Dragueur de mines

Dragueur de mines

Un dragueur de mines est un navire de guerre de faible tonnage qui utilise une drague, dispositif mécanique, acoustique ou magnétique, remorqué dans une zone susceptible d'être minée :

Dragueurs de mines polonais
Dragueur de mines de petits fonds de la marine allemande en 1972
  • Le dragage mécanique consiste à cisailler les orins des mines à contact pour les faire remonter à la surface et les détruire au canon léger ou au fusil.
  • Le dragage à influence consiste à faire exploser les mines à influence magnétique et/ou acoustique en déclenchant leur mise à feu.

Contrairement au chasseur de mines, le dragueur ne détecte pas les mines.

Sommaire

Sécurité

Les opérations de dragage sont particulièrement dangereuses. Les dragueurs sont donc construits en conséquence :

  • immunisation magnétique : construction en bois, utilisation du bronze et de l'aluminium, boucles d'immunisation ;
  • réduction de la signature acoustique ;
  • bonne résistance aux chocs des explosions sous-marines.

Néanmoins, les dragueurs sont vulnérables, c'est pourquoi, en France le dragage des mines à influences, magnétique et acoustique s'effectuait "à la traîne" (derrière de dragueur) et non plus "à l'aplomb" (sous le dragueur) dès les années 60. D'autres systèmes de dragage par hélicoptères ou par drones télécommandés depuis un bâtiment base ont également été mis au point. Les drones vont peut être dans un avenir plus ou moins proche, remplacer les chasseurs de mines.

Histoire

La première utilisation massive de mines marines date de la Première guerre mondiale. Dragage de mine en 1914 par des navires allemands

Au cours de la première guerre mondiale des chalutiers modifiés pour remorquer une drague mécanique, au lieu d'un chalut de pêche, ont été les premiers dragueurs de mines. Les dragueurs de mines conçus comme tels furent construits pendant l'entre deux guerre, mais au début du second conflit mondial, beaucoup de marines militaires, dont la marine nationale française, utilisaient encore de nombreux chalutiers mobilisés équipés pour le dragage mécanique. Ce n'est que pendant la guerre que des unités spécialisées dans la lutte contre les mines à influence magnétique, acoustiques, ou les deux combinées, sont entrées en service.

En termes de construction navale, « l'âge d'or » des dragueurs de mines est situé entre 1950 et 1970.

Le développement des électroniques des mises de feu des mines ont rendu le dragage de mines beaucoup moins efficace. Ainsi, le dragage ne peut-il donner qu'une certaine probabilité de nettoyage d'un chenal dragué.

La plupart des flottes de guerre ont donc remplacé le dragueur de mines par le chasseur de mines.

En France

Au début des années 1960, la marine nationale possédait 101 dragueurs de mines, la plupart financée par l'OTAN dans le cadre du Plan d'Assistance Mutuel. Des dragueurs océaniques fabriqués aux États-Unis (15 Type MSO), des dragueurs de mines côtiers construits aux USA et au Canada (36 Type MSC) et en France (34 type D et 1 DB) et des dragueurs de petits fonds (15 type MSI) construits en Grande Bretagne. Tous n'étaient pas en service et plusieurs étaient sous cocon, en "complément de mobilisation".

Plusieurs dragueurs océaniques (MSO), dont certains ont été refondus en chasseurs de mines ainsi que des dragueurs côtiers de construction française (D), ont consacré toute leur carrière à la guerre des mines. Beaucoup ont été mis en "complément de mobilisation" (en réserve sous cocon) ou cédés à des marines de guerre alliées. D'autres ont été affectés à des missions de patrouilleurs en métropole et en outre-mer. Enfin plusieurs ont été utilisés comme bateau école pour amariner les élèves des écoles des mousses et de maîstrance (MSI) et assurer la formation à la conduite nautique des officiers et officiers mariniers navigateurs, jusque dans les années 1990 (MSC).

La marine nationale française ne possède plus de dragueur de mines, toutefois ses 11 chasseurs de mines tripartites classe "Éridan" sont équipés d'une drague mécanique légère pour neutraliser les mines à orin, un équipement que ne possédaient pas les 5 premiers chasseurs de mines de classe "Circé", contemporains et complémentaires des dragueurs de mines, et vendus à la marine turque où ils sont toujours en service.

Les dragueurs "D", classe Sirius

Si au début des années 1960, la marine nationale comptait dans sa flotte 101 dragueurs de mines, la majorité était d'origine étrangère (Etats Unis, Grande Bretagne et Canada). Seul les 34 dragueurs D classe Sirius (plus 3 construits pour la marine Yougoslave), et 1 dragueur DB, le Mercure (plus 6 construits pour la marine d'Allemagne fédérale) furent construits en France de 1952 à 1956, par l'arsenal de Cherbourg et dans des chantiers privés. Ils furent mis en service entre 1954 et 1958. Ces unités portaient tous des noms d'étoiles ou de constellation.

Ils étaient conçus selon les plans du constructeur britannique Thornycroft et assez semblables aux dragueurs classes Ton de la Royal Navy britannique et Dokkum de la Koninklijke Marine néerlandaise.

Les dragueurs D étaient endivisionnés par 3 ou 5 unités (Didra). La 1ère escadrille de dragage (Esdra) était basée à Cherbourg et la 2ème Esdra, à Brest. Outre-mer, 2 bâtiments étaient stationnés à Fort-de-France et 1 à Dakar.

Caractéristiques : Les dragueurs D avaient une longueur de 46,40m pour 8,55m de large. Leur tirant d'eau était de 2,50m et leur tirant d'air de 15m. Ils déplaçaient 400 tonnes (440 tonnes à pleine charge). Pour diminuer la signature magnétique, ils étaient équipés d'un circuit d'immunisation. La coque était en bois, les membrures en duralumin et les superstructures en alliage d'aluminium et en contreplaqué marine.

Machines : Leur propulsion était assurée par 2 moteurs diesels SEMT Pielstick développant au total 2.000 cv, ou 2 générateurs à pistons libres SIGMA Pescara de même puissance. Leur vitesse maximum en route libre était de 15 noeuds, en dragage mécanique 9 noeuds et 6,5 noeuds en dragage magnéto-acoustique. leur rayon d'action était de 3.000 nautiques à 10 noeuds. Ils avaient 2 hélices à 3 pales fixes sauf sur les M734, M735, M736 et M737 dont les hélices étaient à pas variables.

  • 21 dragueurs "Pescara" : M701 Sirius (1952-1971), M702 Rigel (1953-1974), M703 Antarès (1953-1981), M704 Algol (1953-1976), M705 Aldébaran (1953-1970), M706 Régulus (1952-1974), M707 Véga (1953-1981), M708 Castor (1953-1973), M709 Pollux (1953-1970), M740 Cassiopé (1953-1976), M741 Eridan renommé Aldébaran en 1977 (1953-1979), M742 Orion (1953-1970), M743 Sagittaire (1953-1979), M744 Achernar (1953-1970), M745 Procyon (1953-1970), M710 Pégase (1955-1974) M750 Bellatrix (1955-1974), M751 Denébola (1955-1974), M752 Centaure (1955-1970), M753 Fomalhaut (1955-1970).
  • 13 dragueurs "Pielstick" : M746 Arcturus (1954-1981), M747 Bételgeuse (1954-1989), M755 Canopus (1955-1982), M749 Phénix (1955-1992), M755 Capella (1955-1987), M759 Céphée (1956-1988), M757 Verseau (1956-1988), M758 Ariès (1956-1988), M759 Lyre (1956-1981), M734 Croix du Sud (1956-1981), M735 Etoile Polaire (1956-1978), M736 Altaïr (1956-1982), M737 Capricorne (1956-1988).

Effectif : Ils étaient généralement commandé par un lieutenant de vaisseau. Leur équipage (avant le repyramidage des grades de 1974) était de 3 officiers, 8 officiers mariniers et 28 quartiers-maîtres et matelots. Ces derniers étaient logés dans 2 postes équipages avec chacun 14 "banettes" au lieu de hamacs, une nouveauté, à cette époque, sur des bateaux militaires de construction française...

Artillerie : Leur artillerie d'origine était constituée par 1 canon de 40mm Beaufort sur la plage avant et 1 canon de 20mm Oerlikon sur le rouf de drague, puis 1 seul canon de 40mm ou de 20mm à partir de 1960, sur la plage avant. Les stationnaires outre-mer (M734, M736, M746 et M755) avaient conservé leur armement d'origine car étant utilisés comme patrouilleurs, ils n'avaient pas été modifiés pour le dragage acoustique à la traîne.

Equipements de dragage : Les dragueurs D étaient équipés de dragues mécanique, magnétique, acoustiques et d'une drague explosive.

  • Drague mécanique : Capables de sectionner les orins des mines à contact, ces dragues étaient de type Oropesa (OD1). Les brins de drague étaient armés de cisailles explosives ou non. Il était possible de faire du dragage attelé à deux ou plusieurs dragueurs.
  • Drague magnétique : Au début de leur carrière, ils étaient équipés de dragues à boucles symétriques MB1, MB3 et MB4. A partir de 1960, le dragage acoustique se faisant à la traîne, ils ont reçu des dragues MB5 dissymètriques dont la boucle était déployée sur tribord. L'alimentation de la drague magnétique était assurée par un groupe électrogène de 550 cv.
  • Drague acoustique : D'abord équipés de dragues à l'aplomb (AM1, AO1, AP1). Ce type de dragage étant trop dangereux car la mine explosait sous la coque, ils ont été équipés de dragues à la traîne AM1 et AP1 modifiées, filées sur babord. Le touret du câble d'alimentation avait été installé sur le rouf de drague à la place du canon de 20mm.
  • Drague explosive : La drague AE1 était destinée à influencer les mines acoustiques.


Conclusion: Avec le Mercure, les 34 dragueurs de mines D, classe Sirius ont été les premiers et les derniers dragueurs construits en France aptes à la fois au dragage mécanique et au dragage à influences magnéto-acoustiques. À la construction, une soute avait été prévue pour un appareil de détection asdic, mais celui ci-n'a jamais été installé. Ils ont été progressivement remplacés à partir de 1970 par 5 dragueurs océaniques (MSO) refondus en chasseurs de mines classe Dompaire et en 1972 par la mise en service des 5 chasseurs de mines classe Circé. Certains "sous cocon", rayés des listes de la flotte en 1970, ont eu une carrière active assez brève. D'autres, basés à La Pallice ont servi à la surveillance du champ de tirs de Centre d'essais des Landes (CEL) au large de Biscarrosse, de 1964 à 1981. Il s'agissait des dragueurs à turbines à gaz "Pescara", à la mécanique fragile. Les dragueurs à diesels "Pielstick", plus fiables, ont fait une carrière beaucoup plus longue et opérationnelle dans la guerre des mines. Le Phénix est celui qui a servi le plus longtemps. Reclassé patrouilleur à Cherbourg, il a été désarmé en 1992.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  • La guerre des mines dans la marine française par le capitaine de vaisseau (H) Hubert de Blois. Editions de la Cité. 1982

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Dragueur de mines de Wikipédia en français (auteurs)

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