Décapitation

Décapitation
La Découverte du cadavre d'Holopherne, dans sa tente de campement (thème de peinture : Judith et Holopherne) de Botticelli (il en peignit deux sur le thème)

La décapitation est une méthode d’exécution consistant à séparer la tête du corps, usuellement réalisée à l'aide d'un couteau, d'une épée, d'un sabre, d'une hache, d’un tranche-tête ou d'une guillotine. Généralement, dans les cas de décapitation effectuée à l'épée ou à la hache, le condamné devait au préalable poser la tête sur un billot.

Sommaire

Synonyme

De manière plus littéraire ou liturgique, on parle aussi de décollation (couper le cou) ou même de décollement (séparation de deux organes).

Symbolisme

Scène de décapitation par un prêtre-guerrier, culture Mochica, Musée de l'armée, Stockholm.

La valeur symbolique de la décapitation a varié selon les époques et les contextes. Lorsque la France révolutionnaire l'adopte, elle est considérée comme reflétant une certaine égalité (car sous l'Ancien Régime on décapitait les nobles mais il y avait une multitude de supplices pour le tiers état). La guillotine est alors un progrès puisque la souffrance est censée être supprimée.

Mais, dans le contexte actuel (recul de la peine de mort en Occident, le caractère souvent public des exécutions dans les pays où la décollation est encore pratiquée, caractère parfois bénin du « crime » ainsi puni), elle est plutôt considérée comme une méthode barbare et sanguinaire.

La décapitation peut être également réalisée sur le corps d'un homme mort. La tête est ensuite exhibée, de manière à traumatiser une population ou/et à humilier la personne morte, voire pour en retirer une rétribution, ou encore pour prouver le décès à la foule.

Les décapitations et expositions de têtes en Chine ont été souvent représentées, soit par le dessin[1], soit par la photographie[2].

Histoire

Une peine honorable

La décapitation a été utilisée comme peine de mort pendant des millénaires. Les termes « punition capitale », « crime capital » ou « peine capitale » proviennent d'ailleurs de la racine latine caput, "la tête", se référant à la punition pour les infractions graves impliquant la perte de la tête[3]. La décapitation par l'épée (ou par hache, autre arme de guerre) était considérée comme une façon « honorable » de mourir pour un aristocrate qui était au Moyen Âge un guerrier susceptible de mourir par l'épée lors d'un combat, alors que la mort sur la potence ou par le bûcher était vue comme « déshonorante» par cette classe.

Une peine sans douleur ?

Si la hache du bourreau ou l'épée était bien aiguisée, la décapitation était rapide et présumée être une peine de mort indolore. Si le tranchant de l'instrument était émoussé ou le bourreau maladroit, plusieurs tentatives pouvaient être nécessaires pour trancher la tête (par exemple exécutions de Robert Devereux, Marie Ire d'Écosse ou Cécile de Rome). Aussi recommandait-on au condamné à mort de donner une pièce d'or au bourreau pour s'assurer qu'il ferait son travail avec soin.

Pour que le coup soit fatal, l'instrument des bourreaux était généralement de lourdes épées ou haches manipulées à deux mains.

La guillotine comme décapitation exemplaire

Article détaillé : guillotine.
L'exécution d'Henri Languille le 28 juin 1905 à Orléans.

La décapitation par la guillotine était censée être un mode de châtiment égalitaire (s'appliquant à toutes les classes de la société), rapide et sans douleur, quelle que soit l'habileté du bourreau. Néanmoins plusieurs témoignages relatent que la tête du condamné pouvait rester consciente pendant une demi-minute : ainsi, le docteur Gabriel Beaurieux, médecin-chef de l’hospice d’Orléans qui, en 1905, constata que le condamné nommé Henri Languille, fraîchement décapité dans la ville[4] et dont il venait de ramasser la tête, réagissait en ouvrant les yeux à l'appel de son nom[5].

Des expériences neuroscientifiques d'électro-encéphalographie sur le crâne de rats décapités en 2011 confirment ces témoignages : elles montrent que les ondes électriques de « conscience » restent visibles environ quatre secondes après la décapitation, puis disparaissent au bout de 17 secondes (ce qui correspond à un état second de torpeur sans aucune conscience) et au-delà de 50 secondes, une onde de basse fréquence intense est enregistrée, correspondant à la mort cellulaire définitive[6].

Dans le monde

Actuellement, trois pays[7] procèdent à ce mode d'exécution (toujours public) avec l'aide d'un sabre:

France

Article détaillé : Peine de mort en France.
Jacques de Flesselles, l'un des premiers décapités de la Révolution française

En France, sous l'Ancien Régime, la décapitation, appelée décollement, était un privilège nobiliaire pour les exécutions capitales, par opposition à la peine de pendaison pour les roturiers, considérée comme infamante. Elle était pratiquée à l'aide d'une épée ou d'une hache, le supplicié étant à genoux, sa tête devait parfois être préalablement posée sur billot.
La décapitation à l'épée, considérée comme plus efficace (elle ne nécessitait souvent qu'un seul coup), fera notamment la réputation des bourreaux français qui affectionnaient cette méthode plutôt que celle utilisant la hache. À tel point que, lorsque le roi Henri VIII d'Angleterre fit exécuter sa seconde épouse Anne Boleyn, en 1536, il lui octroya le privilège d'être décapitée « à la française ». On fit alors venir expressément à Londres le bourreau de Calais (ville anglaise à l'époque) pour procéder à la sentence. Sa cinquième femme, Catherine Howard fut exécutée de la même manière en 1542.

Le 6 octobre 1791 est inscrite dans le Code pénal français la phrase « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ». C'est ainsi que la décapitation fut la seule méthode d'exécution des civils (les militaires utilisaient le peloton d'exécution) jusqu'à son abolition définitive en 1981. La décapitation était réalisée à l'aide d'une guillotine.

Cependant, lors de la conquête de l'Algérie par la France, il était d’usage jusqu'au 16 février 1843 de faire décapiter les condamnés à mort à l'aide d'un yatagan par des bourreaux indigènes. Suite à une exécution à Alger qui, le 3 mai 1842, avait tourné à la boucherie, le ministre de la guerre, le général Amédée Despans-Cubières, fit introduire l’usage de la guillotine en Algérie française et exigea que les exécuteurs soient européens[9]

Dans l'Antiquité

De nombreux chrétiens connurent ce martyre dont saint Jean-Baptiste ou saint Paul de Tarse.

Le terme consacré par les écrits chrétiens est « décollation ».

Voir aussi

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Références

  1. (fr) Artworks, Institut d'Asie Orientale. Consulté le 30 décembre 2007
  2. (fr) Photographs, Institut d'Asie Orientale. Consulté le 30 décembre 2007
  3. (en) Noah Porter, Webster's Revised Unabridged Dictionary, G & C. Merriam Co, 1913 
  4. L'affaire Languille
  5. Docteur Beaurieux, Exécution de Languille, observations prises immédiatement après la décapitation, Archives d'anthropologie criminelle, tome XX, p. 643, 1905
  6. (en) Clementina M. van. Rijn et coll, « Decapitation in Rats: Latency to Unconsciousness and the ‘Wave of Death’ », dans PLoS One, 27 janvier 2011 [texte intégral] 
  7. Martin Monestier, Peines de mort, Paris, Le Cherche-Midi Éditeur, coll. « Documents », Octobre 1994 (réimpr. novembre 2004) (ISBN 978-2-86274-332-5) 
  8. (fr) La peine de mort : Arabie saoudite, Ensemble contre la peine de mort, 2007. Consulté le 30 décembre 2007
  9. La Guillotine en Algérie

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Décapitation de Wikipédia en français (auteurs)

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