Critiques du socialisme

Critiques du socialisme

Le terme socialisme a, depuis l'origine, été revendiqué par différents courants de pensée. Dans la mesure où il induit une certaine évolution/redistribution de la répartition des richesses, il tend à susciter méfiance et opposition des classes possédantes (selon les termes même des théories socialistes originelles: les capitalistes et autres bourgeoisies). Au-delà de la répartition des richesses les critiques peuvent porter sur telles ou telles pratiques de tel ou tel mouvement socialiste de telle ou telle époque.

Les critiques les plus virulentes et les plus popularisées ont peut-être été les critiques portées par le maccarthysme, contre le socialisme d'URSS. Le socialisme social-démocrate tel qu'il existe en Europe à la fin du XXe siècle est critiqué sur sa gestion passée et ses valeurs, lors des campagnes électorales, à la fois par son aile gauche comme par son aile droite.

La socialisme a en particulier suivi des voix différentes en Chine qui est en 2011 le pays ayant la plus forte croissance économique, dans l'Union soviétique où il n'existe plus, dans les deux plus grandes démocraties du monde, l'Inde où la parti du congrès (au pouvoir en 2011) a eu des influences socialistes et l'Europe où le socialisme est présent sous forme de partis politique. Cet article ne concerne donc pas le socialisme dans toute sa variété, mais plutôt les risques auxquels peuvent être exposées une politique mal maîtrisée.

Les régimes communistes instaurés au XXe siècle sur la base des doctrines socialistes ont, selon certains critiques, montré qu'ils avaient échoué à créer des conditions politiques et économiques répondant aux aspirations populaires. Des partisans du socialisme ont rétorqué qu'en dépit du discours idéologico-politique tenu par ces régimes, ils ont en pratique et dès l'origine renié les principes socialistes[1]. Toutefois, ce système a aussi conduit au succès économique incontesté du plus grand pays du monde: la République populaire de Chine.

Le socialisme européen (social-démocratie) est critiquée par les libéraux européen et le parti populaire européen, qui considèrent que l'absence de protection sociale chinoise est plus performante que la politique sociale européenne.

Le socialisme européen (social-démocratie) est également critiqué par des mouvements communistes ou assimilés à l'extrême gauche qui lui reprochent une politique libérale, d'ouverture à la concurrence conduisant à des délocalisations.

Sommaire

Critiques de la définition du socialisme

Le terme n'a jamais été clairement défini. Déjà dans les années vingt du siècle dernier, le sociologue Werner Sombart a développé dans un séminaire toutes les définitions connues du socialisme, et venu avec le nombre de 260. Ce que l'on entend par socialisme est controversé en général et dès le principe. Une définition fiable, universellement reconnue, scientifiquement valable, qui puisse même couvrir ses diverses manifestations historiques, n'existe pas. Depuis 130 ans le mot est utilisé dans une acception très large et partiellement illisible et est sujet à changements constants et profonds de sens.

En raison de ce terme vague, il est nécessaire de le clarifier davantage avec des adjectifs (prolétarien, scientifique, démocratique, chrétien, coopératif, conservateur, utopique) pour donner un sens particulier. D'autres exemples de cette approche sont le socialisme agraire, le socialisme d'État, le socialisme de réforme, et d'autres.

Un plus grand dénominateur commun de ce terme peut donner les définitions suivantes:

« Le socialisme désigne un large éventail de théories économiques de l'organisation sociale qui ont la propriété collective et de l'administration relatives à l'objectif politique de création d'une société égalitaire. »

« Il peut être définie comme la modification du modèle alternatif au capitalisme développé la théorie politique, les relations sociales existantes avec l'objectif de l'égalité sociale et la justice, et selon ces principes, la société organisée et un mouvement politique qui cherche l'ordre social. »

L'acception étroite du terme, surtout depuis la fin des années 1960 et l'avènement de la Nouvelle Gauche, n'a plus guère de sens, comme l'indique clairement la définition suivante:

« Le terme est maintenant un peu plus clairement étendu sans limites. Le socialisme est sans cesse redéfini les objectifs de politique et un contenu différents et adaptés. »

L'importance de la diversité est également renforcée par le fait que le terme socialisme décrit à la fois les méthodes et les buts, les mouvements sociaux et politiques aussi bien que des phases socio-historique et des systèmes de la société existante; en particulier:

  • – sur l'interprétation, l'analyse, la critique, l'idéal et / ou la conception pratique de certaines conditions sociales sur des thématiques socio-économique, de théorie politique, philosophique, éthique ou éducatif;
  • – un mouvement politique, qui a tenté de mettre en œuvre des pratiques justifiées par les demandes du socialisme et ses objectifs;
  • – l'état de la société ou l'ordre social qui incarne des formes de vie du socialisme dans la production économique;
  • – dans le cadre du marxisme-léninisme, un développement historique mondial dans la transition de communistes à la formation sociale capitaliste.
  • – le terme «Etat socialiste/socialisme réel» désigne les États qui ont été écartés depuis 1917 par un parti communiste, habituellement dans un système de parti unique.»»

Critiques de la gestion des principaux courants

Critiques de la social-démocratie européenne

Pour une critique plus détaillée, voir Critiques du socialisme social-démocrate en Europe

Le socialisme social-démocrate tel qu'il existe en Europe à la fin du XXe siècle est critiqué sur sa gestion passée et ses valeurs, lors des campagnes électorales, à la fois par son aile gauche comme par son aile droite.

Sur son aile-gauche, le socialisme est critiqué pour avoir mené une politique capitaliste de droite trahissant les idéaux socialistes. Ainsi en Europe, le(s) parti(s) socialiste(s) est critiqué pour avoir accepté la privatisation et l'ouverture à la concurrence sous forme de marchés des services d'intérêt généraux tels que le gaz, l'électricité, et les services postaux, téléphoniques, autoroutiers, ferroviaires et aériens. Il est également critiqué pour avoir privé l'État des moyens de mener une politique monétaire propre, au travers de l'indépendance de la banque centrales, et du pacte de stabilité. Au Royaume-Uni, il a également été critiqué pour les frais universitaires. Il est également critiqué pour les effets de dumping fiscal créés par la libéralisation de la circulation des biens et des personnes à l'intérieur de l'Union européenne alors que l'harmonisation fiscale n'est pas aboutie.

Le socialisme est critiqué par la droite, pour sa position sur le droit du travail, pour le niveau des dépenses de l'État et le niveau et la répartition des impôts, ainsi que pour le cout plus élevé de travail en Europe par rapport à la Chine populaire. Il est également critiqué pour ses politiques sociales considérées comme de l'assistanat.

Le socialisme est enfin critiqué par l'extrême droite, sous les motifs du chômage, de l'insécurité, et de la présence de personnes d'origines étrangères sur le territoire national. Il est également critiqué pour avoir libéralisé la circulation des biens et des personnes à l'intérieur de l'Union européenne.

Critiques du communisme d'Union-soviétique

Article connexe : Critiques du communisme.

Les critiques les plus virulentes et les plus popularisées ont peut-être été les critiques portées par le maccartysme, contre le socialisme d'URSS.

Critiques du socialisme-chinois

Le socialisme à la chinoise n'est pas critiqué frontalement par les médias officiels communistes chinois. Aucune manifestation massive contre la politique officielle n'a eu lieu en Chine populaire depuis 1989.

Toutefois, la quotidien du peuple en ligne peut parfois commenter la situation économique sous forme d'avis ou de conseil pour une bonne gouvernance.

Critiques théoriques

Un certain nombre de penseurs, d'économistes et d'historiens soulèvent certains problèmes découlant des théories socialistes. On peut citer entre autres Milton Friedman, Ayn Rand, Ludwig von Mises, Friedrich Hayek.

Le problème du calcul

Le système capitaliste dispose d'éléments de comparaison : le profit, les prix, les salaires variables, etc. Le socialisme supprime tous ces éléments d'information. À la place, c'est une planification centrale qui doit déterminer le fonctionnement de l'économie[non neutre].

Avant 1991, le débat était féroce sur la possibilité (ou non) d'une planification efficace[réf. nécessaire]. Ce débat est maintenant plus apaisé avec la chute du mur[réf. nécessaire].

Les éléments du débats sont :

  • l'existence de groupes qui représentent une fraction significative de l'économie de leur pays d'origine, et qui par ailleurs représentent une force économique (en chiffre d'affaires, en nombre de salariés, etc.) supérieure à des petits pays. Pourtant, ces groupes réussissent suffisamment bien à gérer leurs affaires.
  • la disponibilité de moyens de calcul colossaux, tout à fait à même de gérer l'optimisation de plusieurs milliers de paramètres, ce qui est suffisant pour les grandes masses de l'économie.
  • l'échec des économies planifiées des régimes d'inspiration marxiste-léniniste, qui n'est pas l'unique idée du socialisme.

La conclusion de ces débats est que le problème de la planification ne réside pas dans le manque de moyens de calcul, et ne réside que peu dans la faible qualité de l'information. C'est essentiellement un problème de motivation tant des chefs que des subordonnés[réf. nécessaire].[non neutre]

Motivation de l'individu

Le socialisme collectiviste ou communiste entendrait, selon ses critiques, soumettre les individus à la volonté du groupe pour tendre vers ce qui serait supposé être l'intérêt général. En économie, les moyens de productions seraient communs et seul le groupe ou ses représentants, les conseils ouvriers, auraient un pouvoir décisionnel. Cela pourrait avoir de nombreuses conséquences néfastes :

  • Alors que dans une économie à base individuelle chaque acteur peut tester concrètement ses propres idées, ce qui conduit à de nombreuses variantes, au contraire le groupe socialiste ne teste, le plus souvent, qu'une seule option à la fois.
  • la prise de décision par un groupe est toujours plus lente et plus difficile que la prise de décision par un individu seul[réf. nécessaire]. Inversement, il est difficile pour le groupe de faire marche arrière et de revenir sur une décision antérieure [réf. nécessaire]: une telle proposition constitue toujours une critique implicite de celui qui a pris la décision[réf. nécessaire], beaucoup plus difficile dans un cadre public et alors qu'il n'y a pas d'alternative à la légitimité du groupe[réf. nécessaire].
  • le traitement des désaccords profonds au sein du groupe (ceux qui menacent jusqu'à son existence) pose une grave difficulté.
  • l'expression d'une opinion dissidente peut mener à l'exclusion sociale de l'individu[réf. nécessaire] qui doit se soumettre à la pensée du groupe qui seul peut détenir la vérité.
  • l'individu peut être récompensé ou puni par le groupe ; cependant, les déterminants des décisions en la matière relèvent entre autres des affinités qu'il peut nouer au sein du groupe. Il peut être plus rentable de travailler directement son image au sein du groupe, que de travailler tout court (puisque cela ne constitue qu'un des éléments de son image au sein du groupe).
  • Dans ce contexte, les efforts d'un individu ne lui profitent que peu.

Les socialistes insistent beaucoup, pour résoudre ces problèmes en partie, sur l'importance de l'éducation et de la morale civique, or :

  • Il est douteux que l'éducation permette de débarrasser l'Homme de tout son égoïsme[non neutre].
  • Il apparait immédiatement la question de la mesure du succès dans cette entreprise d'éducation, et des conséquences d'un échec : que faut-il faire des égoïstes incorrigibles ? Doivent-ils se soumettre à la loi commune de socialisation ou développer un autre système en parallèle ?

Place des groupes intermédiaires

Comme il est difficile d'imaginer consulter la population globale pour toutes les questions[non neutre], et que cela n'apparait même pas souhaitable[Qui ?] sur le plan de la justice sociale [réf. nécessaire], il faut nécessairement des groupes intermédiaires[non neutre]. Cela pose alors le problème de leur place et de leur importance au sein de la collectivité socialiste (nous parlons ici d'un système autogéré).

Critiques pragmatiques

Ces critiques se fondent sur les résultats concrets réellement observés des systèmes socialistes[réf. nécessaire]

L'emprise de l'État

Dans Économie et société et dans sa conférence sur le socialisme, le sociologue libéral, Max Weber prophétise que le socialisme engendre une pénétration de l'État dans l'économie, anticipant Mises et Hayek, qui aura pour effet de créer une sorte de fonctionnaires, échappant à tout contre-pouvoirs, en unifiant les agents de la fonction publique et le personnel de bureau et d’encadrement des entreprises privées. Max Weber en tire la conclusion que « c’est la dictature du bureaucrate, et non pas celle de l’ouvrier, qui est en marche, du moins pour le moment »[2].

Dans la pratique historique, le socialisme s'est traduit généralement par une plus ou moins forte emprise de l'État sur l'individu, laissant peu d'espace pour la libre solidarité et coopération entre les hommes que prône l'idée socialiste. On peut parler à ce sujet de « socialisme d'État », de « capitalisme d'État » (en parlant du bloc soviétique) plus ou moins autoritaire et bureaucratique, ou d'État-providence visant un certain nivellement des situations économiques individuelles et dont les résultats trouvent vite leurs limites, voire effets pervers. C'est notamment une critique récurrente chez les anarchistes socialistes[Qui ?].

L'incitation pour l'entreprise

Selon les partisans du libéralisme économique, le profit est le mécanisme qui permet d'évaluer le niveau de performance économique d'une entreprise : les entreprises les plus profitables sont celles qui sont les plus efficaces et qui répondent le mieux à la demande de leurs clients.

Dans un système planifié, il n'y a pas de mécanisme de pertes et profits qui permette de mesurer précisément l'efficacité des programmes. Sans le profit, affirment les critiques, il n'y a aucune façon de discipliner les entreprises qui ne servent pas l'intérêt public, ni de récompenser les autres.

L'absence de prix, source d'information

Certaines formes de socialisme proposent d'abolir complètement l'argent, ou d'autres de fixer les prix par voie gouvernementale. Selon les partisans du libre marché, la planification centrale est condamnée à l'inefficacité et est vouée à l'écroulement car le calcul économique est impossible. Sous le socialisme, les facteurs de production n'étant propriété de personne et ne faisant jamais l'objet d'échange, ils n'ont pas de prix significatif, ce qui fait qu'il est impossible de déterminer si une entreprise crée de la richesse ou au contraire la détruit.

Lien supposé avec le national-socialisme

Article détaillé : National-socialisme et socialisme.

La question des relations, voire d'une parenté existant entre nazisme et socialisme a provoqué des polémiques depuis l'origine du national-socialisme. Au-delà de celles-ci, cette question relève de la science politique et de l’histoire. La question a ainsi été sérieusement soulevée depuis les années 1940 par un penseur comme Friedrich Hayek[3]. Elle a rebondi dans des travaux contemporains controversés, comme ceux de Ernst Nolte ou Jean-François Revel.

Notes et références

  1. (en) Noam Chomsky, « The Soviet Union Versus Socialism », 1986.
  2. François Chazel « Les Écrits politiques de Max Weber : un éclairage sociologique sur des problèmes contemporains », Revue française de sociologie 4/2005 (Volume 46), p. 841-870. URL : www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2005-4-page-841.htm.
  3. Notamment dans son ouvrage La route de la servitude

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Articles :
    • Louis Reybaud, « Études sur les réformateurs contemporains ou socialistes modernes. Saint-Simon, Charles Fourier, Robert Owen », dans Revue des deux Mondes, 1842.
    • Louis Reybaud, « Études sur les réformateurs ou socialistes modernes. La société et le socialisme, les communistes, les chartistes, les utilitaires, les humanitaires », dans Revue des deux Mondes.

Liens externes


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