Dimítris Kitsíkis

Dimítris Kitsíkis

Dimitri Kitsikis

Dimitri Kitsikis

Dimitri Kitsikis (Δημήτρης Κιτσίκης) (2 juin 1935 à Athènes - ) est un historien turcologue de géopolitique et professeur de relations internationales à l'université d’Ottawa (Canada), depuis 1970. Il est membre de l'Académie canadienne (Société Royale du Canada) depuis 1999.

Sommaire

Biographie

Dimitri Kitsikis a obtenu son doctorat en Sorbonne (université de Paris) en 1962. Sa thèse intitulée Propagande et pressions en politique internationale, fut publiée en 1963, par les Presses Universitaires de France. Descendant d’une grande famille grecque-orthodoxe d’intellectuels et de personnalités politiques présents dans la vie publique de la Grèce, depuis le XIXe siècle. Son père Nicolas, (Νικόλαος, 1887- 1978) né à Nauplion, professeur et recteur de l’École Polytechnique d’Athènes, était le plus célèbre ingénieur civil de Grèce, sénateur et député. Son grand-père, Dimitri Kitsikis l’ancien, s’était établi à Athènes en 1865, venant de Lesbos, son île natale. Dans la capitale grecque, il se maria à Cassandre (Κασάνδρα), la sœur du député Dimitri Hatsopoulos (Δημήτριος Χατσόπουλος) de Karpenesi. Dimitri Kitsikis le jeune, est vraiment un Panhellène, ayant des ancêtres provenant de toutes les régions de la Grèce. Sa mère, la fameuse féministe et combattante de l’ELAS contre l’occupation allemande, Béata Petychake (Μπεάτα Πετυχάκη), née à Hérakleion (Crète) descendait d’une riche famille crétoise et de nobles italo-grecs, orthodoxes et catholiques, de Trieste. Son père, Emmanuel Petychake, monta une usine de boissons minérales au Caire, en Égypte et son parâtre, Aristide Stergiades (Ἀριστείδης Στεργιάδης), était haut commissaire de Grèce à Smyrne de 1919 à 1922. La deuxième femme de Kitsikis, Ada (Ἀδαμαντία) Nikolarou est fille d’un agriculteur de la cité historique, byzantine de Mystra, près de Sparte, de laquelle il a deux enfants, Agis et Kranay. Lui-même est un admirateur de l'Empire byzantin. Panhellène, certes, mais également Hellène cosmopolite : il est citoyen de France et du Canada, en plus d’être citoyen grec.

Pendant la guerre civile en Grèce, lorsqu'il avait douze ans, il avait été envoyé interne, dans un lycée parisien, par le directeur de l'Institut français d'Athènes, Octave Merlier, parce que sa mère avait été condamnée à mort, en tant que combattante communiste, par une tribunal militaire. Il demeura 23 ans en France, en compagnie de sa femme anglaise Anne Hubbard, avec laquelle il s'était marié en 1955, en Écosse, et qui lui donna deux enfants, Tatiana et Nicolas. Il fut expulsé de l'Université française, à cause de sa participation active, en tant que maoïste, à l'insurrection étudiante de mai 1968. En effet, depuis 1958, Dimitri Kitsikis voyageait en Chine populaire, où il était devenu un maoïste convaincu. Sur l’invitation de l’Université d’Ottawa, il s’installa dans la capitale canadienne, en tant que professeur agrégé, puis professeur (full professor) et, en 1996, il fut promu professeur émérite. Depuis 1965, il vit et travaille aussi bien à Paris, qu’à Ottawa et à Athènes. Adolescent déjà, il avait une idée fixe. Il voulait réconcilier, non seulement Grecs et Turcs, mais les unir dans une confédération gréco-turque, et faire revivre sous une forme moderne l’Empire ottoman. Chrétien orthodoxe convaincu, il étudia la religion turque du bektachisme-alévisme (voir son livre en grec, l’Importance du bektachisme-alévisme pour l’hellénisme, Athènes, 2006), et il essaya de jeter un pont entre les deux religions, afin de créer une base sur laquelle l’union entre Athènes et Ankara serait effectuée. Kitsikis croit en la possibilité d’une collaboration des différentes religions, comme cela s’était produit dans le système des millets de l’Empire ottoman, et c’est la raison pour laquelle il collabora étroitement avec les chiites d’Iran, les juifs d’Israël, et les vaishnaves hindouistes de l’Inde. Son fils aîné Nicolas est un vaishnave depuis 1984, et est installé avec sa femme hindoue, dans la communauté vaishnave de Gainesville, en Floride. Bien qu’il soit membre de l’Église officielle de Grèce, il reste solidaire du mouvement des Anciens Calendaristes, dont les adhérents rejettent l’utilisation du calendrier grégorien (nouveau), et ont une attitude traditionnelle à l’égard de la pratique chrétienne. Tout comme l’orthodoxie avait surmonté l’hérésie de l’iconoclasme, au cours du IXe siècle, en rétablissant la vénération des icônes, il est convaincu que l’ancien calendrier sera adopté à nouveau par celles des églises orthodoxes qui l’avaient rejeté.

Depuis les années 1970, il enseigne dans les universités d’Occident, l’histoire de la Chine et de la Turquie, ainsi que les idéologies politiques, et la géopolitique. Ses livres ont été traduits dans un grand nombre de langues et des articles le concernant ont été publiés en chinois, en turc, dans les langues balkaniques, en allemand, en français, en anglais, en espagnol, en portugais et en russe. Il a également enseigné dans les universités Boğaziçi à Istanbul, et Bilkent à Ankara, où il est devenu un des amis et conseillers les plus intimes du président de la République turque, Turgut Özal. En Grèce, il a travaillé comme chargé de recherche au Centre National de la Recherche Sociale (EKKE), et il a enseigné au Deree College, l’université américaine d’Athènes.

En tant que personnalité publique en Grèce, il fut ami et conseiller intime du président Constantin Karamanlis l’ancien, pendant les années 1960 et 1970. Il contribua régulièrement avec des articles aux revues grecques et, depuis 1996, publie à Athènes la revue trimestrielle grecque Ἐνδιάμεση Περιοχή, (Endiamese Perioche) mot qui signifie région intermédiaire et qui se rapporte au modèle civilisationnel que lui-même a conçu.

La «Bibliothèque et Archives Nicolas Kitsikis» de son père, se trouve installée dans la résidence familiale d’Aristide Stergiades (1861-1949), à Hérakleion (Crète). La statue de Nicolas Kitsikis se dresse à l’entrée du port d’Hérakleion, qu’il avait construit en 1920, en tant qu’ ingénieur civil. De même l’État grec, a honoré Dimitri Kitsikis le jeune, en 2006, en créant et en finançant la «Fondation de Droit public et la Bibliothèque Dimitri Kitsikis».

Philosophie, pensée et réalisations

Depuis les années 1960, Kitsikis est le théoricien reconnu, d’abord en Grèce, puis en Turquie, de l’idée de confédération gréco-turque qu’il a poursuivie, en influençant des dirigeants, des hommes politiques, des journalistes, des artistes et des intellectuels dans les deux pays. Ses livres en turc, connurent un grand succès en Turquie et le premier ministre de Turquie, Mesut Yilmaz, en fit l’éloge. Il garda un contact étroit avec Constantin Karamanlis l’ancien, et Turgut Özal, ainsi qu’avec les dirigeants chinois Mao Zedong et Deng Xiaoping. Ses livres provoquèrent un des plus grands débats de l’historiographie grecque. Ils furent discutés en Chambre, au parlement grec. Dans ses livres, sont remis en question les idées reçues concernant l’esclavage des Grecs, sous le joug ottoman, ainsi qu’une série de stéréotypes qui étaient enseignés dans les écoles et les universités grecques, comme l’histoire dite de «l’école secrète». Bien que son père, Nicolas Kitsikis, fût un homme politique de la gauche, sénateur, député et maire élu d’Athènes, Dimitri Kitsikis a une aversion pour le système parlementaire qu’il considère comme étant tout à fait étranger au modèle grec d’un gouvernement par le peuple ou laocratie, λαοκρατία.

En France, d’après Pierre Renouvin et Jean-Baptiste Duroselle, il fut le fondateur en Histoire des Relations Internationales, de cette branche de la propagande et des pressions qui en firent une arme de politique étrangère. Kitsikis considère que, depuis toujours, la religion a joué un rôle capital en politique étrangère et pour cette raison il a essayé, au travers de conférences et d’autres moyens, de promouvoir la collaboration entre les quatre grandes religions du judaïsme du christianisme, de l’islam et de l’hindouisme. Il a organisé le dialogue de l’orthodoxie avec les chiites d’Iran, les hindouistes de l’Inde, et il a collaboré avec les juifs d’Israël et les fondamentalistes catholiques du Québec où avec l’aide de ses anciens étudiants, il publia en français une revue trimestrielle intitulée Aquila (aigle), avec l’aigle bicéphale en couverture, ayant pour objectif de promouvoir dans les cercles catholiques du Québec l’idée impériale byzantine. Partout et toujours, l’hellénisme planétaire est présent dans son œuvre et son enseignement.

Il a créé un modèle pour l’étude systématique des trois idéologies politique du libéralisme, du fascisme et du communisme, et il a écrit abondamment sur l’histoire de la Chine. Il a créé la branche de la photohistoire. Il est un poète reconnu, grâce à ses six ouvrages de poésie qui ont été publiés par les éditions Pierre Jean Oswald, Naaman, Kedros, Hestia et Akritas. En 1991, il reçut le premier prix de poésie Abdi Ipekçi, du nom du directeur du grand journal turc Milliyet, qui fut assassiné par des terroristes. Certains de ses ouvrages de poésie, dont Omphalos (1977), L’Orocc dans l’âge de Kali (1985) et le Paradis perdu sur les barricades (1989-1993) furent inclus dans une anthologie de 32 poètes canadiens, par H. Bouraoui et J. Flamand (eds), Écriture franco-ontarienne d’ aujourd’ hui, Ottawa, Les Éditions du Vermillon, 1989, et son œuvre poétique fut aussi inclus dans le Dictionnaire des citations littéraires de l’Ontario français, depuis 1960, par M. et P. Karch, Ottawa, l’Interligne, 1996. Sa poésie fut également utilisée dans les livres de la femme peintre Georgette Kambani.

Il est l'inspirateur de quatre concepts qui ont révolutionné l’histoire de l’espace gréco-turc : a) la «Région Intermédiaire» de civilisation (Ἐνδιάμεση Περιοχή), s’étendant de l’Adriatique à l’Indus, entre l’Occident euro-américain et l’Orient indo-chinois. Une thèse de doctorat, publiée en allemand, prit pour sujet ce nouveau concept (P. Davarinos, Geschichtsschreibung und Politik, Dusseldorf, Université Heinrich Heine, 1995) et la Société Royale du Canada, reconnaissant l’originalité de cette théorie, a élu Kitsikis, au fauteuil de membre régulier de l’Académie canadienne, en 1999. b) Le couple antagoniste parti oriental - parti occidental (Ἀνατολικὴ Παράταξις-Δυτικὴ Παράταξις). c) Hellénoturquisme (Ἑλληνοτουρκισμός), en tant qu’idéologie et en tant que fait civilisationnel des derniers mille ans. d) Origine bektachie-alévie de la dynastie ottomane, dont l’islamisation a été imposée par les Européens, en même temps que la sécularisation et l’occidentalisation.

En 2007, il publia son 34e livre, intitulé "Histoire comparée de la Grèce et de la Chine de l'antiquité à nos jours" (Athènes, Herodotos, 345 pages). Il s'agit du seul ouvrage jamais publié, dans n'importe quelle langue, qui étudie les rapports entre les deux civilisations et non seulement dans l'antiquité, mais pendant trois millénaires, jusqu'à aujourd'hui. Cette étude développe deux concepts majeurs: le caractère planétaire de la civilisation gréco-chinoise et son expression politique, pendant 2500 années, à savoir l'empire œcuménique, en tant que modèle idéal d'organisation.

Fondation publique Dimitri Kitsikis

La « Fondation publique Dimitri Kitsikis », Athènes, Grèce, a été formellement établie par décret présidentiel no. 129, A 190 (pp. 3425, 3430-3431). Le décret présidentiel, publié le 15 septembre, 2008, dans le Journal officiel de la République hellénique (ΦΕΚ), se trouve au lien ci-dessous:
Journal officiel de la République hellénique (ΦΕΚ) A 190

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