Critique et arguments de l'athéisme

Critique et arguments de l'athéisme

Critique et arguments de l'athéisme

La critique de l'athéisme se retrouve, en même temps que l'athéisme, dans l'histoire des religions, au cours de leur phase de sécularisation.

L'athéisme peut être défini comme l'affirmation qu'aucune divinité ou Dieu n'existe.

La plupart des critiques de l'athéisme proviennent des religions monothéistes qui ont fourni des arguments, soit pour convaincre, soit pour réprouver l'athéisme et les athées eux-mêmes. Cependant, ces arguments peuvent souvent être renversés par des athées pour réfuter l'existence des dieux ou de Dieu.

Sommaire

Critiques classiques

L'athéisme est erroné parce que Dieu existe

Article détaillé : Arguments sur l'existence de Dieu.

La plupart des arguments directs contre l'athéisme sont ceux en faveur de l'existence de Dieu, qui impliqueraient que l'athéisme est simplement faux et que les athées sont incapables ou peu disposés à identifier l'existence d'un Dieu ou de dieux.

L'athéisme est incohérent

Un des arguments est que l'athéisme est dénué de sens. Ce point de vue est comme une image en miroir du point de vue agnostique selon lequel le théisme est incohérent, ou une extension du point de vue agnostique lui-même : si l'on pose que la question de l'existence de Dieu n'a pas de réponse, y répondre "non" est aussi absurde qu'y répondre "oui".

D'autres personnes attaquent l'athéisme en l'opposant à d'autres convictions soutenues par un nombre significatif d'athées (l'attaque ne vaut donc que pour ces athées).

L'athéisme n'existe pas

Selon un autre argument, toute personne croit naturellement en une déité, ou à une réalité transcendante voire un symbole de pouvoir supérieur : argent, pouvoir, progrès, nature, etc... Ainsi, l'athéisme ne pourrait être un rapport vrai de croyance, n'étant qu'une forme de sa dénégation. Les athées ne pouvant nécessairement que s'illusionner de ne pas avoir de hiérarchie des valeurs, ou n'être incroyants que par manque d'honnêteté intellectuelle, on pourrait en déduire que l'athéisme n'existant pas. Ainsi, Science&Vie[1] rapporte les travaux de l'équipe suédoise de la neurobiologiste Jacqueline Borg qui prouve que la sérotonine (ou autres neurotransmetteurs) influe sur la religiosité.

Une réponse à cette proposition a été d'exiger la preuve que les athées sont des croyants qui s'ignorent. Sinon n'importe qui pourrait défendre n'importe quelle position, en argumentant que ceux qui expriment un désaccord sont en réalité d'accord sans le savoir. Or, l'existence d'une transcendance est un fait collectif, une dimension qui organise le culture humaine, indépendamment de la conscience individuelle: être sourd-muet ne permet pas de prouver que le langage n'existe pas, ou qu'il n'obéit pas à tel ou tel principe. [réf. nécessaire]

Cependant, les athées pourraient se servir d'une réfutation encore plus simple pour contrer ces critiques qui consiste à renverser l'argument et à soutenir que toutes les personnes, naturellement et par elles-mêmes, ne croient en aucune déité, mais, plutôt, ne croient que parce qu'elles ont été élevées dans telle ou telle croyance, et que c'est la croyance qui est dénégation et illusion. [réf. nécessaire]

L'athéisme mène à des conceptions amorales

Ici, il faut distinguer entre l'athéisme ou le scepticisme comme option individuelle de l'athéisme comme option politique, c'est-à-dire comme principe de conduite d'un gouvernement.

Toutes les religions du monde enseignent que la moralité est dérivée des préceptes ou des commandements inspirés par la croyance commune perçue comme référence absolue ( les dix commandements en sont un exemple ) . Par ailleurs, la reconnaissance d'un Dieu inciterait, par crainte ou par respect, à adopter un comportement moral, c'est-à-dire conforme à un idéal d'honnêteté ou de justice qui n'est pas centré sur l'individu et qui ne satisfait pas nécessairement l'intérêt personnel: d'où une aptitude au renoncement, au sacrifice, à l'honnêteté, à la franchise, etc. que certains attribuent uniquement aux croyants de leur religion.

D'autre part, il est inéquitable, dans une même société, de faire vivre entre elles des personnes qui n'ont pas pas les mêmes exigences morales, les unes se conformant à un idéal moral, les autres à la poursuite de leur avantage et de leur satisfaction.

Par exemple, pendant beaucoup d'années aux États-Unis, il n'était pas permis aux athées de témoigner devant un tribunal parce que l'on estimait qu'un athée n'aurait aucune raison de dire la vérité, sans la crainte de Dieu pour l'inciter à être honnête, dès lors que cette affirmation serait contraire à son intérêt. L'athéisme interdirait les conduites d'héroïsme, d'honneur, voire de simple honnêteté. Sans la référence absolue d'une transcendance divine qui permet de la sacraliser par un serment solennel ou implicite, la parole devient purement opportuniste, utilitaire, relative aux intérêts changeants de celui qui s'engage.

S'il est vrai que la conception des dieux et les croyances ont considérablement varié selon les traditions, il est généralement admis que la croyance collective en une divinité joue le même rôle dans toutes les sociétés : régulariser les mœurs.

Les défenseurs de l'éthique religieuse [Qui ?] expliquent les cas où l'immoralité se serait manifestée au nom de la religion par le fait qu'ils seraient produits par des aberrations politiques fondées sur des interprétations radicales ou même extrémistes des écrits religieux, et soulignent les effets positifs que la religion peut revendiquer.

Quelques théistes[Qui ?] ont également argué du fait que l'athéisme favorise l'immoralité, en se fondant sur les exemples des antithéistes qui sont considérés comme des dictateurs, en particulier, Joseph Staline et Mao Zedong.

De manière équivalente, les religions, quand elles deviennent institutions, instaurent parfois des systèmes de répressions (cf. Inquisition) qui visent à contrôler les pensées et les pulsions des êtres humains, la déviance étant alors punie par la persécution, la torture, voir l'exécution du contre-venant. On peut donc remarquer que lesdits systèmes totalitaires athées sont des formes sécularisées de l'oppression religieuse.

Contre-arguments athées sur l'immoralité

Les athées[Qui ?] rejettent presque uniformément ce reproche et affirment qu'ils sont aussi - ou davantage - enclins à avoir un comportement moral, et proposent toute une liste de fondements non-théistes d'un comportement moral, comme :

  • une habitude acquise par leur éducation
  • l'empathie, la compassion et le souci humain pour éviter la souffrance des autres (la plupart des êtres humains ressentent une sorte de souffrance mentale devant la souffrance d'autres humains)
  • le respect pour l'ordre, la société, et la loi (beaucoup d'athées désirent vivre dans une société ordonnée, paisible, et sont conscients du fait qu'ils doivent se conformer à la loi s'ils veulent que le système fonctionne). Dans sa sociologie, Émile Durkheim indique que dans le mode moderne, la Société, comme principe supérieur, a pris la place de la divinité,
  • le désir d'avoir une bonne réputation (nécessaire pour être accepté par les autres) et l'amour-propre (l'image qu'on se fait de soi est forgée par nos propres actes, et il faut agir de façon à pouvoir s'accepter soi-même)

En outre, alors que l'athéisme n'implique aucune philosophie morale particulière, beaucoup d'athées s'orientent vers des conceptions telles que l'humanisme, l'empirisme, l'objectivisme, ou l'utilitarisme séculaire, qui fournissent un cadre moral qui n'est pas fondé sur la foi dans les déités.

Beaucoup d'athées ont également argué du fait qu'aucune base religieuse n'est nécessaire pour vivre une vie morale[2]. Ils affirment que le seul comportement véritablement moral est celui qui proviendrait de motivations altruistes, pas de la crainte d'une punition ou de l'espoir d'une récompense après la mort (car dans ce cas, il ne s'agit que de suivre son intérêt bien compris). De plus, ils citent le fait que, dans beaucoup de religions, le concept de la moralité est présenté comme liste d'interdits. Ils affirment que respecter une liste d'interdits n'est pas suffisant pour avoir un comportement véritablement moral, et que la moralité devrait être positive plutôt que négative : que dois-je faire ? plutôt que que dois-je ne pas faire ?.

Ceux qui sont peu satisfaits de l'orientation négative de l'éthique religieuse traditionnelle [Qui ?] considèrent que les interdits peuvent seulement fixer les limites absolues de ce que telle ou telle société est disposée à tolérer de la part des gens dans ce qu'ils ont de plus négatif, et que les interdits ne guident pas les gens vers la réalisation de ce qu'ils ont de plus positif. En d'autres termes, quelqu'un qui respecte tous ces interdits évite juste d'être un criminel, et n'agit pas en tant qu'influence positive sur le monde. Ils concluent qu'une éthique raisonnable peut mener à une vie morale entièrement exprimée, alors que les interdits religieux sont insuffisants. En réponse, les théistes[Qui ?] précisent souvent que cette négativité est un dispositif de certaines traditions religieuses et pas d'autres, et qu'il y a les directives positives dans certaines.

D'autres athées affirment que c'est la religion, plutôt que l'athéisme, qui est la source de l'immoralité. Francis Bacon , par exemple , écrit : « l'athéisme laisse à l'homme le sens, la philosophie, la piété normale, les lois, la réputation ; toutes choses qui peuvent être guides d'une vertu morale extérieure, même si la religion disparaissait ; mais la superstition religieuse démantèle toutes ces choses et érige une monarchie absolue dans les esprits des hommes. » [3]

Ici, la notion fondamentale est que les systèmes moraux religieux insistent sur l'obéissance plutôt que sur d'autres qualités. D'autres estiment qu'en raison de leur appui surnaturel allégué, ces systèmes sont en soi autoritaires, par conséquent capables d'approuver l'immoralité aussi facilement que la moralité tout en décourageant des individus d'évaluer de façon responsable la justesse morale de leurs actions. À l'appui de ceci, les athées peuvent évoquer une longue liste d'horreurs commises avec l'appui de la religion.

Cependant, des athées[Qui ?] ont rétorqué que l'existence des personnes immorales (ou amorales) ayant un certain système de croyance (ou manque d'un certain système de croyance) n'indique pas que le système de croyance lui-même est immoral ou amoral. En outre, l'argument qui affirme que l'athéisme est faux parce qu'il mène à des morales pauvres serait une forme d'appel aux conséquences, une erreur logique même si l'athéisme était en effet lié à l'immoralité, il n'impliquerait pas qu'un système athée de croyance est réellement incorrect.

Certaines croyances religieuses sont parfois accusées de favoriser la mortalité en s'opposant à la recherche médicale ou en jugeant contraire aux dogmes l'utilisation de médicaments ou de préservatifs, elles empêcheraient de facto de trouver ou d'utiliser les moyens de guérir certaines pandémies (Peste, Sida) et remplaceraient des méthodes scientifiques par des pratiques rituelles qui ne possèderaient pas de vertus curatives (cf. Controverses liées aux Témoins de Jéhovah). Par exemple, en Éthiopie, la croyance aux bienfaits de l'eau bénite conduit certains prêtres à interdire la prise de médicaments[4].

Critique radicale de l'athéisme par René Girard

Selon René Girard, le meurtre de boucs émissaires a fondé les communautés archaïques et le religieux sacré (mythes, tabous, interdits, rites) a permis à ces communautés de maintenir un ordre social stable. Mais le biblique a révélé le meurtre fondateur, ce qui a enrayé l'efficacité du mécanisme émissaire et entraîné l’effondrement des ordres sociaux fondés sur le religieux sacré.

Athéisme et source de la morale

Selon René Girard, ce que les athées veulent faire passer pour humain et naturel serait en fait chrétien. Par exemple, la pitié et la compassion ne seraient concevables et praticables que par des individus dont la socialisation se fait dans le cadre d’une culture judéo-chrétienne. Si l’on avait proposé à un Grec de donner des droits à une victime, il n’aurait même pas ri, il n’aurait simplement pas compris.[réf. nécessaire]

Rapport christianisme/athéisme

Toujours selon Girard, l’athéisme humaniste, héritier des valeurs chrétiennes, a parfois défendu ces dernières mieux que l’Église chrétienne et parfois même contre elle. Si le christianisme est la source de la morale, et si l’athéisme s’en prend pour une deuxième source, s’afficher chrétien ou athée n’est pas gage de morale ou d’immoralité.

Voir aussi

Notes et références

  1. Science & Vie - N°1055 - août 2005- Pourquoi Dieu ne disparaîtra jamais. « "le système de production de sérotonine pourrait bien être vu comme l’une des bases biologiques de la croyance religieuse, même si le résultat de l’étude doit encore être précisé avec des travaux menés sur un panel de volontaires plus large." »
  2. Is Atheism Consistent With Morality?
  3. Essays of Francis Bacon - Essay XVII
  4. http://www.rfi.fr/sciencefr/articles/091/article_53891.asp Médecine et religion ne font pas bon ménage

Bibliographie

  • Télécommunications et philosophie des réseaux, la postérité paradoxale de Saint-Simon, Pierre Musso, PUF, 1997,
  • "l'homme et ses origines", de Robert-Jean VICTOR. Editions du Cygne. avril 2007
  • Jean-Marc Rouvière, Brèves méditations sur la création du monde L'Harmattan, Paris (2006), ISBN 2-7475-9922-1.

Articles connexes

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