Critiques De L'espéranto

Critiques De L'espéranto

Critiques de l'espéranto

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Dès sa création en 1887, l'espéranto a fait l'objet de critiques, que l'on peut classer en différentes catégories :

Sommaire

Critiques générales

  1. Les racines des mots espérantistes sont dans leur grande majorité latines (exemple maison : domo).
  2. La grammaire éloigne l'espéranto du latin (exemple père se dit patro en espéranto, mais mère se dit patrino, construit avec le lexème patr + in, suffixe féminisant, conforme au principe de simplicité et de régularité de l'espéranto, mais qui s'éloigne du mot latin mater).

Cette proximité distanciée de l'espéranto et du latin est à l'origine de deux types de critiques antinomiques : l'espéranto serait trop éloigné, ou au contraire trop proche du latin et/ou des langues occidentales.

L'espéranto pas assez latin ou pas assez « occidental »

Cette critique était surtout formulée dans la première partie du XXe siècle. Langue morte enseignée dans toute l'Europe, le latin paraissait être la base obligée de toute langue construite ; de fait, la majeure partie des projets de réforme de l'espéranto, notamment l'ido (1908), ou d'autres projets (en particulier le latino sine flexione de Giuseppe Peano) proposait un rapprochement avec le latin. L'interlingua part, lui, de la ressemblance entre les langues romanes, pour dégager le maximum de similitudes, et ainsi faciliter la lecture de la langue sans apprentissage préalable, quitte à sacrifier sa régularité et à rallonger son temps d'apprentissage.

L'espéranto trop proche du latin, ou trop « occidental »

Cette critique est plus récente : les langues issues du latin dominaient un monde qui était colonial lorsque l'espéranto fut créé. Aujourd'hui, la Chine (un des pays où l'espéranto est pourtant le plus développé[réf. nécessaire]) et l'Inde sont les pays les plus peuplés ; l'espéranto ne pourrait donc convenir à une humanité qui, dans sa grande majorité, n'utilise pas une langue latine. L'espéranto serait difficile à apprendre, voire à prononcer, pour les Asiatiques.

Une variante de cette critique souligne que la grammaire de l'espéranto est essentiellement basée sur les grammaires européennes.

On peut lire à ce sujet l'essai de Claude Piron : Une langue occidentale l'espéranto ?

Critiques grammaticales

Certaines de ces critiques sont formulées par des espérantistes qui désirent voir évoluer la langue ; ils font l'objet de débats contradictoires dans les milieux espérantistes, comme l'illustre la lecture des forums dans un site comme Ĝangalo. Mais une majorité d'espérantistes estime qu'en l'absence d'une perspective d'adoption à court terme, ces débats sont stériles et ne feraient que diviser inutilement le mouvement espérantiste.

Les lettres diacritées

L'espéranto possède six lettres diacritées: (ĉ, ĝ, ĥ, ĵ, ŝ, ŭ), à l'aide de deux signes diacritiques :

  • l’accent circonflexe sur c, g, h, j, s (donnant respectivement les sons « tch » [ʧ], « dj » [ʤ], le j espagnol ou ch allemand de nach [x], le j français [ʒ], le son « ch » [ʃ])
  • la brève sur le u (prononcé [w], comme la lettre w en anglais). (Alphabet de l'espéranto)

Pour ses détracteurs, ces lettres gênent la diffusion de l'espéranto, surtout à l'ère de l'ordinateur, car l'adaptation doit se faire sur l'ensemble des systèmes pour qu'ils restent interopérables.

Pour ses partisans, les lettres diacritées servent à garder une certaine richesse de sonorités sans perdre la bijection phonème/lettre. Elles permettent aussi à l'occasion de maintenir un lien graphique ou visuel entre un mot espéranto et le mot dans une langue naturelle d'où il tire son étymologie. Elles donnent enfin une certaine originalité à la langue.

Les difficultés techniques peuvent être facilement évitées sur les systèmes informatiques un peu anciens et sur les machines à écrire par l'utilisation (moderne) de la lettre x placée après la lettre qui doit porter l'accent. Depuis un siècle, une règle permettait de faire de même en utilisant la lettre h et en abandonnant le signe de brève.

Enfin, ces lettres rendent la langue vraiment phonétique, ce qui est appréciable pour ceux qui ont des idéogrammes ou un alphabet différent.

Une critique supplémentaire porte sur le traitement des deux semi-consonnes : la lettre consonne j note indistinctement la semi-consonne [j] et la voyelle courte [ĭ] des diphtongues (ex: najbaro), ce qui est conforme à l'usage des langues européennes. À l'inverse, la lettre voyelle ŭ note uniquement la voyelle courte [ŭ] en tant que second membre d'une diphtongue. Il n'est pas précisé si la prononciation de mots comme antaŭa doit être [an.taŭ.a] ou [an.ta.wa].

Les lettres diacritées permettent souvent une reconnaissance visuelle ou auditive d'un mot suivant l'origine du locuteur : exemple : ĝardeno sera reconnu visuellement par un anglophone (garden) et phonétiquement par un francophone (la prononciation deĝardeno se rapproche de jardin).

La phonologie

Certaines critiques portent sur la phonologie de l'espéranto, qui n'est pas forcément aussi aisée qu'on le prétend.

L'espéranto permet à deux consonnes de se suivre, même à l'initiale : scii [sʦii] (savoir), ŝtrumpo [ʃtrumpo] (chaussette). L'espéranto permet également à une sourde de précéder une sonore : ekzemplo (exemple, à comparer avec la prononciation française [ɛgzɑ~pl], rarement [ɛksɑ~pl]).

À l'inverse, certains jugent peu euphoniques les hiatus de l'espéranto : ĝuu (sois heureux), praa (passé, ancien).

Les flexions

L'espéranto exige un certain nombre de déterminations : un nom, ou un adjectif, doit être singulier ou pluriel ; un verbe conjugué doit être au présent ou à l'un des quatre autres temps.

Bien que ce trait de grammaire soit commun aux langues indo-européennes d'Europe, il est absent de certaines langues. Ainsi, le chinois et le japonais n'exigent pas de préciser le nombre.

Un projet de réforme récent « esperanto sen flexio » supprime la marque du pluriel (comme d'ailleurs de l'accusatif). Il emploie également les verbes à une forme unique, le temps étant indiqué par des adverbes ou le contexte.

L'accusatif

L'espéranto possède un accusatif, marqué par la terminaison -n (n-komplemento) : « mi legas libron : je lis un livre ».

Pour ses détracteurs, l'accusatif serait une difficulté inutile, car l'usage a voulu que la majorité des phrases (dans de nombreuses langues) suive l'ordre sujet-verbe-complément ; il a disparu de toutes les langues romanes (sauf le roumain), où c'est l'ordre des mots qui indique l'accusatif : en français, « le chien regarde le chat » n'a pas le même sens que « le chat regarde le chien ».

Incidemment, dans des constructions fréquentes, le COD en espéranto n'est pas marqué de l'accusatif : c'est le cas en particulier pour les adverbes de quantité (mi legas multe de libroj), les adjectifs cardinaux (mi legis nur du), …

L'accusatif, rétorquent ses partisans, est un élément de précision : la phrase française « il l'a reçu comme un prince », est ambiguë, mais pas les deux traductions possibles en espéranto : « li ricevis lin kiel princo (il l'a reçu comme un prince l'aurait reçu) », ou « li ricevis lin kiel princon (il l'a reçu comme il aurait reçu un prince) ».

En outre, il permet de donner la liberté dans l'ordre des mots, ce qui possède plusieurs avantages. D'abord, l'apprentissage peut se réaliser en douceur pour tous. Quelle que soit sa langue maternelle (Langues Sujet-Verbe-Objet, Langues Sujet-Objet-Verbe, Langues Verbe-Sujet-Objet, VOS, OSV, OVS), le débutant en espéranto pourra suivre son instinct et utiliser l'ordre des mots auquel il est habitué ; le résultat sera compréhensible par tout espérantiste. Ensuite, les traductions peuvent être vraiment fidèles à l'esprit des textes originaux ; ainsi, la traduction Panon nian ĉiutagan donu al ni hodiaŭ conserve le style et la musique de la phrase latine originale (Panem nostrum quotidianum da nobis hodie), ce que ne peut se permettre la traduction française Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour..

Enfin, cela permet de mettre facilement en valeur certains éléments d'une phrase, sans devoir utiliser des tournures lourdes : exemple : « mi vin amas » je vous aime « vin mi amas » c'est vous que j'aime.

Le pluriel

Directement inspiré par le grec ancien, le pluriel en espéranto est indiqué par le j ( prononcer comme le ï français), qui serait inesthétique ; l'ido rend l'adjectif invariable, et le pluriel des noms en o se fait en i.

Toujours concernant le pluriel, certains critiquent que les pronoms pluriels ne soient pas formés régulièrement à partir des pronoms singuliers : mi/ni (je/nous), vi/vi (tu/vous) li,ŝi,ĝi/ili (il,elle/ils,elles). Le Chinois et le quechua utilisent ces constructions ; l'on peut néanmoins juger que les pronoms pluriels ne sont pas les pluriels des pronoms singuliers (nous n'est pas je et je).

L'accord des adjectifs

En espéranto, l'adjectif s'accorde en nombre, « Mi legis belajn librojn », ce qui serait une difficulté inutile, évitée en anglais où l'adjectif est invariable.

Cependant cet accord permet une plus grande précision, par exemple « Mi vidis ruĝan aŭton kaj kamionon » signifie « J'ai vu une voiture rouge et un camion » alors que « Mi vidis ruĝajn aŭton kaj kamionon » signifie « J'ai vu une voiture et un camion rouges » (les deux étaient rouges).

Cette précision n'est possible en anglais qu'au prix de la répétition de l'adjectif, mais ceci est également valable pour l'esperanto : « Mi vidis ruĝan aŭton kaj ruĝan kamionon » – qui est d'ailleurs la forme la plus courante en langage parlé – et le "gain" en précision est discutable. (Et ne fonctionne de toutes façons, que pour une série de noms au singulier : "li surmetis ruĝajn ŝuojn kaj strumpojn" = "il a mis des chaussettes et des souliers rouges" les chaussettes sont-elles rouges ? )

L'argument le plus sérieux en faveur de l'accord en nombre de l'adjectif repose sur le fait qu'on ne peut pas le rendre invariable comme en anglais, l'accord en cas (accusatif) est nécessaire dans des expressions comme "mi kredis fidela amikon" (j'ai cru fidèle un ami) différent de "mi kredis fidelan amikon" (j'ai cru un fidèle ami). Si l'adjectif doit s'accorder en cas, dire que par contre il ne s'accorde pas en nombre rend la règle aussi compliquée que de dire qu'il s'accorde complètement.

Le vocabulaire

Les mots internationaux

Outre le fait que le vocabulaire de l'espéranto provient essentiellement des langues latines ou germaniques, certaines critiques visent l'emploi abusif, selon eux, de mots dits internationaux. À côté de malliberejo (littéralement lieu de contraire de liberté), l'espéranto accepte les termes karcero, prizono. Cette critique a été développée par Claude Piron dans son livre La bona lingvo.

Cela conduit parfois à une multiplication des racines de sens identique, au gré des variantes existantes dans les langues d'emprunt. Ainsi, l'idée de rédaction (illustrée par les mots rédacteur, salle de rédaction, rédaction) peut être rendue par trois racines redakt-, redaktor-, redakci-, les trois existant couramment.

La formation des mots dérivés

L'espéranto possède un système de préfixes et de suffixes qui permettent la construction de nombreux dérivés : exemple :

  • arbo = arbre, arbaro = lexème arb + suffixe aro (indique l'ensemble) = forêt
  • hôpital = malsanulejo = mal (affixe indiquant le contraire) + san (lexème qui indique la notion de santé) + ul- (suffixe indiquant la personne malsanulo = le malade), + ejo (suffixe indiquant le lieu), mais l'espéranto moderne admet maintenant le terme hospitalo ;

Les détracteurs de ce système se demandent pourquoi certaines notions s'indiquent par des préfixes, d'autres par des suffixes, ils critiquent la lourdeur du système, ils qualifient de « meccano » le système de construction des mots. Il est vrai que certaines compositions peuvent avoir plusieurs sens, ainsi frukto-dona peut signifier qui donne des fruits ou fertile.

Les espérantistes soulignent le caractère très ingénieux de la formation des mots, l'économie de vocabulaire qu'il permet, sans empêcher la formation de nouveaux mots en fonction de l'évolution de la langue.

Les classes de mots

L'espéranto distingue intrinsèquement trois grandes classes de racines (certains disent : de mots), nommées d'après leur terminaison : les o-vortoj (noms, exprimant un être), les a-vortoj (adjectifs, auxquels les adverbes sont liés, exprimant une propriété ou un état), les i-vortoj (verbes, exprimant une action).

Le passage d'une racine d'une classe à l'autre peut apparaître peu clair à un débutant, qui hésitera entre plusieurs sens : viva, formé à partir du o-vorto vivo (vie), peut formellement signifier vivant (qui possède la vie) ou biologique (qui se rapporte à la vie).

De même, il est impossible de définir a priori la classe à laquelle appartient une racine. Ainsi, martel- est une racine nominale, et formera martelo (marteau), marteli (frapper avec un marteau, marteler) ; seg- est une racine verbale et formera segilo (scie), segi (scier).

Le système verbal

L'espéranto a un système de conjugaison très régulier. Néanmoins, certains pointent du doigt l'absence de passif (voir Le passif en espéranto).

D'autre part, si, au début de son utilisation, l'espéranto distinguait clairement les verbes transitifs et intransitifs, cette distinction est moins marquée dans l'usage actuel.

Autres critiques

  • L'espéranto ne dispose pas d'adjectif cardinal pour « un million », « un milliard » (de même que le français et les autres langues européennes).
  • L'espéranto surcharge la préposition de, qui introduit le complément du nom, le complément d'agent, le complément de temps (origine).
  • Parmi les tabel-vortoj, l'absence de forme pour signifier l'altérité a conduit certains à proposer les mots alio (autre chose), alie (ailleurs), …
  • La marque de l'accusatif est portée par l'adjectif qualificatif, mais pas par cardinal : mi vidis tri blankajn katojn .
  • L'espéranto, comme les langues slaves, ne distingue pas les conditionnels présent et passé : mi farus je ferais, j'aurais fait.

Critiques idéologiques

Inégalité hommes-femmes

Les mots féminins de l'espéranto sont formés à partir des mots masculins (ajout de -in-), et de même pour les mots neutres (ajout de ge-) : patro = père, patrino = mère et gepatro = parent. Cela suggère que le masculin est la référence, ce qui est critiquable du point de vue féministe. Une proposition de réforme consiste à utiliser les mots neutres comme radicaux, et à former tous les mots masculins par l'ajout de vir-, le préfixe ge- peut alors disparaître car la racine simple devient neutre. Une autre proposition est d'opposer au suffixe -in le suffixe -iĉ (au lieu du préfixe vir-).

ĉu vi demandis vian patron? = as-tu demandé à un de tes parents ? (à l'un ou à l'autre)

ĉu vi demandis vian patriĉon/virpatron? = as-tu demandé à ton père ?

ĉu vi demandis vian patrinon? = as-tu demandé à ta mère ?

Le fait que le féminin se forme à partir du masculin en mettant -in-, se retrouve en allemand. Ex: renard Fuchs renarde Füchsin.

Pour faire mentir cette tradition, et sans trop bousculer la grammaire, certain(e)s utilisent -in- non plus comme un suffixe mais comme une racine à part entière, permettant ainsi une formule, courante par exemple dans les formulaires d'inscription, qui construit le masculin malina à partir du féminin ina, renversant ainsi l'ordre prétendûment naturel.

Hégémonie espérantophone

On craint souvent que l'espéranto ne cherche à supplanter toutes les autres langues. Cette critique repose sur plusieurs a priori :

  1. il serait mauvais que le nombre de langues maternelles diminue
  2. l'espéranto serait par essence encore plus hégémonique que l'anglais ou le français (crainte d'une sorte de novlangue)
  3. les espérantistes auraient pour but la suppression des langues
  4. la construction d'une culture mondiale serait à l'origine des disparitions des langues.

Ces critiques ont reçu quelques réponses :

  1. seuls les plus dogmatiques des anationalistes approuvent la disparition des langues
  2. l'apprentissage de l'espéranto étant plus bref, il laisserait plus de temps à l'apprentissage des autres langues s'il supplantait l'anglais comme langue internationale, et la valeur propédeutique de l'espéranto favoriserait l'apprentissage des langues ; (rapport Grin).
  3. Le manifeste de Prague affirme le contraire.
  4. la plupart des partisans de l'espéranto prônent l'espéranto comme langue commune et presque aucun ne l'envisage comme langue unique ; la disparition des langues peut être expliquée par « l'impérialisme culturel », la mondialisation, et un faible investissement dans l'apprentissage des langues.

En ce qui concerne les critiques deux et trois, l'espérantiste Claude Piron fait remarquer qu'il s'agit plus d'une peur psychologique[réf. nécessaire] que de critiques rationnelles.

L'espéranto est une langue sans peuple et sans territoire national

Il ne serait pas possible d'avoir une langue vivante sans peuple et sans territoire national.

Au Moyen Âge, le latin était une langue sans peuple et véhiculaire.

Le yiddish ou le tsigane n'ont pas de territoire national.

Pour faire vivre une langue, il faut certes une communauté de gens qui l’utilisent, l’aiment et s’en occupent, mais cette communauté peut être autre qu’un peuple et peut se trouver répartie sur la terre entière.

L'anglais est déjà la langue internationale, l'espéranto ne sert à rien

Même si « parler anglais » (ou une autre langue) est très imprécise et recouvre des niveaux de langue très différents, l'anglais est aujourd'hui la langue de communication internationale la plus utilisée.

Il est donc légitime de penser qu'il est impossible de changer de langue internationale et que cela représenterait de toutes les façons un coût très élevé.

Cependant, au début du XXe siècle, lorsque l'espéranto est apparu, c'était encore le français qui dominait[réf. nécessaire]. Et, actuellement, aucune organisation inter-gouvernementale (telle que les Nations Unies, ou l’Union Européenne) n’utilise uniquement l’anglais.

Par ailleurs, l'anglais a le défaut d'être une langue difficile, en particulier du fait de la prononciation, et il est extrêmement difficile d'atteindre par l'apprentissage le même niveau d'anglais qu'un natif anglophone. À l'opposé, l’espéranto peut, après un temps d’étude et de pratique relativement court, devenir une langue que l’on sent comme sa propre langue [1]. Ainsi, selon une étude comparative de l'Institut de pédagogie cybernétique de Paderborn (RFA), 150 heures d'espéranto suffisent à un francophone pour atteindre un niveau qui en exige au moins 1 500 en anglais (et 2 000 en allemand)[2] [3].

Enfin, mandaté par un organisme relevant de l'Éducation nationale, l'économiste François Grin a conclu dans son rapport que si l'Europe adoptait l'espéranto, cela représenterait une économie de 25 milliards d'euros par an[4],[5],[6].

Critique linguistique

La linguistique enseigne que toute langue évolue. Le sens des mots change avec le temps, des mots nouveaux surviennent, d'autres disparaissent, d'autres encore renaissent sous une définition légèrement différente. Or ces modifications ne sont jamais globales, mais localisés. Par ailleurs le mot se déforme, se transforme, (plus vraiment maintenant dans son écriture qui est figée) mais dans sa prononciation qui peut devenir différente suivant les régions et même suivant les classes sociales. Beaucoup de linguistes expriment donc leur scepticisme dans une langue qui aurait l'ambition d'être à la fois universelle et vivante.

Bilan de ces critiques de l'espéranto

Ces critiques, débattues dans les milieux espérantistes eux-mêmes, contribuent largement à l'évolution de la langue ; cependant, l'espéranto a su garder son unité, et aucun des projets dérivés de l'espéranto, dont le plus connu est l'Ido, n'a pu s'imposer.


Concernant les critiques grammaticales, il est généralement souligné que, en tenant compte de celle-ci, l'espéranto reste bien plus régulier et bien plus simple que les langues naturelles.

Il est également intéressant de lire le rapport de recherche rédigé en 1987 par Claude Piron sous le titre « Espéranto : l’image et la réalité » qui reprend ces critiques et y apporte certains éléments de réponses[7].

Notes et références

  1. « bien qu’il ne soit pas une langue maternelle, il n’est pas non plus une langue étrangère. Chez l’espérantophone mûr, il n’est jamais ressenti est comme un idiome étranger» Pierre Janton. «La résistance psychologique aux langues construites, en particulier à l'espéranto», Journée d'étude sur l'espéranto : Actes (Paris : Université de paris VIII-Vincennes, Institut de linguistique appliquée et de didactique des langues, 1983), p 70.
  2. Comment apprendre l'espéranto
  3. Rapport Grin, p. 81.
  4. Rapport Grin, p. 7.
  5. Claude Piron, Le Défi des langues, L'Harmattan, 2e éd. 2001.
  6. Communication linguistique - Étude comparative faite sur le terrain.
  7. Espéranto : l’image et la réalité (pdf)

Liens externes

  • Portail de l’espéranto Portail de l’espéranto
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