000 96,72
1982 1 892 000 1 786 000 94,40
1990 2 196 000 2 096 000 95,45
2000 2 616 000 2 411 000 92,16

Explications à la baisse démographique présumée entre 1953 et 1964

La population de l'ethnie tibétaine a subi en apparence une baisse entre les recensements nationaux de 1953 et de 1964 (de 2 775 000 à 2 501 000, soit 274 000), comme l'indiquent les chiffres de source officielle[17],[18]. Selon la même source, les deux chiffres sont des estimations et aucun recensement réel n'a eu lieu dans l'actuelle Région autonome du Tibet avant sa création en 1965. Le chiffre de 1953 incorpore notamment l'estimation de 1 000 000 Tibétains au Tibet proprement dit fournie par le gouvernement tibétain. Le démographe Yan Hao estime que les deux chiffres sont peu fiables et que par conséquent il est difficile d'en tirer une quelconque interprétation[49].

D'autres explications ont pourtant été proposés pour cette diminution apparente. Le géographe Michael Freeberne rapporte en 1966 ce qu'il appelle « l'explication officielle doctrinaire », qui met en avant les contraintes afférentes à la condition des serfs et des esclaves de l'époque: corvées pour les seigneurs, entraves au mariage et à la procréation, maladies de type épidémique, retour des mères au travail après l'accouchement[50]. Le politologue australien[51] Colin P. Mackerras, pour sa part, mentionne les facteurs suivants : le bilan des révoltes des années 1950 et de l'insurrection de 1959, la famine de la fin des années 1950 et du début des années 1960 (principalement en dehors de la future RAT), ainsi qu'un déclin continu dû à des facteurs similaires à ceux déjà attribués à la période d'avant 1950 (le nombre élevé des mâles dans les ordres monastiques, la polyandrie, les maladies vénériennes (très répandues), la mortalité infantile élevée, les fréquentes épidémies de petite vérole, le goître endémique (en certains endroits), la dégradation des milieux naturels, le style de vie violent des gens du Kham (dans les années 1930-1940)), en plus de l'émigration dans les années 1950 et suivantes[52]. Elisabeth Allès remarque que s'il tente une mise en perspective, le professeur Mackerras formule parfois un satisfecit au pouvoir politique chinois[53].

Laurent Deshayes, docteur en histoire et spécialiste du Tibet[54] indique que des « groupes ethniques ont pratiquement disparu ». Ainsi les Ngologs qui étaient 120 000 en 1957 et vivaient dans le Kham oriental et l'Amdo n'étaient plus que 4 200 en 1975[55].

Les avis

Points de vue de représentants indiens autour de la résolution de l'ONU

Dans sa lettre au Secrétaire général de l'ONU datée du 9 septembre 1959, le dalaï-lama se réfère à l'appel du Tibet de 1950, et dénonce les crimes contre l'humanité auxquels le peuple du Tibet est soumis et en appelle à une action de l'ONU[56]

Dans sa lettre au Secrétaire général de l'ONU datée du 29 septembre 1960, le dalaï-lama attire l'attention sur le second rapport de la Commission internationale de juristes concluant, inter alia, que les autorités chinoises s'étaient rendues coupable de génocide selon la Convention sur le génocide, confiant que l'ONU examinerait les faits sur lesquels la conclusion se base et prendrait des mesures[57]

Lors des débats à l'ONU ayant mené à la résolution de 1965, le représentant indien déclara « La vérité toute nue, que nous devons tous regarder en face, c'est que le gouvernement chinois est déterminé à faire disparaître le peuple tibétain »[58].

Selon Bhaskar Vyas et Rajni Vyas (2007), « il existait un espoir que la Chine, après la résolution de l'ONU de 1965 et la confirmation internationale du génocide », se conformerait sous l'effet de la honte au moins à l'accord en 17 points, dans un esprit réaliste et appliquerait une autonomie authentique. Ils ajoutent que même si les résolutions de l'ONU ne changèrent rien dans les faits, la Chine prit conscience qu'elle devait s'occuper de cette question[59].

La pétition en 70 000 caractères du 10e panchen-lama (1962)

Le 10e Panchen Lama président du comité préparatoire pour l'établissement de la Région autonome du Tibet[60] et vice-président du Congrès national du Peuple visita plusieurs régions chinoises, « partout il ne vit que misère et désolation ». En 1962, il rencontra des occidentaux à Lhassa[61], la capitale de l'actuelle Région autonome du Tibet. Il leur confia son désir d'« accomplir son devoir révolutionnaire envers le peuple » et de « vivre la vie d'un bon bouddhiste ». Le panchen-lama rejoignit Pékin sur l'ordre de Mao. Pendant ce voyage, des foules de Tibétains l'implorèrent de « mettre fin à leurs souffrances et aux privations endurées ». À Pékin il demanda directement au Grand Timonier de « faire cesser les exactions commises à l'encontre du peuple tibétain, à augmenter les rations alimentaires, à faire donner des soins aux personnes âgées et aux infirmes et à respecter la liberté religieuse ». Mao l'écouta poliment mais aucune mesure ne fut prise[62].

Ainsi en 1962 dans un rapport, connu sous le nom de la Pétition en 70 000 caractères, adressé au premier ministre chinois Zhou Enlai, le Panchen Lama écrivait :

« Nous n'avons aucun moyen de savoir combien de personnes ont été arrêtées. Dans chaque région, il y a eu au moins 10 000 arrestations. Bons et méchants, innocents et coupables, tous ont été emprisonnés, en contradiction avec tout système légal au monde. Dans certaines régions, la plupart des hommes ont été emprisonnés, si bien qu'il ne reste que les femmes, les personnes âgées et les enfants pour travailler. »

« On a même ordonné de tuer des membres des familles rebelles… Les fonctionnaires mirent délibérément les gens en prison dans des conditions draconiennes, si bien qu'il y eut un grand nombre de morts injustifiables… »

« Vous devez avant tout garantir que le peuple ne mourra pas de faim. Dans de nombreuses régions du Tibet, les habitants sont morts de faim. Des familles entières ont péri et le taux de mortalité est extrêmement élevé. C'est inacceptable, terrible et grave. Le Tibet vivait autrefois un âge obscur de féodalisme barbare, mais il n'y a jamais eu de telles pénuries de nourriture, notamment après l'essor du bouddhisme. Dans les régions tibétaines, les masses vivent actuellement dans une telle pauvreté que les personnes âgées et les enfants meurent de faim, ou bien sont si affaiblis qu'ils ne peuvent résister aux maladies et meurent. Jamais rien de tel n'a eu lieu auparavant dans toute l'histoire du Tibet. Personne ne peut imaginer des famines aussi terribles, pas même dans un cauchemar. Dans certaines régions, si quelqu'un attrape un refroidissement, il contamine inévitablement des centaines de personnes et la plupart en meurent… »

Dans son discours devant le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, le Panchem-lama estimait le nombre de morts dans les prisons de la région de l' Amdo à 5 % de la population totale. Ces interventions entraînèrent sa disgrâce puis son emprisonnement.

Après sa réhabilitation il déclara en 1987 que sa pétition avait sous-estimé le niveau de calamités subies par le Tibet. Dans celle-ci il avait indiqué un pourcentage de 5 % d'emprisonnement dans la région de l'Amdo. Or il estimait en réalité ce pourcentage entre 10 % et 15 % :

« Je n'avais pas eu le courage de citer un tel chiffre. Je serais mort sous le thamzing si je l'avais fait »[63].

Avis de Dorothy Stein

Dans son livre People Who Count (1995), Dorothy Stein indique comment les nationalistes tibétains obtiennent le nombre de morts dont les Chinois sont rendus responsables : il s'agit de chiffres publiés par le Bureau de l'information du Secrétariat central tibétain en Inde. Ils se décomposent en 92731 morts sous la torture, 432705 morts lors de batailles et de soulèvements, 156758 exécutés, 342970 morts de faim, 9002 qui se sont suicidés, 173221 morts en prison et en camp de travail. Une lettre envoyée par Jampel Senge au journal Tibetan Review', la revue « indépendantiste des émigrés » (Barry Sautman)[64],et publiée en avril 1989, précise que « le recensement qui a livré le chiffre de 1,2 million de victimes a été mené par le Gouvernement tibétain en exil en faisant appel à des exilés tibétains qui sont allés voir des parents ou à de nouveaux arrivants »[65].

Avis de Bernard Kouchner (1993)

En 1993, dans la préface de l'ouvrage collectif Tibet, l'envers du décor, Bernard Kouchner indique qu'avec la Chine, « qui offre ses marchés, on a préféré le commerce aux Droits de l'homme ». Il indique plus d'un million de morts Tibétains entre 1950 et 1980[66]. De même Kouchner évoque les contrôles de naissance « avortement même au neuvième mois, stérilisation massive des femmes et aussi des jeunes filles, infanticides en nombre. » Bernard Kouchner précise que les Chinois « s’efforcent de détruire la religion, les institutions, la culture et les coutumes » du peuple tibétain[67]. En 2008 Bernard Kouchner alors ministre des affaires étrangère indique « Penser que la politique étrangère se résume à une attitude stricte de suivi des droits de l'Homme, c'est une illusion »[68].

La proposition de résolution soumise au Sénat belge (1995)

En 1995, une « Proposition de résolution relative à la journée commémorative du génocide perpétré par l'Allemagne nazie » a été présentée devant le Sénat belge, donnant lieu à des propositions d'amendements évoquant un génocide perpétré « par les communistes chinois contre les Tibétains » et en particulier le « transport manu militari » (déportation) d'enfants tibétains en Chine pendant la décennie 1950-1960 : « Dès 1951 déjà, des enfants furent transportés manu militari en Chine pour y être « rééduqués ». Dans le « Kham […] 84 enfants âgés de moins d'un an furent déportés. Quinze parents qui protestaient furent noyés dans une rivière par les militaires chinois »[69].

Avis des auteurs du Livre noir du communisme (1997)

Selon Le Livre noir du communisme, les communistes chinois ont perpétré un génocide culturel à l’encontre des Tibétains. Jean-Louis Margolin déclare que les meurtres furent proportionnellement plus importants au Tibet qu’en Chine intérieure, et que « l'on peut légitimement parler de massacres génocidaires en raison des nombres impliqués »[70]. Le Livre noir du communisme cite le dalaï lama et le gouvernement tibétain en exil : « Les Tibétains n’ont pas seulement été fusillés, mais ils ont aussi été battus à mort, crucifiés, brûlés vif, noyés, mutilés, affamés, étranglés, pendus, ébouillantés vifs, enterrés vivants, écartelés ou décapités »[70],[71].

Le rapport soumis à la Commission des droits de l'homme de l'ONU (1999)

Article détaillé : Contrôle des naissances au Tibet.

En 1999, la commission des Droits de l'homme de l'ONU[72] examine un rapport sur les cas de stérilisations forcées au Tibet et la colonisation du Tibet présenté par la Ligue internationale des droits de l'homme et citant la Commission internationale de juristes, le Réseau d'information du Tibet, le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie, le gouvernement tibétain en exil :

« Régulation forcée des naissances. Bien que la Chine ait ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la violence d'État à l'encontre des femmes est chose courante. L'article 16 de la Convention reconnaît aux femmes le droit de décider du nombre et de l'espacement des naissances et interdit la stérilisation et l'avortement obligatoires. Dans la pratique, des mesures rigoureuses de contrôle des naissances sont imposées au Tibet par la force et la contrainte. On continue à recevoir des informations faisant état de campagnes d'avortement et de stérilisation forcés dans les villages, ou même en ville, par exemple dans le quartier de Chushur à Lhasa, où 308 femmes ont été stérilisées en un mois vers la fin de 1996. Des réfugiés parvenus en Inde et au Népal signalent aussi des mesures coercitives, y compris le refus de délivrer une carte d'enregistrement et d'accorder diverses prestations sociales pour les nouveau-nés au-delà du nombre fixe d'enfants, ainsi que la perte de l'emploi ou de lourdes amendes si une femme ne consent pas à se faire avorter ou stériliser. La Chine transfère dans le même temps des millions de colons chinois au Tibet, ce qui amène à s'interroger sérieusement sur d'éventuelles violations de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide ».

Avis de l'historien et écrivain Patrick French (2003)

Patrick French affirme que l'historien Warren W. Smith Jr qui a étudié les déficits de croissance de la population a écrit que les statistiques chinoises « confirment les thèses tibétaines d'un nombre massif de morts et réfutent les dénégations chinoises ». Selon ses estimations plus de 200 000 Tibétains « manqueraient » à la population de la Région autonome du Tibet. Le nombre de morts tibétains semble aussi élevé dans les régions du Gansu, du Sichuan et du Qinghai, trois régions où les taux de mortalité au début des années 1960 sont élevés et vérifiables. Si cela est exact, on peut estimer qu'environ un demi-million de Tibétains sont directement morts en raison de la politique appliquée au Tibet par la République populaire de Chine[73].

Patrick French reprenant les études de Warren W. Smith Jr, considère qu'environ « 500 000 Tibétains sont directement morts à cause de la politique appliquée au Tibet par la République populaire de Chine»[74]. Concernant la famine dans les régions du Tibet et en Chine, Patrick French indique qu'il n'existe pas de statistiques pour le centre Tibet mais il affirme que :

« la sauvagerie qui présida à la répression de la révolte contre le pouvoir chinois ne permet pas de savoir si les morts ont été provoquées par la faim, par la maladie, par la guerre ou par les persécutions ».

Par contre des statistiques existent pour les 3 autres provinces chinoises partiellement tibétaines. Ainsi si pendant la période 1959 - 1962 (comparé aux données des années 1956 - 1958) le taux global de mortalité augmenta de 115 % celui des 3 provinces augmenta en moyenne de 233 %[12].

La plainte pour génocide du Comite de Apoyo al Tibet (Madrid) (2006)

Jiang Zemin en 2001.
Liang Guanglie en 2007.

Suite au dépot d'une plainte par le Comite de Apoyo al Tibet, la Casa del Tibet et Thubten Wangchen[75], le 11 janvier 2006, la Cour suprême d'Espagne a annoncé qu'elle allait instruire une enquête concernant l'implication de sept anciens dirigeants chinois, entre autres l'ancien président Jiang Zemin et l'ancien Premier ministre Li Peng, dans un génocide au Tibet[76]. Cette instruction est la conséquence d'un arrêté de la Cour constitutionnelle espagnole du 26 décembre 2005 qui autorise le traitement des plaintes pour génocides, même si elles n'impliquent pas de nationaux espagnols[77]. Dans le cadre de cette procédure, Tenzin Tsundue, poète, militant, ancien prisonnier politique tibétain témoigna le 3 juillet 2006 au Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, en Angleterre[78]. Les témoignages de Palden Gyatso, Takna Jigme Sangpo, Rinzin Choenyi et de nonnes de Drapchi ont également été transmis[79].

Après les troubles au Tibet en mars 2008, une plainte visant sept responsables politiques et militaires chinois a été déposée le 9 juillet 2008 par le Comite de Apoyo al Tibet (CAT) à Madrid devant la justice espagnole qui s'est déclarée compétente le 5 août. Sont notamment concernés, l'actuel ministre chinois de la défense nationale, Liang Guanglie, et le chef du Parti communiste chinois au Tibet, Zhang Qingli [80]. Elle vise aussi Wang Lequan – membre du Politburo à Pékin –, Li Dezhu – chef de la Commission nationale des Affaires ethniques –, le général Tong Guishan – commandant de l’Armée populaire de libération à Lhassa – et le général Zhang Guihua[81] Les plaignants accusent les autorités chinoises « de crimes contre l'humanité par élimination systématique et généralisée de Tibétains, de blessures graves, tortures et disparitions forcées »[82].

Le 5 mai 2009, le juge d'instruction Santiago Pedraz a annoncé son intention d'interroger huit hauts dirigeants chinois en qualité de « mis en examen », donc de suspects, et non comme témoins. Les interrogatoires seront par la suite remis à l'Audience nationale espagnole qui s’est spécialisée dans les enquêtes sur les crimes de masse commis dans le monde[83].

Suite à des pressions émanant d'Israël, de Chine et des États-Unis[84], le 19 mai 2009, le Sénat espagnol a limité la loi de compétence universelle, celle-ci ne devant plus s'appliquer qu'à des plaignants de nationalité espagnole ou à des suspects présents sur le territoire de l'Espagne[85].

En septembre 2010, le CAT, le Comite de Apoyo al Tibet, la Casa del Tibet et Thubten Wangchen saisissent la cour n° 2 de l'Audiencia Nacional enquêtant sur le génocide et autres crimes commis au Tibet[86].

Avis du journaliste et écrivain Thomas Laird (2007)

Selon le journaliste Thomas Laird, au delà de la controverse sur le bilan humain, il ne fait aucun doute que les Tibétains ont payé un prix très lourd à l’invasion chinoise du Tibet[87],[88].

Avis d'un spécialiste des génocides Adam Jones (2010)

Adam Jones, un spécialiste des génocides, affirme que des meurtres de masses se sont produits, comme la mort d’environ 92 000 morts après le soulèvement tibétain de 1959, qui pourrait être considéré comme un génocide[89].

Critiques, réfutations et/ou questions

Le gouvernement chinois dément qu'il y ait eu un génocide physique[87] et divers chercheurs et universitaires ont publié des critiques et réfutations. La première contestation en Occident du nombre de morts provient de l'historien américain et spécialiste de la Chine et du Tibet, Tom Grunfeld, en 1996. Selon ce dernier, le chiffre du gouvernement tibétain en exil de 1,2 million de morts n'est pas corroboré par des documents justificatifs[90].

L'indépendance et l'objectivité de la CIJ remises en question

Les rapports de 1959 et 1960 de la CIJ remontent à une époque où cette dernière était financée par la CIA[91] : il fut révélé, en 1967, que la Commission avait été créée à l'instigation de juristes américains dépendant du Conseil des relations étrangères et qu'elle avait été financée par la CIA de 1952 à 1967. Dans un livre publié en 1994, The International Commission of Jurists, Global Advocates for Human Rights[92], Howard B. Tolley Jr. a expliqué comment la formation de la CIJ avait été financée par la CIA en tant qu'instrument de la guerre froide (et ce à l'insu de la majorité de ses responsables et membres[7]) du moins jusqu'en 1967.

Le lien entre la CIA et la CIJ à ses débuts est signalé par Dorothy Stein dans son livre People Who Count. Population and Politics, Women and Children, paru en 1995. Elle accuse la Commission d'être issu d'une officine créée par des agents du renseignement américain à des fins de propagande anticommuniste et d'avoir reçu des fonds de la CIA, ajoutant qu'il est notoire que cette dernière n'est pas une organisation humanitaire ni n'est intéressée à la manifestation de la vérité. A son avis, le rapport de 1960 du Comité d'enquête juridique (Legal Inquiry Committee ou LIC) de la CIJ, se caractérise par un part-pris très marqué dans l'acceptation ou le rejet des témoignages cités[93].

Le même auteur fait remarquer que les accusations de génocide de ressortissants tibétains ont commencé bien avant la promulgation de toute politique restrictive de contrôle des naissances. Dès juillet 1959, ajoute-t-elle, un rapport publié par le Comité d'enquête juridique de la CIJ, notait que la croyance selon laquelle un grand nombre de Tibétains avaient été stérilisés par les Chinois étant très répandue. Le LIC ne trouva aucun élément de preuve permettant de corroborer ces allégations, mais celles-ci sont depuis acceptées comme allant de soi par toute une série de sources nationalistes et pro-nationalistes, dont la CIJ, l'organisation mère de la LIC[94].

L'historien et spécialiste du Tibet A. Tom Grunfeld jette quelque lumière, dans son livre The Making of Modern Tibet, sur la cheville ouvrière du Comité d'enquête juridique, Purshottam Trikamdas. Cet avocat de haut rang auprès de la Cour suprême de l'Inde était l'ancien dirigeant du parti socialiste Praja (en), parti politique d'opposition qui, en dépit de son nom, entretenait des liens avec des organisations internationales anticommunistes comme le Congrès pour la liberté de la culture. En avril 1960, alors que le LIC mettait la dernière main à son rapport, Trikamdas participa à la « Conférence afro-asiatique sur le Tibet et contre le colonialisme en Asie [et en Afrique[95]]», où il fit une intervention ouvertement anti-chinoise. La presse indienne décrivit la réunion comme visant à demander la libération du Tibet de la tutelle chinoise. Une fois le rapport publié, Trikandas jugea normal de violer les normes éthiques juridiques en défendant publiquement la cause du dalaï-lama et en donnant une version tendancieuse des conclusions du LIC lors d'une conférence de presse, ou en écrivant des pamphlets anticommunistes.

Tom Grunfeld remet en cause les méthodes et conclusions du LIC. Il affirme que rien dans le rapport n'indique qu'une prétendue « contre-enquête rigoureuse » ait eu lieu : tous les témoignages semblent avoir été pris pour argent comptant. Un journaliste présent aux séances conduites par le LIC rapporte qu'on ne mit en doute aucun témoignage. Rien ne suggère, ajoute Grunfeld, que le Comité ait été conscient des interrogations que suscitent les témoignages humains ni même que l'on se soit préoccupé du point de vue des Chinois. Si le Comité a demandé à la Chine la permission de se rendre au Tibet pour enquêter et s'est plaint d'essuyer un refus, il n'a pas essayé, cependant, de se mettre en rapport avec les quelque 70 journalistes qui s'étaient rendu au Tibet dans les années 1950. Pour Grunfeld, les informations chinoises sur les soins médicaux donnés aux Tibétains ont été écartées au profit d'allégations de malveillance de la part de la Chine émises par des réfugiés n'ayant aucune connaissance médicale[96].

Critiques faites au rapport du 10e panchen-lama

Le 10e panchen-lama rencontra le Premier ministre Zhou Enlai et évoqua avec lui son rapport remis le 18 mai. La réaction initiale fut positive, Zhou Enlai convoqua les responsables des territoires tibétains à Pékin. Puis Mao qui passait l'été à Beidaihe intervint. Il décréta que la pétition du panchen-lama était « une flèche empoisonnée » tirée sur le parti par « un seigneur féodal réactionnaire ». C'est ainsi que le 10e panchen-lama subit d'abord des séances de rééducation puis fut emprisonné. Il devait être réhabilité plus tard, après la purge de la Bande des quatre[97].

Selon Barry Sautman, professeur associé en sciences sociales à l'université de science et de technologie de Hong Kong, le 10e panchen-lama est censé avoir visité trois régions du Tibet avant la rédaction de ce rapport : Ping'an, Hualong et Xunhua, et sa description d'une famine ne concerne que la région dont il est originaire, Xunhua. Ces trois régions se trouvent dans la préfecture de Haidong, une zone de la province du Qinghai dont la population est à 90 % non tibétaine et ne relève pas du Tibet « culturel ». De plus, un ancien dirigeant de la région autonome du Tibet, Ngapoi Ngawang Jigmé, conteste le fait que le panchen-lama ait visité une quelconque zone tibétaine avant son rapport[9]. Le professeur Sautman ajoute que le rapport du panchen-lama repose non pas sur des statistiques recueillies dans les zones tibétaines mais sur des récits anonymes de réfugiés ne comportant pas de données numériques[98].

Avis de l'historien et écrivain Patrick French

Plus récemment, l'historien et écrivain anglais Patrick French, président démissionnaire du mouvement Free Tibet Campaign [99] et partisan de la « cause tibétaine », avait été autorisé à consulter les données brutes du gouvernement tibétain en exil et à vérifier leur traitement : il constata que celles-ci, obtenues à partir du témoignage de réfugiés, ne permettaient pas d'obtenir le chiffre total annoncé. En lieu et place de noms, French ne trouva que « des chiffres insérés de façon apparemment aléatoire dans chaque rubrique et dupliqués de façon systématique, incontrôlée » (par exemple, un même affrontement armé, relaté par cinq réfugiés différents, se retrouvait comptabilisé cinq fois). De plus, il s'aperçut que sur les 1,1 million de morts comptabilisés, il n'y avait que 23 364 femmes, ce qui impliquait la disparition de 1,07 million des 1,25 million de Tibétains du sexe masculin[37],[100], [101].

Avis du journaliste Charles Ealy

Dans un article d’octobre 1997, le journaliste américain Charles Ealy met en doute le chiffre, repris dans le film Sept ans au Tibet, de plus de 1,2 million de Tibétains tués depuis l'invasion chinoise. Il s'agit d'une estimation fournie par le dalaï-lama mais, fait-il remarquer, il n'y a guère de documents permettant d'en établir l'exactitude[102].

Position du journaliste Pierre-Antoine Donnet

Dans son ouvrage Tibet mort ou vif publié en 1990, le journaliste Pierre-Antoine Donnet écrit « En l'absence de chiffres vérifiables, il semble évident pour un observateur étranger que des centaines de milliers de Tibétains ont disparu, victimes de mort non naturelle, pendant la Révolution culturelle.  »[103].

En 1991, lors d'une conférence organisée à l'occasion de l'année du Tibet, Pierre-Antoine Donnet déclare ne pas être « en mesure de répondre à la question » de « savoir si oui ou non un génocide a eu lieu au Tibet », car « le gouvernement de la Chine populaire n'a jamais donné de statistiques bien qu'il démente formellement et en bloc tous ces chiffres tibétains » »[104].

Avis du politologue et historien Michael Parenti

Partant du recensement officiel de 1953 mettant à 1 274 000 le chiffre total de la population résidant au Tibet, le politologue et historien américan Michael Parenti s'interroge, quant à lui, sur la vraisemblance de l'accusation de génocide :

« Si les Chinois avaient tué 1,2 million de personnes au début des années 1960, la presque totalité du Tibet aurait été dépeuplée, transformée en zone de tir parsemée de camps d'extermination et de fosses communes, ce dont il n'y a aucune trace. Les maigres forces chinoises éparpillées à la surface du Tibet n'auraient pas pu regrouper, traquer et exterminer autant de gens même en y passant la totalité de leur temps »[105].

Le même auteur déclare qu'il n'est pas parvenu à trouver des indications ni même des calculs montrant que 1,2 million de Tibétains avaient été massacrés. Il y a même des indications du contraire, comme le fait que villages, bourgs et cités sont restés intacts, qu'il n'y a pas de récits de massacres[106].

Avis du démographe Yan Hao

L'évaluation de 1,2 million de morts est récusée également par un démographe chinois, Yan Hao, de la Commission du département de planification d'État à l'Institut de recherche économique à Pékin, lequel démontre que les évaluations données par le gouvernement tibétain en exil reposent en partie sur des sources fabriquées[19].

De même, Yan Hao juge défectueuse la méthodologie employée par le GTE. Il s'étonne que celui-ci puisse parvenir à un nombre de morts exact en analysant des documents alors qu'il a des difficultés à établir le chiffre exact de la population totale du Tibet. Il s'étonne qu'il puisse donner le nombre exact de morts pour chaque région alors qu'il a du mal à établir clairement les limites du grand Tibet et celles de ses provinces. Alors qu'en démographie il est indispensable de disposer d'échantillonnages opérés au hasard pour obtenir des données fiables, comment des enquêtes entièrement à base de témoignages de réfugiés, pourraient-elles donner des résultats objectifs et impartiaux[107]?

Hors génocide, Yan Hao a essayé de calculer

  • ce qu’aurait dû être la population totale tibétaine en 1964 si le taux de croissance annuel avait été de 1,5 % et si l’estimation de 1953 (2,8 millions) était prise comme point de départ ;
  • ce qu’aurait dû être la population totale tibétaine en 1953 si le taux de croissance annuel avait été de 1,5 % et si l’estimation du recensement de 1964 (2,5 millions) était prise comme point de départ.

Il arrive à

  • 3,3 millions en 1964 dans le premier cas de figure, ce qui donne 768 000 Tibétains absents du chiffre du recensement de 1964
  • et à 2,1 millions en 1953 dans le deuxième cas de figure, ce qui implique que l’estimation de 1953 aurait pu être gonflée d'un total de 657 000.

Comme aussi bien le chiffre de 1953 que celui de 1964 ne sont pas fiables, l’auteur estime qu’il est difficile de tirer une quelconque interprétation raisonnable de ces calculs. De plus, l'hypothèse d'un taux de croissance de 1,5 % pendant la période en question est effectivement arbitraire et hardie. Yan Hao dit avoir calculé ces deux chiffres aussi divergents pour montrer qu'il est impossible d'arriver à déterminer de façon plausible, à partir des estimations aussi peu fiables de 1953 et 1964, le nombre de Tibétains censés être disparus. Il est d'avis que l'on ne saurait s'en servir comme preuves démographiques pour étayer une argumentation politique[49].

Avis du professeur Barry Sautman

La thèse du génocide physique est rejetée également par Barry Sautman, professeur associé en sciences sociales à l'université de science et de technologie de Hong Kong, lequel met en avant l'absence de données vérifiables :

« Les chiffres employés régulièrement par les milieux exilés ne reposent sur aucune base. Ils avancent le chiffre de 1,2 million de Tibétains morts à partir des années 1950 jusqu'aux années 1970, mais sans donner aucune source. En tant que juriste, je n'accorde aucun crédit à des statistiques non étayées par des données, par des sources visibles »[108].

Pour le professeur Sautman, la notion d'une « annihilation démographique des Tibétains » est une illusion nationaliste échafaudée pour obtenir des soutiens à l'objectif politique des chefs émigrés de revenir au pouvoir au Tibet[109]. Le chiffre de 432 000 morts au combat sort de nulle part. S'il était exact, il représenterait 17 % de la population, soit en proportion plus de cinq fois le nombre de morts au combat britanniques pendant la première Guerre mondiale [110]. Le chiffre de 175 000 morts en prison et dans des camps de travail n'est pas défendable. Si l'on se base sur un chiffre – très large – d'un million de détenus morts en Chine de 1950 à 1970, la proportion de Tibétains serait de 17 % alors qu'ils ne représentent que moins de 0,5 de la population totale de la RPC (aucune étude ne fait état d'une politique disproportionnée d'emprisonnement ou d'un régime pénitentiaire plus sévère pour les Tibétains)[111].

Dans son article “Demographic Annihilation” and Tibet[112], le professeur Sautman conteste l'existence d'une quelconque famine dans l'Ü-Tsang (les parties centrale, centre-ouest et nord-ouest du Tibet)) en se fondant sur les travaux du démographe australien d'origine chinoise Yan Hao[113]. Faisant appel à une méthode indirecte pour évaluer le nombre total de Tibétains morts de la famine (en l'absence d'une méthode directe), ce chercheur note que si le chiffre donné par les émigrés était exact, cela voudrait dire que le taux de décès chez les Tibétains a été quatre fois plus élevé que le taux national. Cela est en contradiction avec le fait que les Tibétains de l'Ü-Tsang, loin de subir les politiques menant à la famine, venaient de bénéficier d'un programme de distribution des terres à ceux qui les cultivaient et de suppression d'impôts se soldant par un accroissement de la production. Une étude du village de Yid-Chab dans le comté d'Amdo (Région autonome actuelle), à environ 500 km au nord de Lhassa, montre qu'il y avait 56 bêtes par personne avant la réforme de 1959, et une moyenne de 93 après la réforme. La taille moyenne des familles, de 5,2 membres avant la réforme, passa à 5,6 dans les années qui suivirent pour atteindre le pic de 6,1 pendant la période des Communes populaires. Par contre, lors de la famine dans le reste de la Chine, le taux de fertilité chuta de 45%. Il n'y a donc aucune indication de famine dans cette période.   Le professeur Sautman poursuit sa démonstration à l'aide des chiffres fournis par la Commission sociale et économique de l'ONU pour l'Asie et le Pacifique[114]. Selon les chiffres avalisés par l'UNESCAP, la population de l'Ü-Tsang lors du Grand Bond en avant (1959-1962), époque où nombre de régions chinoises connurent la famine, passa de 1 228 000 habitants en 1959 à 1 301 700 en 1962; les chiffres de 1958 et 1969 sont de 1 206 200 et 1 480 300. Le fort taux de croissance démographique durant ces périodes (plus de 2 % l'an), malgré l'émigration de dizaines de milliers de Tibétains de l'Ü-Tsang, ne cadre guère avec la famine. De plus, nombre de Tibétains résidant hors de l'Ü-Tsang se trouvaient dans des situations similaires à ceux qui y habitaient : c'étaient des paysans ou des pasteurs dans des régions très éloignées où les politiques du Grand Bond en avant ne pouvaient guère s'appliquer.

Dans une autre étude (Colonialism, Genocide, and Tibet), le professeur Sautman fait remarquer que le chiffre de la mortalité par famine (estimé à plus d'un tiers du chiffre de 1,2 million de morts) ne repose ni sur des récits de témoins oculaires ni sur l'étude de statistiques chinoises, ajoutant que les récits des réfugiés ont souvent été faussés pour plaire aux autorités tibétaines en exil[115].

Avis du professeur Colin P. Mackerras

Dans un rapport Writenet[116] pour le compte du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le professeur Colin P. Mackerras a écrit que les « allégations » selon lesquelles les Chinois submergeaient le Tibet et étaient responsables de la mort d'1,2 million de Tibétains « étaient à considérer avec le plus grand scepticisme ». Les chiffres de la population tibétaine obtenus par les recensements de la RPC de 1953 à 2000 attestent que depuis le début des années 1960, la population tibétaine s'accroit, probablement pour la première fois depuis des siècles. L'allégation par le GTE d'une réduction de la population, vaudrait donc pour les années 1950 mais serait très exagérée. Cependant, depuis les années 1960, la gestion du pays par la Chine a eu pour effet d'accroître et non pas de diminuer la population tibétaine, principalement en raison d'une modernisation qui a amélioré le niveau de vie et fait baisser le taux de mortalité dont celui des mères à l'accouchement et celui des enfants en bas âge[117].

Avis de la psychologue et écrivaine Dorothy Stein

Dans son livre People who count: population and politics, women and children, la psychologue et écrivaine Dorothy Stein affirme qu'« il n'y a aucune politique systématique de génocide dirigée contre le peuple tibétain »[118].

Avis du tibétologue Robert Barnett

En 2008, dans un compte rendu du livre de Pico Iyer, The Open Road: The Global Journey of the Fourteenth Dalai Lama, le tibétologue Robert Barnett a déclaré que le nombre, avancé par les exilés, de plusieurs centaines de milliers de personnes tuées ou mortes de faim depuis l'annexion du Tibet, demeure invérifié[119]. Quelques années plus tôt, il indiquait que « le nombre des exécutions, des morts en prison et des décès dus à la famine fut extrêmement élevé durant cette période, à travers le Tibet »[15].

Avis de Maxime Vivas

Pour le journaliste et écrivain Maxime Vivas, « les informations sur un génocide culturel, ethnique, démographique [...] ne résistent pas à un examen impartial ». Le chiffre, lancé par Dharamsala, d'un million de Tibétains (presque tous mâles) exterminés a été repris, précise-t-il, sans précaution par les médias. « Il a fallu que des démographes démontrent que la chose était impossible, que la population se serait pratiquement éteinte, que des tranches d’âge n’existeraient plus, pour que la fable soit abandonnée (par le dalaï lama, pas encore par tous ses thuriféraires) ». « De "génocide" on a alors reculé à "génocide culturel" ». Pourtant, « sur les lieux de culte, il semble que les moines et les fidèles ne rasent pas les murs »[120].

Avis de Jean-Luc Mélenchon

De même, le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon s'exclame : « Il faudrait accepter de parler de "génocide" pour désigner une population tibétaine qui a plus que doublé depuis les années cinquante ! »[21].

Un « Génocide culturel » ?

La notion de « génocide culturel »

La notion de « génocide culturel », qui couvrirait des actes commis délibérément dans l’intention d’empêcher les membres d’un groupe d’utiliser leur langue, de pratiquer leur religion ou d’avoir des activités culturelles, pratiquant ainsi une sorte d’élimination à petit feu se déployant dans la durée, demeure controversée et n’est généralement pas retenue dans le discours technique relatif au génocide[121].

L'accusation

Article principal : Sinisation du Tibet.

Lors d'une édition de l'émission Apostrophes consacrée aux droits de l'homme en 1989, quelques mois avant de se voir décerner le prix Nobel de la paix, le 14e Dalaï Lama est l'invité de Bernard Pivot, en compagnie de Robert Badinter : celui-ci parle de génocide culturel au Tibet[122],[123].

Selon le 14e Dalaï Lama, la culture tibétaine risque de disparaître du fait d'une implantation massive de Chinois hans au Tibet[124]. En 2007, il affirme que la culture tibétaine pourrait s'éteindre dans les 15 ans si les négociations sino-tibétaine n'aboutissent pas[125]. Lors des troubles au Tibet en mars 2008, il accuse la Chine de pratiquer le génocide culturel du peuple tibétain[126]. Lors d'une visite au Japon en octobre 2008, il fait la déclaration suivante

« Les Tibétains sont condamnés à mort. Cette ancienne nation et son héritage culturel sont en train de mourir. Aujourd'hui, la situation est presque similaire à une occupation militaire de tout le territoire tibétain. C'est comme si nous étions sous la loi martiale. La peur, la terreur et les campagnes de rééducation politique causent beaucoup de souffrances »[127].

De même en 1996, des parlementaires belges utilisent le terme de purification ethnique pour parler de cette situation : « les stérilisations et avortements forcés; la privation de la liberté religieuse; toutes offenses qui, avec la destruction de la riche culture tibétaine et le transfert de population, menacent la survie même du peuple tibétain et équivalent dès lors à une purification ethnique »[128].

Le sinologue Jean-Luc Domenach indique que la Chine, depuis les années 1950, considère le Tibet comme « une différence à détruire », ainsi les Chinois écrasèrent le Tibet jusqu'au milieu des années 1970[129].

Selon le linguiste Nicolas Tournadre « En moins de cinquante ans, la langue tibétaine est devenue une langue menacée, condamnée à un déclin irréversible, voire à la disparition en deux générations si la politique linguistique actuelle est maintenue. La responsabilité du gouvernement régional et du gouvernement central est, dans ce domaine, évidente. »[130].

Matthieu Ricard précise que les expressions anodines de la culture tibétaine sont tolérées mais tout ce qui est l'essentiel de la culture tibétaine est censuré : « tout ce qui porte une pensée tibétaine est attaqué »[131].

En 2008, Dominique de Legge, président du groupe UMP au Conseil régional de Bretagne déclare ceci : « Élus de Bretagne, nous avons une sensibilité particulière au respect des cultures minoritaires et nous ne pouvons admettre ce qu'il convient bien d'appeler un génocide culturel au Tibet sans rien dire »[132].

Réfutation : une « culture florissante » ?

Le terme de génocide culturel est réfuté par le sinologue allemand Ingo Nentwig[133]. Celui-ci affirme que « la culture tibétaine est florissante (..) en Chine ». Il existe nombre de journaux et revues en langue tibétaine ainsi que de maisons d'édition tibétaines, non seulement au Tibet mais aussi dans les provinces voisines et même à Pékin. Il ajoute que les écrivains tibétains écrivent en tibétain ou en chinois et que des traductions de livres étrangers en tibétain sont disponibles. Lhassa abrite même une académie de médecine traditionnelle tibétaine. Et de conclure : « Beaucoup de Tibétains reconnaissent les opportunités de développement dans un Tibet moderne, qui est en fait une partie de la Chine ouverte au monde moderne ».

Le philosophe italien Domenico Losurdo abonde dans ce sens : « du fait de la diffusion de l'instruction, la langue tibétaine et aujourd'hui parlée et écrite par un nombre de personnes bien plus élevé que dans le Tibet prérévolutionnaire »[134].

Le professeur Sautman, surenchérit : « En fait plus de 90 % des Tibétains ont le tibétain pour langue maternelle. Le Tibet a 150 000 moines et nonnes, la plus grande concentration d'ecclésiastiques du monde bouddhiste. Les spécialistes occidentaux de la littérature et de l'art tibétains attestent que ceux-ci sont florissants »[101].

Désormais, le Tibet culturel dispose de trois chaînes télévisées, une pour chacun des trois dialectes tibétains parlés. Lhassa et la Région autonome du Tibet possèdent une chaîne de télévision en langue tibétaine qui émet 24 heures sur 24 depuis le 1er octobre 2007. À sa création en 1999, elle n'émettait que 11 h par jour[135]. Il existe une deuxième chaîne en langue tibétaine au Qinghai, en dehors de la Région autonome[136]. Enfin, une troisième chaîne de télévision par satellite, destinée aux 2,4 millions de Tibétains parlant le dialecte khampa, a été inaugurée le 28 octobre 2009, à Chengdu, capitale de la province du Sichuan. Elle émet 6 h et demi par jour[137].

En 2008, le professeur Robert Barnett, directeur du « programme des études tibétaines modernes » à l'université Columbia aux États-Unis, déclare que l'accusation de génocide culturel au Tibet portée contre la Chine n'est plus soutenable[138]:

« Je suis d'avis qu'il nous faut en finir avec l'idée que les Chinois sont mal intentionnés ou qu'ils essaient de faire disparaître le Tibet ».

Il explique ses doutes dans un compte rendu d'ouvrage qu'il écrit pour la revue New York Review of Books :

« Si la culture tibétaine à l'intérieur du Tibet est en train d'être prestement annihilée, comment se fait-il que tant de Tibétains de l'intérieur paraissent malgré tout avoir une vie culturelle plus dynamique – à preuve la centaine de revues littéraires en tibétain – que celle de leurs homologues exilés [139]? »

Déplacement d'enfants (1950-1960)

Tout en appelant à une enquête, le rapport de la Commission internationale de juristes de 1959, cite un article publié le 1er janvier 1959 sous la plume de Noel Barber dans le Daily Mail mentionnant le chiffre de 20 000 enfants tibétains qui auraient été déportés en Chine, une infraction à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide[140].

Après le départ en exil du 14e dalaï-lama Tenzin Gyatso, en mars 1959, le gouvernement tibétain est officiellement dissous par les autorités chinoises le 28 mars 1959. Les Tibétains forment un gouvernement provisoire clandestin le 9 avril suivant. Claude B. Levenson indique qu'une des premières proclamations de ce gouvernement provisoire accuse les autorités chinoises « d'avoir enlevé des milliers d'enfants et d'adolescents tibétains conduits en Chine en vue de les endoctriner afin d'en faire des valets dociles de sa politique de colonisation »[141].

Jean Dif, qui a visité le Tibet, évoque « la déportation d'enfants tibétains dans la région de Pékin, en vue de les initier à la culture han » dans les années 1950[142].

Kalovski Itim dans son pamphlet Le vrai visage du Dalai-Lama publié en 1998 dans Revolutionary Worker, le journal du Parti communiste révolutionnaire américain, indique que les étudiants tibétains de l'Institut des minorités nationales devaient être formés comme des dirigeants révolutionnaires et non comme simples administrateurs[143].

Raidi, né dans une famille pauvre de bergers en août 1938 et qui a été président du Comité permanent de l'Assemblée populaire de la Région autonome du Tibet fit partie, en 1959, du premier groupe de Tibétains à aller suivre quatre années d'études à Pékin. Il eut l'occasion, avec ses camarades, d'y rencontrer le président Mao Zedong[144].

« Des accusations ne reflétant pas les réalités tibétaines actuelles » (Colin Goldner)

Pour le psychologue et écrivain autrichien Colin Goldner [145], on ne saurait se fier, par principe, aux affirmations des partisans des exilés tibétains. Quand elles ne sont pas entièrement fabriquées, ces affirmations sont en général exagérées ou renvoient à des événements qui ne sont plus d’actualité. L’allégation du gouvernement tibétain en exil selon laquelle « la vie quotidienne des Tibétains dans leur propre pays » est marquée par « la torture, la terreur intellectuelle, la discrimination et un mépris total de la dignité humaine », est de la propagande pure et simple visant à susciter la compassion et les dons d’argent. De même, les accusations d’avortements forcés et de stérilisations massives de femmes tibétaines, de la submersion du territoire par les colons chinois, de la destruction systématique du patrimoine culturel tibétain, ne cadrent pas avec la réalité observable[146].

Bibliographie

Références

  1. Jean-Christophe Victor, Tibet 1999, Le Dessous des cartes.
  2. (en) Communiqué de presse de la CIJ de 1959.
  3. a et b ICJ Report on Tibet 1960, extraits, site Tibet Justice Center : « The COMMITTEE found that acts of genocide had been committed in Tibet in an attempt to destroy the Tibetans as a religious group, and that such acts are acts of genocide independently of any conventional obligation. The COMMITTEE did not find that there was sufficient proof of the destruction of Tibetans as a race, nation or ethnic group as such by methods that can be regarded as genocide in international law. The evidence established four principal facts in relation to genocide: (a) that the Chinese will not permit adherence to and practice of Buddhism in Tibet; (b) that they have systematically set out to eradicate this religious belief in Tibet; (c) that in pursuit of this design they have killed religious figures because their religious belief and practice was an encouragement and example to others; and (d) that they have forcibly transferred large numbers of Tibetan children to a Chinese materialist environment in order to prevent them from having a religious upbringing. »
  4. Bruno Etienne, professeur émérite des Universités, Est-ce aux politiques de dire comment l'histoire doit être enseignée ?, in La pensée de midi, septembre-octobre 2006; reproduction sur le site LDH-Toulon (Ligue des droits de l'homme-Toulon) : « les “mémoristes” français juifs, arméniens, pieds-noirs et autres s'intéressent fort peu au génocide tibétain… non homologué… ».
  5. Armeline Dimier, Tibet: A quand l'indépendance ?, Diplôme de sciences politiques, Institut d'études politiques de Grenoble, séminaire « Géopolitique du monde contemporain » 2005-2006, sous la direction de Jean-William Dereymez : « Le génocide tibétain, selon les critères du droit international, est donc bien avéré, mais il n'est malheureusement par reconnu comme tel par la majorité des États constituant la communauté internationale ».
  6. Un responsable tibétain condamne les allégations de la clique du dalaï lama sur le « génocide tibétain », Le quotidien du peuple en ligne, Le vrai Tibet, 11 mars 2009 : « Un responsable tibétain a qualifié […] « d'invention » et de « diffamation » les rumeurs sur le génocide tibétain que fait courir le dalaï lama et sa clique sécessionniste en prétendant que plus d'un million de Tibétains ont été tués ces 50 derniers ans. La population du Tibet est passée de 1,2 million de personnes en 1959 à 2,87 millions en 2008 et les 50 années écoulées ont été la période de croissance la plus rapide de la population tibétaine depuis plusieurs siècles, a fait remarquer Qiangha Puncog, gouverneur de la Région autonome du Tibet ».
  7. a et b (en) Richard Pierre Claude, « The International Commission of Jurists: Global Advocates for Human Rights. (Book review) », dans Human Rights Quarterly, August 01, 1994 [texte intégral (page consultée le 2009-10-10)]  : « Based on the documentation and named respondents, the authors present the tale of the United States Central Intelligence Agency (CIA) in secretly bankrolling the formation of the ICJ as an instrument of the cold war. […] Tolley shows that the tainted source of funding was unknown to most ICJ officers and members ».
  8. Tibet Information Network, Secret Report by the Panchen Lama Criticises China, 5 octobre 1996 : « The Panchen Lama's petition appears to confirm the findings of Becker and others that China has concealed a man-made famine in the years after the Great Leap. The petition also substantiates some of the allegations made by Tibetan refugees at the time, openly ridiculed in the West until recently, and appears to support some of the findings of the 1960 report by the International Commission of Jurists which concluded that there was prima facie evidence of genocide in Tibet. »
  9. a et b (en) Barry Sautman, June Teufel Dreyer (eds), Contemporary Tibet: politics, development, and society in a disputed region, M. E. Sharpe, 2006, 360 p., (ISBN 0-7656-1354-9), (ISBN 978-0-7656-1354-7), en particulier Barry Sautman, “Demographic Annihilation” and Tibet, pp. 230-257.
  10. (en) Tseten Samdup, Chinese Population - Threat to Identity, 1993 : « The exiled Tibetan government […] revealed in 1984 that since the invasion over 1.2 million Tibetans died as a result of China's invasion of their nation. This figure was compiled after years of analysis of documents, refugee statements and interviews, and by official delegations sent to Tibet by the Tibetan Government between 1979 and 1983 ».
  11. Compte rendu de l'audition du mardi 17 octobre 2000, Audition du professeur Samdhong Rinpoche, Président du Parlement tibétain en exil.
  12. a, b et c Patrick French, Tibet, Tibet, une histoire personnelle d'un pays perdu, traduit de l'anglais par William Oliver Desmond, Albin Michel, 2005, pp. 83, 84, 326 et 327.
  13. Note : Yan Hao set un démographe chinois appartenant à la Commission du département de planification d'État à l'Institut de recherche économique à Pékin.
  14. Note : Yan Hao s'appuie sur l'analyse des recensements de 1953 et 1964, tout en soulignant le manque de fiabilité de ces derniers
  15. a, b, c, d et e Robert Barnett, in Le Tibet est-il chinois ?, Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Albin Michel, coll. Sciences des religions, 2002, pp. 143 et suivantes.
  16. (en) Voir Table 1, page 20 : People’s Republic of China: Background paper on the situation of the Tibetan population, A Writenet Report by Professor Colin P. Mackerras.
  17. a, b et c (zh) 1950—1990年藏族人口规模变动及其地区差异研究 (les chiffres de la RAT en 1953 et 1964 présentés dans cette étude correspondent à des évaluations, tous les autres chiffres proviennent de recensements)
  18. a, b et c (en) Department of Population, Social, Science and Technology Statistics of the National Bureau of Statistics of China (国家统计局人口和社会科技统计司) and Department of Economic Development of the State Ethnic Affairs Commission of China (国家民族事务委员会经济发展司), eds. Tabulation on Nationalities of 2000 Population Census of China (《2000年人口普查中国民族人口资料》), 2 vols, Beijing: Nationalities Publishing House (民族出版社), 2003 (ISBN 7-105-05425-5).
  19. a et b (en) Yan Hao (Institute of Economic Research, State Department of Planning Commission, Beijing), Tibetan Population in China: Myths and Facts Re-examined : « […] the death figures provided by the TGIE are exaggerations not sustained by the evidence ».
  20. Yan Hao, Tibetan Population in China: Myths and Facts Re-examined, op. cit., pp. 19-20 : « The methodology the TGIE used also appears defective. »
  21. a et b Jean-Luc Mélenchon, sénateur (PS), Les dirigeants occidentaux défendent-ils vraiment les droits de l’homme ?, article paru le 12 avril 2008 dans le journal L’Humanité.
  22. Texte de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide
  23. Éléments des crimes sur icc-cpi.int Eléments des crimes.
  24. a et b Commission internationale de juristes, La question du Tibet et la primauté du droit, Genève, 1959.
  25. (en) « 26 (f) There has also been a systematic policy of killing, imprisonment and deportation of those opposed to the regime. According to reliable sources the total number of persons so far fallen victims to the mass killing amounts to a colossal total of 65,000. 27. The above events establish that there has been a deliberate violation of fundamental human rights. There is also a prima facie case that on the part of the Chinese there has been an attempt to destroy the national, ethical, racial and religious group of Tibetans as such by killing members of the group and by causing serious bodily and mental harm to members of the group. These acts constitute the crime of Genocide under the Genocide Convention of the United Nations of 1948 » Communiqué de presse de la CIJ de 1959.
  26. Bhaskar Vyas, Rajni Vyas, Experiments with truth and non-violence: the Dalai Lama in exile from Tibet, Concept Publishing Company, 2007 (ISBN 81-8069-359-7), (ISBN 978-81-8069-359-5), p. 28 : « In the meanwhile, on 25th July, 1959, the report of International Commission of Jurists was published. The report on Tibet's appeal to the UN was prepared by Indian international lawyer Purshottam Trikamdas. […] The report examined the issues of violations of human rights and the question of genocide, based upon the 1948 Genocide Convention. »
  27. Stéphane Guillaume, La question du Tibet en droit international, L'Harmattan, 2008, (ISBN 2-296-07716-1), pp. 140-144 : « La Résolution 1353 (XIV) Le 25 juillet 1959, la Commission internationale de juristes publie un rapport préliminaire sur le Tibet intitulé : La question du Tibet et la primauté du droit. Ce rapport préliminaire préparé par un juriste international (…) Trikamdas, examine les obligations chinoises par rapport à son propre système […] il examine l'issue des violations des droits de l'homme basée sur la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, et la question du génocide basée sur la Convention sur le génocide de 1948 (…) La Commission internationale de justice (sic) décide de constituer un comité sur le Tibet dont la fonction est d'examiner toutes les sources d'informations permettant d'établir si oui ou non il y a génocide et de prendre les actions appropriées envisagées par la Convention sur le génocide de 1948 et la Charte des Nations Unies ».
  28. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, p. 342.
  29. Stéphane Guillaume, La question du Tibet en droit international, Editions L'Harmattan, 2008, (ISBN 2-296-07716-1), page 145.
  30. (en) Tibet : Human Rights and the Rule of Law, International Commission of Jurists, Geneva, December 1997.
  31. http://www.senat.fr/ga/ga77/ga7718.html
  32. Cf. la carte publiée sur le site officiel du gouvernement tibétain en exil.
  33. Elisabeth Martens, Lettre au Monde Diplomatique en réponse à l'article de Mathieu Vernerey (Bourgeonnement précoce de printemps à Lhassa), avril 2008 : « L'actuel dalaï-lama et les mouvements pour l'indépendance ne parlent plus de « Grand Tibet », mais de « Tibet historique », il s'agit quasiment de la même surface ».
  34. Note : Yan Hao s'appuie sur l'analyse des recensements de 1953 et 1964, tout en soulignant le manque de fiabilité de ces derniers.
  35. (en) Yan Hao, Tibetan Population in China: Myths and Facts Re-examined, op. cit., p. 22-23.
  36. Note: « Le gouvernement tibétain n'a jamais voulu dire que un million ou plus de Tibétains avaient été tués par les Chinois : il affirme que quelque 680 000 Tibétains ont été tués lors de combats, ou exécutés par les autorités chinoises. Les plus de 500 000 morts restants n'ont pas été tués, mais sont le résultat indirect de la politique chinoise… Il y a d'amples preuves, fournies par des récits individuels, que le nombre des exécutions, des morts en prison et des décès dus à la famine fut extrêmement élevé ». Source : Robert Barnett, in : Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille (sous la direction de), Le Tibet est-il chinois ?, ouvrage collectif, Albin Michel, coll. Sciences des religions, 2002, p. 144.
  37. a et b Patrick French, Tibet, Tibet, une histoire personnelle d'un pays perdu, Albin Michel, 2005.
  38. Marie-Claire Bergère, La Chine de 1949 à nos jours, Armand Colin, Paris, 1987, p. 99.
  39. Jung Chang et Jon Halliday, Mao, Gallimard, Paris, 2006, p. 477.
  40. Alain Roux, La Chine au XXème siècle, Sedes, Paris, 1998, p. 100.
  41. Thierry Sanjuan, Atlas de la Chine, Autrement, Paris, 2007, p. 19
  42. Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille, Wei Jing, Authenticating Tibet: answers to China's 100 Questions, pp. 89-91.
  43. Développement des services médicaux et poussée démographique au Tibet
  44. Sources : 1/ Développement des services médicaux et poussée démographique au Tibet; 2/ Yan Hao, (Institute of Economic Research, Beijing), Tibetan Population in China: Myths and Facts Re-examined, Asian Ethnicity, vol. 1, Number 1, March 2000, pp. 11-36; 3/ Quelle solution politique pour le Tibet ?, rapport du groupe interparlementaire d'amitié No 77 (2007-2008), 17 octobre 2007.
  45. Sources des chiffres : 1/ Développement des services médicaux et poussée démographique au Tibet; 2/ Yan Hao, (Institute of Economic Research, Beijing), Tibetan Population in China: Myths and Facts Re-examined, Asian Ethnicity, vol. 1, Number 1, March 2000, pp. 11-36.
  46. « De 1950 à 1991, la population tibétaine a augmenté de 1 196 000 habitants ». Source : Développement des services médicaux et poussée démographique au Tibet.
  47. 5 416 021 lors du recensement de 2000 : (en)(zh) China Statistical Yearbook 2003, p. 48.
  48. Yan Hao, op. cit. : « Citing unidentified historical sources, a TGIE report asserted that the Tibetan population was at least 6 million at the end of 1949 (Note 12 : Office of Tibet, Human Rights, http://www.gn.apc.org/tibetlondon/WhitePaper/white5.html (1996)). The same source even quoted an official Chinese report in People’ s Daily (10 November, 1959) to support the 6-million figure, in spite of a 10-year difference from 1949 to 1959. According to China’ s State Statistical Bureau, the `TAR’ had 1,273,969 people in November 1959. Tibetan areas of Kham then named Xikang by China had 3,381,064 Tibetans. In Qinghai and other Tibetan areas incorporated into Gansu, Tibetans were reported to number 1,675,534. If the total of these three figures is taken, the Tibetan population then stood at 6,330,567. For several reasons, these figures seemed suspicious. Notably, the TAR did not even exist in 1959, while Xikang was abolished in 1956. The Chinese government did not publish annual population statistics at that time, particularly extremely detailed breakdowns by region and ethnicity. Investigation by this author showed the citation above to be a fabrication. TGIE sources in the 1990s still claim the total number of Tibetans to be about 6 million, and this figure is quite possible if taken to include all Tibetans worldwide, not just those in China ».
  49. a et b Yan Hao, Tibetan Population in China: Myths and Facts Re-examined, op. cit., pp. 22-23 : « We come now to the central question: how many Tibetans died as a direct result of Chinese `invasion’ ? It might be helpful in the section to estimate the missing Tibetans from the census data with two simple exercises. The first possible exercise involves an assumed growth rate. As mentioned in previous sections, the total Tibetan population in China declined by 9.9% from 2.8 million in 1953 to 2.5 million in 1964. Also as mentioned, both figures are estimates. Regardless of their reliability, both figures can be taken here as benchmarks for the calculation. In between, it is necessary to find a reasonable growth rate, assuming that the `genocide’ never took place. It is known from previous discussions that, like all populations in the pre-transitional stage, the Tibetan grew very slowly, with high fertility usually offset by similarly high mortality. This situation remained little changed until the late 1950s. It is highly unlikely that the annual rate of growth could ever exceed the 1.0% mark. Since the early 1960s, as implied in Figure 2, the Tibetan population has experienced an unprecedented and continuous period of high growth, with an annual rate at about 2.6%. Taking 1.5% as a synthetic average annual growth rate for the period 1953–64, the present author comes to the results presented in Table 5. As can be seen, the total Tibetan population would have been 3.3 million, were the 1953 figure taken as benchmark. It results in a total of 768,000 Tibetans missing from the 1964 census figure. On the other hand, with the 1964 figure as benchmark, total Tibetan population would have been 2.1 million in 1953. It implies that the 1953 figure might have been inflated by a total of 657,000. Since both 1953 figure and 1964 figure are themselves unreliable, it is hard to make any reasonable interpretation of the estimates in Table 5. Moreover, the assumption of a 1.5% growth rate during the period in question is indeed arbitrary and, not the least, bold. The present author believes, therefore, such estimates should not be given excessive attention as solid demographic evidence in support of whatever political arguments. Otherwise, it is no different from meaningless play with figures ». (Traduction : Nous en arrivons maintenant à la question centrale : combien de Tibétains sont-ils morts en conséquence directe d'une « invasion chinoise » ? Il serait peut-être utile, dans cette section, d'estimer le nombre de Tibétains disparus d'après les données des recensements, au moyen de deux exercices simples. Le premier exercice possible implique un taux de croissance supposé. Comme indiqué dans les sections précédentes, la population tibétaine totale en Chine déclina de 9,9 %, passant de 2,8 millions en 1953 à 2,5 millions en 1964. De plus, comme mentionné, les deux chiffres sont des estimations. Indépendamment de leur fiabilité, on peut les prendre tous les deux comme point de départ pour les calculs. Entre les deux, il est nécessaire de trouver un taux de croissance raisonnable en partant du principe que le « génocide » n'a jamais eu lieu. On sait, d'après les discussions précédentes, qu'à l'instar de toutes les populations à l'étape pré-transitionnelle, les Tibétains se sont accrus très lentement, leur fertilité élevée étant habituellement contrebalancée par une mortalité tout aussi élevée. Cette situation ne changea guère jusqu'à la fin des années 1950. Il est fort peu probable que le taux annuel de croissance aie jamais pu dépasser 1 %. Depuis le début des années 1960, comme le donne à penser la figure 2, la population tibétaine a connu une période inédite et ininterrompue de croissance élevée, marquée par un taux annuel d'environ 2,6 %. En prenant 1,5 % comme taux annuel moyen de croissance pour la période 1953-1964, l'auteur de ces lignes aboutit aux résultats du tableau No 5. Comme on le voit, la population tibétaine totale aurait été de 3,3 millions si le chiffre de 1953 avait été pris comme point de départ. Cela donne un total de 768 000 Tibétains absents du chiffre du recensement de 1964. D'un autre côté, en prenant le chiffre de 1964 comme point de départ, la population tibétaine totale aurait été de 2,1 million en 1953. Cela implique que le chiffre de 1953 aurait pu être gonflé d'un total de 657 000. Comme aussi bien le chiffre de 1953 que celui de 1964 ne sont eux-mêmes pas fiables, il est difficile de donner une quelconque interprétation raisonnable des estimations du tableau No 5. De plus, l'hypothèse d'un taux de croissance de 1,5 % pendant la période en question est effectivement arbitraire et pour le moins hardie. L'auteur de ces lignes est d'avis que l'on ne doit pas par conséquent prêter une attention excessive à ces estimations en tant que preuves démographiques solides permettant d'étayer une argumentation politique).
  50. (en) « In the official doctrinaire explanation the sharp decline in population, which ran contrary to the national trend, is attributed to the prevalence of feudal serfdom. 'Cruel persecution and oppression of the labouring people by the ruling classes was the root cause for the decline in population. The serfs and slaves had to do corvée labour like beasts of burden. Many of them were prohibited from getting married or having children. The heavy work for women after birth, and epidemic diseases were among the reasons for the shrinking population.' No mention is made, however, of the state of intermittent civil war which has existed since the Chinese entered Tibet in 1951, and the flight of refugees which occurred especially after the 1959 uprising. », Changing Population Characteristics in Tibet, 1959 to 1965, Michael Freeberne, Population Studies, Vol. 19, No. 3 (Mar., 1966), p. 317. Extrait en ligne.
  51. Colin Mackerras, China’s Ethnic Minorities and Globalisation « the Australian political scientist Colin Mackerras »
  52. (en) « The decline in population between 1953 and 1964 can be explained by several factors, including the deaths following the various revolts of the 1950s and that of 1959; the famines of the late 1950s and early 1960s (mainly in the Tibetan areas outside Tibet itself); and continuing decline due to factors similar to those already attributed to the period before 1950 [(the high proportion of males in the monastic order, together with the custom of polyandry; widespread venereal diseases; high infant mortality rates as well as frequent smallpox epidemics and in some places endemic goitre; a declining ecological base; and a violent lifestyle in Kham, then part of the Chinese province of Xikang, at least in the 1930s and 1940s)]. Another major factor is emigration, which accounted for many thousands of people through the 1950s and after and formed the basis of the Dharamsala community […] », People’s Republic of China: Background paper on the situation of the Tibetan population, A Writenet Report by Professor Colin P. Mackerras, p. 19-20.
  53. Elisabeth Allès, lecture critique du livre de Colin Mackerras, China’s Ethnic Minorities and Globalisation, Londres, New York, Routledge Curzon, 2003, viii + 216 p., dans Perspectives chinoises, No 82, mars-avril 2004.
  54. Source : Bibliomonde
  55. Histoire du Tibet de Laurent Deshayes, 1997, Éditeur : Fayard, p. 349.
  56. The Political Philosophy of His Holiness the XIV Dalai Lama, Selected Speeches and Writings, 1998, Edité par A.A. Shiromany, Tibetan Parliamentary and Policy Research Centre, dalaï-lama, lettre au Secrétaire général de l'ONU datée du 9 septembre 1959, « Kindly refer to the proceedings of the General Committee of the United Nations General Assembly held on Friday, November 24, 1950, at which it was resolved that the consideration of El-Salvador's complaint against the “invasion of Tibet by foreign forces” should be adjourned in order to give the parties the opportunity to arrive at a peaceful settlement. It is with the deepest regret that I am informing you that the act of aggression has been substantially extended with the result that practically the whole of Tibet is under the occupation of the Chinese forces. I and my government have made several appeals for a peaceful and friendly settlement, but so far these appeals have been completely ignored. Under these circumstances, and in view of the inhuman treatment and crimes against humanity and religion to which the people of Tibet are being subjected, I solicit immediate intervention of the United Nations and consideration by the General Committee on its own initiative of the Tibetan issue, which had been adjourned. »
  57. The Political Philosophy of His Holiness the XIV Dalai Lama, Selected Speeches and Writings, 1998, Edité par A.A. Shiromany, Tibetan Parliamentary and Policy Research Centre, dalaï-lama, lettre au Secrétaire général de l'ONU datée du 29 septembre 1960, « In this connection may I draw the attention of the United Nations to the excellent reports on the question of Tibet published by the International Commission of Jurists. In the second report, the distinguished Committee that closely examined that question came to the conclusion, inter alia, that Chinese authorities had been guilty of genocide within the meaning of the Genocide Convention. I trust that the United Nations will carefully examine the facts on which this conclusion is based and will take appropriate action to deal with this matter. Genocide, even apart from the Genocide Convention, has been recognized as a crime against International Law. »
  58. Claude Arpi, Tibet, le pays sacrifié, 2000, Calmann-Lévy, p301-302
  59. Bhaskar Vyas, Rajni Vyas, Experiments with truth and non-violence: the Dalai Lama in exile from Tibet, Concept Publishing Company, 2007 (ISBN 81-8069-359-7), (ISBN 978-81-8069-359-5), p. 88 : « There was a hope that, following 1965 resolution by the UN and confirmation of genocide internationally, China would be put to shame. At least they will abide by the Seventeen Point Agreement in true spirit and effectively implement genuine autonomy. Though the UN resolutions did not materially change anything, China became aware that they have to deal with the issue. »
  60. La politique des nationalités de la République populaire de Chine par Richard Poulin.
  61. Le panchen-lama y possédait une résidence où il se rendait souvent.
  62. Gilles Van Grasdorff, Panchen Lama, Otage de Pékin, Ramsay, 1999, pp. 235-236.
  63. Patrick French, Tibet, Tibet, une histoire personnelle d'un pays perdu, traduit de l'anglais par William Oliver Desmond, Albin Michel, 2005, pp. 83-84.
  64. Barry Sautman, All that Glitters is not Gold, p. 10 : « the exile pro-independence organ ».
  65. (en) Dorothy Stein, People Who Count. Population and Politics, Women and Children, Earthscan Publications, London, 1995, XI + 239 p. : « Just how the deaths for which the Chinese are held responsible were arrived at by Tibetan nationalists has never been made public. They are attributed to 'figures published by the Information Office of the Central Tibetan Secretariat' in India, and include: Torture, 92731, Battles/Uprisings, 432705; Executions, 156758; Starvation, 342970 ; Suicides, 90002; Prisons and labour camps, 173221. A letter to the Tibetan Review (April, 1989, p. 22) by Jampel Senge says 'The census which resulted in the figure of 1.2 was conducted by the Government in Exile through exiled Tibetans who travelled to meet their relations, and through new arrivals from Tibet. »
  66. Note : il en détaillait d'ailleurs la répartition « Plus d’un million de Tibétains auraient péri de mort violente entre 1950 et 1980 : 175 000 en prison, 156 000 sommairement exécutés, 413 000 morts de faim pendant une de ces «réformes agraires» dont les théoriciens marxistes étaient friands, 92 000 morts sous la torture; près de 10 000 se seraient suicidés ».
  67. Bernard Kouchner évoque plus de 1 million de victimes Le Nouvel Observateur du 23 juin 2008 : Le Tibet meurt de nos silences.
  68. Le Nouvel Observateur du 23 juin 2008 : Les déclarations du ministre Kouchner
  69. Proposition, du sénat Belge, de résolution relative à la journée commémorative des victimes de génocides. « Dès 1951 déjà, des enfants furent transportés manu militari en Chine pour y être « rééduqués ». A Kham (un exemple parmi de nombreux autres), 84 enfants âgés de moins d'un an furent déportés. Quinze parents qui protestaient furent noyés dans une rivière par des militaires chinois. »
  70. a et b Stéphane Courtois, Nicolas Werth, Jean-Louis Panné, Andrzej Paczkowski, Karel Bartosek, Jean-Louis Margolin. Le Livre noir du communisme. Robert Laffont, 1997. ISBN 2-221-08204-4
  71. Tibet : trop tard, 23 avril 2008, Lambert Christian, Ancien Ambassadeur de France
  72. Source : Commission des Droits de l'homme de l'ONU
  73. Patrick French, op. cit. : « L'historien Warren Smith, travaillant sur les déficits dans la croissance des populations, a écrit que les statistiques du gouvernement chinois « confirment les thèses tibétaines d'un nombre massif de morts et réfutent les dénégations chinoises ». D'après ses estimations, ce sont plus de 200 000 Tibétains qui « manqueraient » à la population de la Région autonome du Tibet. Avec les taux élevés et vérifiables de mortalité dans le Ganzou, le Sichuan et le Qinghai, au début des années soixante, il semble que le nombre de morts tibétains ait été aussi élevé dans ces régions que dans le Tibet central. Si cela est vrai, on peut avancer avec un certain degré de probabilité qu'environ un demi-million de Tibétains sont directement morts à cause de la politique appliquée au Tibet par la République populaire de Chine. Chiffre de toute façon terrifiant, en conséquence, et qui ne diminue en rien l'horreur de ce qui a été fait au Tibet. »
  74. Patrick French, opus cité, « L'historien Warren Smith, travaillant sur les déficits dans la croissance des populations, a écrit que les statistiques du gouvernement chinois « confirment les thèses tibétaine d'un nombre massif de morts et réfutent les dénégations chinoises ». D'après ses estimations, ce sont plus de 200 000 Tibétains qui « manqueraient » à la population de la Région autonome du Tibet. Avec les taux élevés et vérifiables de mortalité dans le Ganzou, le Sichuan et le Qinghai, au début des années soixante, il semble que le nombre de morts tibétains ait été aussi élevé dans ces régions que dans le Tibet central. Si cela est vrai, on peut avancer avec un certain degré de probabilité qu'environ un demi-million de Tibétains sont directement morts à cause de la politique appliquée au Tibet par la République populaire de Chine. Chiffre de toute façon terrifiant, en conséquence, et qui ne diminue en rien l'horreur de ce qui a été fait au Tibet. »
  75. Tibetan Genocide Victim to Testify before Spain's National Court, Phayul.com, 3 juin 2006]
  76. Des dirigeants chinois en accusation devant la Justice espagnole, site de la Fédération Internationale pour la Justice en Chine, 2 juin 2008.
  77. La justice espagnole se déclare compétente pour statuer sur une plainte pour « génocide contre le peuple tibétain ».
  78. Clifford Coonan, Tibetan dissident to accuse Chinese of torture and genocide, The Independent, 3 juillet 2006
  79. Karen Collier, (pour le Centre for Peace Conflict Studies Université de Sydney), The Viability of Universal Jurisdiction and the Spanish National Court’s Historic Lawsuit for Tibet, Tibetan voice : « Since the testimonies in Spain were given, including those of prominent activists, Tenzin Tsundue and political prisoners, Palden Gyatso, Tagna Jigme Zangpo, Rinzin Choenyi and the Drapchi nuns »
  80. (en) Spanish court to probe Chinese on Tibet deaths.
  81. (en) Tibet Support Group in Spain to file an extension of their lawsuit against Chinese authorities for recent crimes, site de Phayul.com, 9 juillet 2008.
  82. Plainte sur le Tibet: la justice espagnole se déclare compétente.
  83. Tibet : un juge espagnol veut interroger des responsables chinois.
  84. Sharon Weill, De Gaza à Madrid, l’assassinat ciblé de Salah Shehadeh, Le Monde diplomatique, septembre 2009
  85. La compétence universelle de la justice espagnole remise en cause, Infomonde, 13 mai 2009.
  86. Audiencia Nacional admite calificar como crímenes de guerra los presuntamente cometidos por dirigentes chinos, 4 avril 2011, Europa Press (news agency) (en).
  87. a et b Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, de Thomas Laird, Dalaï-Lama, Christophe Mercier, Plon, 2007 (ISBN 2-259-19891-0).
  88. (en) Thomas Laird, The Story of Tibet: Conversations with the Dalai Lama, p 350 « What is beyond dispute is that during the Chinese invasion and the ensuing Cultural Revolution, Tibetans of all classes paid a terrible price »
  89. Adam Jones. Genocide: A Comprehensive Introduction. Routledge; 2e édition, 1er août 2010, (ISBN 0-415-48619-X) pp. 95-96
  90. (en) Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet, M. E. Sharpe, 1996, p. 247 (ISBN 1-56324-714-3) : « In recent years he has also claimed that a total of 1.2 million Tibetans have died unnaturally as a result of China's policies since 1950. I am unaware of any Chinese figures as to how many Tibetans have died outside the normal cause of events […]. This figure like so many of the figures issued from Dharamsala, comes without documentary evidence ».
  91. (en) A. Tom Grunfeld, Tibet and the United States, in Barry Sautman and June Teufel Dreyer (sous la direction de), Contemporary Tibet: politics, development, and society in a disputed region, M. E. Sharpe, 2006, 360 p., pp. 319-349, p. 329 : « The United States also took advantage of the Dalai Lama's having left Tibet by having the CIA revive its Cold War propaganda machine, creating supposedly popular organizations such as the American Emergency Committee for Tibetan Refugees, prodding its clandestinely funded Cold War human rights organizations such as the International Commission of Jurists to prepare propagandistic reports attacking China ».
  92. (en) Howard B. Tolley Jr., The International Commission of Jurists, Global Advocates for Human Rights, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1944, XVII p. + 344 p.
  93. (en) Dorothy Stein, People Who Count. Population and Politics, Women and Children, Earthscan Publications, London, 1995, XI + 239 p., en part. pp. 193-104, note 27 : « The ICJ itselfgrew out of a group created by American intelligence agents whose purpose was dissiminating anti-communist propaganda. It too has received funds from the CIA, which is not a notable rights organization, nor, which is more to the point, particularly noted for its interest in truth. The 1960 LIC report, Tibet and the Chinese People's Republic (ICJ, Geneva: 1990) shows strong signs of bias in accepting or rejecting the testimonies cited ».
  94. Dorothy Stein, op. cit., p. 193 : « Charges of genocide of Tibetan nationals began well before the promulgation of any restrictive birth control policy. As early as July 1959, a report published by the Legal Inquiry Committee (LIC) of the International Commission of Jurists (ICJ) noted that the belief that large numbers of Tibetans had been sterilized by the Chinese was widespread. The LIC found no evidence of the truth of these allegations, but they have been since accepted routinely by a succession of other nationalists and pro-nationalist sources, including the LIC parent body, the ICJ ».
  95. Report of the Afro-Asian Convention on Tibet and Against Colonialism in Asia and Africa, Éditeur Afro-Asian Council, 1960
  96. A. Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet, op. cit., pp. 147-149: « The driving force and chair of the committee was an Indian jurist named Purshottam Trikamdas, a senior advocate at the Indian Supreme Court and a former leader of the Praja Socialist Party. In spite of its name this opposition political party had established links with CIA-funded, anticommunist international groups such as the Congress for Cultural Freedom. In April 1960, while the LIC was still completing its final report, Trikamdas felt no compunction about attending the “Afro-Asian Convention on Tibet and Against Colonialism in Asia”, where he delivered a blatantly anti-Chinese speech. The conference was characterized by the Indian press as a gathering called to demand the “liberation” of Tibet from China's rule. […] After the reports were published, Trikamdas saw nothing wrong in violating judicial ethics by publicly advocating the cause of the Dalai Lama, or misrepresenting the findings of the LIC to a press gathering, or writing an anticommunist diatribe. As to the committee's “rigorous cross-examination”, there is certainly no evidence of this in the report itself ; all the testimony appears to have been accepted verbatim. At least one journalist who attended the LIOC sessions reported that there was no questioning of the testimony, particularly that of the Dalai Lama. […] There is no evidence to suggest that the committee appreciated these difficulties or that they even seriusly attempted to obtain evidence from the Chinese perspective. True enough, the committee did ask China for permission to visit Tibet and complained when they were turned down, but they did not even try to contact the seventy or so journalists who had visited Tibet throughout the 1950s. […] Chinese descriptions of medical treatment provided for the Tibetans were shrugged off in favor of claims of malice from the Chinese, leveled by refugees with no medical knowledge whatsoever ».
  97. Patrick French, Tibet, Tibet, une histoire personnelle d'un pays perdu, traduit de l'anglais par William Oliver Desmond, Albin Michel, 2005, p. 86.
  98. Barry Sautman, "Demographic Annihilation" and Tibet, op. cit. : « […] the Pänchen Lama Report is based not on statistics gathered in Tibetan areas, but on anonymous refugee reports lacking in numerical specificity ».
  99. (en) Michael Rank, compte rendu de Tibet, Tibet, A Personal History of a Lost Land, HarperCollins, 2003 (ISBN 0-00-257109-9), sur le site Enlightened Heart, November 17, 2008 : « He stepped down as head of the Free Tibet Campaign ».
  100. Elisabeth Martens, Histoire du bouddhisme tibtain : la compassion des puissants, L'Harmattan, 2007, p. 233 (ISBN 2-296-04033-0), (ISBN 978-2-296-04033-5).
  101. a et b (en)Barry Sautman, June Teufel Dreyer, Contemporary Tibet: Politics, Development, And Society In A Disputed Region, p. 239.
  102. (en) Charles Ealy, Tibet's Shaket history. Much of this (“7 years in Tibet”) 'ture' story just isn't so, The Dallas Morning News, 12 octobre 1997 : « The movie asserts that more than 1.2 million Tibetans have been killed since the Chinese invasion. These figures are based on estimates from the Dalai Lama, but there is little documentary evidence to determine their accuracy ».
  103. Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif p.143.
  104. Le Tibet et la Presse, Conférence du 25 mai 1991 à l'Assemblée Nationale, Tibet : des journalistes témoignent, dirigé par Pierre-Antoine Donnet, Guy Privat et Jean-Paul Ribes, Éditions L'Harmattan, 1992, 191 p., pp.34-35.
  105. (en) Michael Parenti, Friendly Feudalism : The Tibet Myth (updated and expanded version, January 2007.
  106. (en) Michael Parenti, Letter 27, in Letters to the Editor, Swans, Commmentary, 23 juillet 2003 : « I must repeat that I have been unable to find evidence or even calculations indicating that the Chinese slaughtered 1.2 million Tibetans. There is also evidence suggesting that they did not, such as the fact that villages, towns and cities remainend intact, the absence of massive death camps and graves, accounts of mass murder, etc. »
  107. Yan Hao, Tibetan Population in China: Myths and Facts Re-examined, op. cit., pp. 19-20 : « The methodology the TGIE used also appears defective. If they have problems in working out an exact figure of Tibet’s total population alive at present, how can they come to these exact death figures by analysing documents? When they have a problem in clearly defining the boundary of the greater Tibet as well as its provinces, how can they break down the figures by regions? Knowledge of statistics tells us that random sampling is necessary for acquiring reliable data in any surveys. Those conducted entirely among political refugees could produce anything but objective and unbiased results. »
  108. (en)Leslie Evans, How repressive is the Chinese government in Tibet?, sur le site UCLA International Institute, 4 décembre 2002, compte rendu d'une conférence du professeur Barry Sautman à l'université de Californie à Los Angeles; citation : « There are no bases at all for the figures used regularly by the exile groups. They use the figure of 1.2 million Tibetans dying from the 1950s to the 1970s, but no source for this is given. As a lawyer, I give no credence to statistics for which there is no data, no visible basis ».
  109. (en)Barry Sautman, “Demographic Annihilation” and Tibet, op. cit., p. 232 : « The idea of demographic aggression against Tibet, like the notion of the demographic annihilation of Tibetans, is, however, a nationalist-crafted illusion designed to foster support for the émigré leaders' political goal of restored power in Tibet ».
  110. Barry Sautman, “Demographic Annihilation” and Tibet, op. cit., p. 245 : « The TGIE claim of 432,000 battle deaths comes out of nowhere. If accurate it would mean Tibetan battle deaths were 17 percent of the population – proportionately more than five times higher than those of Britain in World War I […] ».
  111. (en)Barry Sautman, “Demographic Annihilation” and Tibet, op. cit., p. 245 : « The claims of 175,000 Tibetan prison/labor camps deaths and 866,000 deaths from all nonfamine causes, most of which would have happened in confinement, are untenable. Shalom (1984) examines the welter of assertions made about the number of such deaths in China generally. He concludes that even making “assumprions that are likely to err in the direction of overestimating the number of deaths,” perhaps one million died in China's prison and labor camps from 1950 to 1970 (1984, 109-110). If this estimate and émigré figures are both accepted, the Tibetan would account for a very high proportion – anywhere from 17 percent to 85 percent – of PRC prison deaths. Yet Tibetans are less than one-half of 1 percent of the PRC population, and no studies show that Tibetans were disproportionately imprisoned or subjected to a harsher prison regime than non-Tibetans ».
  112. (en)Barry Sautman, “Demographic Annihilation” and Tibet, op. cit., p. 242.
  113. Yan Hao, Tibetan Population in China: Myths and facts Re-examined, Asian Ethnicity, vol. 1, No 1, March 2000, pp. 22-26.
  114. (en)UNESCAP, Tibet:Population Situation, 2003.
  115. (en) Barry Sautman, Colonialism, Genocide, and Tibet, Asian Ethnicity, Volume 7, Number 3, October 2006, pp. 243-265 : « More than a third of the 1.2 million deaths are said to be from famine. The figure is not based on eyewitness accounts or access to state statistics, and refugee reports have often been skewed to please exile authorities (Goldstein & Beal, 1991, p. 301) ».
  116. Les rapports publiés par Writenet utilisent des données publiques, citant toutes les sources, mais ne sont ni exhaustifs, ni conclusifs et ils expriment les avis des auteurs qui ne sont pas obligatoirement ceux de Writenet ou du HCR, cf. Colin P. Mackerras, op. cit. : « Writenet papers are prepared mainly on the basis of publicly available information, analysis and comment. All sources are cited. The papers are not, and do not purport to be, either exhaustive with regard to conditions in the country surveyed, or conclusive as to the merits of any particular claim to refugee status or asylum. The views expressed in the paper are those of the author and are not necessarily those of Writenet or UNHCR. ».
  117. Colin P. Mackerras, op. cit. : « Claims such as that the Chinese are swamping Tibetans in their own country and that 1.2 million Tibetans have died due to Chinese occupation have sunk into the popular imagination, especially in the West. […] A closer examination suggests that these claims should be treated with the deepest scepticism. […] The figures show that since the early 1960s, the Tibetan population has been increasing, probably for the first time for centuries. What seems to follow from this is that the TGIE’s allegations of population reduction due to Chinese rule probably have some validity for the 1950s but are greatly exaggerated. However, since the 1960s, Chinese rule has had the effect of increasing the population of the Tibetans, not decreasing it, largely due to a modernization process that has improved the standard of living and lowered infant, maternity and other mortality rates ».
  118. Dorothy Stein, op. cit., p. 200 : « There is no systematic policy of genocide directed against the Tibetan people ».
  119. (en) Robert Barnett, Thunder for Tibet, compte rendu du livre de Pico Iyer, The Open Road: The Global Journey of the Fourteenth Dalai Lama, Knopf, 275 p., in The New York Review of Books, vol. 55, number 9, May 29, 2008 : « the number killed or starved to death since Chinese annexation remains unverified, although estimates by exiles run into the hundreds of thousands ».
  120. Maxime Vivas, Tibet : un pacifiste chez les bouddhistes (3), Le Grand Soir, 7 août 2010.
  121. Jean-François Gareau, chercheur post-doctoral, Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM), Génocide, sur le site du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix (ROP), 25 avril 2006.
  122. Dalai Lama chez Bernard Pivot Apostrophes, Apostrophes, 21/04/1989.
  123. Les droits de l'homme.
  124. Relations Chine-Tibet: un entretien avec le dalaï-lama.
  125. La culture tibétaine menacée de disparition.
  126. (en)BBC NEWS | World | Asia-Pacific | 'Eighty killed' in Tibetan unrest.
  127. « Le régime chinois est en train de condamner à mort le Tibet ».
  128. Des sénateurs Belges évoquent une purification ethnique.
  129. Jean-Luc Domenach : La question du Tibet.
  130. Nicolas Tournadre, Le bilinguisme tibétain-chinois : situation et enjeux, op. cit.
  131. Emmanuel Tellier, Entretien, Matthieu Ricard : « Après les JO, ce sera fichu, on ne parlera plus du Tibet », Télérama, Paris, 16 avril 2008.
  132. Dominique de Legge, président du groupe UMP au Conseil régional de Bretagne, 2 avril 2008, Participation du Conseil régional de Bretagne aux JO de Pékin.
  133. (en) German scholar refutes Dalai's claim of 'cultural genocide' in Tibet, 24 avril 2008.
  134. Domenico Losurdo, La Chine, le Tibet et le Dalaï Lama, in L'Ernesto, Revista Communista, No 5, nov-déc. 2003, pp. 54-57 (traduit de l'italien par Marie-Ange Patrizio pour le site Mondialisation.ca).
  135. (en) China launches Tibetan channel for India, Nepal, PTI, 1er octobre 2007 (en ligne sur le site rediff NEWS) : « China launched the first-ever 24-hour Tibetan language television channel on Monday to mark its 58th National Day […]. The channel only broadcast 11 hours a day when it was opened in 1999 ».
  136. (en) The wishes of a Tibetan, China Digital Times, 27 mars 2009 : « At present, the two most popular television channels in the Tibetan areas are the Qinghai Tibetan language channel and the Tibet Tibetan language channel » (« Actuellement, les deux chaînes télé les plus regardées dans les régions tibétaines sont la chaîne en langue tibétaine du Qinghai et la chaîne en langue tibétaine du Tibet »).
  137. (en) Zhang Mingyu, Cheer up for opening khampa Tibetan TV Channel, tibet.new.cn, 17 janvier 2010.
  138. (en) Robert Barnett, Seven Questions: What Tibetans Want, site Foreign Policy, mars 2008 : « I think we have to get over any suggestion that the Chinese are ill-intentioned or trying to wipe out Tibet ».
  139. (en) Robert Barnett, Thunder for Tibet, compte rendu du livre de Pico Iyer, The Open Road: The Global Journey of the Fourteenth Dalai Lama, Knopf, 275 p., in The New York Review of Books, vol. 55, number 9, May 29, 2008 : « Why, if Tibetan culture within Tibet is being “fast erased from existence”, (do) so many Tibetans within Tibet still appear to have a more vigorous cultural life, with over a hundred literary magazines in Tibetan, than their exile counterparts? ».
  140. Commission internationale de juristes, La question du Tibet et la primauté du droit, Genève, 1959. « Il y a également lieu de souligner le fait que la déportation de 20 000 enfants tibétains et dont la Chine est accusée, constitue une infraction directe de l’article II e ».
  141. Source : La Chine envahit le Tibet par Claude B Levenson.
  142. Jean Dif : Chronologie de l'histoire du Tibet et de ses relations avec le reste du monde.
  143. Le vrai visage du Dalaï-Lama de Kalovski Itim dans Revolutionary Worker du 15 février 1998.
  144. (en) Former serf writes: Dalai Lama “chief representation” of Tibetan serfdom, sur le site Tibet.news.cn, 25 mars 2009.
  145. Colin Goldner is director of the Forum of Critical Psychology in Munich and author of Dalai Lama: Fall eines Gottkönigs (Dalai Lama: The Fall of the God King), Alibri Verlag, 2005, 733 p.
  146. (en) Colin Goldner, The Myth of Tibet. How a dictatorial regime of monks is romantically transfigured, traduction publiée sur le site eunacom.net d’un article en allemand paru dans la revue diesseits sous le titre Mythos Tibet [# 49/1999, pp. 14-15] : « one cannot trust, in principle, the pronouncements of the exiled Tibet supporters-scenario: These are, if not totally invented out of thin air, as a rule hopelessly exaggerated and/or refer to no longer actual happenings. The contention of the Dalai Lama’s exiled government that “the daily life of the Tibetans in their own land” are dictated by “torture, mental terror, discrimination and a total disrespect for of human dignity” is pure propaganda meant to collect sympathy points or monetary contributions; such accusations do not reflect today’s realities in Tibet. Likewise, the accusations of forced abortions and blanket area sterilizations of Tibetan women, of a flooding of the land by Chinese colonists, of systematic destruction of the Tibetan cultural heritage do not agree with the facts ».


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