Culture sans labour

Culture sans labour

Semis direct

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La notion de semis direct désigne une technique culturale simplifiée utilisée en agriculture ou en sylviculture basée sur l'introduction directe de la graine dans le sol, sans passer par le labour dans le cas de l'agriculture, ni par la mise en culture en pépinière dans le cas de la sylviculture.

Sommaire

Dans le domaine de l’agriculture

On parle aussi de technique sans labours (TSL). Cette technique utilisée à la préhistoire et par de nombreuses formes d'agriculture traditionnelles a été redécouverte au XXe siècle pour ses nombreux avantages, mais adaptée au machinisme agricole.

Semis direct de maïs (près de Plymouth, Iowa, USA). Noter aussi la structure en terrasse des champs et les petits talus qui limitent l'érosion, toute en facilitant la conservation et l'infiltration de l'eau

La version moderne de cette forme de semis est apparue dans les années 1980 après avoir été longuement testée en Amérique du Nord sur les sols vulnérables qui avaient subi de graves problèmes d'érosion suite aux tempêtes de poussières des années 1920-1930 (Dust Bowl). Elle consiste au moment du semis à respecter le plus possible la vie des sols.

Pour cela, on a créé des semoirs adaptés, dont le principe est d'ouvrir une ligne de semis, de façon chirurgicale. L'implantation de la culture a lieu en un seul passage de semoir.

Sur des sols antérieurement dégradés par le labour, en particulier en présence d'une semelle de labour très marquée, le passage d'une sous-soleuse, ou d'un décompacteur est nécessaire ou utile les premières années pour accélérer la résilience du sol.

Rentabilité

Le semis direct sous couvert diminue fortement la consommation de carburant et d'intrants à l'hectare. Il diminue la fatigue de l'agriculteur et le nombre d'heure de travail ainsi que les besoins de main-d’œuvre, tout en allongeant la durée de vie des tracteurs, pour des rendements au moins aussi élevés qu'avec le labour, et avec un certain retour de la biodiversité, notamment favorable au petit gibier.

Le sol est plus résilient face aux aléas climatiques (sécheresse en particulier). La production est plus stable, ce qui est favorable à la sécurité alimentaire.

Dans un contexte de pénurie annoncée de pétrole et de modifications climatiques, il devrait donc se développer.

Difficultés

La technique commence à être bien maîtrisée, les principales difficultés sont

  • un délai de 2 à 5 ans, voire plus pour retrouver un sol vivant normal, après l'arrêt du labour et sous-solage
  • la lutte contre les adventices (dont buissons, et jeunes arbres dans les cultures proches de forêts), qui justifie souvent l'usage d'un désherbant total (glyphosate en général), avec le risque de provoquer à long terme des résistance au glyphostage chez certaines mauvaises herbes, ce qui en ferait des « super-mauvaises herbes » ; ce risque étant exacerbé en Amérique du Nord par la présence courante de cultures OGM, presque toujours résistantes au glyphosate, en particulier avec le colza génétiquement modifié qui a de nombreux parents sauvages dans les régions de culture.
  • la lutte contre les limaces dont les œufs ne sont plus enfouis par le labour, et dont les prédateurs (oiseaux, carabes…) ont presque disparu des zones d'openfield.

Cas particuliers

Un semis direct peut aussi être fait :

  • à la machine, directement dans la couverture végétale de la culture précédente, laissée en place pour protéger le sol (sans désherbage, si celle ci est sensible au gel hivernal) ;
  • à la main dans une couche de bois raméal fragmenté (dans le cas du maraichage ou d'une agriculture familiale).

C'est une technique particulièrement efficace sur les sols arides, qui sont très rapidement détruits par le labour. En cas de mise en vraie jachère, les sols qui retiennent le mieux l'eau sont ceux qui ont été cultivés en semis direct, et là où le labour appauvrit le sol en matière organique, le semis direct permet une lente restauration de cette matière organique, ce qui contribue à restaurer la fonction de puits de carbone des sols. Le semis direct est pour toutes ces raisons et parce qu'il est plus rentable et lucratif encouragée et en plein développement par exemple au Maroc[1]

Dans le domaine de la sylviculture

La notion de semis direct, s'oppose à celle de semis en pépinière. Dans le premier cas la graine est plantée directement dans les sols. Dans le second, la graine germe en milieu contrôlé, et le jeune plant est planté avec sa motte de terre; La seconde moitié du XXe siècle a été en Europe et notamment en France marquée par une phase de plantation intensive. Elle a détrôné les techniques de semis direct considérés comme trop aléatoires. (voir article Sylviculture) pour en savoir plus à ce propos.

Après la régénération naturelle, le semis direct est la technique qui a été la plus utilisée jusqu’au milieu du XXe siècle. Pour être efficace il demande une bonne compréhension et maîtrise des risques de prédation des graines et jeunes arbres et une compétence en matière de préparation des graines, savoir et savoir-faire qui pour partie existent chez les pépiniéristes et sylviculteurs.

- Le semis direct n’implique pas d’obligation de semer des essences adaptées au substrat et au climat, mais on peut alors compter sur la sélection naturelle pour éliminer les espèces inadaptées et permettre la réapparition spontanée d’essences locales. - Le semis direct n’implique pas non plus le choix d’essences locales, il peut donc permettre l’introduction d’essences peu favorables à la biodiversité (essences introduites, adaptés au contexte édaphique, mais non aux écosystèmes qu’ils risquent de perturber ou dégrader), voire d’espèces qui pourraient devenir invasives.

Le contexte climatique incertain et l’importance croissante donnée à la biodiversité et donc à la sélection naturelle (dont comme facteur de résilience écologique de la forêt) a – comme en agriculture – redonné de l’intérêt au semis direct, à nouveau considéré comme méthode de régénération artificielle efficace et économique par exemple pour la conversion de pessières en peuplements mélangés comprenant des feuillus sciaphiles (hêtre en particulier)

Comme il était presque tombé en désuétude après 1918, le semis direct n’a pas fait l’objet d’études scientifiques jusqu’à ce qu’à la fin du XXe siècle, certains de ses avantages soient remis en valeur. À la suite de quoi des études ont montré l’intérêt écologique (dans le cas d’essences locales et adaptées au substrat), sylvicole, mais aussi économique des méthodes affinées de semis direct

Des études, parfois divergentes dans leurs conclusions, avaient porté sur le facteurs et conditions de réussite du semis mais on manquait de comparaison directe des taux de survie et vigueur des arbres à moyen et long terme, selon qu’ils soient issus de semis direct ou de pépinière ou d’une régénération naturelle. Une étude récente[2] a comparé sur une durée de 9 ans des jeunes hêtres issus de semis directs et issus de pépinière (replantés à l’âge de 1 ans) ; les chercheurs ont mesuré la croissance en hauteur et en diamètre, et la biomasse sèche produite en 9 ans. Cette étude a montré qu’après 9 ans, il n’y avait pas de différence entre les deux catégories d’arbres. Certains arbres issus de semis avaient même rattrapé l’année de retard qu’ils avaient par rapport aux plants (croissance d’environ 10 % plus importante). Les auteurs concluent que les plants issus des pépinières souffrent de la transplantation et perdent une bonne part de leur avance dès les 10 premières années.

Conditions de réussite

L'absence de population importante d'herbivores (ou une protection par clôture si c'est le cas), de bonnes conditions de sol (présence de champignons symbiotes, et une humidité suffisante) sont nécessaires.

De nombreux arbres (essences secondaires notamment, par opposition aux pionnières) exigent un microclimat forestier pour pousser normalement. Pour ces espèces une plantation en clairières de petites taille, près de lisières forestières, à l'ombre sont nécessaires.

Voir aussi


Liens externes

Notes et références

  1. http://www.vulgarisation.net/76.pdf
  2. Ammer CH., Mosandl R. 2007. Wich grow better under the canopy of Norway spruce – planted or sown seedlings of European beech ? [forestry.oupjournals.org Forestry] 80(4) : 385-395 (11 p., 1 tab., 5 fig., 49 réf.).
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