Dey de Tunis

Dey de Tunis

Le dey de Tunis (داي تونس) est le commandant militaire de la Régence de Tunis, élu par le diwan ou conseil de la milice turque de Tunis, de 1591 à la disparition de cette fonction avec la prise de pouvoir des beys en 1705.

Toutefois, la prééminence du pacha demeure, bien que symbolique, en gage de reconnaissance de la souveraineté du sultan ottoman. Le dey logeait et occupait ses bureaux dans la kasbah, château disparu et qui était situé sur la place de la kasbah à Tunis. La fonction devient de plus en plus chaotique lors des « Révolutions de Tunis » et les deys sont de plus en plus marginalisés par les beys ; ils sont souvent en première ligne lors de l'éclatement d'une révolte dans les rangs de la milice et bon nombre d'entre eux finissent leurs mandats exécutés ou exilés.

Le terme dey signifie « oncle » en turc[1].

Sommaire

Liste

  • Ibrahim Roudesli (janissaire originaire de Rhodes), élu en 1591 et démissionne en 1593 ;
  • Moussa Dey, ne reste que quelques mois en fonction durant l'année 1593 ;
  • Othman Dey (1593-1610), règne durant une période de calme et de prospérité, durant laquelle il accueille les réfugiés andalous[2], et crée le poste de bey[3] ;

Période mouradite

Vue de la mosquée élevée en 1612 par Youssef Dey dans la médina de Tunis
  • Youssef Dey (1610-1637), souverain bâtisseur ;
  • Usta Mourad (1637-1640), renégat italien et célèbre corsaire qui fonde le port stratégique de Porto Farina qui progressivement devient l'un des principaux ports de course de la régence[4] ;
  • Ahmed Khodja (1640-1647), fils supposé d'Othman Dey, il marie sa fille Aziza Othmana à Hammouda Pacha Bey, qui évince progressivement le pouvoir des deys ;
  • Hadj Mohamed Laz Dey (1647-1653), issu du peuple des Lazes vivant sur les rives de la mer Noire ;
  • Hadj Mustapha Laz Dey (1653-1665), épouse la fille adoptive d'Hammouda Pacha Bey ;
  • Mustapha Kara Kuz (1665-1666), déposé par Mourad II Bey pour avoir voulu rétablir le pouvoir des deys ;
  • Mohammed Hadj Oghli (1666-1669), déposé pour sénilité ;
  • Chaabane Khodja (1669-1672), déposé pour complot contre Mourad II Bey ;
  • Mohamed Mantecholi (1672-1673), imposé par Mourad II Bey mais déposé par la milice en l'absence de celui-ci ;
  • Ali Laz Dey (1673), élu par la milice pour contrer Mourad II Bey mais exilé à Hammamet après le retour de ce dernier et la répression de la révolte ;
  • Hadj Mami Jemal Dey (1673-1677), abdique sous la pression des janissaires[5]
  • Ouzzoun Ahmed Dey (1673), reste trois jours au pouvoir et meurt étranglé par la suite pour avoir participé aux intrigues de la succession de Mourad II Bey ;
  • Mohamed Tabak Dey (1673-1682), crée le premier régiment de hamba (cavalerie de la milice turque) et se voit étranglé sur la route de Porto Farina par le mouradite Ali Bey pour s'être compromis avec son rival Mohamed Bey ;
  • Ahmed Chelebi (1682-1686), dey fidèle à Istanbul mais voit se liguer contre lui tous les princes mouradites qui mettent leurs querelles de côté ;
  • Baqtach Khodja Dey (1686-1688), soumis à Mohamed Bey El Mouradi et meurt tranquillement dans son lit ;
  • Ali Raïs (1688-1694), ancien corsaire et capitaine de vaisseau soumis à Mohamed Bey qui abdique et se retire pour vivre de une retraite dorée ;
  • Ibrahim Khodja Dey (1694), essaie de résister à la révolte de Ben Cheker, appuyé par la milice d'Alger en guerre contre les princes mouradites, mais se voit exilé à Sousse par Ben Cheker lors de son entrée dans la capitale ;
  • Mohamed Tatar Dey (1694), nommé par Ben Cheker et lynché par la population de Tunis lors de la victoire écrasante de Mohamed Bey contre Ben Cheker et ses alliés près de Kairouan ;
  • Yaacoub Dey (1695), se retire du fait de son grand âge ;
  • Mohamed Khodja Dey (1695-1699), déposé ;
  • Mohamed Dali Dey (1699-1701), soumis à Mourad III Bey, brutal comme son maître, et dirige Tunis pendant que l'autre mène une expédition punitive contre Constantine pour laver l'affront de l'attaque de Tunis ;
  • Mohamed Kahouaji (1701-1702), ancier cafetier nommé par Mourad III Bey mais déposé par Ibrahim Cherif nommé nouveau bey ;
  • Kara Mustapha Dey (1702), vite déposé par Ibrahim Cherif qui ne supporte plus le partage de pouvoir entre lui et le dey ;
  • Ibrahim Cherif (1702-1705), se fait élire dey après avoir été reconnu bey par le diwan.

Période husseinite

Disposant d'un rôle amoindri, les deys de la période husseinite deviennent des hauts fonctionnaires nommés par le bey[6] ; ils jouent un rôle judiciaire et de chef de la police de Tunis. Ils président par ailleurs périodiquement le tribunal de la Driba qui tient ses séances dans le hall d'entrée du palais du dey. Ils sont tous recrutés chez les officiers de la milice turque de Tunis. On les appelle aussi dorénavant dawlatli.

Sous le règne de Sadok Bey, l'institution est supprimée en septembre 1860, à la mort du vieux Kshuk Mohamed, et remplacée par le conseil des Zaptié ou Dhabtiyé, dirigé par un président (raïs), pour assurer les fonctions de police à Tunis[7] ; celui-ci subsiste jusqu'au protectorat français.

Références

  1. (fr) Andreas Tunger-Zanetti, La communication entre Tunis et Istanbul, 1860-1913 : province et métropole, éd. L'Harmattan, Paris, 1996, p. 45
  2. Sadok Zmerli et Hamadi Sahili, Figures tunisiennes, éd. Dar al-Gharb al-Islami, Beyrouth, 1993, p. 50
  3. (fr) Paul Sebag, Tunis au XVIIe siècle : une cité barbaresque au temps de la course, éd. L'Harmattan, Paris, 1989, p. 10
  4. (fr) Paul Sebag, op. cit., pp. 98-99
  5. Ammar Mahjoubi, Khaled Belkhodja et Abdelmajid Ennabli, Histoire générale de la Tunisie, tome III « Les temps modernes », éd. Sud Éditions, Tunis, 2007, pp. 48 et 69 (ISBN 9973844767)
  6. Mohamed Aziz Ben Achour, Catégories de la société tunisoise dans la deuxième moitié du XIXe siècle, éd. Institut national d'archéologie et d'art, Tunis, 1989
  7. Ibn Abi Dhiaf, Présent des hommes de notre temps. Chroniques des rois de Tunis et du pacte fondamental, vol. V, éd. Maison tunisienne de l'édition, Tunis, 1990, p. 47
  • Alphonse Rousseau, Annales tunisiennes ou aperçu historique sur la régence de Tunis, éd. Bastide, Alger, 1864

Voir aussi


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