Dioscoride

Dioscoride
Pedanius Dioscoride
Dioscorides01.jpg

Surnom Διοσκορίδης (Grec ancien)
Naissance vers 40 après J.-C
Anazarbe (Cilicie, dans l'actuelle Turquie)
Décès vers 90 après J.-C
Nationalité grec
Profession médecin, pharmacologue et botaniste
Page de titre de la traduction latine de De materia medica par Jean Ruel.

Pedanius Dioscoride (en grec ancien Διοσκορίδης Dioskoridês), né vers 40 après J.-C. à Anazarbe en Cilicie (dans l'actuelle Turquie) et mort vers 90 après J.-C., est un médecin, pharmacologue et botaniste grec dont l'œuvre a été la source principale de connaissance en matière de plantes médicinales durant l'Antiquité. Il exerça une très grande influence durant tout le Moyen Âge jusqu'au XVIe siècle.

Sommaire

Biographie

Nous connaissons peu d'éléments de la vie de Dioscoride. La seule source d'information dont nous disposons est la préface de son traité De materia medica (Περὶ Ὕλης Ἰατρικῆς Peri Hulês Iatrikês, « sur les plantes médicinales ») qu'il rédige vers 60 après J.-C. qui donne à penser qu'il a été médecin militaire sous les règnes de Claude Ier et de Néron. Ses nombreux déplacements à l'étranger tout au long de sa carrière lui ont permis de rassembler de nombreuses informations sur les plantes médicinales collectées dans tous les coins de l’Empire romain et du monde grec.

Œuvre

De materia medica est, sans doute, l'ouvrage de botanique qui eut la plus grande influence dans l'histoire de cette discipline. Il décrit l'utilisation médicale de 1 600 produits, les trois cinquièmes sont des végétaux, le reste des animaux et des minéraux. Il donne le nom populaire de chaque espèce, et les décrit brièvement, il indique leurs vertus et comment les récolter. Il tente de donner, lorsqu'il le peut, leur distribution géographique. Par la suite, d'autres auteurs ou médecins ajoutèrent à son œuvre des synonymes des noms grecs de plantes dans les principales langues du bassin méditerranéen.

L'œuvre est avant tout un ouvrage médical, et Dioscoride ne s'intéresse que peu à la botanique en tant que telle (il ne fait que rarement référence aux travaux de Théophraste, pourtant connu de ses contemporains). Il préfère l'observation directe à la répétition de ouï-dire et critique les ouvrages de ses prédécesseurs à l'exception toutefois de ceux de Cratevas. La Materia Medica est importante non seulement pour l'histoire de la botanique : elle nous apporte également la connaissance des herbes et des remèdes utilisés par les Grecs, les Romains, et les autres cultures de l'Antiquité. Ces travaux nous ont également transmis les noms de certaines plantes de Dacie et de Thraces qui, autrement, auraient été perdus. L'ouvrage présente environ 500 plantes en tout, bien que leurs descriptions soient formulées d’une manière obscure, et comme le dit Duane Isely «un grand nombre de personnes se sont disputées pendant tout le Moyen Âge sur l'identification des plantes décrites», et la plupart des herbes identifiées par Gunther et ses collaborateurs sont en réalité considérées comme «approximatives».

Contrairement à beaucoup d'auteurs classiques, son œuvre n'a pas été «redécouverte» à la Renaissance, car le livre de Dioscoride n'a jamais cessé de circuler en Europe et dans le monde musulman (Abou Abdallah es-Siqili contribua à la révision de l'ouvrage en arabe). La plus ancienne copie illustrée de ce traité a été découverte à Istanbul en 1560 (il est probable que les illustrations proviennent du Rhizotomikon de Cratevas). Cette copie (dans laquelle l'ordre des chapitres n'est plus celui que leur avait donné Dioscoride, mais l'ordre alphabétique) date du VIe siècle (probablement 512 ou 513). Aujourd'hui conservée à Vienne, elle est connue sous les multiples noms de : Dioscoride de Vienne ou Codex Vindobonensis, Codex Constantinopolitanus, Codex Byzantinus, Codex Aniciae Julianae. Elle présente l'énorme intérêt pour l'identification des plantes, de fournir un grand nombre d'illustrations en couleur et de donner des listes de synonymes pour la plupart des plantes.

Les transcriptions manuscrites de la Materia Medica qui nous sont parvenues à travers les siècles, comprennent souvent des commentaires sur les travaux de Dioscoride et quelques ajouts mineurs provenant de sources arabes et indiennes, même si les Arabes nous ont apporté des progrès notables dans la connaissance des herbes.

Il a laissé cinq livres sur la Matière médicale, auxquels on a souvent adjoint, dans les éditions anciennes, le traité des remèdes simples, dont l'authenticité est encore contestée. Les meilleures éditions de cet ouvrage citées au XIXe siècle sont pour le Dictionnaire Bouillet :

– celles des Alde, Venise, 1499 et 1518 ;
– de Marcellus Vergilius, Cologne, 1529, grec-latin ;
– de Kurt Polycarp Joachim Sprengel à Leipzig, 1828, 2 volumes in-8.

La meilleure édition est actuellement celle de Max Wellmann (Berlin, 1906-1914).

L'ouvrage a été commenté par Pierandrea Mattioli, Venise, 1554.

Parmi les nombreuses traductions réalisées en Europe, citons celles de Jean Ruel qui paraît en 1516 et de Martin Mathée, Lyon, 1559.

Extrait de Materia medica traduit par Jean des Moulins, commentaires de Matthiole 1689

Du Cardamone

« Le meilleur cardamone est celui qu'on apporte de Comagène, d'Arménie et du Bosphore : il croist aussi en Inde & Arabie. Il le faut choisir plein, fort à rompre, serré par tout & non percé (car celui qui n'est tel, est hors de saison, & sans vertu) acre & piquant au goust, un peu amer, de son odeur faisant mal à la teste. Il a vertu d'échauffer. Bu avec eau, il est bon contre le haut mal, contre la sciatique, la toux, la paralysie, les ruptions, les spasmes, les tranchees du ventre, gette dehors les vers larges. Bu en vin, il est bon au mal des reins, à la difficulté d'urine, aux piqures des scorpions, & de toutes bestes qui gettent venin. Prins en breuvage avec de l'écorce de la racine de laurier du poids d'une drachme, romp la pierre. Le parfum faict d'icelui fait mourir les enfants au ventre de la mère : il guerit la gale, si on s'en froute avec vinaigre. Il sert à donner corps aux onguents. »

Pseudo-Dioscoride

Un herbier latin datant de la fin du Ve siècle ou du début du Ve siècle, intitulé Ex herbis feminis (Des herbes femelles), est signé Dioscoride, mais il revient à un Pseudo-Dioscoride. Il est en partie fondé sur Dioscoride, mais bien plus pratique et plus souvent édité. Il traite de botanique dans un cadre gynécologique, en particulier celui de la contraception ou de l'avortement. Le livre a été étudié par John M. Riddle : "Pseudo-Dioscorides Ex herbis feminis and Early Medieval Medical Botany", dans le Journal of the History of Biology, no 14 (1981), p. 43-81.

Bibliographie

Traductions modernes

  • R.T. Gunther, ed. The Greek Herbal of Dioscorides (Oxford University Press, 1933).
  • Duane Isely, One hundred and one botanists (Iowa State University Press, 1994), p. 10-13.
  • Bonne traduction espagnole en 1998 (due à Manuela Garcia Valdes).
  • Dioscorides. De materia medica. Five books in one volume, trad. T.A. Osbaldeston, introd. R.P. Wood, Johannesbourg (Afrique du Sud), Ibidis Press, 2000.
  • Pedanius Dioscorides of Anarzarbus, De materia medica, trad. Lily Y. Beck (Altertumswissenschaftlichen Texte und Studien, 38), Hildesheim, Olms, 2005.
  • Les Six Livres de Pedacion Dioscoride d'Anazarbe de La Matiere Medicinale: Translatez de Latin en Francois, Lyon, 1553

Études sur Dioscoride

  • Marie Cronier, Recherches sur l’histoire du texte du De materia medica de Dioscoride, Thèse, 2007.

Voir aussi

Article détaillé : Dioscoride de Vienne.


Une édition byzantine conservée à la Bibliothèque nationale autrichienne de Vienne. Le manuscrit a été réalisé aux environ de 515 pour la princesse byzantine Anicia Juliana, fille de l'empereur Olybrius.

Articles connexes

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