Courant lambertiste

Courant lambertiste

Le courant dit « lambertiste » est un courant trotskiste dirigé par Pierre Boussel, alias Pierre Lambert, représenté dans le monde par la Quatrième Internationale (lambertiste) présent dans plusieurs pays du monde.

La qualification de « lambertiste » n'est pas revendiquée par ce courant[1].

La majorité des trotskistes français (dont les futurs lambertistes) sont exclus du Parti communiste internationaliste en 1953 pour s'opposer à la stratégie d'entrisme au sein des partis staliniens prôné par la direction de la IVe Internationale dirigée par Michel Raptis (Secrétariat unifié). Ils fondent alors l'Organisation communiste internationaliste (OCI).

Les lambertistes sont pour l'indépendance réciproque des partis et des syndicats. En 1981, ils se rapproprient le sigle de Parti communiste internationaliste. La même année, ils participent à la création d'un nouveau syndicat étudiant indépendant du Parti communiste français : l'UNEF-ID. En 1985, les lambertistes fondent le Mouvement pour un parti des travailleurs (MPPT), qui devient en 1991 le Parti des travailleurs, dont ils animent le courant principal, le Courant Communiste Internationaliste (CCI). Pierre Boussel s'est présenté à l’élection présidentielle de 1988 et a obtenu 0,38 % des voix. En 2002, le candidat du Parti des travailleurs, Daniel Gluckstein, a obtenu 0,47 % des suffrages.

Certains dirigeants du Parti socialiste sont d'anciens lambertistes. Parmi eux, Lionel Jospin, les frères David et Daniel Assouline et Jean-Christophe Cambadélis.

Sommaire

Chronologie

  • Sources : une source d'informations pour suivre et comprendre cette chronologie est la brochure Quelques enseignements de notre histoire parue aux Éditions Selio. On pourra aussi lire les documents en archives des exemplaires du journal La Vérité entre 1941 et 1953, surtout pour ce qui concerne les militants trotskistes victimes des nazis ainsi que leur action politique et syndicale entre 1940 et 1953 notamment. Pour la Seconde Guerre mondiale, voir aussi : fac-similé de La Vérité clandestine (1940-1944), suivi du Fac-similé de Arbeiter uns Soldat et des Thèses de la conférence européenne de la IVe Internationale ; présentation et notes analytiques de Jean-Michel Brabant, Michel Dreyfus, Jacqueline Pluet; traduction d'Arbeiter und Soldat par Jean-Jacques Bonhomme, EDI (Études et Documentation Internationales), Paris, 1978. D'autres livres comme le trotskysme de Jean-Jacques Marie (Éditions Que sais-je ?) sont des sources.
  • 15 février 1940 : Pierre Boussel, alors soldat de deuxième classe, est arrêté avec seize militants se réclamant de la quatrième internationale. L'inculpation mentionne le chef d'accusation suivant : « infraction au décret du 1er septembre 1939 sur la publication de textes de nature à nuire au moral de l'armée et de la population ». Le rapport de police se termine ainsi « ...se réclame ouvertement du marxisme-léninisme intégral, du défaitisme révolutionnaire et de l'antimilitarisme ». Il est condamné à trois ans de prison, mais s'évade lors de l'invasion allemande.
  • Durant la guerre et sous l'occupation, les trotskistes sont émiettés, désorientés, perdus. Le principal dirigeant, Testu (Henri Molinier), ne « voit de solution que dans les organisations fascistes et staliniennes qui naîtront du triomphe du pacte germano-soviétique ». Testu préconise jusqu'en 1941 de poursuivre le travail d'entrisme, mais aussi dorénavant dans certains mouvements collaborationnistes. Une petite fraction clandestine pénètre le Rassemblement national populaire de Marcel Déat (Testu y aurait même pris, selon certaines sources, la parole lors d'un meeting). En 1940-1941, Lambert, futur dirigeant de l'OCI, s'oppose clairement et nettement à l'orientation de Testu et milite sur des positions internationalistes. Il est l'auteur notamment, sous pseudonyme, d'articles sur les processus militaires de la guerre en cours.
  • En 1943, Pierre Boussel, dit Lambert, est exclu avec sa compagne pour avoir tenté d'organiser des jeunes stagiaires pour le compte de l'opposition interne. Il demande alors son adhésion, en décembre 1943, à un autre groupe : le Parti ouvrier internationaliste (POI) qui développe surtout une action de reconstruction des syndicats ouvriers clandestins et de fraternisation avec les travailleurs allemands sous l'uniforme, ainsi que contre la Collaboration, le gouvernement de Vichy, le patronat et les nazis. D'autres membres du POI et des militants trotskistes participent activement aux maquis de la Résistance.

« Derrière un soldat "nazi" se cache un travailleur allemand ! » explique la thèse de ralliement. Le POI sera en effet le seul parti politique qui essaiera, durant cette guerre, de favoriser la fraternisation internationaliste contre les nazis et Vichy. Il paiera cette action de la mort par la hache de nombreux militants tant allemands que français (groupe dit "Widelin" qui publiait le journal en langue allemande "Arbeiter und Soldat"- traduction: "Ouvrier et Soldat").

Deux militants trotskistes en Bretagne - Gueguen et Bourhis - sont parmi les otages de Châteaubriant en 1941. D'autres militants sont pris pour le STO, d'autres sont victimes de la fureur de la Gestapo (surtout les militants trotskistes allemands, soldats et marins), d'autres encore meurent en camp de concentration (Source: Quelques enseignements de notre Histoire- Éditions Selio).

  • Janvier 1944 : les groupes trotskistes s'unifient dans le Parti communiste internationaliste (PCI), section française de la quatrième internationale, dont l'organe est La Vérité, pour qui « le fascisme est le fruit naturel du capitalisme, et on ne peut le finir qu'en abattant le capitalisme ». Le PCI se démarque notamment en se prononçant contre l'union sacrée aussi bien extérieure (les Alliés et l'URSS) qu'intérieure (De Gaulle et le PCF). Cette attitude leur vaudra l'inimitié farouche du PCF qui les qualifie d'« hitléro-trotskistes » dans sa presse et ses tracts.

Le PCI est fort actif dans de nombreuses actions populaires et dans les usines, surtout sur Paris et sa banlieue, entre fin 1944 et 1947. Le militant trotskiste Daniel Renard lance notamment la grève des ouvriers de Renault de 1947 qui met fin au gouvernement d'union nationale entre gaullistes et PCF.

  • 13-14 juillet 1952 : explosion au grand jour de la crise dite "pabliste" du nom de Michel Pablo. La plupart des militants (Pierre Boussel alias Lambert, Marcel Gibelin, Marcel Favre-Bleibtreu, Michel Lequenne, Michèle Mestre) sont exclus du Parti communiste internationaliste (PCI) par la direction de l'Internationale. Les exclus participeront le 23 novembre 1953 à la création du Comité International de la Quatrième internationale (CI) avec d'autres partis trotskistes qui veulent garder le Programme de Transition (Programme de l'Internationale)
  • mars 1955 : exclusion de ce qui reste du PCI d'une minorité (Marcel Favre-Bleibtreu, Michel Lequenne) favorable à un rapprochement avec André Marty (exclu du Parti communiste français) au sein de Comités de redressement communiste. Les exclus formeront le Groupe bolchévique-léniniste, puis rallieront le Parti socialiste unifié (PSU)
  • 1958: lancement du journal "Informations ouvrières" .
  • 1961 : création par les lambertistes du Comité de liaison des étudiants révolutionnaires (CLER)
  • 1954-1962: soutien actif au MNA de Messali Hadj en Algérie pendant la guerre d'indépendance. Extension des liens internationaux.
  • Avril 1968 : le CLER devient la Fédération des étudiants révolutionnaires (FER)
  • 12 juin 1968 : dissolution par décret de l'OCI et de la Fédération des étudiants révolutionnaires (FER). L'OCI devient l'Organisation trotskyste. la Fédération des étudiants révolutionnaires (FER) devient l'Alliance des jeunes pour le socialisme (AJS) et l'Alliance des étudiants pour le socialisme (AES)
  • juillet 1970 : annulation par le Conseil d'état de la dissolution de l'OCI, de la FER et du groupe Révoltes; l'OCI reprend son nom d'origine
  • 17 juin 1984 : élections européennes. La liste Pour un Parti des travailleurs conduite par Marc Gauquelin obtient 0,90 %

Bibliographie

  • Jean-Jacques Marie, Le trotskysme et les trotskystes, Paris, A. Colin, 2004.
  • Jacques Roussel, Les Enfants du prophète, histoire du mouvement trotskiste en France, Paris, Spartacus, 1972.

Notes et références

  1. « L'année 2001 aura connue en France la « percée médiatique » du « lambertisme ». Bien que nous contestions cette appellation, nous pourrions nous en réjouir... s'il s'agissait d'informer honnêtement l'opinion publique sur une organisation, jusque-là ignorée par la presse écrite, orale, et télévisuelle » Daniel Gluckstein et Pierre Lambert, Itinéraires, éd. du Rocher, p.9
  2. Source : france-politique.fr

Voir aussi

Liens externes


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